LES PSEAUMES DE DAVID, Mis en rime Françoise, PAR CLEMENT MAROT, ET THEODORE DE BEZE.
A LONDRES, prime par R. Everingham, & se vend chez R. Benteley, demeurant dans le Commun Jardin; Et chez J. Hindmarsh, demeurant dans Cornhil, à l'enseigne de la Ball d'or. M.DC.LXXXVI.
AVERTISSEMENT.
CEux qui trouvent de la difficulté à donner au chant des Pseaumes, le ton naturel ou ordinaire, à cause de la varieté des Clefs, pourront facilement par cette reduction s'en proposer un qui soit fixe & arresté, en commençant toûjours depuis l' ut de la plus basse ligne jusques à la Notte qui ouvre le Chant; Ce que les Lecteurs ou Chantres sont exhortez d'observer à l'avenir, afin de reudre nostre façon de psalmodiër plus reguliere & moins penible.
INDICE POƲR TROƲVER LES PSEAƲMES SElon l'occurrence des affaires esquelles l'Eglise de Dieu, ou bien la personne privée se peut trouver: Enquoi consiste le vrai usage des Pseaumes.
Pour prier pour la remission des [...]echez, & singulierement s'il est ma [...]ade ou travaillé pour raison d'iceux, [...]e 6. 25. 32. 38. 51. & 130.
- Si de calomnies & de forces elle [...]ura le 10. 12. 13. 14. 123.
- Si empeschée en l'exercice de la Religion, le 42.
- Si travaillée pour la Parole, le 35. 44. 74 & le 88.
- Si assaillie & forcée de venir quelquefois au combat, le 17. 20. 80 83.
- Si molestée de faux freres, elle aura le 94.
- Si captive, ou pour delivrer la misere d'icelle, le 99. 102. 137.
- Si pour prier simplement pour la prosperité d'icelle, le 67.
- Si c'est pour victōire qu'il lui ait donnée, 9. 18. 23. 149.
- Si apres la delivrance de quelque oppression ou danger, 27. 34. 77. 124. 129.
- Si simplement pour graces de quelques benefices, 48. 81. 106.
- Si à moitié de la delivrance, le 126.
- Si pour l'estenduë d'icelle, le 105.
- Si c'est pour une priere commune à Dieu, le 85. 121.
- S'il est comme languissant en ce monde, le 16. & le 71.
- S'il se sent exterieurement assligé, le 88. 142. 143.
- S'il est travaillé d'ennemis, le 3. 5. 43 52. 53 54. & 59.
- S'il se voit en grand danger, il a le 31.
- S'il voit le Nom de Dieu blasphemé, 28.
- Si la prosperité des méchans le fasche ou le tente à mal, 37. 73.
- S'il est assailli de desespoir ou impatience, 39.
- Si c'est pour garder son innocence, 58.
- S'il se sent privé de l'assemblée des fideles, 84. 120.
- S'il est travaille des médisans ou faux témoins, 109.
- S'il va au combat, le 144.
- S'il se sent avoir esté delivré comme de la mort, le 30 138.
- Si c'est apres avoir receu secours, il a le 40.
- [Page]Si c'est pour magnifier ses oeuvres, le 8. 19. 29. 104. 111.
- Si c'est pour exalter sa bonté, 24. 33. 65. 66. 103. 118. 145.
- Si c'est pour loüer sa misericorde & sa verité, le 88.
- Si pour loüer sa grandeur, le 77.
- Si pour loüer sa justice, le 92. 93.
- Si pour loüer sa providence, 75. 113. 136. 139.
- Si pour loüer sa Loi, le 119.
- Si de ce qu'il nous a adoptez pour son peuple, 9 60.
- Pour inviter à se réjouïr en lui, 47. 95. 96. 118. 135.
- Pour sommer toutes creatures à loüer Dieu, 148. 150.
- Le 46. 62. 63. 88. 91. 97. 115 127. 146.
- Prophetie de Christ, de son regne & de son Eglise, 2. 22. 45. 50. 72. 110.
- Pour celui qui ne juge point mal du juste en adversité, 41.
- Pour une belle description de la vanité du monde, 49.
- Exhortation saincte aux Princes & Juges de la terre, pour faire leur devoir, 82.
- Belle description d'un bon Prince, 101.
- Description de la felicité de l'homme, 102. 128.
- Description de l [...]mnisere de la vie humaine, 90.
Pseaumes qui se chantent sur un mesme chant.
- Le Pseaume 5. & 64.
- Le 14. & 53.
- Le 17. 63. & 70.
- Le 18. & 144.
- Le 24. 62. & 111.
- Le 28. & 109.
- Le 30. 76. & 189.
- Le 31. & 71.
- Le 33. & 67
- Le 36. & 68.
- Le 46. & 82.
- Le 51. & 69.
- Le 60. & 108.
- Le 65. & 72.
- Le 66 98. & 118.
- Le 74. & 116.
- Le 77. & 86.
- Le 78 & 90.
- Le 100. 131. & 142.
- De 117. & 127.
- Le 140. sur le chant des Commandemens.
LES PSEAUMES DE DAVID.
PSEAUME I.
Pseaume de doctrine. Beatus vir qui non abiit in consilio.
PSEAUME II.
Pseaume de prophetie Quare fremuerunt gentes.
PSEAUME III.
Pseaume de doctrine. Domine, quid multiplicati sunt qui.
[...] O Seigneur, que de gens A nuire diligens, Qui me troublent & grevent! Mon Dieu, que d'ennemis Qui au champs se sont mis Et contre moy s'élevent! Certes plusieurs j'en voi Qui vont disans de moy, Sa force est a bo lie, Plus ne trouve en son Dieu Secours en aucun lieu: Mais c'est à eux fo lie.
PSEAUME IV.
Pseaume de priere. Cum invocarem exaudivit me Deus.
[...] QUand jo d'invoque, helas! écoute, O Diou de ma cause & raison: Mon [Page]coeur serré au large boute, De ta pitié ne me reboute, Mais exauce mon oraison. Jusques à quand, gens inhumaines, Ma gloire abbattre tacherez? Jusqu'à quand entreprises vaines, Sans fruict, & d'a busi on pleines, Aimerez-vous & chercherez?
PSEAUME V.
Pseaume de priere. Verba mea auribus percipe, Domine, &c.
[...] AUx paroles que je veux dire Vueilles ton oreille prester, Et à connoistre t'arrester, Pourquoi mon coeur pense & soûpire, Souverain Sire.
PSEAUME VI.
Pseaume de prlere. Dominé, ne in furore tuo arguas me.
[...] NE vueilles pas, ô Si╌re, Me reprendre en ton ire, Moi qui t'ai irrité: N'en ta fureur terrible Me punir de l'horrible Tourment qu'ai merité.
PSEAUME VII.
Pseaume de priere. Domine, Deus meus, in te speravi.
[...] MOn Dieu, j'ai en toi es perance, Donne moi donc sauve asseurance De tant d'ennemis inhumains, Et fai que ne tombe en leurs mains: A sin que leur chef ne me grippe, Et ne me dérompe & dissi [...]pe, Ainsi qu'un lion devoant, Sans que nul me soit secourant,
PSEAUME VIII.
Pseaume d'action de graces. Domine, Dominus noster.
[...] O Nostre Dieu, & Seigneur amiable, Combien ton Nom est grand & admirable Par tout ce val terrestre spa cieux Qui ta puissance éleve sur les cieux!
PSEAUME IX.
Pseaume d'action de graces. Confitebor tibi, Domine.
[...] DE tout mon coeur t'exalterai, Seigneur, & si raconterai Toutes tes oeuvres nompareilles, Qui sont dignes de grand's merveilles.
PSEAUME X.
Pseaume de consolation & priere. Ut quid, Domine, recessisli.
[...] D'Où vient cela, Seigneur, je te suppli', Que loin de nous te tiens les veux couverts? Te caches-tu pour nous mettre en oubli, Mesmes au temps qui est dur & divers? Par leur orgueil sont ardens les pervers A tourmenter l'humble qui peu se prise, Fai que sur eux tombe leur entreprise.
PSEAUME XI.
Pseaume de consolation. In Domino confido, quomodo.
[...] VEu que de tout en Dieu mon coeur s'appuye, Je m'ébahis comment de vostre mont Plûtost qu'oiseau dites que je m'enfuye. Vrai est que l'arc les malins tendu m'ont, Et sur la corde ont assis leurs sagettes, Pour contre ceux qui de coeur justes sont Les décocher jusques en leurs cachettes.
PSEAUME XII.
Pseaume de priere. Salvum me fac, Domine, quoniam.
[...] DOnne secours, Seigneur, il en est heure, Car d'hommes droits sommes tous dénuez. Entre les fils des hommes ne demeuré Un qui ait foi, tant sont diminuez.
PSEAUME XIII.
Pseaume de priere. Usquequo, Domine, oblivisceris me.
[...] JUsques ä quand as établi, Seigneur, de me mettre en oubli? Est-ce à jamais? par combien d'âge Détou rneras-tu ton vi sa ge De moi, las! d'angoisse rempli?
PSEAME XIV.
Pseaume de doctrine. Dixit insipiens in corde suo, Non est Deus.
[...] LE fol malin en son coeur dit & croit, Que Dieu n'est point, & corrompt & renverse Ses moeurs, sa vie, horribles faits exerce: Pas un tout seul ne fait rien bon ni droit, Ni ne voudroit.
PSEAUME XV.
Pseaume de doctrine. Domine, quis habitabit in tabernaculo tuo?
[...] QUi est-ce qui conversera, O Seigneur, en ton tabernacle? Et qui est celui qui sera Si heureux, que par grace aura Sur ton sainct mont seur habitacle.
PSEAUME XVI.
Pseaume d'action de graces & de prophetie. Conserva me, Domine.
[...] SOis moi, Seigneur, ma garde & mon appui: Car en toi gist toute mon esperance. Sus donc aussi, ô mon ame, di lui, Seigneur, tu as sur moi toute puissance: Et toutesfois point n'y a d'oeuvre mienne, Dont jusqu'à toi quelque profit revienne.
PSEAUME XVII.
Pseaume de priere. Exandi, Domine, justitiam meam.
[...] SEigneur, enten à mon bon droit, Enten, helas! ce que je crie: Vuelle [...] [Page]ouïr ce que je prie Et de bouche & de coeur tout droit. De toi qui connois toute chose Je veux jugement recevoir. Je te pri' toi-mesme de voir Le droit de ce que je propose.
PSEAUME XVIII.
Pseaume d'action de graces & de prophetie. Diligam te, Domine.
[...] JE t'aimerai en toute obeïssance Tant que vivrai, ô mon Dieu, ma puissance. Dieu est mon roc, mon rempart haut & seur, C'est ma rançon, c'est mon fort defenseur.
En lui seul gist ma fiance parfaite, C'est mon pavois, mes armes, ma retraitte. Quand je l'exalte & prie en ferme foi, Soudain recoux des ennemis me voi. Dangers de mort un jour m'environnerent, Et grands torrens de malins [Page]m'estonnerent, J'estois bien prés du sepulcre venu, Et des silets de la mort prevenu.
PSEAUME XIX.
Pseaume de doctrine. Coeli enarrant gloriam Dei, & opera.
[...] LEs cieux en chacun lièu La puissance de Dieu Racontent aux humains: [Page]Ce grand entour épars Publie en toutes parts L'ouvrage de ses mains. Jour apres jour coulant Du Seigneur va parlant Par longue experience. La nuict suivant la nuict Nous presche & nous instruict De sa grand' sapience.
PSEAUME XX.
Pseaume de priere. Exaudiat te Dominus.
[...] LE Seigneur ta priere entende En ta necessité, Le Dieu de Jacob te defende En ton adversité. De son lieu sainct en ta complainte A tes maux il subvienne: De Sion sa montagne saincte Il te garde & soustienne.
PSEAUME XXI.
Pseaume d'action de graces. Domine, in virtute tua laetabitur Rex.
[...] SEigneur, le Roi s'ejou ï ra D'avoir eu delivrance Par ta grande puissance. O combien joyeux il sera D'ainsi soudain se voir Recoux par ton pouvoir.
PSEAUME XXII.
Pseaume de priere & de prophetie. Deus, Deus meus, respice.
[...] MOn Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu laissé Loin de secours, d'ennui tant oppressé, Et loin du cri quo je t'ui adrossé En ma complainte? De jour, [Page]mon Dieu, je t'invoque sans feinte, Et toutefois ne répond ta voix saincte: De nuict aussi, & n'ai dequoi esteinte Soit ma clameur.
PSEAUME XXIII.
Pseaume d'action de graces. Dominus regit me, & nihil.
[...] MOn Dieu me paist, sous sa puissance haute, C'est mon berger, de rien je n'aurai faute. En toict bien seur, joignant les beaux herbages, Coucher me sait, me mene aux clairs rivages, Traitte ma vie en douceur tres-humaine, Et pour son Nom par droits sentiers me mene.
PSEAUME XXIV.
Pseaume de doctrine. Domini est terra, & plenitudo ejus.
[...] LA terre au Seigneur appartient, Tout ce que sa rondeur contient, Et ceux qui habitent en elle: Sur mer fondement lui donna, L'enrichit & l'environna De mainte riviere tres-belle.
PSEAUME XXV.
Pseaume de priere. Ad te, Domine, levavi, &c.
[...] A Toi, mon Dieu, mon coeur monte, En toi mon espoir ai mis: Fai que le ne tombe à [...]onte Au gré de mes ennemis. Honte n'auront voirement Ceux [Page]qui dessus toi s'appuyent: Mais bien ceux qui durement Et sans cause les ennuyent.
PSEAUME XXVI.
Pseaume de priere. Judica me, Domine.
[...] SEigneur, garde mon droit, Car j'ai en cét endroit Cheminé droit & rondement. J'ai én Dieu esperance, Qui me donne asseurance Que choir ne pourrai nullement.
PSEAME XXVII.
Pseaume d'action de graces. Dominus illuminatio mea.
[...] LE Seigneur est la clarté qui m'adresse, Et mon salut, que dois-je redouter? Le Seigneur est l'appui qui me redresse, Où est celui qui peut m'épouvanter? Quand les malins m'ont dressé leurs combats, Pour me penser manger a belles dents, Tous ces haineux, ces ennemis mordents J'ai veu broncher & trébucher en bas.
PSEAUME XXVIII.
Pseaume de priere. Ad te, Domine, &c.
[...] O Dieu, qui es ma forteresse, C'est à toi que mon cri s'adresse: Ne vueilles maintenant te taire: Autrement je ne sçai que faire, Sinon à ceux me comparer, Qu'on veut au sepulere enterrer.
PSEAUME XXIX.
Pseaume de doctrine. Asserte Domino, &c.
