Recueil de Diuerses Pieces Touchant L'Introduction DES NOUVEAUX PSAUMES Savoir Une Lettre des Syndics & Conseil de GENEVE Aux ETATS GENERAUX des Provinces Unies [...] Recit de la Maniere dont cette Intro­duction a esté faite a Geneve & Ailleurs. [...] Reponses des autres Eglises de L'Eu­rope a la Lchettre Circulaire de Geneve. a quoy L'on a Joint [...]ux Actes Principaux des Synodes de France Touchant les mesmes Psaumes.

A LONDRES. Pour Jean Cailloüé & Jaques Levi Libraires François au Coing de Beauford Buildings dans le Strant 1700.

L'Introduction des nouveaux Psau­mes sera un evenement si memo­rable dans les choses de la Religion, qu'il ne se peut qu'on ne soit bien aise de Savoir quelle en aura été l'origine, & par quels moyens on aura Surmonté la difficuté qu'ont les peuples à changer dans leurs devotions les usages à quoi ils sont accoutumés: On trouvera ici. 1. Deux actes des Synodes de France, ou d'autre sont mentionés. 2. Une excellente Lettre de 11. ou 12. Ministres, parmi lesquels étoit Mr. Daillé le fils pasteur de l'Eglise de Paris, & quelques anciens, par la­quelle ils sollicitent les pasteurs & pro­fesseurs de Geneve de commencer a cet établissement dans leurs Eglises. 3. Le Recit de la Maniere dont ces Messieurs s'y son conduits; 4. Leur Lettre circu­laire aux Eglises Françoises des divers [Page] payis de l'Europe. Les réponses des mê­mes Eglises. 6. Enfin une Lettre de M. les Syndics & conseil de Gene­ve à M. M. les Etats generaux des Provinces unies que l'on met ici à la tête de tout acause de la dignité des noms qu'elle porte.

J. Cailloüé.

AUX ETATS GENERAUX DES PROVINCES VNIES.

Tres-Hauts & Tres-Puissans Seigneurs,

LES Pasteurs & les Profes­seurs de nostre Eglise & de­nostre Académie, ayant de­puis plusieurs années considéré que les Psaumes traduits en vers François au Siécle passé par Cl. Ma­rot [Page] & Theodore de Beze, contenoi­ent diverses expressions hors d'usage, & mesme in-intelligibles à ceux qui les chantoient: Et ayant trou­vé qu'il estoit d'une absoluë né­cessité pour l'édification de l'Egli­se, d'y apporrer des changemens, ils s'employerent à examiner avec soin la Version que feu Mr. Con­rart, personnage d'un mérite di­stingué, en avoit faite à la tres instante prie [...]e de la plus-part des Eglises de France pérsuadés de cette mesme nécessité. Apres qu'on eut apporté quelques changemens à cette Traduction, & que la résolution eut esté prise, moyen­nant notre approbation, d'en e­stablir l'usage public, nous con­sentimes qu'elle fust imprimée. Nous nous apperceumes inconti­nent, TRES-HAUTS & TRES-PUISSANS SEI­GNEURS, que l'on donna [Page] une approbatton genérale à cet Ouvrage, & que ceux qui s'ap­pliquérent à l'examiner, en furent extraordinairement satisfaits. De sorte que nos Pasteurs & nos Professeurs nous ayant proposé, trois ans aprés, d'introduire le chant de ces nouveaux Psaumes dans nos Eglises, en la place des anciens, nous y donnames volon­tiers les mains. Les deux ans qui se sont écoulez depuis cette introduction, nous ont sait faire l'agréable, expèrience, qu'il n'y en a jamais eu de plus approuvée, ni qui ait esté suivie d'un plus heureux succez; ces nouveaux Psaumes ayant esté receus & chan­tez dans le Ville & à la Cam­pagne, sans désordre ni confu­sion, mais plutost avec toute l'é­dification qu'on pouvoit attendre. Et nous avons eu d'ailleurs la satisfaction d'apprendre que les [Page] Eglises de notre Communion, qui se sont recueillies en divers Païs de l'Europe Protestante, infor­mées par nos soins de cette intro­duction, l'ont approuvée & louëé.

Quoi que le principal but des Pasteurs de cette Eglise ait esté Pédification des Troupeaux qui leur sont commis, & l'honneur de la Religion, sans avoir pré­tendu exiger de personne qu'on acceprast les dits nouveaux Psau­mes, & voulant seulement propo­ser l'exemple de ce qui s'est heu­reusement exécuté: Nous avons cependant apris avec douleur que quelques Particuliers se donnent la licence de publier des Ecrits contre l'honneur de nostre Eglise, tant au sujet de cette révision & intro­duction des Psaumes, que de la Version de la Bible, bien que celle ci, depuis notre bienheureuse Réfor­mation, [Page] ait toujours esté receue dans les Eglises de la Langue Françoise qui sont dans les Etats de VOS HAUTES PUIS­SANCES: Et ce qui nous a le plus surpris, ça esté d'appren­dre qu'aux sollicitations de ces per­sonnes mal-intentionées, le Syno­dé Wallon assemblé au mois de Septembre dernier à Roterdam, se soit porté à écrire diverses Let­tres desavantageuses à nostre Egli­ses; & que l'on se donne enco­re de grands mouvemens qui ten­dent à rêndre sa conduite odieuse. Encore que son honneur nous soit fort à coeur, nous prions V. H. P. d'estre persuadeés que ce qui nous touche le plus, est l'appréhension du mauvais effet que cette ma­niere d'agir pourroit produire, par rapport aux avantages que les En­nemis de notre S. Religion ne manqueroient pas d'en tirer. C'est a [Page] ce qui nous a fait penser qu'il se­roit à propos de communiquer la chose à VOS HAUTS PUISSANCES, & de les sup­pler, comme nous le faisons, d'in­terposer leur authorité pour arré­ter le cours d'une semblable con­duite; & d'émpecher par ce moyen, que rien ne trouble la paix & l'union qui ont toujours esté entre nos Eglises.

Nous ne doutons pas, TRES-HAUTS & TRES-PUIS­SANS SEIGNEURS, que V. H. P. réflechissant par leur prudence exquise, sur l'importance de cette affaire, & sur les accidens fâcheux qui pourroient s'ensuivre, Elles ne soient disposées à y apporter les remédes convenables.

Nous faisons des voeux tres ardens pour la constante prospérité, & la [Page] pour la Gloire de VOS HAU­TES PUISSANCES; & nous sommes avec respect.

Tres-Hauts & Tres-Puissans Seigneurs, de Vos Hautes Puissances
Les tres-humbles Serviteurs Les Syndics & conseil de Geneve

RECIT DE LA MANIERE DONT LES PSAUMES DE DAVID, Retouchez par Mrs. CONRART, & de LABASTIDE, ont été in­troduits dans L'EGLISE DE GENEVE.

LES Pasteurs, & les Pro­fesseurs de Geneve, ne pensoient point à re­voir les Psaumes de Marot, & de Mr. de Beze. Ils savoient qu'on y tra­vailloit en France, pour satisfaire au desir de plusieurs Eglises; & ils s'en reposoient sur les soins des Hommes [Page 2] celebres pour leur savoir, pour leur pieté, & pour leur intelligence en la pureté de la Langue, qui avoient cette affaire à coeur. Mais quelque tems après la dispersion de ces Eglises, on porta à la Compagnie des Past­teurs, & des Professeurs de Geneve, une Lettre du Consistoire de l'Eglise Françoise de Zurich, qui les prioit d'introduite les Psaumes de Mr. Con­rart dans l'usage public de leur Eglise; pour exciter par leur exem­ple les Eglises Françoises à executer ce qu'on auroit fait en France, si elles eussent subsisté. Voici la teneur de cette Lettre.

