RELATION De L'entrée Magnifique, de Monsieur le Prince de LIGNE Dans la Ville de LONDRES.

En qualité d'Ambassadeur Extraordi­naire de sa Majesté Catholique.

ET De plus l'Audience publique qu'il at euë du Roi le 17/27 de Septembre 1660.

A LONDRES Par Iean Redmayne, & les vend au même lieu, en la ruë Pater-Noster, en la Maison Lovellian 1660.

RELATION DE L'ENTREE, MAGNIFIQUE, De Monsieur le Prince de LIGNE Dans la ville de LONDRES &c.

LEs Magnificences quenous avons veuës ces jours passes dans nôtre ville de Londres, perdroient quelque partie de leur éclat, si elles ne se manifestoient plus loin, & si les Provinces les plus éloignées de nous, n'estoient in­formées de ce qui se passe de plus memorable dans nôtre Cour: Et quoi que les écrits soient des pour­traits dés animés qui ne representent jamais au Natu­rel ni au vif, les choses qui se voient avec admi­ration, nous satisfaisons pour tant le moins mal qu'il nous est possible, les personnes Curieuses, en don­nant au publique par une courte relation, une partie de ce que nous avons trouvé de plus digne de nos [Page 2]yeus, parmi les belles choses qui ont este veuës cette­semaine dans notre ville.

Et deplus nos joyes qui n'ont point de mesure, dé­puis l'heureux retour de nôtre Monarque semble­roient ôtre limitteës, si leur aecroissement ne se faisoit rétentir plus loin que le district de nos vois & de nos acclamations: Car cette serenité qui pa­roit dans notre Roiaume, apres les orages tumultu­cux; & les tempétes violentes dont il at esté agité; Change entierement nos soûpirs en cris de joië, & nos yeus qui versoient des torrents de larmes, pendant que nos tetes ont esté oppressées soubs la pesanteur du joug de la tyrannie: Ouï nos yeux se recréent maintenant tous les jours, a la veuë des éclatantes & pompeuses nouveautés, dont nous sommes specta­teurs. Celles qui ont paru dans l'entrë des Monsieur le Prince de Ligne, & dans l'audience publique qu'il at euë de nôtre Roi, en qualité d'Ambassadeur ex­traordinaire de sa Majesté Catholique, ont trop de circonstances: pour pouvoir étre données au pu­blique par un Court recit; & elles ont trop de beau­té, pour pouvoir être décrites d'un stile ordinaire.

Et pour cōmencer a taire ce qui meriteroit d'êtte es­crit: nous avoüons nôtre insuffisance a louër le chois, que sa Majesté Catholique a fait de la personne de ce Prince, pour un emploi & une Commission, qui est si proportionnéc aux belles qualités de sa per­sonne, qui lui ont fait meriter l'affection de nôtre Roi pendant le sejour qu'il a fait dans les pays bas, & lors que la Tyrannie l'avoit exilé de son thrône & de son Roïaume. Et nous avons bien veu que cette [Page 3]belle Commission qui lui a été donnée, est autant un salaire de la justice, que le prix & le partage de la fa­veur de son Roi; nous nous contenterons donc seulement de descrire son entrée en cette ville, la pompe de sa suitte, l'appareil somptueux de son train, & de celuides Seigneurs qui lont accompagné dans son voiage & dont le nom est asses connu, non seule­ment par leur haute naissance, mais encore par les postes les plus honnorables, qu'ils occupent dans les armées de la Majesté Catholique.

Ce Prince arriva le 13/23 de le mois dans Cette ville, estant sorti le matin du méme jour du port de Graves­end ou il avoit esté amené sur d'eux vaisseaux que nôtre Roi lui avoit envoié jusques au port d' Oostende. Et qui sont les d'eux vaisseaus les plus beaux, & des mieus équipé's de nôtre flote: l'un étant le vaisseau Admiral & l'autre le Vice-Admiral. Il s'embarqua à Gravesend & sur plusieurs Raberges envoiées de cette ville pour le transport de toute sa fuite. Il fut rencon­tré a deux lieuës d'ici, par Monsieur le Comte de Pe­trebourg, envoié de la part du Roi dans sa bregantine, dans laquelle le Prince s'estant mis, avec les princi­paus Seigneurs de sa Compagnie. Il y fut compli­menté par ce Comte, qui lui témoigna encore la joië que sa Majesté avoit pour son arrivée: ces assurances lui aiant déja éré données a Gravesend, ou S. M. le fit visiter par Monsieur le Chevalier de Sckoterel son Maistre de Ceremonies.