[...] VOus tous Princes & Seigneurs, Remplis de gloire & d'honneurs, Rendez, rendez au Seigneur Toute force & tout honneur. Faites lui reconnoissance Qui réponde à sa puissance: En sa demeure tres-sainte Ployez les genoux en crainte.
PSEAUME XXX.
Pseaume d'action de graces. Exaltabo te, Domine,
[...] SEigneur, puis que m'as retiré, Puis que n'as jamais enduré Que mes haineux eussent dequoi Se rire & se moquer de moi, La gloire qu'en as merité e Par mes vers te sera chan té e.
PSEAUME XXXI.
Psedume de priere. In te, Domine, speravi.
[...] JAi mis en toi mon esperance, Garde moi donc, Seigneur, D'eternel deshonneur. Ottroye moi ma delivrance, Par ta grand' bonté haute Qui jamais ne fit faute.
PSEAUME XXXII.
Pseaume de prophetie. Beati quorum remissae sunt.
[...] O Bien-heureux celui dont les commises Transgressions sont par grace remises! O bien-heureux celui dont les pechez Devant son Dieu sont couverts & cachez! O combien plein de bon-heur je repute L'homme à qui Dieu son peché point n'impute. Et en l'esprit duquel n'habite point D'hypocrisie & de [Page]fraude un seul poinct.
PSEAUME XXXIII.
Pseaume de doctrine. Exultate justi in Domino, &c.
[...] REveillez-vous peuple sidelle, Chantez à Dieu en tous endroits: Loiiange est tres-seante & belle En la bouche des hommes droits. Sur la douce harpe Penduë en écharpe Le Seigneur loiiez: De luts, d'épinettes, Sainctes chansonnettes A son Nom joiies.
PSEAUME XXXIV.
Pseaume de doclrine. Benedicam Dominum.
[...] JAmais ne cesserai De ma gni fi er le Seigneur, En ma bouche aurai son honneur Tant que vivant serai. Mon coeur plaisir n'aura Qu'à voir son Dieu glo ri fi é, Dont maint bon coeur hu mi li é L'oyant s'éjou ï ra.
PSEAUME XXXV.
Pseaume de priere. Judica, Domine, nocentes.
[...] DEba contre mes debateurs, Comba, Seigneur, mes combateurs, Empolgne moi bouelier & lance, Et pour me sceourir t'avance. Charge les, & marche au devant, Garde-les d'aller plus avant: Di à mon ame, Ame le suis Celui qui garantir te puis.
PSEAUME XXXVI.
Pseaume de doclrine. Dixit injustus ut.
[...] DU malin le méchant vouloir Parle en mon coeur & me sait voir Qu'il n'a de Dieu la crainte: Car tant se plaist en son erreur, Que l'avoir en haine & horreur C'est bien force & contrainte. Son parler est nuisant & sin, Doctrine va suyant, asin De jamais bien ne faire: Songe en son lict méchanceté, Au chemin tors est arresté, A nul mal n'est contraire.
PSEAUME XXXVII.
Pseaume de doctrine. Noli aemulari in malignantibus.
[...] NE sois fasché si durant cette vi e Souvent tu vois prosperer les méchans, Et des malins aux biens ne porte envi e: Car en ru ï ne à la sin trébuchans, Seront sauchez comme foin en peu d'heure, Et secheront comme [Page]Pherbe des champ.
PSEAUME XXXVIII.
Pseaume de priere. Domine, ne in surore tuo arguas me.
[...] LAs! en ta sureur aigu ë Ne m'argue De mon fait, Dieu tout-puissant: [Page]Ton ardeur un peu retire. N'en ton ire, Ne me puni languissant.
PSEAUME XXXIX.
Pseaume de consolation. Dixi, Custodiam vias.
[...] J'Ai dit en moi, De prés J'aviserai A tout cela que je ferai, Pour ne parler un seul mot de travers, En voyant debout le pervers: Voire deusse-je afin de ne parler, Ma propre bouche emmuseler.
PSEAUME XL.
Pseaume d'action de graces. Expectans expectavi Dominum.
[...] APres avoir constamment attendu De PEternel la volonté, Il s'est tourné de mon costé, Et a mon cri au besoin entendu. Hors de fange & d'ordure, Et prosondeur obscure, D'un goussre m'a ti ré: A mes pieds assermis, Et au chemin remis Sur un roc asseuré.
PSEAUME XLI.
Pseaume de priere & de prophetie. Beatus vir qui intelligit.
[...] O Bien-heureux qui juge sagement Du pauvre en son fourment! Certainement Dieu le sou la ge ra Quand af sli gé sera. Dieu le rendra sain & sauf, & fera Qu'encor il flo ri ra: Point ne voudra l'exposer aux souhaits Que ses haineux ont faits.
PSEAUME XLII.
Pseaume de eonsolation. Quemadmodum desiderat cervus.
[...] AInsi qu'on oit le cerf bruire, Pourchassant le frais des eaux, Ainsi mon coeur qui soûpire, Seigneur, apres tes ruisseaux, Va toûjours criant, suivant Le grand, le grand Dieu vivant. Helas! donques quand sera-ce Que verrai de Dieu la face?
PSEAUME XLIII.
Pseaume de priere. Judica me Deus, & discerne.
[...] REvenge moi, pren la querelle De moi, Seigneur, par ta merci, Contre la gent fausse & cruelle: De l'homme rempli de cautelle, Et en sa mali ce endurci, Delivre moi aussi.
PSEAUME XLIV.
Pseaume de priere. Deus, auribus nostris audivimus.
[...] OR avons-nous de nos oreiiles, Seigneur, entendu tes merveilles Raconter à nos peres vieux, Faites jadis & devant eux. Ta main a les peuples chassez, Plantant nos peres en leur pluce: Tu as les peuples oppressez Y salsant [...]ermer nostre race.
PSEAUME XLV.
Pseaume de doctrine. Eructavit cor meum verbum.
[...] PRopos exquis faut que de mon coeur sorte, Car du Roi veux dire chanson de sorte, Qu'à cette fois ma langue mieux dira, Qu'un scribe prompt de plume n'écrira. Le mieux formé tu es d'humaine race: En ton parler gist merveilleuse grace, Parquoi Dieu fait que toute nation Sans fin te louë en benediction.
PSEAUME XLVI.
Pseaume de victoire. Deus noster refugium.
[...] DEs qu'adversité nous offense, Dieu nous est appui & defense: Au besoin [Page]l'avons éprouvé: Et grand secours en lui trouvé. Dont plus n'aurors crainte ni doute, Et deust trembler la terre toute Et les montagnes abysmer Au milieu de la haute mer.
PSEAUME XLVII.
Pseaume de réjouïssance. Omnes gentes plaudite.
[...] OR sus tous humains, Frappez en vos mains: Qu'on oye sonner, Qu'on oye entonner Le Nom solennel De Dieu Eternel. C'est le Dieu tres-haut Que craindre il nous saut, Le grand Dieu qui fait Sentir en effet Sa force au travers De tout l'univers.
PSEAUME XLVIII.
Pseaume d'action de graces. Magnus Dominus & laudabilis.
[...] C'Est en sa tres-saincte Cité, Lieu choisi pour sa saincteté, Que Dieu déploye en excellence Sa gloire & sa magnificence. La montagne de Sion, Devers le Septentrion, Ville au grand Roi con sa crée, Est en si belle contrée, Que la terre universelle Ne doit s'éjou ïr qu'en elle.
PSEAUME XLIX.
Pseaume de doctrine. Andite haec omnes.
[...] PEuples oyez, & l'oreille prestez, Hommes mortels, qui le monde habitez, Des plus petits jusques aux plus puissans, Riches hautains & pauvres languissans: Sages propos ma bouche annoncera, Graves discours mon coeur entamera: A mes beaux mots l'oreille je veux tendre, Et sur mon luth [Page]grand's choses vous apprendre.
PSEAUME L.
Pseaume de doctrine. Deus deorum Dominus locutus.
[...] LE Dieu, le Fort, l'Eternel parlera, Et haut & Clair la terre appellera: De l'Orient jusques à l'Occident, Devers Sion Dieu clair & évident Apparoistra orné de beauté toute: Nostre grand Dieu viendra n'en faites doute.
PSEAUME LI.
Pseaume de priere. Miserere mei Deus, secundúm.
[...] MIsericorde au pauvre vicieux, Dieu tout puissant, selon ta grand' clemence: Use à ce coup de ta bonté immense, Pour effacer mon fait pernicieux. Lave moi, Sire, & relave bien fort, De ma commise iniquité mauvaise, Et du peché qui m'a rendu si ord, Me nettoyer d'eau de grace te plaise.
PSEAUME LII.
Pseaume de consolation. Quid gloriaris in malitia.
[...] DI moi malheureux, qui te sies En ton authorité, D'où vient que tu te glorifies De ta méchanceté? Quoi que soit, de Dieu le secours A tous los jours sont cours.
PSEAUME LIII.
Pseaume de doctrine. Dixit insipiens in corde suo, Non est Deus.
[...] LE fol malin en son coeur dit & croit Que Dieu n'est point, & corrompt & renverse Ses moeurs, sa vie, horribles faits exerce: Pas un tout seul ne fait rien bon ni droit, Ni ne voudroit.
PSEAUME LIV.
Pseaume de priere. Deus in nomine tuo salvum.
[...] O Dieu tout puissant, sauve moi Par ton Nom & force immortelle: Et pour defendre ma querelle, Fai sortir la force de toi: Oi l'oraison que je ferai, Plaise toi l'oreille me tendre, O Eternel, afin d'entendre Tous les mots que je te dirai.
PSEAUME LV.
Pseaume de priere. Exaudi, Deus, orationem meam.
[...] EXauce, ô mon Dieu, ma priere, Ne te re ti re point arriere De l'oraison que je presente, Enten à moi, exauce moi, Tandis qu'en priant devant toi, Je me complains & me tourmente.
PSEAUME LVI.
Pseaume de priere. Miserere mei Deus, quoniam.
[...] MIsericorde à moi pauvre affligé, O Seigneur Dieu, car me voilà mangé De ce mechant qui me tient assiege, Et tous les jours m'oppresse: Mes envieux me devorent sans ceffe, Car contre moi un grand nombre se dresse, O Dieu tres-haut: mais quand la peur me presse, En toi mon espoir j'ai.
PSEAUME LVII.
Pseaume de priere. Miserere mei, Deus, miserere.
[...] AYes pitié, ayes pitié de moi: Car ô mon Dieu, mon ame espere en toi: Et jusqu'à tant que ces méchans rebelles Soient tous passez, esperance ni foi Jamais n'aurai qu'en l'ombre de tes ailes.
PSEAUME LVIII.
Pseaume de consolation. Si vere utique justitiam.
[...] ENtre vous Conseillers qui estes Liguez & bandez contre moi, Dites un peu en bonne foi, Est-ce jusuce que vous faites? Enfans d'Adam, vous meslezvous De faire la raison à tous?
PSEAUME LIX.
Pseaume de priere. Eripe me de inimicis meis.
[...] MOn Dieu l'ennemi m'environne, Ta bonté donc secours me donne: Garde moi des gens irritez Qui dessus moi se sont jettez. Delivre moi de l'adversaire, Qui ne demande qu'à mal faire: Sauve moi des sanglantes mains De ces meurtriers tant inhumains.
PSEAUME LX.
Pseaume de priere. Deus repulisti nos, &c.
[...] O Dieu, qui nous as deboutez, Qui nous as de toi écartez, Jadis contre nous irrité, Tourne toi de nostre costé. Tu as nostre païs secous, Et casse à force de coups: Gueri sa playe qui le presse: Car tu vois comment il s'abbaisse.
PSEAUME LXI.
Pseaume de priere. Exaudi, Deus, deprecationem meam.
[...] ENten pourquoi je m'écrie, Je te prie, O mon Dieu, exauce moi: Du bout du monde, mon ame, Qui se pasme, Ne reclame autre que toi.
PSEAUME LXII.
Pseaume de consolation. Nonne Deo subjecta erit.
[...] MOn ame en Dieu tant seulement Trouve tout son contentement: Car lui seul est ma fauvegarde: Lui soul est mon roc éleve, Mon salut, mon fort éprouvé: De tomber trop bas je n'ai garde.
PSEAUME LXIII.
Pseaume de priere. Deus, Deus meus, ad te de, &c.
[...] O Dieu, je n'ai Dieu fors que toi, Dés le matin je te reclame, Et de ta foif je sens mon ame Toute pasmé e dedans moi, Les pauvres sens d'humeur tous vuides De mon corps mat & alteré, Toûjours, Seigneur, t'ont desiré En ces lieux deferts & arides.
PSEAUME LXIV.
Pseaume de priere. Exaudi, Deus, orationem.
[...] ENten à ce que je veux dare, Quand je te prie sauve moi, Que de mes ennemis l'essroi Ne vienne ma vie destruire, Souverain Sire.
*⁎* *⁎*
PSEAUME LXV.
Pseaume d'action de graces. Te decet hymnus, Deus, &c.
[...] O Dieu, la gloire qui t'est deuë T'attend dedans sion: En ce lieu te sera rendu ë Des voeux l'oblation. Et d'autant que la voix entendre Des tiens il te plaira, Tout droit à toi se venir rendre Toutes gens on verra.
PSEAUME LXVI.
Pseaume d'action de graces. Jubilate Deo omnis terra.
[...] OR sus loiiez Dieu tout le monde, Chantez le los de son renom: Chantez [Page]si haut que tout redonde De la loiiange de son Nom. Dites, O que tu es terrible, Seigneur, en tout ce que tu fais! Tes haineux, tant es invincible, Te flatent pour avoir la paix.
PSEAUME LXVII.
Pseaume d'action de graces. Deus misereatur-nostri.
[...] DIeu nous soit doux & favorable, Nous benissant par sa bonté, Et de son visage amiable, Nous face luire la clarté: Afin que sa voye En terre se voye, Et que bien à point Chacun puisse entendre Où tous doivent tendre pour ne perir point.
PSEAUME LXVIII.
Pseaume de loüange & de reconnoissance publique. Exurgat Deus.
[...] QUe Dieu se montre seulement, Et on verra soudainement Abandonner la place: Le camp des ennemis épars, Et ses haineux de toutes parts Fuïr devant sa face. Dieu les fera tous enfuïr, Ainsi qu'on voit s'évanouïr Un amas de fumée: Comme la cire aupres du seu, Ainsi des méchans devant Dieu La force est consumé e.
PSEAUME LXIX.
Pseaume de prophetie & de priere. Salvum me fac, Deus.