MONSIEUR,

IL y a long tems que plusieurs Personnes devotes & judicieuses on France ont témoigné souhaitter que nous employassions dans nos Exercices de pieté une Version des Psaumes de David plus correcte & plus conforme à l'usage de nôtre Lan­gue & de nôtre siecle que la Version de Clement Marot & de Theodore de Beze. Mais, quoi que la plus grande partie des personnes les plus raisonnables de nôtre Religion desi­rât d'avoir une autre version, nul n'avoit osé l'entreprendre jusques à feu Monsieur Conrart, Secretaire du Roy, dont la sagesse, la vertu, le zele, & le bon goût pour tous les Ouvrages d'esprit, & particuliere­ment pour ceux qui paroissent en nôtre Langue, ont été generalement reconnus. On sait avec quel succés il [Page 4] a travaillé à corriger cette vieille ver­sion, & que le Synode de l'Isle de France, & ceux des Provinces voisi­nes ont extremement approuvé ses soins, & lui en ont fait des remercî­mens tres-honorables. Sa Revision a été imprimée aprés sa mort en deux ou trois formes differentes, après que des amis fideles & intelligens, à qui il l'avoit remise, l'ont eu diligem­ment examinée, selon l'ordre qu'il en avoit laissé. Il'y a lieu de croire qu'elle se seroit introduite dans nos Eglises, si nous eussions eu une enti­ere liberté, & si la communication d'un Synode avec l'autre n'eût pas été défenduë sous des peines tres-ri­goureuses. Car nonobstant ces diffi­cultez, un nombre infini de gens ha­biles & d'un grand discernement ne chantoient déja plus dans nos Tem­ples que les Psaumes retouchez par Monsieur Conrart, & conservoient les vieux dans leurs cabinets, comme des pieces curieuses, plus venerables [Page 5] par leur antiquité, par la memoire de Mr. de Beze, & par la vogue qu'elles ont euë parmi nous, qu'elles ne sont pro­pres à exciter aujourdui la devotion des Chrêtiens. Nous avons soigneu­sement fait réflexion sur toutes ces choses dans quelques conferences, & ayant consideré que la vieille Version des Psaumes étoit devenuë par le tems, & par le changement de la Langue, non seulement rude & desagreable, mais encore obscure, absurde, & même burlesque en bien des en­droits; & qui pis est, que beaucoup de mots & d'expressions qu'on y voit, ne signifiant plus maintenant ce qu'ils signifioient autrefois, portoient dans l'esprit des idées profanes, sales, & scandaleuses, (ce qu'on ne fauroit trop éviter, sur tout dans des matie­res saintes) nous sommes demeurez d'accord que les peuples de nôtre Communion trouveroient de grans avantages, si on leur mettoit en main la Version de Mr. Conrart à la place [Page 6] de la version ancienne. Mais, parce que l'Eglise de Geneve est regardée avec justice comme la principale des Eglises Reformées, où l'on se sert de la Langue Françoise, nous souhait­terions de tout nôtre coeur que'lle voulut autoriser par son exemple un changement si utile, & nous ne dou­tons point qu'il ne fût bien tôt suivi par toutes les Assemblées où l'on chante les loüanges de Dieu en nô­tre Langue. Nous nous adressons à vous, Monsieur, connoissant vôtre pieté, & vos sentimens sur le sujet dont il s'agit; & nous vous prions de representer à tous ces savans & excellens hommes de Geneve, avec qui vous pouvez avoir habitude, les puissantes raisons qu il y a de rece­voir les Psaumes de la nouvelle Ver­sion. Les ennemis de nôtre sainte Religion, qui mettent tout en oeuvre pour nous tourner en ridicu­le, ne manquent pas de faire des railleries de nos Cantiques spirituels, [Page 7] & de nous reprocher, par écrit & de vive voix, les endroits qu'il leur plait de choisir, & qui ne donnent que trop de prise à leurs méchantes latyres. Otons leur ce pretexte, si nous le pouvons; & nous preserve­rons même par là ceux qui ont quel­que panchant à se ranger dans nôtre Communion, du scandale qu'ils pren­nent des passages rebutans qu'ils trouvent en lisant nos Psaumes, com­me nous l'avons souvent éprouvé. Nous prévoyons bien qu'il y aura de grans obstacles à cet établissement, que quelques-uns le traitteront d'in­novation, & que l'on alleguera que la plûpart d'entre le Peuple, sachant déja les vieux Psaumes par coeur, ne pourront s'accoûtumer aux nou­veaux, & s'imagineront que c'est un changement essentiel que l'on veut faire dans la Maniere de servir Dieu. Mais, outre qu'il n'est pas necessaire pour ce dessein, de dé­fendre absolument les vieux, & [Page 8] qu'il ne faut seulement que permet­tre & conseiller l'usage des nouveaux, il n'y a qui que ce soit qui ne com­prenne par le sens commun, que l'on n'altere rien dans la Foi, ni dans le fonds du Culte, & que l'on change en mieux une vieille pratique dans laquelle le Tems a fait naître des in­conveniens auxquels il est à propos de remedier. Il n'est pas juste que la coûtume prevaille sur la raison & sur la verité; & ceux qui sont pré­venus pour les anciens usages doi­vent se souvenir, que si l'on y avoit toûjours deferé on seroit encore assu­jetti à des abus tres-dangereux, qui ont été heureusement corrigez. Nô­tre exil & nôtre dispersion dans les Païs étrangers nous faciliteront ce changement; puis que nous pouvons, sans aucun obstacle, en faire goûter les motifs à toutes les Eglises Fran­çoises Reformées, par la communi­cation qu'il nous est permis d'a voir avec elles; & que d'ailleurs nos [Page 9] Freres dispersez s'étant insensible­ment accoûtumez à diverses choses contraircs à leurs moeurs, & usitées dans les divers lieux où la Provi­dence les a conduits, & qui concer­nent même les pratiques de devotion, se trouveront encore plus disposez qu'ils n'étoient auparavant, à préfe­rer la nouvelle Version des Psaumes à celle qu'ils ont gardée jusques ici, & se déferont plus aisément des pré­jugez qui auroient pû empêcher de connoître combien celle qu'on veut établir est plus claire, plus naturelle, plus raisonnable, & plus capable d'inspirer des sentimens tendres & pieux, que celle dont on veut les dé­tacher. Comme le livre des Psaumes est un ouvrage plein de consolations spirituelles pour toutes sortes de Per­sonnes, & employé tous les jours dans nos Devotions ordinaires, il est tres-convenable à la sainteté de ce Livre, & à la sainteté de l'usage que nous en faisons, que la Traduction [Page 10] que nôtre Peuple en aura continuel­lement entre les mains; n'ait rien qui paroisse équivoque, ridicule, ni barbare, & qu'au contraire elle soit intelligible, serieuse, douce, & mo­deste, telle que celle de feu Monsieur Conrart. Nous vous conjurons, Monsieur nôtre tres-Cher Frére, par l'interêt de toutes les Eglises Fran­çoises Reformées, dont l'avantage est la seule fin que nous-nous propo­sons ici, de travailler de tout vôtre pouvoir pour obliger Messieurs de Geneve de consentir à une chose qui contribuera infailliblement à nôtre commune édification. S'ils veulent bien faire cesser dans leur Ville les impressions des vieux Psaumes en rime, & faire en sorte que l'on im­prime ceux de Mr. Conrart en tou­tes les formes les plus commodes à porter: nous esperons que la bonté deceux-ci les fera recevoir sans peine, & que dans peu de tems on les aura appris par coeur, & l'on ne voudra [Page 11] plus se servir des autres. Nous re­commandons cette importante affaire à vôtre zele & à vôtre prudence, & nous prions Dieu qu'il la veuille faire reüssir à sa plus grande gloire, & qu'il vous accompagne de fes be­nedictions & de ses graces. Nous sommes veritablement.

Monsieur,
Vos tres humbles & tres o­beïssans Serviteurs & Fre­res en nôtre Seigneur, les Ministres & les Anci­ens de l'Eglise Françoise recueillie à Zurich, & pour tous avec charge.
  • P. Reboulet, Pasteur de l'Eglise Françoise de Zurich.
  • Vulson la Colombiere, Pasteur de l'Eglise de Saint Jean d'Erans en Dauphiné.
  • [Page 12]J. Daillé, Ministre de l'Eglise Refor­mée de Paris.
  • Chambon, Ministre de l'Eglise d'Aimargues.
  • Coulan, Pasteur de l'Eglise d'Alez.
  • Du Cros, Ministre de Sommieres au Bas Languedoc.
  • S. Perrin, Pasteur de Ferrieres au Haut Languedoc.
  • Bousanquet, Ministre du Saint E­vangile.
  • Coulan, Fils, Ministre du Saint E­vangile.
  • Daniel Reboulet, Ministre.
  • Pellet, Ministre du Saint Evan­gile.
  • Teissier, Ancien de l'Eglise Françoise de Zurich.
  • Saurin, Ancien.

APrés la lecture de cette Let­tre, plusieurs dirent, qu'elle meritoit qu'on y fist attention, & qu'il eût été à souhaiter, que le [Page 13] malheur des Eglises de France n'eût pas empêché l'établissement de ces Psaumes; Et d'autres ayant dit, qu'il y pourroit avoir des inconve­niens à changer les Psaumes, on laissa passer des années entieres, sans rien resoudre là dessus. On se con­tentoit d'en discourir, pour & con­tre; Et on tâchoit par des conversa­tions particulieres, & par celles qu'on avoit dans la Compagnie, de con­venir de ce qui seroit le plus avanta­geux aux Eglises. Enfin, au bout de sept ans, on s'accorda à revoir la Version de Mr. Conrart, pour en connoitre la qualité; y faire quel­ques changemens, s'il étoit necessaire; en faire ensuite une Edition, & dé­couvrir les pensées des Eglises, par un Avis qu'on y mettroit, qui aver­tiroit tout le monde du dessein d'em­ployer ces nouveaux Psaumes dans le Service Divin; Et par lequel on prieroit les habiles gens de commu­niquer leurs Remarques à Geneve, [Page 14] afin de rendre ces Psaumes plus utiles aux Eglises.

Ce projet étant executé, on at­tendit près de trois ans les avis qui pourroiënt venir; Et pendant cet in­tervalle, on recevoit bien des Lettres d'approbation, & d'encouragement à les établir; mais jamais il n'en vint d'aucun Corps. ni d'aucun particuli­er, qui marquât le moins du monde qu'on le trouveroit mauvais. Les lettres des uns, & le silence des autres, persuadérent la Compagnie des Pasteurs & des Professeurs de Gene­ve, que l'Ouvrage seroit bien reçû par tout; & qu'aucun François ne s'éronneroit de voir les nouveaux Psaumes introduits dans Geneve Cet­te consideration, jointe aux raisons alleguées dans les deliberations, dé­termina la Compagnie à s'en servir dans les Temples; & à les faire ap­prendre auparavant aux enfans dans toutes les petites écoles publiques, & particulieres.

Lors qu'on fit cette resolution, on delibera si l'on consulteroit les Egli­ses, & on jugea qu'il ne falloit pas le faire.

1 o. Parce qu'elles étoient suffisam­ment informées de ce dessein par l▪impression des Psaumes, & par l'A­vis qu'on avoit mis à leur tête.

2 o. Parce que nulle raison n'y obligeoit la Compagnie. L'Eglise de Geneve est dans une République souveraine, & indépendante à tous égards, Elle a droit de faire pour sa propre édification tout ce qu'elle estime lui convenir. La communion qu'elle a avec les autres Eglises ne l'engage point à les consulter, com­me les autres Eglises ne sont point obligées à lui demander ses avis. Châque Eglise demeure maîtresse ab­soluë d'elle-même, quand son Ma­gistrat est Souverain. Elle peut éta­blir, abroger, ou changer ce qu'elle trouve à propos, sans donner lieu à aucune autre Eglise de se plaindre [Page 16] qu'on lui ait fait tort. C'est en ver­tu de ce droit, que châque Eglise a sa Forme de gouverment, sa Con­fession de Foi, sa Liturgie, sa Lan­gue, sa Discipline, & d'autres cho­ [...]es extrémement differentes de celles des autres Eglises; quoi que les E­glises de divers païs soient dans la même créance, & dans la commu­munion les unes des autres.

3 o. C'est l'ancien usage de l'Eglise de Geneve. Dans un grand nom­bre d'affaires importantes, elle n'a point consulté les autres Eglises; ni les autres Eglises ne l'ont pas aussi consultée en plusieurs occasions; quoi qu'il y eût une étroite union entr'el­les L'Eglise de Geneve avoit dres­sé une Liturgie, que les Eglises de France prirent sans lui en demander avis. Elle avoit une Confession de Foi particuliere dans son Academie; Et elle adopta aussi la Confession de Foi des Eglises de France, sans le leur communiquer. Les Eglises sans [Page 17] se consulter reciproquement en ont usé comme il leur a semblé bon-Quoi que l'Eglise de Geneve ait toû­jours été fort étroitement unie avec les Eglises de France, & avec celles de Suisse, & qu'elle ait même envoyé quelques fois des Deputez dans les Synodes de l'une & de l'autre Nation, elle s'est pourtant toûjours gouvernée, comme elle a jugé convenable. Elle a observé, ou aboli certaines Fêtes; Elle a decidé des points de Doctrine. Elle a usé dans la Cene du pain levé, ou azyme; & fait diverses choses, comme elle trouvoit à propos, sans qu'aucune Eglise se plaignît de la formalité, encore qu'on tâchât d'un côté ou d'autre de faire changer la chose. Si elle a quelquesfois con­feré avec d'autres Eglises; Si elle a fait des établissemens, sans le leur communiquer, ou même contre leur avis, Elle n'a pas laissé de deméurer également en leur communion.