Cette belle Compagnie vint prendre terre aupres de la Tour ou tous leurs Carosses les attendoient, ayant esté envoiés quelques jours auparavant en [Page 4]cette ville, sçavoir est quattre Carosses de S. E. douze a ses Camarades, & tous ces Carosses ont sur-passes en beauté les plus beaux qui se voient en ce pays, mais sur tout celui de la personne de Monsieur le Prince, qui est assorti d'un velours rouge couvert d'une fort belle broderie, & tiré par six chevaux des mieux harnachés & des plus beaux: tous les autres Ca­rosses de mesme aiant châcun leur tire de six che­vaux. Il entréerēt en cette ville environ les cinq heures du soir S. E. s'estant mis avec Monsieur le Comte de Petreburg dans le Carosse de S. M. qui lui estoit venu a la rencontre avec ceus de plusieurs Seigneurs de la Cour, jusques au nombre de trente: le Carosse de S.M. Ou estoit Monsieur le Prince de Ligne estoit devancé de quattre trompettes fort lestement vestus des ha­bits de sa livrée: apres eux suivoient douze pages vestus d'un drap rouge incarnat doublé de Satin jaune, les pourpoints de Satin de mesme couleur & le tout Chamarré d'un galon d'or fort large. Apres Ceux ci suivoient saile Gentilhommes, & les princi­paus Officiers de sa Maison tons montez comme les pages sur de fort beaux chevaux: outre vint che­vaux de main qui devançoient le train, avecque les couvertes de sa livrée & les palefreniers vestus de mesme. Au costé du Carosse marchoient vint quat­tre lacquais, habillés de la livrée, & des habits Cha­marrés comme ceux des pages: le Carosse de S. M. ou estoit S. E. estoit suivi du sien, & de celui de Mon­sieur le Marqvis de Robais son filz, qu'il at amené avec lui dans ce voiage & de deux autres ou estoient quel­ques domestiques de ce Prince. Apres ceux la suivoi­cent [Page 5]les Seigneurs de sa Compagnie châcun dans leurs Carosses, qui estant suivis de plusieurs valets vestus de livrées fort riches, donnerent beaucoup de lustre a cettte entrée, qui prit encore de l'esclat des petsonnes de nôtre Cour, qui accompagnerent ce Prince jusques dans la Maison, qu'on avoit preparée pour le recevoir, qui est un hostel appellé Kemp­huus.

On fut averti par toute la Ville de cette entrée, par le bruit de plusieurs Coups de Canons, qui furent ti­rés de la batterie qui est aupres de la Tour, & encore par les cris de joie du peuple, qui se firent ouïr par tous les endroits ou il passa, & qui lui donna par ces cris, des congratulations sur son heureuse venuë, ces pa­thetiques mouvemens de la populace, qui se trouva en foule dans les ruës (sans parler des personnes de qualité, qui dépuis les fénetres furent temoins oculaires, de cette entrée magnifique) firent con­noitre, avec assés de demonstration, la satisfaction commune que nous avons euë, pour l'arrivée de ce Prince, qui est envoié d'un Roi dont tous les sujets ne sont separés de nous que par l'occcan; puisque nous leur avons toûjours estes alliés par des mutu­elles & naturelles affections, qui sont fondées non seu­lement sur nos anciennes confederations qui ont esté autrefois inviolables; mais encore sur nos pro­pres Interéts, & sur la necessité du Commerce, qui estant le soutient de l'estat: les mieus aviséz d'entre nous ont bien Connu, que ceux qui nous ont sepa­rés de l' Espagne par le moien de la guerre, estoient des Ennemis du bien publique, & que c'estoit [Page 6]lespée parricide d'un Tyran, qui aiant abbâtu le Chef de l'estat, il en vouloit encore d'estruire les membres, par la desunion qu'il nous a causée avecque l' Espa­gne, dont l'alliance nous sera toûjours avantageuse. Et quoique la paix fasse découler toûjours mille sortes de biens inesperez dans les Roiaumes ou Dieu la donne: Celle d' Espagne sera sans doute outre ce, tarir un deluge de maux dans l'un & l'autre Roiaume: sur tout dans celui ci, qui prend dans l' Espagne ce dont la nature lui at esté le plus avare: Et ou l'industrie de nos ouvriers prefectionne, ce que la nature ne fait qu'ébaucher en celui la.