[...] HHlas! Seigneur, jo te pri' sauve moi, Car les eaux m'ont saisi jusques [Page]à l'ame: Et au bourbier tres-profond & infame, Sans fond ni rive enfondré je me voi. Ainsi plongé l'eau m'emporte, si las De m'écrier, que j'en ai gorge seche: Et de mon Dieu attendant le soulas, De mes deux yeux la vigueur se desseche.
PSEAUME LXX.
Pseaume de priere. Deus in adjutorium meum intende.
[...] O Dieu, où mon espoir j'ai mis, Vien soudain à ma delivrance: Seigneur, que ton aide s'avance Encontre tous mes ennemis. Quiconques pourchasse mon ame Soit rempli de honte & d'émoi: Quiconques, dis-je, en veat à moi Tourne en arriere tout infame.
PSEAUME LXXI.
Pseaume de priere. In te, Domine, speravi.
[...] J'Ai [...] mon esperance, Garde moi done, Seigneur, D'et [...]rnd deshonneur. Ottroye moi ma delivrance, Par ta misericorde, Et ton secours m'accorde.
PSEAUME LXXII.
Pseaume de doctrine, touchant Pestat & gouvernement politique. Dens, judicium tuum regi da.
[...] TEs jugemens, Diea veritable, Eaille au Roi pour regner: Vueilles ta justice équitable Au fils du Roi donner: Il tiendra ton peuple en justice, Chassant l'iniquité: A tes pauvres fera propice, Leur gardant équité.
PSEAUME LXIII.
Pseaume de priere. Deus, Deus meus, ad te de, &c.
[...] O Dieu, je n'ai Dieu fors que toi, Dés le matin je te reclame, Et de ta foif je sens mon ame Toute pasmé e dedans moi, Les pauvres sens d'humeur tous vuides De mon corps mat & alteré, Toûjours, Seigneur, t'ont desiré En ces lieux deferts & arides.
PSEAUME LXIV.
Pseaume de priere. Exaudi, Deus, orationem.
[...] ENten à ce que je veux dare, Quand je te prie sauve moi, Que de mes ennemis l'essroi Ne vienne ma vie destruire, Souverain Sire.
*⁎* *⁎*
PSEAUME LXV.
Pseaume d'action de graces. Te decet hymnus, Deus, &c.
[...] O Dieu, la gloire qui t'est deuë T'attend dedans sion: En ce lieu te sera rendu ë Des voeux l'oblation. Et d'autant que la voix entendre Des tiens il te plaira, Tout droit à toi se venir rendre Toutes gens on verra.
PSEAUME LXVI.
Pseaume d'action de graces. Jubilate Deo omnis terra.
[...] OR sus loiiez Dieu tout le monde, Chantez le los de son renom: Chantez [Page]si haut que tout redonde De la loiiange de son Nom. Dites, O que tu es terrible, Seigneur, en tout ce que tu fais! Tes haineux, tant es invincible, Te flatent pour avoir la paix.
PSEAUME LXVII.
Pseaume d'action de graces. Deus misereatur-nostri.
[...] DIeu nous soit doux & favorable, Nous benissant par sa bonté, Et de son visage amiable, Nous face luire la clarté: Afin que sa voye En terre se voye, Et que bien à point Chacun puisse entendre Où tous doivent tendre pour ne perir point.
PSEAUME LXVIII.
Pseaume de loüange & de reconnoissance publique. Exurgat Deus.
[...] QUe Dieu se montre seulement, Et on verra soudainement Abandonner la place: Le camp des ennemis épars, Et ses haineux de toutes parts Fuïr devant sa face. Dieu les fera tous enfuïr, Ainsi qu'on voit s'évanouïr Un amas de fumée: Comme la cire aupres du seu, Ainsi des méchans devant Dieu La force est consumé e.
PSEAUME LXIX.
Pseaume de prophetie & de priere. Salvum me fac, Deus.
[...] HHlas! Seigneur, jo te pri' sauve moi, Car les eaux m'ont saisi jusques [Page]à l'ame: Et au bourbier tres-profond & infame, Sans fond ni rive enfondré je me voi. Ainsi plongé l'eau m'emporte, si las De m'écrier, que j'en ai gorge seche: Et de mon Dieu attendant le soulas, De mes deux yeux la vigueur se desseche.
PSEAUME LXX.
Pseaume de priere. Deus in adjutorium meum intende.
[...] O Dieu, où mon espoir j'ai mis, Vien soudain à ma delivrance: Seigneur, que ton aide s'avance Encontre tous mes ennemis. Quiconques pourchasse mon ame Soit rempli de honte & d'émoi: Quiconques, dis-je, en veat à moi Tourne en arriere tout infame.
PSEAUME LXXI.
Pseaume de priere. In te, Domine, speravi.
[...] J'Ai [...] mon esperance, Garde moi done, Seigneur, D'et [...]rnd deshonneur. Ottroye moi ma delivrance, Par ta misericorde, Et ton secours m'accorde.
PSEAUME LXXII.
Pseaume de doctrine, touchant Pestat & gouvernement politique. Dens, judicium tuum regi da.
[...] TEs jugemens, Diea veritable, Eaille au Roi pour regner: Vueilles ta justice équitable Au fils du Roi donner: Il tiendra ton peuple en justice, Chassant l'iniquité: A tes pauvres fera propice, Leur gardant équité.
PSEAUME LXXIII.
Pseaume de doctrine. Quàm bonus Israël Deus.
[...] SI est-ce que Dieu est tres-doux A son Israël, voire à tous Qui gardent en toute droiture Leur conscience entiere & pure. Mais j'ai esté tout prest à voir Mes pieds le bon chemin laisser, Et mes pas tellement glisser, Que ie me suis veu prest de choir.
PSEAUME LXXIV.
Pseaume de priere. Ut quid, Deus, repulisti, &c.
[...] D'Où vient, Seigneur, que tu nous as épars, Et si long-temps ta fureur enstammée: Vomit sur nous tant épesse sumée, Voire sur nous les brebis de tes parcs.
PSEAUME LXXV.
Pseaume d'action de graces & doctrine. Consitebimur tibi.
[...] O Seigneur, loiié sera, Loiié sera ton renom: Car la gloire de ton Nom Prés de nous s'approchera: Et de nous seront chantez Les hauts faits de tes bontez.
PSEAUME LXXVI.
Pseaume d'action de graces. Notus in Judaeâ Deus.
[...] C'Est en Judée proprement Que Dieu s'est acquis un renom: C'est en If ra cl voirement Qu'on voit la force de son Nom: En Salem est son Tabernacle, En Sion son fainct ha bi ta cle.
PSEAUME LXXVII.
Pseaume de doctrine. Voce mea ad Dominum.
[...] A Dieu ma voix j'ai haussée, Et ma clameur a dieffëe: A Dieu ma voix a monté, Et mon Dieu m'a é [...]outé. Au jour de ma grand' détresse Dieu a é sté mon adresse, Et du soir au lendemain Je lui ai tendu la main.
PSEAUME LXXVIII.
Pseaume d'exhortation. Attendite, popule meus.
[...] SOis ententif mon peuple, à ma [...]octrine, Soit ton oreille entierement encline A bien ouïr tous les mots de ma bouche: Car maintenant il faudr [...] que je touche Graves propos, & que par moi soient dits Les grands secret [...] des oeuvres de jadis.
PSEAUME LXXIX.
Pseaume de priere. Deas, venerunt gentes, &c.
[...] LEs gens entrez sont en ton heritage, Ils ont pollu, Seigneur, par leur outrage Ton Temple fainct, Jerusalem destruite, Si qu'en monceaux de pierres l'ont reduite. Ils ont baillé les corps De tes serviteurs morts Aux corbeaux pour les paistre: La chair des bien-vivans Aux animaux suivans Bois & plaine champestre.
PSEAUME LXXX.
Pseaume de priere. Qui regis Israël, intende.
[...] O Pasteur d'Israël écoute, Toi qui conduis la troupe toute De Joseph ainsi qu'un troupeau: Montre nous ton vi sa ge beau, Toi qui te sieds en majesté Entre les Cherubins monté.
PSEAUME LXXXI.
Pseaume d'action de graces. Exultate Deo Adjutori nos
[...]ro.
[...] CHantez gayement A Dieu nostre force, Que tout hautement Au Dieu d'Israël Chant perpetuel Chanter on s'essorce.
PSEAUME LXXXII.
Pseaume de doctrine. Deus, stetit in synagogua.
[...] DIeu est assis en l'assemblée Des Princes qu'il a assemblée, Et des - plus grands est au milieu, Pour y presider comme Dieu. Jusques à quand juges iniques, Ferez - vous jugemens obliques, Et vers ces méchans deceveurs Userez - vous de vos faveurs?
PSEAUME LXXXIII.
Pseaume de priere. Deus, quis similis erit tibi?
[...] O Dieu! ne sois plus à recoi, O Dieu! ne demeure plus coi, Et plus [Page]longuement ne t'arreste: Car de tes ennemis la bande, S'émouvant de furi [...] grande, A contre toi levé la teste.
PSEAUME LXXXIV.
Pseaume de priere. Qu.m dilecta tabernacula.
[...] O Dieu des armees combien Le sacré Tabernacle tien Est sur toutes choses aimable! Mon coeur languit, mes sens ravis Defaillent apres tes parvis. O Seigneur Dieu tres-desirable. Bref, coeur & corps vont s'élevant Jusques à toi, grand Dieu vivant.
PSEAUME LXXXV.
Pseaume de doctrine. Benedixissi, Domine, terram.
[...] AVec les tiens, seigneur, tu as sait paix, Et de Jacob les prisonniers las [...]hez: Tu as quitté à [...] gent ses mesaits, Voire tu as couvert tous ses pechez: Tu as loin d'eux ton dépit [...]etiré, Et ton courroux violent moderé. O Dieu, en qui gist le salut de nous, Restabli nous appaisant ton courroux.
PSEAUME LXXXVI.
Pseaume de priere. Inclina, Domine, aurem tuam.
[...] MOn Dieu, preste moi l'oreille Par ta bonté nompareille, Repon moi, car plus n'en puis, Tant pauvre & af fli gé suis. Garde je te pri' ma vie, Car de bien saire ai envi e: Mon Dieu garde ton servant En
PSEAUME LXXXVII.
Pseaume de priere & de prophetie. Fundamenta ejus in, &c.
[...] DIeu pour fonder son tres-seur habitacle Es monts sacrez a pris assection, Et mieux aimé les portes de Sion, Que de Jacob nul autre Tabernacle.
PSEAUME LXXXVIII.
Pseaume de priere. Domine, Deus salutis meae, &c.
[...] O Dieu Eternel, mon Sauveur, Jour & nuict devant toi je crie: Parvienne ce dont je te prie Jusques à toi, par ta faveur. Vueilles, helas! Poreille tendre A mes clameurs pour les entendre.
PSEAUME LXXXIX.
Pseaume de priere. Misericordias Domini, &c.
[...] DU Seigneur les bontez sans fin je chanterai, Et sa fi de li té à jamais prescherai: Car c'est un poinct conclu que sa grace est bastie Pour durer à jamais comme on voit establie Dans le pourpris des cieux leur course invariable, Signe seur & certain de son dire immuable.
PSEAUME XC.
Oraison de Moyse serviteur de Dieu. Domine, refugium.
[...] TU as esté, Seigneur, nostre retraite, Et seur recours de lignée en ligné e: Mesme devant nulle montagne née, Et que le monde & la terre [Page]fust faite, Tu estois Dieu déja comme tu es, Et comme aussi tu seras à jamais.
*⁎* *⁎*
PSEAUME XCI.
Pseaume de doctrine. Qui habitat in adjutorio Altissimi.
[...] QUi en la garde du haut Dieu Pour jama is se re╌ti╌re, En ombre bonne & en fort lieu Re╌ti╌ré se peut di╌re, Conclu donc en l'entendement, Dieu est ma garde seure, Ma haute tour & sondement, Sur lequel je m'asseure.
PSEAUME XCII.
Pseaume de consolation. Bonum est consiteri Domino.
[...] O Que c'est chose belle De te loüer, Seigneur, Et du Tres-haut l'honneur Chanter d'un coeur sidele: Preschant à la venu ë Du matin ta bonté, Et ta fi de li té Quand la nuict est ve nu ë.
PSEAUME XCIII.
Pseaume de consolation. Dominus regnavit, decorem.
[...] DIeu est regnant de grandeur tout vestu, Ceint & paré de force & de vertu, Ayant le monde appuyé tellement, Qu'il ne peut estre ébranlé [Page] [...] [Page] [...] [Page] [...] [Page] [...] [Page] [...] [Page] [...] [Page] [...] [Page] [...] [Page]nullement.
PSEAUME XCIV.
Pseaume de consolation. Deus ultionuni Dominus, &c.
[...] O Eternel! Dieu des vengeances, O Dieu punisseur des offenses, Fai toi connoistre clairement. Toi gouverneur de l'univers, Hausse toi pour rendre aux pervers De leur orgueil le payement.
PSEAUME XCV.
Pseaume de doctrine. Venite exultemus Domino.
[...] SUs, égayons-nous au Seigneur, Et chantons hautement l'honneur De [Page]nostre salut & defense. Hastons nous de nous presenter Devant sa face & de chinter Le los de sa magnificence.
PSEAUME XCVI.
Pseaume de prophetie & d'action de graces. Cantate Domino, &c.
[...] CHantez à Dieu chanson nouvelle, Chantez, ô terre universelle: Chantez, & son Nom benissez, Et de jour en jour annoncez Sa delivrance solennelle.
PSEAUME XCVII.
Pseaume de doctrine avec prophelie. Dominus regnavit exult.
[...] L'Eternel est regnant, La terre maintenant En soit joyeuse & gaye, Toute isle s'en égaye: Espaifse ob scu ri té Cache sa Majesté: Justice & jugement Sont le seur fondement De son trône arresté.
PSEAUME XCVIII.
Pseaume de doctrine avec prophetie. Cantate Domino canticum.
[...] CHantez à Dieu nouveau cantique, Car il a puissamment ouvré, Et par sa force magnifique Par soi-mesme il s'est delivré. Dieu a fait le salut connoistre Far lequel sommes garantis, Et sa justice fait paroistre En la presence des Gentils.
PSEAUME XCIX.
Pseaume de consolation. Dominus regnavit irascantur.
[...] OR est maintenant L'Eternel regnant, Peuples obstinez En soient estonnez: Cherubins sous lui Lui servent d'appui: Que la terre toute Tremblant le redoute.
PSEAUME C.
Pseaume d'action de graces. Jubilate Deo omnis terra.
[...] VOus tous qui la terre habitez, Chantez tout haut à Dieu, chantez: Servez a Dieu joyeusement, Venez devant lui gayement.
PSEAUME CI.