4 o. On avoit examiné avec gran­de [Page 18] attention, dans la Compagnie, les raisons qui favorisoient, ou qui pou­voient empêcher l'introduction des nouveaux Psaumes; & l'avis qui a­voit prévalu avoit paru si bien fondé, qu'on n'auroit pû se resoudre à gar­der les vieux; pourquoi donc de­mander l'avis des Eglises? Si on n'en eût consulté que quelques unes, les autres auroient pû se plaindre d'avoir été négligées. Si l'on se fût adressé à toutes; outre le grand em­barras dans lequel on se mettoit, il s'en fût toûjours trouvé quelques-unes, qui auroient allegué des difficultez, & il auroit fallu bien du tems pour y répondre, & pour les éclaircir; Et si après des lettres reciproques les Eglises n'étoient pas convenuës, celles dont l'avis n'auroit pas été sui­vi, se seroient offensées du procedé de l'Eglise de Geneve. On dit donc que la prudence, & le respect qu'on avoit pour les autres Eglises, ne permettoit pas de les consulter.

5 o. On en ajoûta une nouvelle raison trés-considerable. C'est qu'il falloit voir auparavant le succez que les nouveaux Psaumes auroient dans Geneve. S'il en arrivoit quelque inconvenient, on reprendroit les vieux de meilleure grace; Si le suc­cez répondoit au desir, & à l'espe­rance qu'on avoit, on communique­roit avec plaisir aux autres Eglises ce qu'on auroit fait; Et la facilité, & l'utilité de cette introduction servi­roit à dissiper la crainte des incon­veniens qu'on pourroit se figurer ailleurs.

Enfin la Compagnie se voyant fondée sur le droit, sur la coûtume de ses Prédecesseurs, sur l'exemple des Eglises avec lesquelles elle a le plus de liaison, & sur les regles de la prudence, & de la justice, elle conclut qu'il n'étoit pas à propos de consulter les autres Eglises.

Ce fut sur ces fondemens qu'on se contenta de demander au Magi­strat [Page 20] strat son approbation: & aprés l'avoir obtenuë, on introduisit les nouveaux Psaumes dans les Temples.

On laissa passer quatorze mois à voir comment ces Psaumes reüssissoi­ent dans la Ville, & dans les Eglises de la campagne.

Lors qu'on eut vû que tout le monde s'en loüoit, & qu'il n'en é­toit arrivé aucun inconvenient, quel­ques Pasteurs representérent, qu'il étoit tems de satisfaire à la lettre de Zurich, & au desir d'une infinité d'autres gens; qu'il falloit écrire aux autres Eglises, pour leur don­ner occasion de faire les mêmes ré­flexions qu'on avoit faites à Geneve. Surquoi la Compagnie ordonna, qu'on écriroit une Lettre circulaire, d'une maniere prudente, & respectu­euse; qu'on prendroit garde à ne demander avis à personne; à n'exi­ger rien de personne à n'exhorter personne à rien. Qu'on se conten­teroit de faire savoir ce qu'on a­voit [Page 21] fait, d'en toucher les principales raisons, de marquer la benediction que Dieu y avoit répanduë; & qu'on laisseroit à châque Eglise, la liberté de faire, après cela, ce qu'elle trouveroit bon. La Lettre fut ex­actement dressée selon cette intenti­on, comme on verra en la lisant.

Lettre écrite aux Eglises Françoises de divers Païs.

Messieurs & tres-honorés Fréres,

LA Liaison que nous avons euë depuis la Reformation, avec les Eglises Françoises & Wallonnes, nous a fait croire, que nous devions vous communiquer ce que nous avons fait dans cette Ville, touchant les Psau­mes qu'on employe dans le Service divin; & la correspondance qu'elles ont bien voulu entretenir toûjours avec nous, nous a fait esperer que vous [Page 22] ne le trouveriez pas mauvais. Nous étions dés long-tems entrez dans les sentimens des Eglises, & des Synodes de France, qui desiroient, qu'on re­touchât les Psaumes traduits en Vers par Matot, & par Mr. de Beze; & nous avions donné en nous mêmes à ceux de Monsieur Conrart la même approbation qu'ils avoient eüe des Personnes éclairées, & de tous les gens de bien, dans ce grand Royaume; Mais la crainte que nôtre Magistrat, ou que nôtre Peuple, ne pût consentir à un changement dans l'Usage pu­blic, nous a retenus plusieurs années dans le silence. Nous remarquions que les uns nous accuseroient de man­quer de respect pour la memoire des Auteurs de la premiere Version; ou s'imagineroient qu'en corrigeant le langage, on changeoit les pensées; & que d'autres ne pourroient souffrir, qu'on leur fit abandonner des Psau­mes qu'ils savoient par coeur, & dont ils avoient tiré, toute leur vie, une si [Page 23] grande consolation, pour en appren­dre de nouveaux, que l'âge, ou le defaut de memoire ne permettroit pas de savoir jamais, ou sans une peine fort desagreable. Ces considerations, & d'autres, prises de l'humeur des peuples, & du jugement qu'ils font d'ordinaire de ce qu'on veut établir contre leur usage, nous avoient empê­ché d'introduire dans nos Temples la traduction de Monsieur Conrart; Mais enfin, aprés avoir mûrement pensé à la necessité de ce nouvel Ou­vrage, & à l'utilité que l'Eglise en tireroit, nous nous resolûmes à exami­ner la fidelité, & la bonté de cette traduction, dans la veüe de pouvoir at­tester à nôtre Magistrat, dont l'autori­té nous étoit absolument necessaire, qu'on pouvoit sans scrupule, & qu'on devoit, pour une plus grande édi­fication de l'Eglise, se servir dans les Assemblées publiques de cette nou­velle Version. Pour obtenir leur con­sentement, nous leur representâmes [Page 24] les raisons qui nous y déterminoient. Nous leur en allegâmes deux princi­pales, fondées sur la Parole même de Dieu; L'une est, le grand nom­bre de mots & de phrases qu'on n'en­tend plus, parce qu'elles ne sont plus en usage; & nulle Eglise, si elle é­coute Saint Paul, ne doit faire le Ser­vice divin, ni en tout, ni en partie, en des termes qui so ient inintelligibles. L'autre est, le mépris avec lequel nos Adversaires parloient de nos Psau­mes, & les railleries qu'ils en faisoi­ent dans leurs prédications, & dans leurs écrits, tant à cause des fautes dont ils sont remplis contre les regles de la Poësie d'aujourdui, qu à cause principalement de plusieurs expressi­ons, qui ne sont plus supportables dans ce siecle, où la clarté, & la politesse sont tout-à-fait nécessaires. A quoi nous ajoûtames, que quelques Ecrivains pretendoient justifier, dans leurs livres, l'Eglise Romaine, de ce qu'elle conservoit l'usage de la [Page 25] langue Latine dans le service divin, par l'exemple de nos Psaumes, qu'ils nous reprochoient de n'oser changer, quelque obscurs & defectueux que nous les reconnussions, à cause du peuple qui y étoit accoûtumé. Nous leur fîmes donc comprendre, que nous devions retrancher à ceux de Rome l'occasion de maintenir leurs abus par nôtre pratique, & qu'il faloit rendre honorable nôtre Religion, si nous voulions déferer à l'ordre de S Paul, qui recommande fortement au xiv. de la 1. aux Cor. d'avoir dans le Service de Dieu un tres-grand é­gard aux êtrangers de la foi. Cette remontrance ayant fait l'impression que nous souhaittions, nous fîmes mettre sous la presse les Psaumes que nous avions revûs. Nous recomman­dâmes aux Maîtres & aux Maîtresses d'Ecole, de les faire apprendre aux enfans; & au bout d'un an, ou deux, nous avertîmes de nôtre des­sein le Peuple dans tous nos Temples. [Page 26] Nous exhortâmes chacun à pourvoir sa famille, des Psaumes de cetté nou­velle revision; & deux mois apres, nous les fîmes chanter publiquement; Ce qui fut fait pour la premiere fois, le premier Dimanche de Novembre de l'an mille six cent, quatre vint & dixhuit. Et dans les Sermons de ce jour là nous instruisîmes nos audi­teurs des raisons de ce changement. Le succez graces à Dieu, a surpassé nôtre attente. Aprés que les plus dif­ficiles eurent consideré nos raisons, ils en demeurerent satisfaits, & tout le monde voit aujourd huy avec joye cet avantageux établissement. Nous declarâmes d'abord, que nous lais­sions à chacun la liberté de chanter les vieux ou les nouveaux Psaumes; [...]is il ne se passa pas deux ou trois [...] maines, que tout le monde voulut a voir les nouveaux, & nous pouvons vous assurer, Messieurs, qu'il n'est arrivé aucun defordre dans le chant, ni dans cette Ville, ni dans nos [Page 27] Eglises de la Campagne où nous les avons introduits. Au contraire, nous apprenons avec plaisir, que les Paï­sans même les chantent avec la même facilité que les vieux, & qu ils en té­moignent beaucoup de satisfaction, parce qu'ils les entendent mieux. Le contentement que nous avons eu de voir nos peuples édifiez, & le Culte divin à couvert de la moquerie de nos Adversaires, & propre à gagner leur estime, nous a portez à vous donner avis de ce que nous avons fait, & de la benediction que Dieu y a répanduë. L'experience que nous venons de faire de l'utilité de ce changement peut servir à justifier la sagesse, & la pieté des Eglises de France qui le desiroient, & assurer celles d'aujourd'huy contre la crainte de tous les inconveniens qu'on pour­roit s'en figurer. Chacune peut faire à cette heure, ce qu'elle jugera le plus expedient pour son édification. Nous ne nous sommes proposez au­tre [Page 28] chose, en vous écrivant, que de vous témoigner le desir que nous avons d'entretenir une étroite union avec vos Eglises, & nous esperons que la liberté que nous avons prise, ne vous déplaira pas. Elle pourra donner occasion de faire réflexion sur ce qui peut le plus contribuer à l'hon­neur du Service de Dieu envers ceux de dehors; à produire le plus de fruit pour le salut de vos troupeaux, & à procurer une parfaite correspon­dance entre les Eglises. Nous prions Dieu qu'il conserve les vôtres, & qu'il les fasse fleurir, qu'il répande la bonne odeur de vôtre doctrine, & de vôtre culte par toute la terre, & qu'il vous comble de ses plus precieuses fa­veurs. Nous sommes

Messieurs & tres honorés Fréres,
Vos tres-humbles, & tres-obeissans serviteurs, & Fréres au Seigneur, les Pa­steurs & les Professeurs de l'Eglise & de l'Academie de Geneve, & pour tous
  • Tronchin Moderateur,
  • Sarrasin Secretaire.