Mais encore rechercheant de plus pres les causes de ces temoignages extraordinaires de nos joies, a l'entrêe de ce Prince en nôtre ville. Nous dirons la verité que ces demonstrations publiques, procedent des sentimens naturels de nos reconnoissances, que nous rendons a la personne d'un Prince, qui at eü toutes sortes de deferences pour nôtre Roi, lors que la Tyrannie l'avoit estoigné de nous; & qui lui a rendu dans cette disgrace les mêmes soumissions qu'il auroit fait, s'il l'eusse veu sur son thrône. Ces le­gitimes respets & deuës soumissions lui aiant encore esté renduës par tous les Subjets du Roi Catholique; ce seroit une ingratitude dont nous souffirions une h [...]use reproche, si nous ne temoignions des re­connoissances publiques envers eux: & sur tout a la personne de Monsieur le Prince de Ligne, qui a merité depuis long tems par ses belles qualitez l'af­fection de nôtre Monarque. Nous n'exagererons pas la chose si nous avoüons que nous l'avons re­ceu [Page 7]avec tous les applaudisements qui lui estoient d'eus par les raisons que nous venous de dire, & en­core par le lustre qu'il at apporté a son Ambassade qui honnore esgalement notre nation, & la Commissi­on qu'il at euë de son Roi.

Il fut traittê le soir de son arriveë aux despens de sa Majesté; & regalé d'un soupé qui fit veoir a tous les Sei­gneurs de sa compagnie, que nos tables ne cedent rien dans la delicatesse de leurs viandes, & lassaisonne­nent des mets a celles des autres Royaumes; & les quattre jours suivants dépuis le 13/23 de ce mois, sa Ma­jesté la fait traitter dans le logis qui lui avoit esté pre­paré avec toutes les Commodités possibles pour toutes ses gents, qui toutes ont esté defrayees pendant lesdits quattre jours, & ils ont tous avoués que la Magnificence y at passé a l'exces, sur tout ils ont beaucoup l'oüé la façon dont on les a servi, & l'or­dre qui at esté observé parmi le nombre de quattre cent personnes, qui est celui des gents de la suitte de ce Prince, sans parler des viandes les plus exquises dont on a couvert les tables, qui ont pourtant fait paroitre la liberalité de notre Roi, & combien nôtre nation est splendide envers ceux qu'elle honnore.

Tous les repas que ce Prince a pris jusques a present avec les Seigneurs de sa Cour, ont esté veu d'une foule extraordinaire de monde, que la Curiosité y a ame­né, & particulierement de plusieurs personnes du sexe qui a la beautê en pattage, qui sont venuës où pour y esté veuës, ou pour y veoir ce qu'il y avoit de remarquable dans ces repas, où pour y admirer lag­greable & pretieuse nouveautê des habits dont estoi­ent [Page 8]vestus diversement tous les jours, les Seigneurs qui ont paru avec ce Prince.

Cependant comme e'est une experience journa­liere dela vicissitude des choses, que les jours des triomphes se teminent souvent par des funerailles, & que les plus grandes joyes sont traverseës ordinai­rement de funestes sujets de tristesse. Les cris de joyes que nous faisions retentir pour l'entreë de ce Prince envoié de sa Majesté Catholique furent: le même jour inrerompus par un evenement tout a fait deplo­rable, qui a mi en dueil toute la Cour, & tout ce Royaume, c'est par la mort du Duc de Glocester frere de nôtre Roi, & Prince qui s'estoit dans un jeune áage rendu recommendable par les belles qualitez de son esprit, & par les a vantages du corps dont la nature lui avoit esté prodigue. S. M. qui sçait parfaitrement aimer, ná pú manquer d'avoir des naturels sentiments de d'ouleur pour la mort d'un fiere, qu'il aimoit avec­que des tendresses toutes particulieres; lame de ce Monarque qui est aguerrie par l'exercice des mal­heurs, & qui est accoûtumeë a fçavoir vainore gene­reusement les grandes disgraces: a presque succombê a ce funesteaccident qui lui ayant ouvert la bouche auxsoûpirs la lui at fermée pendant deux jours a toute sorte denourriture; cette affliction at esté commune parmi les Seigneurs de nôtre Cour, & parmi tous les peuples du Roiaume, & particulierement de cette ville, où ce jeune Prince s'estoit gagné beaucoup de cueurs, & se faisoit admirer par tout ce qu'il avoit de recommendable. Mais pour ne point messer des rai­sonables sujets de tristesse, dans une conjoncture où [Page 9]nous n'attendions que de la joye: je dirai seulement en passant que cette mort inopineseuml; aiant alteré nôtre Cour, & differé l'Audience que S. M. devoit donner a Monsieur le Prince de Ligne: le jour fut assigné malgré cette grande disgrace au Lundy 17/27 de ce mois, qui at esté le quatriesme jour apres celui de son arrivë.