Pseaume de doctrine, touchant l'estat & gouvernement politique. Misericordiam & judicium, &c.
[...] VOuloir m'a pris de mettre en écriture Pseaume parlant de bonté & droituré: Et je le veux à toi, mon Dieu, chanter, Et presenter.
PSEAUME CII.
Pseaume de consolation. Domine, exaudi orationem.
[...] SEigneur, enten ma requeste, Rien n'empesche ni n'arreste Mon cri d'aller jusqu'à toi, Ne te cache point de moi. En ma douleur nompareille Tourne vers moi ton oreille, Et pour m'ouïr quand je crie, Avance toi, je te prie.
PSEAUME CIII.
Pseaume d'action de graces. Benedic, anima mea, Domino.
[...] SUs loiiez Dieu, mon ame, en toute chose, Et tout cela qui dedans moi repose, Loiiez son Nom tres-sainct & accompli: Presente à Dieu loiianges & services, O toi, mon ame! & tant de benefices, Qu'en as receu, ne les mets en oubli.
PSEAUME CIV.
Pseaume de loiiange. Benedic, anima mea, Domino.
[...] SUs, sus, mon ame, il te faut dire bien De l'Eternel: ô mon vrai Dieu, combien Ta grandeur est excellente & notoire! Tu es vestu de splendeur & de gloire: Tu es vestu de splendeur proprement, Ni plus ni moins que d'un accoustrement, Pour pavillon qui d'un tel Roi soit digne, Tu tends le ciel ainsi qu'une courtine.
PSEAUME CV.
Pseaume d'action de graces. Confiremini Domino.
[...] SUs, qu'un chacun de nous sans cesse Louë du Seigneur la hautesse: Que son sainct Nom soit reclamé, Soit entre les peuples semé Le renom grand & precieux De tous ses gestes glorieux.
PSEAUME CVI.
Pseaume de consolation. Confitemini Domino, quoniam.
[...] LOiiez Dieu, car il est benin, Et sa bonté n'a point de fin. Où est celui qui la proiiesse De l'Eternel re ci te ra, Et tous les faits de sa hautesse [Page]Entierement nous chantera.
PSEAUME CVII.
Pseaume de doctrine. Confitemini Domino, quoniam.
[...] DOnnez au Seigneur gloire, Il est doux & clement, Et sa bonté notoire Dure eternellement. Ceux qu'il a rachetez, Qu'ils chantent sa hautesse, Et ceux qu'il a jettez Hors de la main d'oppresse.
PSEAUME CVIII.
Pseaume de priere. Paratum cor meum, Deus.
[...] MOn coeur est dispos, ô mon Dieu, Mon coeur est tout prest en ce lieu De te chauter tout, la fois [...]antiques de main & de voix: Psalterion réveille toi, Harpe ne demeure a recoi: Car je veux debout comparoistre, Dés que le jour vient à paroistre.
PSEAUME CIX.
Pseaume de priere. Deus, laudem meam ne tacueris.
[...] O Dieu, mon honneur & ma gloire, Ne vueilles maintenant te taire: Car c'est contre moi que s'adresse La bouche méchante & traistresse, Et la fausse langue qui ment, A parler de moi faussement.
PSEAUME CX.
Pseaume de doctrine & de prophetie. Dixit Dominus Domino.
[...] LE Tout-puissant à mon Seigneur & Maistre A dit ce mot, A ma dextre te sieds, Tant que j'aurai renversé & fait estre Tes ennemis le scabeau de tes pieds.
PSEAUME CXI.
Pseaume d'action de graces. Confitebor tibi, Domine.
[...] DU Seigneur Dieu en tous endroits, En l'assemblée des plus droits, De chanter à Dieu coustumiere, La gloire je confesserai, Et sa loüange annoncerai D'une assection toute entiere.
PSEAUME CXII.
Pseaume de consolation. Beatus vir qui timet Dominum,
[...] O Bien-heureuse la personne Qui craint l'Eternel, & s'adonne Du tout à sa Loi tres-entiere: Sa race en terre sera forte: Car Dieu benit en toute sorte Des bons la race droituriere.
PSEAUME CXIII.
Pseaume d'action de graces. Laudate pueri Dominum.
[...] ENfans qui le Seigneur servez, Loüez-le, & son Nom élevez, Loüez son Nom & sa hautesse. Soit presché, soit fait solennel Le Nom du Seigneur eternel, Par tout, en ce temps & sans cesse.
PSEAUME CXIV.
Pseaume d'action de graces. In exitu Israël de AEgypto.
[...] QUand Is ra ël hors d'Egypte sortit, Et la maison de Jacob se partit D'entre le peuple estrange, Juda fut fait la grand' gloire de Dieu, Et Dieu se fit Prince du peuple Hebreu, Prince de grand' loüange.
PSEAUME CXV.
Pseaume de priere. Non nobis, Domine, non nobis.
[...] NOn point à nous, non point à nous, Seigneur, Mais à ton Nom donne gloire & honneur, Pour ta grace & soi seure. Pourquoi diroient les gens en se moquant, Où est ce Dieu qu'ils vont tant invoquant? Où est-il à cette heure?
PSEAMUE CXVI.
Pseaume d'action de graces. Dilexi, quoniam exaudiet, &c.
[...] J'Aime mon Dieu, car lors que j'ai crié, Je sçai qu'il a ma clameur entendu ë: Et puis qu'il m'a son oreille tendu ë, En mon dur temps par moi sera prié.
*⁎* *⁎*
PSEAUME CXVII.
Pseaume d'exhortation. Laudate Dominum omnes gentes.
[...] TOutes gens, loüez le Seigneur, Tous peuples, chantez son honneur: Car son vouloir benin & doux Est multiplié dessus nous, Et sa tres-ferme ve ri té Demeure à per pe tu ï té.
PSEAUME CXVIII.
Pseaume d'action de graces & de prophetie. Consitemini Domino.
[...] REndez à Dieu loüange & gloire, Car il est benin & clement: Qui plus est, sa bonté notoire Dure perpetuellement. Qu'Israël ores se recorde De chanter solennellement, Que sa grande mi se ri cor de Dure perpetuellement.
PSEAUME CXIX.
Pseaume de consolation. Beati immaculati in via, &c.
I. ALEPH.
[...] Bien-heureuse est la personne qui vit Avec entiere & saine conscien ce, Et qui de Dieu les sainctes Loix ensuit. Heureux qui met tout soin & diligence [Page]A bien garder ses statuts precieux, Et qui de lui pourchasse la science.
II. BETH.
III. GUIMEL.
IV. DALETH.
V. HE.
VI. VAU.
VII. ZAIN.
VIII. HETH.
IX. TETH.
X. JOD.
XI. CAPH.
PSEAUME CXX.
Pseaume de priere & de complainte. Ad Dominum cum tribularer.
[...] ALors qu'affliction me presse, Ma clameur au Seigneur j'adresse: Car quand je viens à le semondre, Jamais ne faut à me répondre. Contre ces levres tant menteuses, Contre ces langues tant flateuses, Vueilles, Seigneur, par ta bonté, Mettre ma vie à sauveté.
PSEAUME CXXI.
Pseaume de consolation. Levavi oculos meos in montes.
[...] VErs les monts j'ai levé mes yeux, Pensant avoir d'enhaut Le secours qu'il me faut: Mais en Dieu qui a fait les cieux Et cette terre ronde, Maintenant je me fonde.
PSEAUME CXXII.
Pseaume de consolation. Laetatus sum in his quae, &c.
[...] INcontinent que j'eus ouï, Sus, allons le lieu vi si ter, Où le Seigneur veut habiter, O que mon coeur s'est réjou ï! Or en tes porches entreront Nos pieds, & sejour y feront, Jerusalem la bien dressée: Jerusalem, qui t'entretiens Unie avecques tous les tiens, Comme cité bien po li cé e.
PSEAUME CXXIII.
Pseaume de priere. Ad te levavi oculos meos, &c.
[...] A Toi, ô Dieu, qui es là haut aux cieux Nous élevons nos yeux: Comme un servant qui pressé se voit estre N'a recours qu'à son maistre, Et la servante a l'oeil sor sa maistresse Aussi tost qu'on la blesse, Vers nostre Dieu nous regardons ainsi, Attendant sa merci.
PSEAUME CXXIV.
Pseaume d'action de graces. Nisi quia Dominus, &c.
[...] OR peut bien dire Israël maintenant, Si le Seigneur pour nous n'eust point esté, Si le Seigneur nostre droict n'eust porté, Quand tout le [Page]monde à grand' sureur venant Pour nous meurtrir dessus nous s'est jetté.
PSEAUME CXXV.
Pseaume de doctrine. Qui confidunt in Domino, &c.
[...] TOut homme qui son esperance En Dieu asseurera, Jamais ne versera, Mais aura si grande asseurance, Que Sion montagne tres - ferme N'est point plus ferme.
PSEAUME CXXVI.
Pseaume d'action de graces. In convertendo Dominus, &c.
[...] ALors que de captivité Dieu mit Sion en liberté, Advis nous estoit proprement Que nous songions tant seulement: Bouches & langues à suffire Avoient dequoi chanter & rire: Chacun disoit, voyant ceci, Dieu fait merveilles à ceux-ci.
PSEAUME CXXVII.
Pseaume de doctrine. Nisi Dominus aedificaverit.
[...] ON a beau sa maison bastir, Si le Seigneur n'y met la main, Cela n'est que bastir en vain. Quand on veut villes garantir, On a beau veiller & guetter, Sans Dieu rien ne peut profiter.
PSEAUME CXXVIII.
Pseaume de doctrine touchant l'estat du mesnage. Beati omnes qui timent.
[...] BIen - heureux est quiconque Sert à Dieu volontiers, Et ne se lassa onques De suivre ses sentiers. Du labeur que sais faire Vivras commodement, Et ira ton affaire Bien & heureusement.
PSEAUME CXXIX.
Pseaume d'action de graces. Saepe expugnaverunt, &c.
[...] DEs ma jeunesse ils m'ont fait mille assauts: Is ra ël peut à cette heure bien dire, Dés ma jeunesse ils m'ont fait mille maux, Mais ils n'ont pû [Page]me vaincre ni destruire.
PSEAUME CXXX.
Pseaume de priere. De profundis clamavi, &c.
[...] DU fonds de ma pensée: Au fonds de tous ennuis, A toi s'est adressée Ma clameur jour & nuict. Enten ma voix plaintive, Seigneur, il est saison: Ton oreille ententive Soit à mon oraison.
PSEAUME CXXXI.
Pseaume de consolation. Domine, non est exaltatum est cor.
[...] SEigneur, je n'ai point le coeur fier, Je n'ai point le regard trop haut, Et a rien plus grand qu'il ne faut Ne voulus jamais aspirer.
PSEAUME CXXXII.
Pseaume de priere. Memento, Domine, David.
[...] VUeilles, Seigneur, estre recors, De David & de son tourment: [Page]Lui qui à Dieu a fait serment, Dieu de Jacob, le fort des forts, Et fait voeu solennellement.
*⁎* *⁎*
PSEAUME CXXXIII.
Pseaume de doctrine. Ecce quàm bonum, & quàm, &c.
[...] O Combien est plaisant & souhaitable, De voir ensemble en concorde amiable Freres unis s'entretenir! Cela me fait de l'onguent souvenir Tant precieux, dont parfumer je voi Aaron le Prestre de la Loi.
PSEAUME CXXXIV.
Pseaume de doctrine. Ecce nunc benedicite Dominum.
[...] OR sus, serviteurs du Seigneur, Vous qui de nuit en son honneur Dedans sa maison le servez, Loüez-le, & son Nom elevez.
PSEAUME CXXXV.
Pseaume de doctrine. Laudate nomen Domini.
[...] CHantez de Dieu le renom, Vous serviteurs du Seigneur: Venez pour lui faire honneur, Vous qui avez eu ce don D'estre habitans au milieu Des parvis de nostre Dieu.
PSEAUME CXXXVI
Pseaume d'action de graces. Confitemini Domino, &c.
[...] LOüez Dieu tout hautement, Car il est doux & element: Et sa grand' benignité Dure à per pe tu ï te.
PSEAUME CXXXVII.
Pseaume de complainte. Super slumina Babylonis.
[...] EStans assis aux rives aquatiques De Babylon, pleurions melancoliques, Nous souvenan, du païs de Sion: Et au milieu de l'habitation, Où de [Page]regrets tant de pleurs épandismes, Aux saules verds nos harpes nous pendismes.
PSEAUME CXXXVIII.
Pseaume d'action de graces. Confitebor tibi Domine, &c.
[...] IL faut que de tous mes esprits, Ton los & pris J'exalte & prise: Devant les grands me presenter pour te chanter J'ai fait emprise. En ton saint Temple adorerai, Celebrerai Ta renommée, Pour l'amour de ta grand' bonté Et feauté Tant estimée.
PSEAUME CXXXIX.
Pseaume de consolation. Domine, probasti me, &c.
[...] O Dieu, tu connois qui je suis, Tu sçais tout cela que je puis: [Page]Soit que sois assis ou debout, Tu me connois de bout en bout: Et n'ai nulle chose conceuë, Que n'ayes de loin appercenë.
PSEAUME CXL.
Pseaume de priere. Eripe me, Domine, &c.
[...] O Dieu, donne moi delivrance De cét homme pernicieux, Preserve moi de la nuisance De cét homme malicieux.
PSEAUME CXLI.
Pseaume de priere. Domine, clamavi ad te.
[...] O Seigneur, à toi je m'écrie, Plaise toi donques te haster, Et vueilles ma voix écouter: Car c'est toi qu'en criant je prie.
PSEAUME CXLII.
Pseaume de priere. Voce mea ad Dominum, &c.
[...] J'Ai de ma voix à Dieu crié, J'ai de ma voix mon Dieu prié, J'épans tout mon coeur devant lui, Et lui declare mon ennui.
PSEAUME CXLIII.
Pseaume despriere. Domine, exaudi orationem
[...] SEigneur Dieu, oi l'oraison mienne, Jusqu'à tes oreilles parvienne Mon humble supplication, Selon la vraye merci tienne, Répon moi en affliction.
*⁎* *⁎*
PSEAUME CXLIV.
Pseaume d'action de graces. Benedictus Dominus Deus.
[...] LOüé soit Dieu ma force en tous alarmes, Qui duit mes mains à manier les armes. Et rend mes doigts habiles aux combats: Sa grand' bonté est sur moi haut & bas. C'est mon chasteau, mon roc, ma delivrance: C'est mon bouclier, c'est ma seule esperance: C'est lui qui a malgré tous ennemis, Ce peuple mien à mon pouvoir soûmis.
*⁎* *⁎*
PSEAUME CXLV.
Pseaume d'action de graces. Exaltabo te Deus meus.