CHâque Eglise fit l'honneur à la Compagnie de lui répondre, les unes plûtôt, les autres plus trad. On insere ici les Réponses, selon leur date.

Réponses des Eglises Françoises & Wallonnes, aux Pasteurs, & aux Professeurs de Geneve.

Lettre de l'Eglise Françoise de Berne.

Messieurs & tres-honorés Fréres au Seigneur.

NOus vous sommes sort obligés de la part que vous nous faites de la prudente conduite que vous a­vez tenuë pour faire recevoir dans vos Eglises les Psaumes que vous a­vez si bien retouchez pour les rendre plus intelligibles & plus propres à é­difier ceux qui les chantent ou qui les apprennent par coeur. L'on ne pou­voit s'y prendre mieux que vous [Page 30] avez fait, & nous loüons Dieu de ce que le succez a répondu à vos espe­rances. Nous avons crû que vous ne trouveriez pas mauvais que nous communiquassions vôtre Lettre à nos Seigneurs qui y feront, sans doute, des réflexions convenables. Monsieur Hollard Ministre de l'Eglise Fran­çoise a bien voulu se charger de cette Commission. Vôtre entreprise temoi­gne le soin que vous avez des Eglises du Seigneur, & que vous ne negli­gez aucun des moyens qui peuvent servir à leur édification. Nous sommes aussi sensiblement touchés de ce qu'a­prés avoir entretenu si parfaitemént une sainte communion avec les Egli­ses Reformées de France, vous avez encore de grands égards pour leurs tristes débris, & particulietement pour ceux que la Providence divine a jet­tés en ce lieu. C'est une tres-douce consolation pour nous. Nous prions Dieu qu'il dirige toûjours vos soi [...] & vos travaux au bien de son Egli­se, [Page 31] qu'il lui plaise de continuer long­tems à faire son oeuvre par vos mains, & qu'il répande abondam­ment ses benedictions sur vôtre Saint Ministere. Ce sont les voeux que font de tout leur coeur ceux qui sont avec respect

Messieurs nos tres-honorés Fréres,
Vos tres-humbles & tres-obeïssans Serviteurs & Fré­res au Seigneur, les Mini­stres & Directeurs des Refu­giez, & pour tous
  • Hollard, Moderateur.

Lettre de l'Eglise Françoise de Basle.

Messieurs & tres-honorez Fréres,

C'Est avec bien de la joye que avons reçu la Lettre que vous nous avez fait l'honneur de nous é­crire, au sujet de la nouvelle verson des Psaumes que vous avez reveuë & introduite depuis quelques années dans le Culte public qui se rend à Dieu dans vos Temples. Comme les rai­sons qui vous ont engagé à le faire, & que vous avez eu la bonté de nous communiquer, sont tres fortes & con­vaincantes, nous ne pouvons que louër Dieu de vous en avoir inspiré le dessein, & de vous avoir facilité les moyens de l'executer avec un suc­cez aussi general que celui qu'il a eu. Nous ne doutons pas que les Eglises Françoises qui en seront informées n'y fassent tres-grande attention, & que la sagesse & la pieté de vôtre ex­emple ne les engage à vous imiter. [Page 33] Pour nous, nous y avons déja fait de serieuses réflexions, & approuvans la chose en elle même, nous pensons iux moyens de l'établir parmi nous à l'édification de chacun. Mais com­me vous savez, Messieurs, par vôtre propre experience, que pour un changement semblable il y a bien des mesures à prendre, plusieurs préjugez à guerir, & divers obstacles à sur­monter, a fin que le tout se fasse sans desordre & au contentement de cha­cun. Nous nous proposons de le faire par la douceur, par la conviction, & par le tems, aprés quoi nous ne dou­tons nullement d'obtenir l'agrément de Nos Souverains Seigneurs pour mettre la chose à entiere execution. Nous vous remercions cependant de la grace quevous nous avez faite de nous communiquer ce que vous avez éta­bli à cet égard, avec autant de pieté & de prudence que de bon succez, & d'entretenir ainsi la liaison Chrêtienne qu'il y a toûjours eu entre Vous & [Page 34] Nous. Nous ne negligerons jamais au­cune occasion de la serrer de plus en plus, & de vous témoigner l'estime & la veneration que nous avons pour vous. Dieu veuille continuer à faire fleutir vôtre Eglise & à répandre par toute la terre la bonne odeur de sa pieté. Dieu veuille benit vos Personnes & vos travaux, & faire que vôtre Eglise & vôtre Academie soyent toû­jours la colomne & l'appui de la veri­té, une pepiniere de Grands Hom­mes, & de fideles Serviteurs du Seig­neur. Nous sommes avec zele & a­vec sincerité.

Messieurs & tres-honorez Fréres,
Vos tres-humbles & tres-obei­sans Serviteurs & Fréres au Seigneur, les Pasteurs & les Anciens de l'Eglise Françoise de Basle, & pour tous avec or dre.
  • B. Fanconis Pasteur, Moderateur.

Lettre de l'Eglise Françoise de Berlin.

Messieurs & tres honorés Fréres,

NOus avons reçu la Lettre dont Vous avez honoré nôtre Com­pagnie, & nous y avons vû avec u­ne joye tres-sensible, & une recon­noissance toute particuliere les témo­ignages que Vous nous y donnez de vôtre charité fraternelle, & de l'inte­rest que vous prenez à l'édification commune des Eglises de Dieu, & de la nôtre en particulier. La Renom­mée nous avoit déja appris le grand succez dont Dieu a favorisé un dessein aussi digne de vôtre sagesse & de vô­tre pieté, que l'étoit celui d'introduire le chant des Psaumes de la nouvelle revision. Nous en avons beni. Dieu de tout nôtre coeur, nous en avons conçu d'abord un favorable augure pour Nous. Car vous pouvez a­voir appris, Messieurs, & tres-hono­rez Freres, qu'il y avoit déja long­tems [Page 36] que nous avions formé le même dessein que Vous. Les mêmes raisons, que vous alleguez si sagement, nous y engageoient, la crainte des mêmes obstacles nous retenoit, Mais un ex­emple d'aussi grand poids que le Vô­tre ne nous a plus permis de balancer. Cet exemple fera sur l'esprit de nôtre Peuple, qui y est déja en partie tout disposé, l'impression que doit faire l'exemple d'une Eglise, que les Egli­ses Reformées regardent avec raison comme leur Mere, que Dieu a rendüe celebre depuis plus d'un siecle par des gráces tout extraordinaires, & par une protection dont il n'a point interrompu le cours, & qui répand par tout la bonne odeur de sa foi & de sa charité. Ces raisons nous ont engagez a faire faire ici une Edition de ces Psaumes avec quelques change­mens de peu d'importance, mais neces­saires, pour perfectionner peu à peu cet ouvrage, que Messieurs Conrart & de la Ba stide ont si heureusement [Page 37] executé, & auquel on a fait parmi Vous des changemens si judicieux, & si dignes des grandes lumieres qu'il y a dans vôtre Venerable Corps. Dés que cette Edition sera achevée, nous en rendrons l'usage public: S'il se trouve encor quelques personnes, qui conservent de l'éloignement pour ce nouvel établissement, nous som­mes persuadez que les solides raisons de vôtre lettre acheveront des les ra­mener, & avec le secours de vos pri­eres & de vos voeux, nous esperons que Dieu ne nous refusera pas dans ce dessein, que Nous avons formé pour sa gloire, & pour celle de son Eglise, le même succez qu'il Vous a accordé; Nous vous les demandons avec instance, aussi bien que la con­tinuation de vôtre bienveuillance, adressant de nôtre côté des prieres ar­dentes à l'Auteur de tout don parfait, qu'il continuë à couvrir vos Eglises de sa puissante protection, qu'il les fasse fleurir de plus en plus par la [Page] pureté de la doctrine & du culte, aussi bien que par la sainteté des moeurs, & qu'il vous comble tous en general & en particulier de ses plus précieuses benedictions. Nous som­mes avec respect

Messieurs & tres-honoréz Fréres,
Vos tres-humbles & tres-obeis­sans Serviteurs & Fréres au Seigneur, les Pasteurs & Anciens de l'Eglise Françoise de Berlin, & pour tous
  • Bancelin Moderateur
  • C. d'Ingenheim Ancien, & Secre­taire de la Compagnie.

Lettre de l'Eglise Françoise de Zurich.

Messieurs & tres-honorés Fréres,

CE que nous avons été si long­tems à faire réponse à la Lettre dont il vous a plû de nous honorer sur le sujet de l'in­troduction des Psaumes de la nou­velle revision dans vôtre Eglise, ne vient point d'autre cause que de ce que selon nôtre coûtume, nous avons été obligés de com­muniquer nôtre dessein au Magi­strat & aux Ecclesiastiques de cet­te Ville, & que pour en venir plus facilement à bout, Nous a­vons crû qu il étoit necessaire de nous appuyer de leur approbati­on. Enfin nous l'avons obtenuë sans aucune peine, & nous com­mencerons [Page 40] Dimanche prochain, s'il plait à Dieu, d'avertir le peu de Refugiés que nous avons dans cette Ville de cet heureux chan­gement, aprés avoir donné les ordres necessaires pour faire venir de Geneve les Psaumes dont nous avons besoin. Nous vous remer­cions tres-humblement, Messieurs & tres-honorés Fréres, de ce que vous avez eu la bonté de nous communiquer vôtre resolution, dont nous ne doutons pas que toutes nos Eglises ne suivent l'exemple avec plaisir, puis que depuis long tems elles étoient toutes di­sposées à cette avantageuse & heureuse introduction. Nous vous prions aussi d'être bien persuadés que nous ferons gloire d'entrete­nir toûjours avec l'Eglise de Ge­neve une parfaite correspondance, puis que nous sommes, & que nous serons toute nôtre vie a­vec [Page 41] le respect que nous vous de­vons

Messieurs & tres-honorés Fréres,
Vos tres-humbles & tres-obeïssans Serviteurs, le Pasteur & les Anciens de l'Eglise Françoise de Zu­rich, & pour tous
  • Manuel Pasteur de l'Eglise.
  • Dechampromain Ancien, & Se­cretaire.