Lappareil de l'entreë de ce Prince avoir esté asses somptueux & magnifique pour ne pas attendre au jour de son Audience quelque chose de plus rare, & de plus remarquable, pourtant ce jour a esté accom­pagné de tant d'esclat par le changement d'une nou­velle livreë & par la richesse des habits, dont estoient vestus les Seigneurs qui ont assistez a cette Ceremo­nie, que ces choses meritent un recit particulier a­pres avoit esté des sujets de nos admirations. Envi­ron les quattre heures apres midy S. M. envoya a ce Princeson Carosse, dans lequel estoient Monsieur le Cōte de Bristol avec le Maistre des Ceremonies, pour l'accompagner a la Cour S.E. s'estant mis dans le Ca­rosse du Roi, il fut suivi par les siens, & par ceux des Seigneurs de sa Cour & outre ce des Carosses de plu­sieurs autres Seigneurs, le tout au nombre de deux cents; le Carosse oû estoit S. E. estoit devancê de ses douze pages qui alloient apied, ils estoient vestus d'une livreë beaucoup plus riche que celle de l'en­treë, les habits estoient de velours rouge, les pour­points & doubleures des manteaux d'un fort beau brocatel d'argent. Les manteaus estoient chargez de douze bandes de velours jaune sur haussé châcune de deux galons d'or, & le reste des habit senrichis [Page 10]de galons & de dentelles de même sorte; l'abondance des rubants de disserentes couleurs, donnoit beau­coup d'aggreement a ces riches habits les plumes des chappeauz & les autres assortiments de la livrée aiant esté changés avec les habits. Il y avoit comme a son entrée vint quattre lacquais au costé du Carosse vestus de fin drap rouge les Casaques & habits Cha­marrez & assortis comme ceux des pages: & les Gen­tilshommes de ce Prince qui estoient dans les Ca­rosses, vestus avec toute la gentillesse possible conten­terent plainement la Curiosité de nôtre peuple, dont les fenestres estoient remplies, & la presse si grande dans les rues qua peine le chemin estoit il libre en plusieurs endroits pour le passage des Carosses, car il est vrai que les plus anciens de nos citoiens avoü­ent, qu'ils n'ont jamais rien veu dans un pareil sujet, qui leur ayt paru avec tant de beauté & de pompe, soit pour la belle façon, & enjolivement des Ca­rosses, pour le grand nombre de valets dont elles estoient suivies, soit pour la richesse des habits dont estoient vestus les Seigneurs qui ont accompagné S. E. Avec ce pretieux appareil on arriva au palais du Roi, S. E. s'estant arreté quelque tems dans une sale voisine de celle de l'Audience dans laquelle ce Prince Ambassadeur entra aussi tost que S. M. fut sur son siege Royal &, comme les Ceremonies qui s'observent en une pareille occasion dans nôtre Cour. sont scevës de tout le monde, & que personne n'i­gnore avec combien de respets on sapproche du thrône de nos Roys. Ce serat asses de dire l'ordre qui at esté observé par ce Prince au regard de ceux [Page 11]de sa suitte. Les pages qui entrerent les premiers se placerent en deus rangs au bas de la sale: les Gen­tilshommes de sa suitte un peu plus haut, & les Sei­gneurs qui laccompagnoient terminoient ce bel or­dre jusques au degré du thrônee de sa Majesté, ou ce Prince se presenta aiant passé au milieu de ses gents ainsi disposés: & apres les reverences ordinaires il fit une harangue a sa Majesté qui dans son contenu & dans sa brieveté fut plutost le discours d'un Prince de sa qualité, que d'un orateur estudié. La response de: S. M. fut aussi en peu de parolles, mais ce qui est re­marquable c'est que S. M. louä lui mesme l'esclat de sa suitte, & la beauté de sa Compagnie: & il dit a ce Prince en des termes fort obligeants: que le Roi Ca­tholique ne pouvoit lui envoyer personne qui lui fust plus aggreable, & qui sacquitta de sa Commission avec plus de magnificence. Apres ces compliments, cet Ambassadeur lui presenta tous les Seigneurs de sa suitte; & avant tous Monsieur le Marquis de Robais son filz qui est un Prince qui dans un jeune aage donne toutes les belles esperances qu'on peut a­voir pour une personne de sa qualité. Tous ces Sei­gneurs furent accueilli par S. M. comme des person­nes qu'il avoit toutes connuës dans le tems que la re­bellion des tyrans de son Royaume, l'avoit reduit a chercher des pays estrangers pour sa demeure & sa seuretê. Monsieur le Prince designes, & Monsieur son filz estoient vestus châcun d'un habit en brode­rie, dont le prix ne peut estre sceu, car Il y at long tems qu'on n'en a veu de si riches. Les Seigneurs pareil­lement qui l'accompagnoient, n'avoient rien espar­gné [Page 12]dans la richesse de leurs habits, & dans la propre­té de leur assortiments, en sorte que tous les specta­teurs donnerent beaucoup d'approbation a toute la Magnificence de cette Trouppe. La sale de l'Audi­ence estoit remplie (outres les Seigneurs de la Cour) des personnes de cette ville de l'un de l'autre sexe les plus qualifiées, & qui toutes ont avouëz que l'esclat de la suitte de ce Prince, n'avoit rien de commun a­vec celui des Ambassadeurs de divers Royaumes qui se sont fait veoir autresois en cette Cour. Ce Prince Ambassadeur se retira dans sa maison avecque le mesme ordre qu'il estoit venu, sçavoir est dans le Ca­rosse de S. M. accompagné de Monsieur le Comte de Bristol, & de Monsieur le Chevalier de Sckoterel Maistre des Ceremonies du Roi, & suivi des Caros­ses ou estoient les Seigneurs de sa Cour & plusieurs autres personnes de qualitez. Le monde ayant tou­jours esté en foule dans les ruë ou il passa a son re­tour.