[...] MOn Dieu, mon Roi, haut je t'éleverai, Et ton Nom saint sans fin je benirai: Je veux ton los chacun jour publier, Et pour jamais ton Nom glorifier. Le Seigneur est tres-grand & admirable, Et sa grandeur n'est à nous comprenable: De pere en fils ses saits on magnifie, Et sa puissance entre iceux se publie.
*⁎* *⁎*
PSEAUME CXLVI.
Pseaume d'action de graces. Lauda, anima mea Dominum.
[...] SUs, mon ame, qu'on beni e, Le Souverain: car il faut Tant que durera ma vi e, Que je loüe le Tres-haut: Et tant que je durerai, Pseaumes je lui chanterai.
PSEAUME CXLVII.
Pseaume d'action de graces. Laudate Dominum, quoniam, &c.
[...] LOüez Dieu, car c'est chose bonne Qu'à nostre Dieu loüange on donne: C'est, dis-je, une chose plaisante De le loöer & bien-seante: Puis que c'est lui qui de sa grace Sa Jerusalem a bastie, Il convient aussi qu'il ramasse Sa gent çà & là departie.
PSEAUME CXLVIII.
Pseaume d'action de graces. Laudate Dominum de coelis.
[...] VOus tous les habitans des cieux, Loüez hautement le Seigneur: Vous les habitans des hauts lieux, Chantez hautement son honneur. Anges, chantez sa renommée: Loüez-le, toute son armée, Lune & Soleil, loüez son Nom: Esto [...]les, chantez son renom.
PSEAUME CXLIX.
Pseaume d'action de graces. Cantate Domino canticum.
[...] CHantez à Dieu chanson nouvelle, Et sa loüange solennelle, Des bons parmi la compagnie Maintenant soit ouye. I [...] ra ël s'égaye en son coeur De l'Eternel son Createur: Et d'un tel Roi soient triomphans De Sion les enfans.
PSEAUME CL.
Pseaume d'action de graces. Laudate Dominum in sanctis.
[...] OR soit loüé l'Eternel De son saint lieu supernel: Soit, dis-je, tout hautement Loüé de ce firmament Plein de sa magnificence. Loüezle tous ses grands faits: Soit loüé de tant d'effets, Témoins de son excellence.
LES COMMANDEMENS DE DIEU.
Exode XX.
[...] LEve le coeur, ouvre l'oreille, Peuple endurci, pour [...]couter De ton Dieu la vo [...] nompareille, Et ses commandemens goüter.
LE CANTIQUE DE SIMEON.
Luc II. CL. MA.
[...] OR laisse, Createur, En paix ton serviteur, En sulvant ta promesse, Puis que mes yeux ont eu Ce credit d'avoir ven De ton salut Padresse.
LOUE SOIT DIEU.
TABLE DES PSEAUMES.
- AUx paroles que je veux 5
- A toi mon Dieu, mon coeur 25
- Apres avoir constamment 40
- Ainsi qu'on oit le cerf bruire 42
- Ayes pitié, ayes pitié de moi 57
- A Dieu ma voix j'ai haussée 77
- Avec les tiens, Seigneur, 85
- Alors qu'assliction me presse 120
- A toi, ô Dieu, qui es là haut 123
- Alors que de captivité 126
- BIen-heureuse est la personne 119
- Bien-heureux est quiconques 128
- C'Est en sa tres-sainte cité 48
- C'est en [...]udée proprement 76
- Chantez gayement 81
- Chantez à Dieu chanson nouvellé 96
- Chantez à Dieu nouveau cantique 98
- Chantez de Dieu le renom 135
- Chantez à Dieu chanson 149
- DE tout mon coeur t'exalterai 9
- D'où vient cela, Seigneur, 10
- Donne secours, Seigneur, il 12
- Debat contre mes debateurs 35
- Du malin le méchant vouloir 36
- Dés qu'adversité nous offense 46
- Di moi, malheureux qui te fies 52
- Dieu nous soit doux & favorable 67
- D'ou vient, Seigneur, que tu 74
- Dieu est assis en l'assemblée 82
- Dieu pour sonder son tres-seur 87
- Dieu Seigneur les bontez sans fin 89
- Dieu est regnant de grandeur 93
- Donnez au Seigneur gloire 107
- Du Seigneur Dieu en tous 111
- Dés ma jeunesse ils m'ont fait 129
- Du sonds de ma pensée 130
- EXauce, ô mon Dieu, ma 55
- Entre vous conseillers qui 58
- Enten à ce que je crie 61
- Enten à ce que je veux dire 64
- Enfans qui le Seigneur servez 113
- Essans assis aux rives aquatiques 137
- HElas, Selgneur, je te prie 69
- JUsques à quand as establi 13
- Je t'aimerai en toute obeïssance 18
- J'ai mis en toi mon esperance 31
- Jamais ne cesserai de magnifier 34
- J'ai dit en moi, De prés 39
- J'ai mis en toi mon esperance 71
- J'aime mon Dieu, car lors que 116
- Incontent que j'eus ouï 122
- Il faut que de tous mes esprits 138
- J'ai de ma voix à Dieu crié 142
- LE fol malinen fon coeur 14
- Les cieux en chacun lieu 19
- Le Seigneur ta priere entende 20
- La terre au Seigneur appartien [...] 24
- Le Seigneur est la clarté qui 27
- Las! en ta fureur aiguë 38
- Le Dieu, le Fort, l'Eternel 50
- Le fol malin en son coeur dit 53
- Les gens entrez sont en ton 79
- L'Eternel est regnant 97
- Loüez Dieu, car il est 105
- Le Tout-puissant à mon Seigneur 110
- Loüéz Dieu tout hautement 136
- Lolié soit Dieu ma force en 144
- Loüez Dieu, car c'est chose 147
- MOn Dieu, j'ai en toi 7
- Mon Dieu, mon Dieu, 22
- Mon Dieu me paist sous sa 23
- Misericorde au pauvre vicieux 5 [...]
- Misericorde à moi pauvre assligé 56
- Mon Dieu l'ennemi m'environue 59
- Mon ame en Dieu tant seulement 62
- Mon Dieu, preste moi l'oreille 86
- Mon coeur est dispos, ô mon 108
- Mon Dieu, mon Roi, haut je 145
- NE vueilles pas, ô Sire, 6
- Ne sois fasché si durant 37
- Non point à nous, non point 115
- O Seigneur, que de gens 3
- O nostre Dieu & Seigneur 8
- O Dieu, qui es ma forteresse 28
- O bien-heureux celui dont 32
- O bien-heureux qui juge 4 [...]
- Or avons-nous de nous oreilles 44
- Or sus tous humains 47
- O Dieu tout-puissant sauve 54
- O Dieu, qui nous as deboutez 60
- O Dieu, je n'ai Dieu fors que 63
- O Dieu, la gloire qui t'est deuë 65
- Or sus loüez Dieu tout 66
- O Dieu, où mon espoir j'ai 70
- O Seigneur, loué sera 75
- O Pasteur d'Israël écoute 80
- O Dieu, ne sois plus à recoi 83
- O Dieu des armées, combien 84
- O Dieu, Eternel, mon Sauveur 88
- O que c'est chose belle 92
- O Eternel, Dieu des vengeances 94
- Or est maintenant l'Eternel 99
- O Dieu, mon honneur & ma 109
- O bien-heureuse la personne 112
- Or peut bien dire Israël maintenant 124
- On a beau sa maison bassir 127
- O combien est plaisant & 135
- Or sus, serviteurs du Seigneur 134
- O Dieu, tu connois qui le suis 139
- O Dieu, donne moi delivrance 140
- O Seigneur, à toy je m'écrie 141
- Or soit loöé l'Eternel 150
- POurquoi font bruit & 2
- Propos exquis faut que 45
- Peuples oyez, & l'oreille prestez 49
- QUi au conseil des malins 1
- Quand je t'invoque, helas! 4
- Qui est-ce qui conversera 15
- Que Dieu se montre seulement 68
- Qui en la garde du haut Dieu 91
- Quand Israël hors d'Egypte 114
- REveillez-vous peuple fidele 33
- Revenge moi, pren la querelle 43
- Rendez à Dieu loüange & 118
- SOis moi, Seigneur, ma garde 16
- Seigneur, enten à mon 17
- Seigneur, le Roi s'éjouïra 21
- Seigneur, garde mon 26
- Seigneur, puis que m'as 30
- Si est-ce que Dieu est tres-doux 73
- Sois ententif mon peuple à ma 78
- Sus, égayons-nous au Seigneur, 95
- Seigneur, enten ma requeste 102
- Sus, loüez Dieu, mon ame 103
- Sus, sus, mon ame, il te saut 104
- Sus, qu'un chacun de nous 105
- Seigneur, je n'ai point le coeur 111
- Seigneur Dieu, oi l'oraison 143
- Sus, mon ame, qu'on benie 145
- TEs jugemens, Dieu verit [...]e 72
- Tu as esté, Seigneur, 9 [...]
- Toutes gens loüez le Seigneur, 1 [...]
- Tout homme qui son esperance 12 [...]
- VEu que du tout en Dieu 11
- Vous tous Princes & 19
- Vous tous qui la terre habitez 100
- Vouloir m'a pris de mettre 101
- Vers les monts j'ai levé 121
- Vueilles, Seigneur, estre 132
- Vous tous les habitans de 148
L'Oraison de Nostre Seigneur Jesus Christ.
Les Articles de la F. O. I.
Priere pour dire avant le repas.
TOutes choses attendent apres toi, Seineur, & tu leur donne [...] viandes en leur temps.
Quand tu leur donnes, elles la recueil lent, & quand: tu ouvres ta main, elles f [...]nt rassasiées de biens.
SEigneur, auquel gi [...] la plenitude de tous biens, vueilles estendre ta, benedic [...]ion sur nous tes pauvres se [...]viteurs, & nous sanctifier les dons lesquels nous recevons de ta largesse, afin que nous en puissions user sobrement & purement selon ta honne volonté: & par ce moyen te reconnoistre Pere & Autheur de toute benignité, cherchant toûjours, principalement le pain spirituel de ta Parole, dont nos ames [...]oient nourries eternellement, par Jesus Christ ton Fils nossre Seigneur, Amen.
Autre priere avant le repas.
Action de graces pour dire apres le repas.
QUe toutes nations loüent le Seigneur, que tous peuples lui chantent loüange.
Car sa misericorde est multipliée sur nous, & sa verité demeure eternellement.
SEigneur Dieu, nous te rendons graces de tous les benefices que nous recevons assiduellement de ta main: de ce qu'il te plaist nous substanter en cette vie corporelle, nous administrant toutes nos necessitez, & singulierement de ce qu'il t'a plea nous regenerer en l'esperance d'une meilleure vie, laquelle tu nous as revelée par ton saint Evangile, te prians qu'il te plaise ne permettre point que nos assections sovent ici enracinées en ces choses corruptibles: mais que nous regardions to [...]jours plus haut attendans nostro Seigneur Jesus Christ, jusqu'à ce qu'il apparoisse en nostre redemption, Amen.
Autre priere apres lei repas
PRIERE POƲR SE PREPARER à la Sainte Cene.
SEigneur Dieu, nous nous presentons devant ta face, reconnoissans que nous ne sommes pas dignes de nous presenter à ce celebre banquet de viandes sacrées, que tu prepares ce jourd'hui à tes éleus, si tu ne nettoyes & purifies nos coeurs de toutes salletez & ordures. si tu n'estensle bras de ta misericorde sur nous pauures pecheurs, que tu vois ici humiliez & abatus à tes pieds avec une grande contrition de coeur de t'avoir offenlé. Pardonne nous, Seigneur, & nous reçoi ce jourd'hui à ta Sainte Table au nombre de tes enfans. Seigneur Dieu, qui par le sang precieux de ton Fils bienaimé nous as rachetez de la servitude du peché [...] maintenant que nous voici au milieu de ton peuple pour t'adorer & invoquer, & pour gouster & savourer ce qui nous donne la vie eternelle: Fai nous cette grace, ô Eternel, que puissions attentivement écouter ta Parole, laquelle nous sera preschée & annoncée par un de ceux que tu as establis Pasteurs en ton Eglise: afin qu'estans preparez par içelle, puissions, aidez de la soi, prendre dignement le corps & le sang de nostre Sauveur: car sans iceux nous ne pouvons avoir part à la vie eternelle de tes bien-aimez, Que nous reconnoissions à bon escient nostre pauvreté & misere, & que nous detestions serieusement les pechez, qui ont couté si cher à icelui ton Fils, qui est la lumiere qui nous eclaire, nostre guide asseurée, le pain qui nous rassasie, & qui nous sera ce jour presenté & rompu, pour nous estre un memorial authentique de sa mort, un gage sacré de l'union sacrée que nous avons avee lui, un lien étroit de concorde avec nos prochains, un ferme appui de nostre foi, un seau excellent de ta grace, & un comfort en la vie & en la mort. O Seigneur nostre bon Dieu & Pére, combien a esté grande ta charité envers nous, qui ne sommes que pauvres vers de terre rampans en nos ordures, de l'avoir livré & donné pour nous sauver & retirer de la mort & damnation eternelle, que nous avions justement meritée, de l'avoir fait soussrir jusques-là, que son ame estant angoislée, il a prononcé ces paroles, Mon ame est saisie de trissesse jusques à la mort: mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as tu abandonné? Seigneur bon Dieu, subvien à nostre infirmité, & nous confirme en l'alliance des promesses de ton Evangile: reçoi nous au nombre de tes enfans: épan en nos coeurs ton amour, & toutes autres graces celestes par les effets de ton Esprit, afin qu'en recevant aujourd'hui cettui nostre Redempteur, nous prenions accroissement en la foi & esperance de nostre salut, en toute saintété & justice. Nous avons, ô Eternel, repentance de nos fautes passées, & desirons vivre d'oresnavant selon ta parole, mettans toute nostre fiance en ta misericorde, & ne cherchons ni esperons nostre salut qu'en ton Fils le Sauveur du monde, croyans en ses promesses que lui mesine a prononcées de sa bouche: assavoir, qu'il nous veut vrayement faire participans de son corps & de son sang, afin que nous le possedions tout entier, & en telle sorte qu'étans faits chair de sa chair, & os de ses os, il vive en nous, & nous en lui eternellement.
O Dieu, que ta prudence est admirable, de nous avoir appresté une table permanente en ton Eglise, pour y donner le precieux corps de ton Fils à tous fideles, en nourriture spirituelle & vivifiante à toûjours: nous ayant ainsi voulu rendre certains queson corps ne pouvoit estre destruit au tombeau: que nous l'aurions pour jamais glorieux & triomphant de la mort au milieu de nous; & combien qu'il montast aux cieux, il nous demeureroit toûjours present, pour nous guider seurement par ta Parole, & par evidens signes de ta grace, au Royaume celeste.