Lettre de l'Eglise Françoise d'Erlang.

Messieurs & tres-honorés Fréres,

LA Lettre que vous avez eu la bonté de nous écrire du dou­ziéme Janvier, ne nous a été renduë que le diziéme de Mars, & nous vous dirons pour réponse, que nôtre Com­pagnie a appris avec bien du plaisir comme vôtre Eglise a enfin introduit dans vos Temples l'usage du ch [...]nt dés Psaumes de Monsieur Conrat dans le Service divin▪ Il est vrai que nos Synodes, & que nos Eglises de France desiroient avec ardeur qu'on retouchât les Psaumes traduits en vers par Marot & par Monsieur De Beze: & que les personnes les plus éclairées du Royaume donnoient leur approbation à ceux de Monsieur Conrart; Mais le triste état où se trouvoient alors nos Eglises obligea les personnes qui pouvoient travail­ler à l'execution d'un si grand dessein, [Page 43] à songer à toute autre chose, c'est à dire, à mettre nos Eglises à couvert de l'orage & de la persecution. Ce­pendant vous benissons Dieu, de ce qu'il vous a mis au coeur un si loüable dessein, & même qu'il vous a fait sur­monter beaucoup de difficultez qui auroient été capables de refroidir, dans cette circonstance de tems, les personnes les plus éclairés, & les plus zelées pour le service de Dieu. Vos Magistrats, le Peuple, les Personnes qui savoient par coeur les Psaumes de Marot, à qui l'apprehension de ne pouvoir pas apprendre par coeur cette nouvelle Edition; toutes ces choses n'ont pas été capables de vous rebuter, Vous avez franchi toutes ces difficultes, & aprés avoir fait connoître à vos sages Magistrats la necessité & l'utilité qu'il y avoit d'in­troduire dans vos Eglises cette nou­velle Version, Vous leur avez aussi allegué les principales raisons, tirées, ou des Psaumes mêmes, dans lesquels [Page 44] il y avoit des mots & des phrases qui n'étoient plus en usage, ou du mépris que nos Adversaires de Rome en faisoient, à cause de certaines ex­pressions, qui sont, à la verité, ru­des dans le siecle où nous sommes. Aprés avoir agi avec tant de pru­dence, de sagesse, & de zele il ne faloit pas moins attendre qu'un pareil succez, & Dieu vueille par sa miseri­corde infinie verser de plus en plus ses plus precieuses benedictions sur vos soins, & sur vôtre travail, & faire reüssir toutes vos entreprises à la gloire de nôtre Dieu, & à l'a­vancement de la Reformation de son Eglise. Nous ne doutons pas que vos Peuples, aprés avoir surmonté les premieres difficultés, ne se fassent un sensible plaisir de les chanter, d'autant mieux qu'il n'y a plus d'ex­pressions qui ne soient naturelles & faciles. Nous souhaiterions d'être en etat de vous pouvoir imiter, & de nous conformer en cela, comme en [Page 45] toute autre chose, à vos Eglises; Mais outre que nous n'avons pas la commodité d'avoir facilement des Psaumes, & qu'il faut d'ailleurs pre­parer nos Peuples à un pareil chan­gement, Nous croyons de plus, qu'il est necessaire de communiquer la chose à nôtre Synode. Cependant nous vous sommes sensiblement ob­ligés, de ce que vous avez bien vou­lu, nous communiquer, & nous faire part de ce qui se passe dans vôtre Eglise, à laquelle nous serons bien [...]ises de nous conformer, & d'entre­tenir cette étroite union qui a fait, & qui fera la joye de nos Peuples, & de nos Eglises. Au reste, nous avons en­voyé une copie de vôtre Lettre aux Eglises qui composent avec nous un même Synode. Nous prions Dieu qu'il benisse de plus en plus vos tra­ [...]aux, qu'il les fasse reüssir a sa gran­ [...]e gloire, à l'affermissement du Reg­ [...]e de Jesus Christ, & à l'édification [Page 46] de son Eglise; qu'il dissipe le con­seil de vos ennemis, & qu'il répande de plus en plus la bonne odeur de vôtre doctrine par tous les endroits de la terre, Nous sommes

Messieurs & tres-honorés Fréres,
Vos tres-humbles & tres-obeïssans Serviteurs & Fréres au Seig­neur, les Pasteurs & les An­ciens de l'Eglise Françoise de la nouvelle Ville d'Erlang, & pour tous,
  • Michel Pasteur.
  • E. Tholozan Pasteur.
  • G. Ruynat Pasteur.
  • Gabriel Lequezan.
  • C. Froment Diacre.
  • P. Cappieu Ancien.
  • Etienne Ferron Ancien.
  • P. Lerny Ancien.
  • Dalles Ancien, & Secretaire.

Lettre des Eglises Wallonnes du Païs-Bas assemblés en Synode à Zutphen.

Messieurs & tres-honorez Fréres,

LA Lettre que vous nous avez fait l'honneur de nous écri­re a été leuë à toute l'Assemblée de nôtre Synode, & nous y avons remarqué avec beaucoup de con­solation, ce zéle inseparable de vô­tre Eglise qui a toûjours été d'un [...] grand exemple à toutes les au­ [...]es; Mais comme l'affaire que [...]ous nous proposez est d'une trop grande importance pour y répon­ [...]re si tôt determinément, vous ne [...]rouverez pas mauvais, Messieurs, [...]ue nous la communiquions & à [...]os Consistoires, & à d'autres Per­ [...]onnes sages & éclairées, avec d'au­ [...]es précautions que nous devons [Page 48] garder en cetre occasion; Nous pe­serons avec soin toutes vos raisons, & vous devez croire que nous y aurons tous les égards que nous leur devons, & que vôtre exemple y ajoûtera un grand poids. Nous nous rassemblerons, s'il plait à Dieu, dans quelques mois selon l'ordre de nos Synodes, & nous aurons l'hon­neur de vous expliquer alors plus particulierement nos sentimens. Ce­pendant la correspondance que vous voulez entretenir avec nos Eglises nous sera toûjours fort agreable & d'une fort grande édification, & nous continuërons cependant à prier Dieu qu'il lui plaise de tenir toû­jours la Republique de Geneve sous sa sainte Protection, d'y con­servir sa verité, & de la faire fleurir en toutes manieres; Nous le prions à même tems de benir le Troupeau & l'illustre Academie dont il vous a commis le soin, [Page 49] vos Personnes & vos Familles, & nous serons toûjours avec ces senti­mens,

Messieurs & tres honorés Fréres,
Vos tres-humbles & tres-o­beïssans Serviteurs, les Conducteurs des Eglises Wallonnes des Païs-Bas assemblez en Synode, & pour tous
  • Basnage de Flottemanville President.
  • Oliver Secretaire.

Lettre de l'Eglise Françoise de Zell.

Messieur, & tres-honorés Fréres,

NOus commencerons par vous remercier tres-humblement de l▪honneur qu'il vous a plû de nous faire, en nous apprenant l'heureux établissement de la nouvelle traducti­on de nos Psaumes en vos Eglises. Comme celle de Geneve a toûjours été regardée avec distinction de tous les Reformez, vous nous ferés ju­stice, Messieurs, de croire que dans nôtre dispersion nous avons pour el­le les mêmes égards & les mêmes sentimens d'estime que nous avions en France, quand nous y étions en liberté; que nous ferons beaucoup d'attention à ce qui nous viendra d [...] vôtre part, & que nous nous faiso [...] un honneur de la sainte correspon­dance que vous témoignez vouloi [...] [Page 51] entretenir avec nous. Nous savons qu'une Compagnie comme la vôtre, composée de tant d'habiles gens, dont le savoir & l'érudition répon­dent si bien au grand zele qu'ils ont pour la gloire de Dieu, & dont la foi & le culte ont une reputation si avantageuse dans tout le monde où nôtre Reformation est reçeuë, ne peut prendre que de justes mesures pour le Service divin. Ses avis pour nous sont d'un grand poids. Celui que vous nous donnez, Messieurs, de ce qu'aprés les difficultés que vous avez rencontrées, dans l'affaire de que­stion, vos desseins on eu le succés que vous souhaittiez, nous a fait res­sentir beaucoup de joye. Si la chose dépendoit absolument de nous, nous aurions déja suivi vôtre exemple. Nous ne desesperons pas n'en être les, imitateurs, s'il plait à Dieu, avec le tems. Vous trouvez peut-étre, Messieurs, que nous avons trop dif­feré à répondre à l'excellente Lettre [Page 50] [...] [Page 51] [...] [Page 52] dont vous nous avez honoré. Ce n'est ni la negligence, ni le manque de reconnoissance qui nous ont empêché de nous aquitter de nôtre devoir; C'est seulement parce que nous a­vons voulu la communiquer aux Egli­ses voisines, & sur tout à celles qui sont dans les Etats de Nosseigneurs les Princes de Brunswick. Vous ap­prendrez sans doute avec consolation, que si Monseigneur l'Electeur de ce nom à parmis à l'Eglise d'Hanover d'avoir un Temple, s'il en a fait bâtir un à ses dépens, en faveur de la colonie Françoise d'Hameln, Son Al­tesse Serenissime Monseigneur le Duc nôtre Maître nous a accordé la liberté d'en édifier un à Zell, & nous a même fait sentir pour cette fin, les effets de sa liberalité. Nous y faisons travailler actuellement; Mais nos forces sont trop petites, pour venir à bout de nôtre projet sans secours d'ailleurs. Nous avions deputé en An­gleterre & en Hollande pour en de­mander; [Page 53] la conjoncture ne nous a pas été favorable, Nous avons fait de la dépense inutilement, ce qui nous cause un retardement pour jouïr du fruit de nos esperances. C'auroit été au tems de nôtre établissement nouveau que nous aurions pû, à vôtre imitation, introduire l'usage de nos Psaumes de la nouvelle revision. Ces Messieurs nos Freres à qui nous a­vons fait part de vos fortes raisons, en sont touchez comme nous, & tom­bent d'accord que si nous pouvons reüssir, la chose sera d'une tres-grande édification. Il est vrai, Messieurs, que nous prévoyons les uns & les autres, que nous pourrons trouver en nôtre chemin les mêmes obstacles que vous y avez rencontré d'abord. Dieu vueille benir cette glorieuse entrepri­se, qui n'a pour but que son honneur, & la consolation des Fideles, Nous le prions de tout nôtre coeur qu'il ré­pande de plus en plus ses plus preci­euses faveurs du Ciel & de la terre sur [Page 45] vos Personnes, sur vos Familles, & sur la florissante Eglise qu'il a com­mise à vôtre conduite. Nous sommes avec un profond respect

Messieurs nos tres-honorés Fréres,
Vos tres-humbles & tres-obeïssans Serviteurs & Fréres en N. S. J. Ch. les Pasteurs & les Anciens de l'Eglise Françoise Re­formée de Zell, & pour tous
  • De la Forest Pasteur.
  • De la Fortiere Maxuel Ancien.
  • De Vilars Malostie Ancien.
  • D. Caulier Ancien.
  • Monroy Ancien.
  • Burjandy Ancien.
  • R. Sioff Ancien.