Le lendemain de cette Ceremonies, est retour­né en cette ville Monsieur le Duc d' Yorck, qui en estoit absent depuis quelques jours, estant allé a la rencontre de Madame sa Princesse Royalle d' Oran­ges sa seur, qui devoit venir ici la semaine passée, si la tempête continuelle dont la mer at esté agitée no l'en eust empeché; ce Duc avoit déja appris en son voyage la triste nouvelle de la mort de Monsieur le Duc de Glocester fon frere, l'affliction qu'il en at euë at esté si extreme qu'il na pas peu s'empecher d'en donner des marques tres sensibles a tous Ceux qui l'ont vu dans ce priteux estat: pource depuis son [Page 13]arrivée il ne s'est fait veoir qu'a peu de personnes crainte d'accoitre les justes ressentiments que rous les Seigneurs de cette Cour. Ont pour la mort du Prince son frete Ce Ducaiant passé aupres de Grave­send au roms que Monsieur le Prince de Ligue y é­toit il s'arrestat aupres du port de celieu la; & il y sut fut visitté par S. E. & par les Seigneurs de sa suitte. Il les receut avec tant de civilité & de caresses que tous sortirent d'aupres de lui avec des satisfactions extraordinaires & particulierement S. E. a qui il don­na de fortes preuves de l'affection dont il l'avoit honnoré pendant son sejour en Flandre.

Nous n'avons rien dit des Seigneurs de la Cour de S. M, en cette rencontre: le dueil dont il se sont tous vestus pour la mort de Monsieur le Duc de Glocester aiant obscuci to ut l'éclat avec lequel ils auroi ēt paru, si un sujet si lugubre leur avoit permi de fairemontre de ce quise peut veoir de magnifique parmi eux sur tout aus jours des assemblées publiques. Monsieur le Prince de Ligne & tous les Seigneurs qui sont avec lui ont voilé aujouidhui la beauté, & la richesse de leurs habits par Ceux de dueil, dont ils se sont vestus; ainsi apres avoir honnoré nôtre Cour par une des­pence extraordinaire qu'ils ont faitte pour y paroitre. tous ces Seigneurs donnent encore des temoi­gnages publicqs de leur dueil & des Marques de leur tristesse sur le tom beau & sur les funerailles d'un Prince, frere de nôtre Monarque qui merite l'amour & les respects de tous les peuples, & tous les scep­tres de l'univers.

Vous avez lecteur en peu de Mots ce qui merite­roit [Page 14]un recit bien ample, & qui at esté digne de la veuë des moins curieux, aggreé le en attendant que la suitte de l'heureux regne de nôtre Roi, nous fournisse quelque autres nouveautés qui meritent d'être sceu­ës non seulement ou elles se voyent, mais encore où elles se peuvent publier.

FIN.

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