Vueilles donc, ô nostre Dieu, que de vraye sincerité de coeur, & d'une affection pure, nous recevions ce jourd'hui avec une certitude de foi lecorps & le sang de nostre Seigneur Jesus: que nous jouïssions de lui & de tous ses biens, tout ainsi que lui estant vrai Dieu & vraihomme, est veritablement le pain vif defcendu du ciel, pour nous vivifier & rendre bien-heureux à jamais: & que par ce sacré mystere nous participions vrayement au nouveau & eternel Testament, à sçavoir l'alliance de grace, pour perseverer tellement en cette, lieureuse societé de son corps, que de lui nous tirions incessamment vigueur & vie: & estans unis avec lui, nous vivions aussi avec toi nostre Createur.
Ce sont les choses que nous attendons aujourd'hui de toi que dignement nous celebrions avec ton Eglise la memoire tressainte de nostre Sauveur, de nous exercer mesmes en icelle tous les jours de nostre vie, annoncans le benesice de sa mort, jusqu'à ce qu'il vienne juger le monde en la resurrection de toute chair: si que poursuivans en cette maniere nostre course d'une bonne conscience en la communion des Saints, ô nostre Dieu & Pere, nous allions en paix à la mort & sans rien craindre, puis que Christ est nostre garend, nostre vie, & la couronne asseurée de nostre esperance. Amen.
Priere en approchant de la sainte Table.
MOn Dieu, mon Pere, éleve mon coeur à toi, donne moi ton Saint Esprit. Fai moi la grace d'approcher de cette sainte Table avec une humble repentance, & avec un desir ardent en Jesus Christ nostre Seigneur. Donne-moi de recevoir ce saint Sacrement avec une serme foi en ta Parole, qu'en recevant ces signes visibles de la main, je reçoive par foi le corps & le sang de Jesus Christ, mort pour moi en nourriture de vie eternelle, que j'en remporte la paix & la joye spirituelle, qui est propre à tes enfans, avec un amour ardent envers toi, mon Dieu, & une ferme resolution [Page]de confacrer desormais ma vie à ton service jusques à ce que je voye ta face, & que mon ame soit recueillie avec Jesus Christ mon Sauveur, qui l'a rachetée par sa mort.
Priere & action de graces apres la Communion.
SEigneur mon Dieu, mon Pere, tu as consolé mon ame, tu m'as repeu de tes biens: tu as réjouï mon coeur par le témoignage de ton amour: combien douces sont tes consolations, combien sont excellents les effets de ta bonté envers ceux qui te craignent, qui suis-je, moi pauvre pecheur & sujet à malediction, que tu daignes recevoir à ta Table, & me donner ton Fils mort pour mes pechez, en nourriture de vie eternelle? En quoi suisje meilleur que tant de personnes ausquels tu ne fais point cette grace? Seigneur, ce n'est point pour aucune vertuqui soit en moi, mais tu veux estre glorifié en bien faisant aux indignes, & m'as voulu rendre exemple de ta faveur. Dont aussi je te louërai, mon Dieu, & te glorifierai en tout le cours de ma vie, & j'estimerai desormais tout autre chose n'estre que vanité au prix de la douceur & excellence de ta grace. Tu es tout mon bien, ma joye & consolation: C'est ce dont je te supplie, ô mon Dieu & que je te demande de tout mon coeur: car tu ne nous élargis pas seulement tes bien-faits: mais aussi tu nous fais la grace d'en bien user, quelques grandes que soyent tes graces envers moi, elles me seroient inutiles, & ne pourrois en user sans l'assistance de ton Esprit. Donne-moi donc cét Esprit, qui est l'Esprit de sanctification, l'Esprit d'adoption qui seelle en mon coeur Ies promesses, & y témoigne continuellement que je suis de tes enfans. Que la grace que tu m'as faite demeure toûjours imprimée en ma memoire. Que la souvenance de l'amour incomprehensible que tu nous as porté en Jesus Christ, serve'à embraser mon coeur en ton amour.
Que sa mort serve à mortifier mes a [...]ections mondaines, afin d'estre fait conforme à sa resurrection, par une nouve [...] té de vie. Que son ascension au ciel servet élever mon coeur au Ciel, où il est mo [...] pour nous preparer lieu, afin que ma conversation desormais soit comme Bourge [...] des Cieux. Augmente ma foi, fal qu'elle soit operante par charité, & par toutes sortes de bonne oeuvres. Rempli mon coeur de joye spirituelle, qui serve à digerer les amertumes de cette vie presente: & me donne la paix, laquelle le monde ne connoist point. Subvien à mon infirmité, & me fortifie en ce combat que j'ai contre ma chair, & co [...] tre les tentations du monde & du diable. Mon Dieu, mon Sauveur, & mon Redempteur, je me fie en ta Parole, je me repose en tes promesses, je me rends en ton amour, quand je passerois par la vallée d'ombre de mort, je ne craindrois point: car ton baston & ta houlette sont ceux qui me consolent: je sçai que ni la mort, ni toute la puissance de l'ennemi, ne me separeront jamais de l'amour que mon Dieu m'a porté en son Fils bien-aimé. Toutes choses tournent en bien à ceux qui aiment Dieu, leurs maux leur sont remedes: la mort mesme, qui est essroyable de sa nature, est celle qui m'approchera de mon Dieu. Sous cette apparence hideuse la Sauveur Jesus vient à nous, & nous apporte un present de vie eternelle. Mon Dieu me sauvera, & m'ayant delivré de toute mauvaile oeuvre, me recueillira en son Royaume. Là je verrai l'accomplissement des choses qui nous ont esté presentées en cette sainte Table. Là j'embrasserai mon Sauveur Jesus. Là je puiserai en la source de vie. Là je verrai mon Dieu, & serai transformé en sa ressemblance, & rassasié de sa presence, Ainsi soit-il.
LA FORME DES PRIERES ECCLESIASTIQUES.
Les jours ouvriers le Ministre fait telle priere que bon lui semble, l'accommodant au temps & à la matiere qu'il traitte en sa predication.
Pour les Dimanches au matin, on use communement de la forme qui s'ensuit.
PRIERE.
Nostre aide soit au nom de Dieu qui a fait le ciel & la terre. Amen.
EXHORTATION.
MEs freres, qu'un chacun de vous se presente devant la face du Seigneur, avec confession de ses fautes & pechez, en suivant de son coeur mes paroles.
CONFESSION.
SEigneur Dieu, Pere eternel & tout-puissant, nous confessons & reconnoissons sans feintise devant ta sainte Majesté, que nous sommes pauvres pecheurs, conceus & nez en iniquité & corruption, enclins à mal faire, inutiles à tout bien: & que de nostre vice nous transgressons sans fin & sans cesse tes saints Commandemens. En quoi faisant, nous acquerons par ton juste jugement ruine & perdition sur nous. Toutesfois, Seigneur, nous avons déplaisir en nous-mesmes de t'avoir offensé, & condamnons nous & nos vices, avec une vraye repentance desirant que ta grace subvienne à nostre calamité.
Vueilles donc avoir pitié de nous, Dieu & Pere tres-benin, & plein de misericorde, au Nom de ton Fils Jesus Christ nostre Seigneur. Et en effaçant nos vices & macules, élargi nous & augmente de jour en jour les graces de ton saint Esprit: afin que reconnoissans de tout nostre coeur nostre injustice, nous soyons touchez de deplaisir, qui engendre une droite penitence: laquelle nous mortifiant à tous pechez, produise des fruits de justice & d'innocence, qui te soient agreables, par icelui Jesus Christ nostre Seigneur, Amen.
Cela fait, on chante en l'assemblée quelque Pseaume: puis le Ministre commence derechef à prier, pour demander à Dieu la grace de son saint Esprit, afin que sa parole soit fidelement exposée à l'honneur de son Nom, & à Pedification de l'Eglise, & qu'elle soit reteuë en, telle humilité & obeïssance qu'il apparsient.
La forme est à la discretion du Ministre.
En la fin du sermon le Ministre, apres avoir fait les exhortations à prier, commence en cette maniere.
DIeu Tout-puissant, Pere celeste, tu nous as promis de nous exaucer en nos requestes qùe nous te ferions au Nom de ton Fils bien-aimé Jesus Christ nostre Seigneur: & aussi nous sommes instruits par la doctrine de lui & de ses Apostres de nous assembler en son Nom, avec promesse qu'il sera au milieu de nous, & qu'il sera nostre intercesseur envers toi pour impetrer toutes choses dont nous consentirons. sur la terre.
Premierement, nous àvons ton commandement de prier pour ceux que tu as constituez sur nous Superieurs & Gouverneurs: en apres pour toutes les necessitez de ton peuple, & mesmes de tous hommes. C'est pourquoi en confiance de ta sainte doctrine & de tes promesses, d'autant que devant ta face & au Nom de ton Fils nostre Seigneur Jesus nous sommes ici assemblez, nous te supplions assectueusement, nostre bon Dieu & Pere, au Nom de nostre Sauveur unique & Mediateur, vueille nous parta clemence insinie gratuitement pardonner nos ossenses, & tellement attirer & élever à toi nos pensées & nos desirs, que de tout nostre coeur nous te puissions requerir, voire selon ton bon plaisir & volontë, laquelle seule est raisonnable.
Nous te prions donc, Pere celeste, pour tous Princes & Seigneurs tes serviteurs, ausquels tu as commis le regime de ta justice: & singulierement pour N. N. qu'il te plaise leur communiquer à tous ton Esprit, seul bon & vrayement principal: journellement leur augmenter: tellement que reconnoissans en vraye foi Jesus Christ ton fils nostre Seigneur estre le Roi des Rois, & Seigneur sur tous Seigneurs, comme tu lui as donné toute puissance au ciel & en la terre, ils cherchent de le servir, & exalter son regne en leur domination, gouvernans leurs sujets, qui sont les creatures de tes mains, & les brebis de ta pasture, selon ton bon plaisir, afin que tant ici que par toute la terre estans maintenus en bonne paix, nous te servions en toute sainteté & honnesteté, & qu'estans delivrez de la crainte de nos ennemis, nous te puissions rendre loiiange en toute nostre vie.
Aush nous te prions, Pere veritable & Sauveur, pour tous ceux que tu as ordonnez Pasteurs à tes fideles, & ausquels tu as commis la charge des ames, & la dispensation de ton sacré Evangile: que tu les conduises par ton Saint Esprit, afin qu'ils soient trouvez fideles & lovaux Ministres de ta gloire: ayans toûjours ce but, que toutes les pauvres brebis égarées soient recueillies [Page]& reduites au Seigneur Jesus Christ, principal Pasteur, & Prince des Evesques, afin que de jour [...]en jour elles profitent & accroissent en lui à toute justice & sainteté. D'autre part, vueille delivrer toutes tes Eglises de la gueule des loups ravissans, & de tous mercenaires qui cherchent seulement leur ambition ou pro [...]it, & non point l'exaltation de ton saint Nom, & le saint de ton troupeau.
Apres, nous te prions, Dieu tres-benin, & Pere misericordieux, pour tous hommes generalement, que comme tu veux estre reconnu Sauveur de tout le monde en la redemption faite par ton Fils Jesus Christ, que ceux qui sont encore estranges de sa connoissance, estans en tenebres & captivite d'erreur & d'ignorance, par l'illumination de ton saint Esprit, & par la predication de ton Evangile, soient reduits à la droite voye de salut, qui est de te connoistre seul vrai Dieu & celui que tu as envoyé Jesus Christ: que ceux que tu as déja visitez par ta grace, & illuminez par la connoistance de ta parole, croissent journellement en bien, estans enrichis de tes benedictions spirituelles, afin que nous t'adorions tous ensemble d'un coeur & d'une bouche, & donnions honneur & hommage à ton Christ, nostre Maistre, Roi, & Legislateur.
Pareillement, ô Dieu de toute consolation, nous te recommandons tous ceux que tu visites & chasties par croix & tribulations: les peuples que tu assliges par peste, guerre, ou famine: les personnes battuës de pauvreté, prison, maladie, bannissement, ou autre calamité de corps ou affliction d'esprit: que tu leur vueilles faire entendre ton affection paternelle, qui est de les chastier pour leur amendement, afin que de tout leur coeur ils se convertissent à toi: & qu'estans convertis, ils reçoivent une entiere consolation, & soient delivrez de tous maux.
Singulierement nous te recommandons tous nos pauvres freres qui sont dispersez sous la tyrannie de l'Antechrist, estans destituez de la pasture de vie, & privez de la liberté de pouvoir invoquer publiquement ton S. Nom: mesme qui sont detenus prisonniers, ou persecutez par les ennemis de ton Evangile: qu'il te plaise, ô Pere de grace, les fortifier par la vertu de ton Esprit, tellement qu'ils ne defaillent jamais, mais qu'ils persistent constamment en ta sainte vocation: les secourir & les assister comme tu connois qu'il en est besoin, les consoler en leurs afflictions, les maintenir en ta garde contre la rage des loups & les augmenter en tous les dons de ton Esprit, afin qu'ils te glorifient tant en la vie qu'en la mort.
Finalement, ô Dieu & Pere, ottroye nous aussi à nous qui sommes ici assemblez au Nom de ton Saint Fils Jesus, à cause de sa Parole, ( lo' de sa sainte Cene) que nous reconnoissions droitement & sans hypocrisie en quelle perdition nous sommes naturellement, & qu'elle condamnation nous meritons & amassons de jour en jour sur nous par nostre mal-heureuse vie & desordonnée: afin que voyans qu'il n'y a rien de bien en nous, & que nostre chair & nostre sang ne sont point capables de posseder en heritage ton Royaume, de toute nostre affection & en ferme fiance nous nous rendions entierement à ton cher Fils Jesus nostre Seigneur, seul Sauveur & Redempte [...] afin que lui habitant en nous, mortifie nostre vieil Adam, nous renouvellant en u [...] meilleure vie, par laqùelle ton Nom, selon qu'il est saint & digne, soit exalté & glorifié par tout & en toutes places. Pareillement que tu ayes la seigneurie & le gonvernement sur nous tous: & que journellement & de plus en plus nous apprenions [...] nous soûmettre & assujettir à ta Majesté: tellement que tu sois Roi & Dominateur par tout, conduisant ton peuple par le sceptre de ta Parole & par la vertu de ton Esprit, & confondant tes ennemis par la force de ta verité & justice.