Lettre de l'Eglise de Neuchâtel.

Messieurs & tres-honorez Fréres,

SI nous avons differé jusques à present de répondre à vôtre Letrre du douziéme Janvier, ça été parce que nous n'aurions pû vous donner plus tôt une réponse précise, sur l'introduction des Psaumes nou­veaux. Nôtre Compagnie qui avoit regardé depuis long-tems cette in­troduction comme tres-necessaire, pour la gloire de Dieu, pour l'édifica­tion de l'Eglise, & pour l'honneur de la Reformation, a pris la resoluti­on de faire ce changement avec d'autant plus de plaisir, qu'elle y a été invitée par vôtre Venerable Com­pagnie. Nous vous dirons donc, Messieurs & tres-honorez Fréres, que dans nôtre Assemblée du mois de May dernier, il fût arrêté que les Psaumes de la nouvelle Version se­roient [Page 56] introduits dans l'usage publick de toutes les Eglises de ce Païs, & que depuis, ayant conferé avec Messieurs les Magistrats de la Ville de Neuchâtel, pour ce qui regarde l'Eglise de Neuchâtel en particulier, à l'égard du tems auquel ce chan­gement pourroit se faire, nous avons resolu dans nôtre Assemblée d'au­jourd'huy que ce seroit le premier Dimanche du mois d'Août prochain. C'est dequoi nous n'avons pas voulu manquer de vous avertir, & en mê­me tems nous vous remercions, Messieurs, & tres-honorez Fréres, de la Lettre que vous nous avez écrite sur se sujet. Nous vous prions d'être persuadez que nous aurons toûjours une consideration particuliere pour vôtre Eglise, & que nous ne souhait­tons rien tant, que d'entretenir avec vous une parfaite union, & une é­troite correspondance. Nous adres­sons nos voeux à Dieu, pour qu'il répande sur vôtre sainte Assemblée, [Page 57] & sur vos Eglises ses plus precieuses [...]eurs, & nous sommes avec beau­ [...]up de zele & d'attachement

Messieurs & tres-honorés Fréres,
Vos tres-humbles & tres-obeïssans Serviteurs & Fréres, le Doyen & les Pasteurs de la Souve­raineté de Neuchâtel & Vallengin.
  • Ostervald Doyen.

Lettre de l'Eglise Françoise de Schaffouse.

Messieurs nos tres-honorés Fréres en J Christ,

NOus aurions répondu plutôt à celle que vôtre Venerable Compagnie nous fit l'honneur de nous écrire il y a déja quelque tems, si Nos Seigneurs du Senat Ecclesi­astique eussent eu occasion de s'assem­bler plutôt qu'ils ne l'ont pas fait, & s'ils eussent répondu à la tres-hum­ble demande que nous leur avions faite de permettre qu'à vôtre imita­tion nous pussions nous servir dans nôtre petit Troupeau des Psaumes de la nouvelle Revision; Mais com­me ils ne s'assemblent que pour quel­que [Page 59] cas extraordinaire, nous n'a­vons pas pû avoir la satisfaction que nous-nous étions proposée aussi prontement que nous l'auri­ons souhaitté. Nous vous suppli­ons pour cet effet, Messieurs nos tres-honorés Fréres, de nous par­donner nôtre irregularité apparen­te, & d'être fortement persuadez, que nous recevrons toûjours a­vec beaucoup de consideration & de respect tout ce qui viendra de vôtre part, & que nous nous ferons un plaisir de profiter de vos sages conseils & de vos lu­mierés. Nous avons appris avec beaucoup de plaisir que Dieu a répandu sa benediction sur vôtre pieux dessein, & que tous vos troupeaux se trouvent édifiez du changement avantageux que vous leur avez procuré. Les réflexi­ons que vous faites, Messieurs nos tre-honorés Fréres, sur la neces­sité [Page 60] de ce changement, étoient trop solides, pour n'être pas secondées par vôtre sage Magistrat, & ap­prouvées de toutes les personnes raisonnables de nôtre Sainte com­munion; aussi n'avons nous point eu de peine d'obtenir nôtre demande de Nos Seigneurs du Senat Eccle­siastique, qui nous ont accordé unanimement la permission de chan­ter dans nos Assemblées les Psau­mes de Monsieur Conrart, de sorte que nous esperons de les introduire sans peine dans nótre assemblée; En attendant donc que le Seigneur benisse nôtre resolution, comme il a beni la vôtre, nous le supplions du plus profond de nos coeurs, qu'il lui plaise d'accompagner toûjours de l'efficace de sa grace les saintes fonctions de vôtre Ministere & de vos emplois, & qu'il conserve che­rement vos Personnes, & vos Fa­milles, & aprées vous avoir demandé [Page 61] la continuation de vôtre bienveuil­lance, nous vous prions d'être per­suadez que nous sommes avec un tres-profond respect

Messieurs nos tres-honoréz Fréres,
Vos tres-humbles & tres-obeïssans Serviteurs
  • Bousanquet Pasteur de l'Eglise Françoise de Schaffouse.
  • Trappier Ancien.
  • Etienne Grimaud Ancien.

Lettre de l'Eglise Françoise de Cassel.

Messieurs & tres-honorés Fréres,

NOus vous remercions tres-hum­blement de l'excellente Let­tre que vous nous avez fait l'hon­neur de nous écrire touchant l'usage de la nouvelle Version des Psaumes de David en vers François dans le Service divin, & nous vous prions de croire que ce n'a été nullement par negligence que nous n'y avons pas répondu plutôt, mais que ce délay est venu de quelques autres causes qui nous ont arrêtez jusques à cette heure. C'est avec un singu­lier plaisir, Messieurs, que nous vous y voyons renouveller l'agrea­ble correspondance qu'il y a toûjours eu entre Vous & les Eglises de France dont nous faisions partie [Page 63] & la maniere en laquelle vous les honorez & leurs Synodes, en ap­prouvant & accomplissant même a­vec tant de succez parmi vous le des­sein qu'elles avoient formé d'intro­duire dans leurs saintes Assemblées cette nouvelle traduction des hymnes sacrez, si capable d'exciter la devo­tion dans les coeurs, & d'enlever les ames pieuses par la pureté & la be­auté & la force des ses expressions. Les raisons qui vous y ont determi­nez sont tres-convainquantes, & vô­tre exemple ne peut être que d'un grand poids pour engager les Eglises Françoises à le suivre dans les divers endroits de leur dispersion. Pour nous, Messieurs, nous sommes tout à fait dans la resolution de vous imiter, & nous le ferons d'autant plus volon­tiers, que nous avions ce change­ment, si utile & si necessaire, extré­mement à coeur dés avant ce terrible coup de persecution qui nous a arra­chez à nôtre partie, & que nous en [Page 64] esperons une grande édification. Toutes les Eglises Refugiées de ce Païs ci, à qui nous avons commu­niqué vôtre Lettre, sont aussi dans la disposition de s'y conformer; & nous avons même dessein de nous ser­vir de la Version que vous employez dans vos exercices publics de pieté, & d'en faire venir d'abord quelques exemplaires de toutes les sortes pour essay. Au reste, Messieurs, ce nous sera toûjours une chose tres-douce & tres-consolante dans nôtre refuge, que l'étroite union que vous témoignez de vouloir entretenir avec nous, & nous contribuerons de toutes nos forces à en serrer les noeuds & à la rendre inviolable. Nous prions Dieu de tout nôtre coeur de vous combler de toutes ses benedictions spirituelles & temporelles, de conserver & de grossir vos troupeaux, de maintenir à jamais au milieu d'eux la pureté de la doctrine & du culte divin, cette perle de grand prix dont ils sont en­richis, [Page 65] & de rendre vôtre Academie toûjours celebre & florissante, Ce sont les voeux de ceux pui sont tres-sincerement

Messieurs & tres-honorés Fréres,
Vos tres-humbles & tres-obeïs­sans Serviteurs & Fréres au Seigneur, les Pasteurs & les Anciens de l'Eglise Fran­çoise de Cassel, & pour tous
  • De Beaumont Moderateur.
  • P. Nalvezin Ancien.
  • Paul Papin Ancien & Secretaire.

Lettre des Eglises Françoises de Londres.

Messieurs & tres-honorés Fréres,

JE m'aquitte avec plaisir de l'em­ploy que me donnent nos Eglises Françoises de Londres, de vous remercier de leur part de la tendre & fraternellé charité que vous leur témolgnez dans vôtre Lettre, & des soins obligeans que vous avez pris de nous donner connoissance de ce qui s'est passé dans vôtre Eglise, à l'occasion des Psaumes de Monsieur Conrart retouchez de vôtre façon, que vous avez mis à la place de ceux que vous chantiez auparavant. On a regardé cela comme un coup de vôtre zele à garder toute la biense­ance, qu il se peut, dans le Service divin, & vous pouvez conter que nous ferons toute la consideration qu'il [Page 67] se pourra de vôtre exemple dans les penchans où nous sommes, comme nous l'avons toûjours été, de nous entretenir avec vous dans l'unité de l'esprit, par les liens de la paix. Ce­pendant comme c'est une affaire de consequence, dans laquelle toutes nos Eglises prennent un interest general, Nous avons crû, ce que nous vous supplions de ne pas trouver mauvais, ne pas devoir prendre de resolution, sans avoir là dessus les sentimens de nos Fréres de Hollande, & de Bran­debourg, afin de nous rencontrer, s'il se peut, dans une uniformité gene­rale, sans laquelle nous ne pensons pas qu'on puisse rien changer. On a même souhaitté, que je vous en­voye une copie de l'Acte, qui fut fait dans la derniere Assemblée, que nous avons tenuë à la Savoye. Aprés quoi je finis par mille voeux que nous faisons pour vôtre Eglise, & pour le nouvel établissement qu'elle vient de faire, demandant à Dieu [Page 68] qu'il lui plaise de répandre ses préci­euses benedictions sur vos Personnes, & sur vos occupations qui sont si édifiantes & si utiles au public. Je suis en mon particulier, avec tout le respect que je dois

Messieurs & tres-honorés Fréres,
Vôtre tres-humble & tres-o­beïssant Serviteur
  • Brocas de Hondesplens Min.

Lettre des Eglises Wallonnes des Païs-Bas assemblées en Synode à Rotterdam.

Messieurs & tres-honorés Fréres,

VOus avez pû voir par la Let­tre qui vous a été écrite au nom du Synode de nos Eglises assemblé à Zutphen, & par l'Ar­ticle qui y fut dreffe sur l'affaire que vous avez bien voulu nous communiquer, qu'on y avoit resolu de s'appliquer avec toute l'attenti­on possible, à examen de la cho­se dont vous nous donniez conno­issance. Nous avons satisfait au­jourduy aux intentions de cette Assemblée, & aprés avoir conside­ré toutes choses, il nous a semblé, que nous aurions reçû plus de consolation, & plus de satisfaction [Page 70] de vos Lettres, si conformément aux principes de la charité & de la Communion fraternelle, dont vous avez jugé à propos de nous donner ce témoignage, vous nous aviez communiqué le dessein que vous aviez de mettre une Version nouvelle des Psaumes en la place de ceux qui ont été, jusques à present, chantez dans nos Eglises, plutôt que l'execution. Cela nous auroit donné occasion de conferer avec vous sur une matiere si im­portante, & de concourir avec vous par la communication mutuelle dé nos raisons à ce qui auroit été le plus utile pour l'édification commu­ne de l'Eglise de Jesus Christ. Mais, Messieurs & tres-honorés Freres, puis que la chose est faite, nous nous persuadons aisément, que vous n'avez rien fait qu'avec de bonnes intentions, & en simplicité de coeur, & aprés avoir bien mûrement ex­aminé [Page 71] ce principe, que dans la Re­ligion les moindres changemens sont de tres-grande importance. De nô­tre côté aprés avoir pensé à la cho­se tres-serieusement, nous avons pris sur cette affaire la resolution que vous verrés portée dans l'Article du present Synode dont nous vous en­voyons la Copie, pour répondre par la communication de nos sen­timens, à celle que vous nous avez donnée des vôtres. Les raisons que que nous avons euës de nous porter a cet avis seroient trop longues à vous representer; Comme nous vous faisons la justice de croire que vous n'avez eu en veuë que l'édifica­tion publique dans ce que vous avez fait; Nous esperons aussi que vous nous ferez celle de juger, que nous avons été déterminez par de puissans motifs au parti que nous avons pris. Nous prions Dieu qu'il vous donne la joye de voir prosperer son oeuvre [Page 72] entre vos mains, & qu'il benisse a­bondamment vos Personnes & vos Eglises. Nous sommes

Messieurs & tres honorés Fréres,
Vos tres-humbles & obe­ïssans Serviteurs les Con­ducteurs des Eglises Wal­lonnes assemblées en Sy­node à Rotterdam, & pour tous,
  • Jurieu Président.
  • De Joncourt Scribe.

ARTICLE XXI.

SUR l'affaire importante ren­voyée aux Eglises par l'Art. 39. du Synode precedent, touchant le changement propose, d'une nouvelle Version des Psaumes pour le service public; Les instructions de toutes les Eglises ayant été leuës hier. La Compagnie a resolu d'une voix pres­que unanime, les deux choses aux­quelles elle s'arrête sous le bon plaisir de nos SOUVERAINS. La premiere, de n'introduire point l'usage d'une nouvelle Version dans nos Egli­ses Wallonnes, & qu'il y auroit des inconveniens & des difficultez consi­derables à le faire. La seconde, qu'il est deformais d'une espece de necessitê de retoucher & de corriger dans nôtre ancienne Version plusieurs termes qui ne sont plus entendus, & plusieurs façons de parler, que le cours d▪un [Page 74] siecle & demi, & les changemens de l'usage ont rendu choquantes & incommodes. C'est pourquoi la Com­pagnie a jugé à propos de commettre se soin de cette correction aux Eglises de Rotterdam, d'Amsterdam, de la Haye, de Leyde, & de Delft, com­me plus voisines & plus proches de la Cour, sous ces restrictions & ces li­mitations. 1. Que l'on conservera tout le fonds de la Version ancienne. 2. Que l'on ne sortira point des anci­ennes rimes, que quand la correction sera absolument necessaire, & que l'on ne pourra corriger autrement. 3. Que l'on ne se proposera point dans ces corrections le but de les metre au des­sus de toute critique; se qui seroit une tâche impossible en travaillant sur un vieux fonds, & en s'assujettissant à des vieilles rimes; mais seulement de rendre moins rude ce qui l'est au­jourdui davantage. Et tous ceux qui auront des avis à leur donner pourront leur envoyer des remarques. [Page 75] Et au Synode prochain, elles rendront conte de ce qui aura été fait. Et la presente resolution sera commu­niquée par les Deputez aux Vene­rables Magistrats de leurs Villes, & particulierement à Monsieur le Con­seiller & Grand Pensionnaire Hein­sius, à qui Monsieur Jurieu Pré­sident, & Monsieur De Joncourt Scribe, avec Monsieur Benoit Pa­steur de l'Eglise de Delft, en feront le rapport.

ARTICLE XXXII.

EN consequence de l'Article 23. du present Synode, qui a chargé cinq Eglises pour la Correction des Psaumes; Les Deputez de ces Egli­ses sont autorisez de s'accorder en­tr'eux de la portion qui écherra à chaque Eglise, & de la maniere de correspondre entr'elles pour l'éx­écution de ce dessein.

Lettre de l'Eglise Françoise de Dublin.

Messieurs & tres-honorés Fréres,

SI nous avons differé jusques à present, à faire réponse à la belle Lettre dont vous nous a­vez honorez, c'est parce qu'en vous en temoignant nôtre recon­noissance, nous voulions en mê­me tems vous informer, & de nos mesures pour reüssir dans un dessein, que vous avez vous mê­mes si heureusement executé, & de ce qui peut nous en promet­tre un favorable succez. Voici donc, Messieurs & tres-honorez Fréres, ce que nous avons fait. Aprés avoir lû vôtre Lettre, & pesé les raisons que vous y de­duisez avec tant de netteté, & [Page 78] tant de force, nous avons jugé tous d'un accord, qu'il faloit à vôtre imitation travailler à intro­duire dans nôtre Service, la nou­velle Traduction des Psaumes. La maniere dont vous nous mar­quez que Dieu a beni vôtre pieuse intention, nous a fait esperer que nous pourrions reüssir dans la nô­tre, qui n'a tout de même pour but, que la plus grande consola­tion de nôtre Peuple. Nous a­vons crû d'abord qu'il étoit à propos de rendre vôtre. Lettre publique, afin que chacun entrant par lui-même dans les raisons de bienseance, d'utilité & sans crain­dre d'en trop dire, de necessité, qui y sont si bien proposées, nous nous vissions delivrez de ces pre­miéres difficultez que les préjugez font naître. Ensuite nous avons écrit à toutes les Eglises Françoises de ce Royaume, tant pour leur [Page 79] communiquer nôtre desfein, que pour les solliciter à y entrer, a­fin que le concert & l'unanimité de nos sentimens rende la chose plus autentique & plus édifiante. Les Réponses que nous avons re­ceuës de ces Eglises, sont telles que nous les pouvions souhaitter: Il faut ajoûter, ce qui n'est pas d'une petite importance, qu'ayant consulté nôtre illustre Gouverneur My lord Gallway, nous avons eu la joye de nous voir hautement approuvez de son Excellence. Tout s'achemine, comme vous voyez, à l'éxecution de nôtre entreprise. S'i se rencontre quelque obstacle, apparemment il nous viendra de dehors, & c'est l'Exemple; mais comme nous pourrons opposer Ex­emple à Exemple, nous esperons pouvoir lever cette derniere diffi­té. Au reste, Messieurs & tres-honorez Fréres, Nous sommes ravis [Page 80] de pouvoir vous donner dans cet­te occasion un témoignage public du desir sincere que nous avons d'entretenir avec vous une bonne & Chrêtienne correspondance. La difference qui nous distingue ne sera jamais capable de nous se­parer. Nous regarderons toûjours Geneve comme le centre de nôtre Réformation, & les dignes Pasteurs & Docteurs, dont Dieu la favorise par une suite continuelle de ses graces sur elle, comme d'excellens Ouvriers, avec qui nous nous fe­rons toûjours un honneur & un devoir de travailler à l'interêt com­mun de l'Eglise. Ce sont là, Messieurs & tres-honorez Fréres, nos vrais sentimens, que nous ac­compagnons de nos prieres les plus ardentes pour la conservation de vôtre Eglise, & de vôtre Acade­mie, pour la benediction de vos travaux, & pour la paix spirituelle [Page 81] & temporelle de chacun de vous en particulier. Nous sommes avec tou­te sorte de respect

Messieurs & tres-honorés Fréres,
Vos tres humbles & tres obe­issans Serviteurs & Freres en Jesus Christ, les Mini­stres & les Anciens de l'Egli­se Françoise de Dublin qui s'assemble à S. Patrick, & pour tous
  • G. Barbier Ministre.
  • Verdelles Secretaire.

Seconde Lettre de l'Eglise Françoise de Basle.