Et ainsi, que toute puissance & hautesse contrevenante à ta gloire soit de jour en jour détruite & abolie, jusques à ce que l'accomplissement de ton Royaume vien [...]e, & que la perfection en soit du tout essablie, quand tu apparoistras en jugement en la personne de ton Fils. Que nous avec toutes les creatures te rendions une vraye & parfaite obeïssance: ainsi que tes Anges celestes ne demandent sinon d'executer tes commandemens: & que par ce moyen ta volonté soit accomplie sans nulle contradiction, & que tous se rangent à te servir & complaire, renonçans à leur propre vouloir, & à tous les desirs de leur chair. Que nous cheminans en l'amour & en la crainte de ton Nom, soyons nourris par ta bonté [...] & que tu nous donnes toutes choses qui nous sont necessaires & expedientes pour manger nostre pain paisiblement, afin que voyans que tu as soin de nous, nous te reconnoissions mieux nostre Pere, & attendions tous biens de ta main, ostans & retirans nostre fiance de toutes les creatures, pour la mettre entierement en toi & en ta benignité. Et parce que durant cett: vie mortelle nous sommes pauvres pecheurs, si pleins de fragilité que nous defaill [...]s assiduellement, & nous fourvoyons de [...] droite voye: qu'il te plaise nous pardonner nos fautes, par lesquelles nous sommes redevables à ton jugement, & que par cette remission tu nous delivres de l'obligation de la mort eternelle en laquelle nous soames. Qu'il te plaise donc ne nous imp [...] ter point le mal qui est en nous: tout airsi que par ton commandement nous oublioes les injures qu'on nous sait: & au lieu de chercher la vengeance, procurons le bien de nos ennemis.
Finalement, qu'il te plaise pour l'averir nous soustenir par ta vertu, afin que par l'infirmité de nostre chair nous ne treouchions point. Et d'autant que de nousmesmes nous sommes si debiles, que nous ne pourrions demeurer fermes une minue de temps: D'autre part, que nous sommes circuis & assaillis continuellement de tart d'ennemis, que le diable, le monde, le [Page]Peché, & nostre propre chair ne cessent de [...]ous faire la guerre: vueille nous forti [...]er par ton Saint Esprit, & nous armer de [...]es graces, afin que nous puissions constam [...]ient resister à toutes tentations, & perseverer en cette bataille spirituelle, jusques à ce que nous obtenions une pleine victoire, pour triompher eternellement en ton Royaume avec nostre Capitaine & Protecteur nostre Seigneur Jesus Christ, Amen.
Le jour qu'on doit celebrer la sainte Cene, [...] adjouste au precedent ce qui s'ensuit.
ET comme nostre Seigneur Jesus non seulement t'a une fois ossert en la croix son corps & son sang pour la remission de nos pechez, mais aussi nous les veut communiquer pour nourriture en vie eternelle, fai nous cette grace, que d'une vraye sincerité de coeur & d'un rele ardent nous recevions de lui un si grand benefice: c'est qu'en certaine soi nous jouïssions de son corps & de son sang, soire de lui tout entierement, comme lui estant vrai Dieu & vrai homme, est veritablement le saint pain celeste pour nous vi [...]ifier: afin que nous ne vivions plus en rous-mesmes & selon nostre nature, laquelle est toute corrompuë & vicieuse: mais que lui vive en nous, pour nous conduire à la vie sainte, bien-heureuse, & permanente à jamais: Que par ce moyen nous soyons faits vrayement participans du nou [...]eau & eternel Testament, assavoir de l'alliance de grace: estans certains & asseurez que ton bon plaisir est de nous estre eternellement l'ere propice, ne nous imputant point nos fautes: & comme à tes enfans & heritiers bien-aimez, de nous pourvoir de toutes choses necessaires tant au corps comme à l'ame: afin qu'incessamment nous te rendions gloire & actions de graces, & magnifions ton Nom par oeuvres & par paroles. Donne nous donc en cette maniere, Pere celeste, de celebrer aujourd'hui la memoire bien-heureuse de ton cher Fils, nous exercer en elle, & annoncer le benefice de sa mort: afin que recevans nouvel accroissement & fortification en foi & en tout bien: de tant plus grande fiance nous te nommions nostre Pere, & nous glorifions en toi, Amen.
Apres avoir achevé la sainte Cene, on use de cette action de graces, ou semblable.
PEre celeste, nous te rendons loüanges & graces eternelles, de ce que tu nous as elargi un tel bien à nous pauvres pecheurs, de nous avoir attirez à la Communion de ton Fils Jesus Christ nostre Seigneur, l'ayant livré pour nous à la mort, & nous le donnant en viande & nourriture de vie eternelle. Maintenant aussi ottroye nous ce bien, de ne permettre que jamais nous mettions en oubli ces choses, mais plûtost que les ayans imprimées en nos coeurs nous croissions & augmentions assiduellement en la Foi, laquelle fructisie en toutes nos bonnes oeuvres, & qu'en ce faisant nous ordonnions & poursuivions toute nostre vie à l'avancement de ta gloire, & à l'edification de nos prochains, par icelui Jesus Christ ton Fils, qui en l'unité du saint Esprit vit & regne avec toi Dieu benit eternellement, Amen.
La benediction qu'on fait au depart du peuple, selon que nostre Seigneur avoit ordonné en la Loi, Nombre 6.
LE Seigneur vous benisse, & vous conserve. Le Seigneur face luire sa face sur vous, & vous soit propice. Le Seigneur retourne son visage envers vous, & vous maintienne en bonne prosperité, Amen.
D'autant que l'Ecriture nous enseigne que les pestes, les guerres & autres telles adversitez. sont des visitations de Dieu, par lesquelles il punit nos pechez: quand nous les voyons venir, il nous faut reconnoistre que Dieu est courrovcé contre nous: & alors, si nous sommes vrais fideles, nous avons à reconnoistre nos fautes pour nous desplaire en nous-mesmes, retournans au Seigneur en repentance & amendement de vie: & à le prier en vraye humilité, afin d'obtenir pardon.
A cette cause, si nous voyons quelquefois que Dieu nous menace: afin de ne point tenter sa vatience, mais plûtost prevenir son jugement, lequel autrement nous voyons estre alors appareillé, il est bon d avoir un jour or donné toutes les semaines, auquel specialement ces choses soient remontrées, & duquel on face des prieres & supplications, selon l'exigence du temps.
Dont s'ensuit une forme propre à cela.
Pour le commencement du Sermon, il y a la confession generale des Dimanches cy-dessus mise.
En la fin du Sermon, ayant fait les remontrances comme Dieu afflige maintenant les hommes à cause des crimes qui se commettent sur toute la terre, & que le monde est abandonnē à toute iniquité: apres aussi avoir exhorté le peuple à se convertir & amender sa vie, pareillement à prier Dieu pour obtenir misericorde, on use de la forme d'oraison qui s'ensuit.
DIeu tout-puissant, Pere celeste, nous reconnoissons en nous-me [...]mes, & confessons, comme la verité est, que nous ne sommes pas dignes de lever les yeux au Ciel pour nous presenter devant ta face: que nous ne devons pas tant presumer que nos oraisons soient exaucées de toi, si tu regardes ce qui est en nous. Car nos consciences nous accusent, & nos pechez rendent témoignage contre nous: & nous sçavons que tu es juste Juge, qui ne justifies pas les pecheurs & iniques, mais punis les fautes de ceux qui ont transgressé tes commandemens. Ainsi, Seigneur, en considerant toute nostre vie, nous sommes confus en nos coeurs, & ne pouvons autre chose sinon nous abbatre & desesperer, comme si nous estions déja. és abysmes de la mort. Toutefois, Seigneur, puis qu'il t'a pleu par ta misericorde infinie de nous commander que nous t'invoquions au jour de nostre détresse; & d'autant plus que nous defaillons en nous mesmes, que nous ayons nostre refuge à ta souveraine bonté: puis aussi que tu nous as promis de recevoir nos requestes & supplications, non [Page]point en considerant quelle est nostre propre dignité, mais au nom & par le merite de nostre Seigneur Jesus Christ, lequel tu nous as constitué Intercesseur & Advocat, renoncans à toute fiance humaine, nous prenons hardiesse en ta seule bonté, pour nous adresser devant toi, & invoquer ton saint Nom pour obtenir misericorde.
Premierement, Seigneur, outre les benefices infinis que tu distribuës communement à tous les hommes de la terre, tu nous as fait tant de graces speciales qu'il nous est impossible de les reciter, n'y mesmes sussisamment comprendre.
Singulierement, il t'a pleu nous appeller à la connoissance de ton saint Evangile, nous retirant de la miserable servitude du diable où nous essions, nous delivrant de la maudite idolatrie & des superstitions oû nous estions plongez, pour nous conduire en la lumiere de ta verité. Et neanmoins, par ingratitude & méconnoistance, ayans oublié les biens que nous avons receus de ta main, nous avons decliné, nous destournans de toi apres nos convoitises: nous n'avons pas rendu l'honneur ni l'obeïssance à ta sainte Parole telle que nous devions: nous ne t'avons point exalté & magnifié comme il appertenoit: & bien que tu nous ayes toûjours fidelement admonestez par ta Parole, nous n'avons point écouté tes remontrances. Nous avons donc peché, Seigneur, nous t'avons offensé, pourtant nous recevons confusion sur nous & ignominie, reconnoissans que nous sommes griévement coulpables devant ton jugement: & que si tu nous voulois traitter selon que nous en sommes dignes, nous ne pouvons attendre que mort & damnation. Car quand nous voudrions nous excuser. nostre conscience nous accuse, & nostre iniquité est devant toi pour nous condamner. Et de fait, Seigneur, nous voyons par les chastimens qui nous sont déja avenus, comme tu as esté à bon droit courroucé contre nous. Car puis que tu es juste & equitable, ce n'est pas sans cause que tu affliges les tiens. Ayans donc esté battus de tes verges, nous reconnoissons que nous t'avons irrité contre nous. Et maintenant nous voyons encore ta main levée pour nous punir: car les glaives dont tu as accoûtumé d'executer ta vengeance sont maintenant déployez, & les menaces que tu fais contre les pecheurs & iniques sont toutes appareillées.
Or quand tu nous punirois beaucoup plus rigoureusement que tu n'as fait jusques à cette heure, & que pour une playe nous aurions à en recevoir cent: mesmes que les maledictions, desquelles tu as autrefois corrigé les fautes de ton peuple d'Israël tomberoient sur nous: nous confessons que ce seroit à bon droit, & ne contredisons pas que nous ne l'ayons bien merité.
Toutefois. Seigneur, tu es nostre Pere, & nous ne sommes que terre & sange: tu us nostre Createur, & nous sommes les oeuvres de tes mains: tu es nostre Pasteur, nous sommes ton troupeau: tu es nostre Redempteur, nous sommes le peuple que tu as racheté: tu es nostre Dieu, nous sommes ton heritage. C'est pourquoi te te courrouce point contre nous pour nous corriger en ta fureur. N'aye point memoire de nostre iniquité pour la punir: mais chastie nous doucement en ta benignité. Pour nos demerites ton ire est enssammée: mais qu'il te souvienne que ton Nom est invoque sur nous, & que nous portons ta marque & ton enseigne. Entretien plûtost l'oeuvre que tu as commencé en nous par ta grace, afin que toute la terre connoisse que tu es nostre Dieu & Sauveur. Tu sçais que les morts qui sont és enfers, & ceux que tu auras défaits & confondus, ne te louëront point: mais les ames tristes & desolées, les coeurs abbatus, les consciences oppressées du sentiment de leur mal, & assamées du desir de ta grace, te donneront gloire & loüange. Ton peuple d'is [...]aël t'a provoqué à ire plusieurs fois par son iniquité: tu l'as assligé par ton juste jugement: mais quand il s'est converti à toi, tu l'as toûjours receu à pitié. Et quelques griéves que fussent ses offenses, pour l'amour de ton alliance que tu avois faite avec tes serviteurs, Abraham, Isaac, & Jacob, tu as destourné tes verges & maledictions qui leur estoient preparées, tellement que leurs oraisons n'ont jamais esté repoussées de toi. Nous avons par ta grace une alliance beaucoup meilleur que nous te pouvons alleguer: assavoir celle que tu nous as faite & establie en la main de Jesus Christ nostre Sauveur, laquelle tu as voulu estre écrite de son lang, & ratifiée par sa mort & passion. Pourtant, Seigneur, renonçans à nous-mesmes & à toute esperance humaine, nous recourons à cette alliance bien heureuse, par laquelle nostre Seigneur Jesus t'offrant son corps en sacrifice nous a reconciliez à toi. Regarde donc, Seigneur, en la face de ton Christ, & non pas en nous: afin que par son intercession ton ire soit appaisee, & que ton visage reluise sur nous en joye & salut, & d'oresnavant vueille nous recevoir en ta sainte conduite, & nous gouverner par ton Esprit qui nous regenere en une meilleure vie, par laquelle Ten Nom soit sanctisié.
Et bien que nous ne soyons pas dignes d'ouvrir la bouche pour nous mesmes, & de te requerir en nostre necessité: neanmoins puis qu'il t'a pleu nous commander de prier les uns pour les autres, nous te prions pour tous nos pauvres freres & membres, que tu visites de tes verges & chastimens, te supplians de détourner ton ire d'eux: nommément pour N. N. Qu'il te souvienne, Seigneur, qu'ils sont tes enfans comme nous: & bien qu'ilst'ayent ossense, ne laisse pas de poursuivre sur eux ta bonté & misericorde, laquelle tu as promise devoir estre perpetuelle envers tous tes sideles. Vueilles donc regarder en pitié toutes tes Eglises, & tous les peuples que tu as maintenant assligez ou par peste, ou par guerre: les personnes battuës de tes verges, soit de maladie, prison ou pauvreté, [Page]les consolant tous selon que tu connois qu'ils en ont besoin, & en leur faisant profiter tes chastimens à leur correction, les confirmer en bonne patience, & moderer ta rigueur: & enfin en les delivrant; leur donner pleine matiere de se réjouïr en ta bonté & de benir ton saint Nom. Singulierement qu'il te plaise avoir l'oeil sur ceux qui travaillent pour la querelle de ta verité, tant en general qu'en particulier, pour les confirmer en constance invincible, les dessendre, les assister en tout & par tout, renversant toutes les pratiques & complots de leurs ennemis & les tiens: tenant leur rage bridée, les rendant confus en l'audace qu'ils entreprennent contre toi & les membres de ton Fils. Et ne permets point que la Chrestienté soit du tout desolée: ne permets point que la memoire de ton Nom soit abolie en la terre: ne permets point que ceux sur lesquels tu as voulu que ton Nom fust invoqué, perissent: & que les Turcs, Payens, & autres Infideles se glorifient en te blasphemant.