Messieurs & tres-honorez Fréres,

COmme nous vous informâmes au mois de Feurier dernier, que nous avions pris la resolution d'intro­duire dans nôtre Eglise l'usage de la Version des Psaumes de la nouvelle Revision, de l'avis des Theologiens de cette Université, & par la permis­sion de nôtre Souverain Magistrat, Nous avons crû vous devoir informer aussi de l'heureux succez dont elle a été suivie, puis que c'est sur vôtre in­dication & à vôtre exemple que nous avons fait ce changement. Nous vous dirons donc, Messieurs & tres-hono­rez Fréres, qu'aprés avoir fait vénir quelque nombre de ces Psaumes, & avoir ainsi facilité aux Membres de nôtre Troupeau les moyens d'en a­voir, nous publiâmes en Chaire la resolution qui avoit été prise à cet [Page 83] égard, avec les plus fortes raisons, qui nous y avoient determinez, & qui furent goûtées de chacun; que nous laissames l'espace de quatre se­maines depuis cette publication avant que de les chanter, afin de donner à nôtre peuple le temsde s'en pourvoir, & celui de s'y accoûtumer, en les chantant par avance dans les maisons, comme il y il fut exhorté; & qu'en­fin au bout de ce tems, le Dimanche 6. de ce mois d'Octobre nous avons commencé de nous servir publique­ment de cette nouvelle Version. Elle s'est introduite avec tant de facilité & tant de succez, que nous ne pou­vons qu'en rendre graces à Dieu. Tout le monde, a peu de personnes prés, quoy que nous eussions dit pub­liquement, que nous ne pretentions contraindre qui que ce soit, les chanta dés la premiere fois Il n'y eut ny dissonance ny confusion dans le chant & la chose depuisquatre semaines con­tinue sur ce pied par la grace de Dieu. [Page 84] Chacun témoigne beaucoup de satis­faction de ce changement, trouvant dans l'usage de la nouvelle Version de ces Psaumes beaucoup d'édificati­on, & ceux d'entre les Originaires de ce Païs qui n'entendent pas parfaite­ment nôtre Langue, & qui frequen­tent nos Saintes Assemblées, en font paroître de la joye, parce que cette Version est beaucoup plus intelligible pour eux que la precedente, où ils trouvoient bien de l'obscurité. Nous esperons, Messieurs & tres honorez Fréres, que vous ne serez pas fâchez d'apprendre que nous n'avons trouvé aucun obstacle à ce sage changement, qui a eu parmi nous tout le succez que nous osions esperer. Nous ne pouvons que vous remercier d'y a­voir donné lieu par la Lettre que vous nous fîtes l'honneur de nous é­crire, il y a quelque tems, sur se sujet. Nous benissons Dieu de vous avoir mis au coeur de travailler ainsi à la plus grande édification de son Eglise, [Page 85] & nous le prions que répandant tou [...] les jours davantage ses plus saintes be­nedictions sur vos Personnes & sur vos travaux, vôtre Eglise continue à tenir toûjours un des premiers rangs dans la Reformation; comme elle a fait jusques à present. Nous vous demandons pour l'avenir d'entrete­nir toûjours une sainte correspondance avec la nôtre, & de croire que nous sommes en particulier avec estime & avec respect

Messieurs & tres-honorez Fréres,
Vos tres-humbles & tres-obeïs­sans Serviteurs & Fréres au Seigneur, les Pasteurs & les Anciens de l'Eglise Fran­çoise de Basle, & pour tous avec charge
  • B. Franconis Pasteur, & Moderateur.

Lettre de l'Eglise Françoise de Copenhague.

Messieurs & tres-honorés Fréres,

NOUS avons senti d'une ma­niere tres-vive l'honneur qu'il vous a plû de nous faire, ayans bien voulu nous apprendre les raisons qui vous ont portés à introduire dans vos Eglises l'usage des Psaumes de Monsieur Conrart. Quand même nous ne saurions pas quelles sont ces raisons, nous ne laisserions pas de presumer qu'elles doivent être bonnes & solides, puis qu'elles ont paru telles à une Com­pagnie aussi sage, & aussi écla­irée que la vôtre. Et quand d'un autre côté nous aurions eu quel­que doute sur ce sujet, nous n'au­rions eu garde de trouver mau­vais [Page 87] que vous eussiez usé d'un droit qui vous appartient legi­timement, & qui ne vous peut être contesté, tel qu'est sans dif­ficulté celui de faire pour l'édifi­cation de vos troupeaux les Reg­lemens qui vous paroitront les plus necessaires, sur tout ne les faisant que du consentement & approbarion de Messieurs vos Ma­gistrats. Ainsi, Messieurs, nous a­vons reçû vôtre Lettre comme u­ne marque de vôtre bonté pour nous, dont nous ne pouvons que vous être tres-redevables. Nous loüons Dieu du fond du coeur du succés qu'il a donné à ce que vous a­vez trouvé à propos de faire, & nous le supplions qu'il lui plaise de répandre de plus en plus sa be­nediction sur vôtre travail, & sur les troupeaux dont il lui a plû de vous confier la conduite, y conser­vant toûjours son amour, & le pré­cieux [Page 88] de post de sa verité. Ce sont là les voeux passionnés de ceux qui seront toûjours

Messieurs & tres honorés Fréres,
Vos tres-humbles & tres-obeïssans Serviteurs, les Pasteurs & Anciens de l'Eglise Françoise de Co­penhague, & pour tous
  • La Placette, Pasteur.
  • Rambouïllet de la Sabliere, Ancien.

LA Compagnie eut la satisfacti­on de voir par les Lettres dés Eglises, que son dessein, & sa con­duite ne leur avoit pas déplu. Elle laissa aux autres Eglises le soin de penser à ce qui leur convenoit, soit pour leur édification, soit pour l'honneur de la religion. Elle se contenta d'avoir fait son devoir en­vers ses troupeaux, & suivi les regles de la Prudence, & de la Charité envers ses freres.

Elle s'est aussi affermie dans l'u­sage des nouveaux Psaumes, par l'experience du fruit qu'ils ont fait. Ils n'ont jamais causé aucun trouble. On les a toûjours chantez avec plaisir & avec dévotion, tant dans la ville, qu'a la campagne.

Les Ecclesiastiques Romains qui viennent dans les Temples, en parlent avec estime, au lieu qu'ils se railloient des vieux Psaumes.

Les Pasteurs de Geneve, qui di­stinguent les pensées, & les mots du [Page 90] Saint Esprit, qui doivent durer jus­qu'a la fin du monde, d'avec les pa­roles humaines sujettes au change­ment, ne font encore en cela, que se conformer à leurs Predecesseurs. Calvin, qui avoit composé des Psau­mes, pour les faire chanter dans les Temples, prefera ceux de Marot, à cause de leur beauté. M. de Beze dans la Dedicace de ses Psaumes à l'Eglise, déplore la mort de Marot, parce qu'elle étoit arrivée, avant qu'il eût achevé de traduire en vers les Psaumes de David; & il exhorte tous les Poëtes de son tems à faire mieux que lui, bien loin de croire qu'on ne deût jamais changer ses vers, aprés avoir une fois servi a l'Eglise.

Les Pasteurs de Geneve ont enco­re devant les yeux l'exemple des flo­rissantes Eglises d'Angleterre & d'Ecosse, qui ont introduit des Psau­mes nouveaux à cause du changement de la langue. Et l'on n'a pas appris qu'on les ait accusées ni d'imprudence, [Page 91] ni de legereté, ni d'avoir donné d [...] scandale, ou causé un Schisme.

Ainsi les Pasteurs de Geneve con­tents du témoignage de leur consci­ence, jouïront paisiblement de cet é­tablissement; & verront, sans s'émou­voir, ce que d'autres voudront faire, sachant que chacun rendra compte de sa conduite à Dieu.

Que si aprés ces éclaircissemens, il se trouve des gens qui se plaisent à contester, Les mêmes Pasteurs decla­rent, que ce n'est pas leur coûtume, comme ce n'est pas celle des Eglises de Dieu. I. Corinth. Ch. XI.v. 16.

Extrait des Actes du Synode de la Province de Poitou, as­semblé par le permission de sa Majesté, en la Ville de Fon­tenay, le 20. Octobre 1677. & jours Suivans.

AYant veu les sentimens de plu­sieurs Synodes de ce Royaume qui ont approuvé le pieux dessein de feu Mr. Conrart, qui avoit entrepris de revoir, & d'épurer la Version de nos Psaumes, & ay­ant eu lecture de l'acte du der­nier Synode de l'Isle de France, qui exhorte Mr. de Labastide à acheve [...] ce Saint Ouvrage, Nous nous [...]ignons tres volontiers à ces mêmes sentimens, jugeant que la perfection de cet ouvrage seroit fort à souhaiter, & pourroit pro­duire [Page 93] beaucoup de fruit. Ce qui doit encourager ceux qui s'y em­ployent a y travailler de tout leur pouvoir, & nous à prier Dieu qu'il veuille benir leur tra­vail.

Extrait des Actes du Synode Provincial de l'Isle de France, Picardie, Champagne, & Païs Chartrain, assemblé à Cha­renton, le 27. d' Avril 1679.

LA Compagnie ayant ci de­vant exhorté feu Mr. Con­rart, Conseiller & Secretaire du Roy à travailler à la revision de l'ancienne Version des Psaumes en vers, pour l'accommoder aux chan­gemens que le tems & l'usage ont [Page 94] apportez à la langue, & depuis, ayant aussr exhorté Mr. de Laba­stide, que Mr. Conrart avoit char­ge de cet Ouvrage, à l'achever le plûtôt qu'il se pourroit: Elle a eu avec joye, que cela a été fait heureusement, & reconnu, tant par le témoignage des Ministres de Paris, nommez pour l'exa­men des livres de cette province, qui l'ont examiné avec soin, que par celui de plusieurs autres de cet­te assemblée, qui l'ont aussi lû avec plaisir, qu'il y a par tout, une trés grande exactitude, & fidelité pour le fens, & beaucoup des clarté, de pureté & de simplicité dans les ex­pressions, & là jugé tres propre pour servir à l'édfiication publique; Et en outre, elle a arreté que ledit S. Sera remercié de son travail, & exhorté à continuer d'employer ses beaux talens à la gloire de Dieu & à l'dification de l'Eglise: ayant [Page 95] nomme pour c'est effet, les Srs. fe­tison Ministre, & de villeroi ancien, signé de Langle Moderateur, Var­nier, Moderateur ajoint, Mettayer Secretaire, &c.

FIN.

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