Nous te prions aussi, Pere celeste, pour tous Princes & Seigneurs tes serviteurs, ausquels tu as commis le regime de ta justice: & singulierement pour N. N. Qu'il te plaise leur communiquer à tous ton Esprit, seul bon & vrayement principal, journellement leur augmenter: tellement que reconnoissans en vraye foy Jesus Christ ton Fils nostre Seigneur estre le Roi des Rois & Seigneur sur tous Seigneurs, comme tu lui as donné toute puissance au ciel & en la terre, ils cherchent de le servir & exalter son regne en leur domination, gouvernans leurs sujets, qui sont les creatures de tes mains, & les brebis de ta pasture, selon ton bon plaisir: afin que tant ici que par toute la terre estans maintenus en bonne paix, nous te servions en toute sainteté & honnesteté: & qu'estans delivrez de la crainte de nos ennemis, nous te puissions rendre loüanges en toute nostre vie.
Aussi nous te prions, Pere veritable & Sauveur, pour tous ceux que tu as ordonnez Pasteurs à tes fideles, & ausquels tu as commis la charge des ames & la dispensation de ton sacré Evangile: que tu les conduises par ton saint Esprit, afin qu'ils soient trouvez fideles & loyaux ministres de ta gloire; ayans toûjours ce but, que toutes les pauvres brebis égarées soient recueillies & reduites au Seigneur Jesus Christ, principal Pasteur, & Prince des Evesques: afin que de jour en jour elles profitent & accroissent en lui à toute justice & sainteté. D'autre part, vueille delivrer toutes tes Eglises de la gueule des loups ravissans, & de tous mercenaires qui cherchent seulement leur ambition ou profit, & non point l'exaltation de ton saint Nom, & le salut de ton troupeau.
Apres, nous te prions, Dieu tres-benin & Pere misericordieux, pour tous hommes generalement, que comme tu veux estre reconnu Sauveur de tout le monde en la redemption faite par ton Fils Jesus Christ, que ceux qui sont encore estranges de sa connoissance, estans en tenebres & captivité d'erreur & d'ignorance, par l'illumination de ton S. Esprit, & par la predication de ton Evangile, soient reduits à la droite voye de salut qui est de te connoistre seul vrai Dieu, & celui que tu as envoyé, Jesus Christ: que ceux que tu as déja visitez par ta grace, & illuminez par la connoissance de ta Parole, croissent journellement en bien, estans enrichis de tes benedictions spirituelles, afin que tous ensemble t'adorions d'un coeur & d'une bouche, & donnions honneur & hommage à ton Christ, nostre Maistre, Roi & Legislateur.
La Forme d'administrer le BAPTESME.
Il est à noter qu'on doit apporter les enfans pour baptiaer, ou le Dimanche, ou les autres jours au Sermon: afin que comme le Baptesme est une reception solennelle en l'Eglise, il se face en la presence de l'assemblée.
Le Sermon estant achevé on presente l'enfant. Et alors le Ministre commence à dire,
Nostre aide soit au Nom de Dieu qui a fait le ciel & la terre. Amen.
Presentez-vous cét enfant pour estre baptizé?
Ouï.
NOstre Seigneur nous montre en quelle pauvreté & misere nous naissons tous, en nous disant qu'il nous faut renaistre. Car s'il faut que nostre nature soit renouvellée pour avoir entrée au Royaume de Dieu, c'est signe qu'elle est du tout perverse & maudite. En cela donc il nous admoneste de nous humilier & nous déplaire en nous-mesmes: & en cette maniere il nous prepare a desirer & requerir sa grace, par laquelle toute la perversité & malediction de nostre premiere nature soit abolie. Car nous ne sommes pas capables de la recevoir, que premierement nous ne soyons vuides de toute fiance de nostre vertu, sagesse, & justice, jusques a condamner tout ce qui est en nous.
Or quand il nous a remontré nostre malheur, il nous console semblablement par sa misericorde, nous promettant de nous regenerer par son saint Esprit en une nouvelle vie, laquelle nous soit une entrée en son Royaume. Cette regeneration consiste en deux parties: c'est, que nous renoncions à nous-mesmes, ne suivans point nostre propre raison, nostre plaisir & propre volonté: mais que c [...]ptivans nostre entendement & nostre coeur à la sagesse & justice de Dieu, nous mortifions tout ce qui est de nous & de nostre chair: puis apres, que [Page]nous suivions la lumiere de Dieu, pour complaire & obtemperer à son bon plaisir, comme il nous le montre par sa parole, & nous y conduit par son Esprit. L'accomplissement de l'un & de l'autre est nostre Seigneur Jesus, duquel la mort & passion a une telle vertu, qu'en y participant nous sommes ensevelis à peché, afin que nos convoitises charnelles soient mortifiées. Pareillement, par la vertu de sa resurrection nous ressuscitons en une nouvelle vie, qui est de Dieu, entant que son Esprit nous conduit & gouverne, pour faire en nous les oeuvres qui lui sont agreables. Toutefois le premier & principal poinct de nostre salut, c'est que par sa misericorde il nous remet toutes nos fautes, ne nous les imputant point, mais en effaçant la memoire, afin qu'elles ne nous viennent point en conte en son jugement. Toutes ces graces nous sont conferées quand il lui plaist de nous incorporer en son Eglise par le Baptesme: car en ce Sacrement il nous testifie la remission de nos pechez. Et pour cette cause il a ordonné le signe de l'eau, pour nous figurer que comme par cét element les ordures corporelles sont nettoyées, ainsi il veut laver & purifier nos ames, afin qu'il n'y apparoisse plus aucune macule. Puis apres il nous represente nostre renouvellement, lequel gist (comme il a esté dit) en la mortification de nostre chair, & en la vie spirituelle laquelle il produit en nous.
Ainsi nous recevons double grace & benefice de nostre Dieu au baptesme, moyennant que nous n'aneantissions point la vertu de ce Sacrement par nostre ingratitude: c'est que nous y avons un certain témoignage que Dieu nous veut estre Pere propice, ne nous imputant point nos fautes & offenses. Secondement, qu'il nous assislera par son Saint Esprit, afin que nous puissions batailler contre le diable, le peché, & les convoitises de nostre chair jusques à en avoir victoire, pour vivre en la liberté de son regne, qui est le regne de justice.
Puis donc qu'ainsi est que ces deux choses sont accomplies en nous par la grace de Jesus Christ, il s'ensuit que la vertu & substance du Baptesme est comprise en lui. Et de fait nous n'avons point d'autre lavement que son sang, ni d'autre renouvellement qu'en sa mort & resurrection. Mais comme il nous communique ses richesses & benedictions par sa Parole, ainsi il nous les distribuë par ses Sacremens.
Or nostre bon Dieu ne se contentant point de nous avoir adoptez pour ses enfans, & receus en la communion de son Eglise, a voulu encore estendre plus amplement sa bonté sur nous. C'est en nous promettant qu'il sera nostre Dieu & de nostre lignée, jusques en mille generations. Pourtant, bien que les enfans des fideles soient de la race corrompuë d'Adam, il ne laisse pas toutefois de les accepter par la vertu de cette alliance, pour les avoiier au nombre des siens. A cette cause il a voulu dés le commencement qu'en son Eglise les enfans receussent le signe de la Circoncision, par lequel il representoit alors tout ce qui nous est aujourd'hui montré par le Baptesme, Et comme il commandoit qu'ils fussent circoncis, aussi il les avoüoit pour ses enfans, & se disoit estre leur Dieu comme de leurs peres.
Maintenant donc, puis que le Seigneur Jesus est descendu en la terre, non point pour amoindrir la grace de Dieu son Pere: mais pour épandre l'alliance de salut par tout le monde, laquelle estoit pour lors enclose entre le peuple des juifs: il n'y a point de doute que nos enfans ne soient heritiers de la vie qu'il nous a promise. Et pourtant saint l'aul dit que les enfans des fideles sont Saints, pour les discerner d'entre les enfans des Payens & infideles. Pour cette raison nostre Seigneur Jesus Christ a receu les enfans qu'on lui presentoit, comme il est écrit au 19. chapitre de saint Matthieu: Alors lui surent presentez des petits enfans, afin qu'il mist les mains sur eux, & qu'il priast: mais les disciples les reprenoient. Et Jesus leur dit, Laissez les petits enfans venir à moi, & ne les empeschez point: car à tels est le Royaume des cieux.
Puis qu'il denonce que le Royaume des cieux leur appartient, qu'il leur impose les mains, & les recommande à Dieu son Pere; il nous instruit sussisamment que nous ne les devons point exclurre de son Eglise. En suivant donc cette regle, nous recevrons cét enfant en son Eglise, afin qu'il soit fait participant des biens que Dieu a promis à ses fideles. Et premierement nous lui presenterons par nostre oraison, disans tous de coeur humblement:
SEigneur Dieu, Pere eternel & tout-puissant, puis qu'il t'a pleu par ta clemence infinie nous promettre que tu seras Dieu de nous & de nos enfans, nous te prions qu'il te plaise de confirmer cette grace en l'enfant present, engendré de pere & de mere, que tu as appellez en ton Eglise: & comme il t'est offert & consacré de par nous, que tu le vueilles recevoir en ta sainte protection, te deelarant estre son Dieu & Sauveur, en lui remettant le peché originel, duquel est coupable toute la lignée d'Adam: puis apres le sanctifiant par ton Esprit, asin que quand il viendra en âge de connoissance, il te reconnoisse & adore comme son seul Dieu, te glorifiant en toute sa vie, pour obtenir toûjours de toi remission de ses pechez. Et afin qu'il puisse obtenir telles graces, qu'il te plaise l'incorporer en la communion de nostre Seigneur Jesus, pour estre participant de tous ses biens, comme l'un des membres de son corps. Exauce nous, Pere de misericorde, afin que le Baptesme que nous lui communiquons selon ton ordonnance, produise son fruit & sa vertu telle qu'elle nous est declarée par ton Evangile.
[Page]Nostre Pere qui es és cieux: Ton Nom soit: sanctisié. Ton regne vienne. Tu volonté soit faite en la terre comme au ciel. Donne nous aujourd'hui nostre pain quotidien. Et nous pardonne nos offenses commenous pardonnons à ceux qui nous ont offensez. Et ne nous indul point en tentation, mais delivre nous du malin. Car à toi est le regne, la puissance, & la gloire, es siecles des siecles, Amen.
Puis qu'il est question de recevoir cét enfant en la compagnie de l'Eglise Chrestienne, vous promettez, quand il viendra en âge de discretion, de l'instruire en la doctrine qui est receuë au peuple de Dieu, comme elle est sommairement comprise en la Confession de foi que nous avons tous, assavoir, Je croi en Dieu le Pere tout-puissant, &c.
Vous promettez donc de mettre peine de l'instruire en toute cette doctrine, & generalement en tout ce qui est contenu en la sainte Ecriture du viel & nouveau Testament, a ce qu'il le reçoive comme certaine parole de Dieu venante du ciel. Item vous l'exhorterez à vivro felon la regle que nostre Seigneur nous a baillee en la Loi, laquelle sommairement consiste en ces deux points, Que nous aimions Dieu de tout nostre sens, nostre coeur & puissance: & nostre prochain comme nousmesmes. l'areillement selon les admonitions qu'il a faites par ses Prophetes & Apostres, à ce que cét enfant renoncant à soi-mesme & à ses propres convoitises, se dedie & consacre à glorifier le Nom de Dieu & de Jesus Christ, & à edifier ses prochains.
Apres la promesse faite, on, impose le nom à l'enfant, & alors le Ministre le baptize; en disant.
N. Je te baptize au Nom du Pere, & du Fils, & du S. Esprit.
Le tout se dit à haute voix en laugue vulgaire, d'autant que le peuple qui assiste là, doit estre témoin de ce qui s'y fait, à quoi est requise l'intelligence: & aussi asin que tous soyent edifiex, en reconnoissant & reduisant en memoire quel est le fruit & l'usage de leur Baptesme.
La maniere de celebrer la Sainte CENE.
Il faut noter que le Dimanche devant que la Sainte Cene soit celebrée, on le denonce au peuple: Premierement, afin que chaçun se prepare & dispose d la recevoir dignement & en telle reverence qu'il appartient. Secondement, qu'on n'y presente point les enfans, sinon qu'ils soient bien instruits, & ayent fait profession de leur foi en l'Eglise. Tiercement, afin que s'il y a des estrangers qui soient encores rudes & ignorans, ils viennent se presenter pour estre instruits en particulier. Le jour qu'on la fait, le Ministre en touche en la fin du Sermon: ou bien s'il est necessaire en fait le Sermon entierement, pour exposer au peuple ce que nostre Seigneur veut dire & signifier par ce mystere, & en quelle sorte il nous le faut recevoir.
Puis, apres avoir fait les prieres & la confession de foi, pour testifier au nom du peuple que tous veulent vivre & mourir en la doctrine & religion Chrestienne, il dit à haute voiut.
ESCOUTONS mes freres. comme Jesus Christ nous a institué sa sainte Cene selon que saint Paul le recite au chap. [...].de la premiere Epistre aux Corinthiens.
J'ai recen, dit-il, du Seigneur ce que je vous ai baillé. C'est que le Seigneur Jesus en la nuict qu'il fut livré prit du pain, & apres avoir rendu graces le rompit, & dit, Prenez, mangez, ceci est mon corps qui est rompu pour vous, faites ceci en memoire de moi. Semblablement, apres avoir soupé, il prit la coupe, disant, Cette coupe est le nouveau Testament en mon sang: saites ceci, toutesfois & quantes que vous en boirez, en memoire de moi: c'est que quand vous mangerez de ce pain, & boirez de cette coupe, vous annoncerez la mort du Seigneur jusques à ce qu'il vienne. Partant qaiconque mangera de ce pain, ou boira de la coupe du Seigneur indignement, sera coupable du corps & du sang du Seigneur. Qu'un chacun donc s'éprouve soimesme, & ainsi qu'il mange de ce pain, & qu'il boive de cette coupe: Car quiconque en mange & en boit indignement, mange & boit sa condamnation, ne discernant point le corps du Seigneur.
Nous avons ouï, mes freres, comment nostre Seigneur a fait sa Cene entre ses disciples, & par cela il nous demontre que les estrangers, c'est à dire, ceux qui ne sont point de la compagnie de ses fideles, n'y doivent point estre admis. C'est pourquoi suivant cette regle, au nom & en l'authorité de nostre Seigneur Jesus Christ, j'excommunie tous idolatres, blasphemateurs, contempteurs de Dieu, heritiques, & toutes gens qui font fectes à part pour rompre l'union de l'Eglise: tous parjures, tous ceux qui sont rebelles à peres & à meres, & à leurs superieurs, tous seditieux, mutins, bateurs, noiseux, adulteres, paillards, larrons, avaricieux, usuriers, ravisseurs, yvrognes, gourmands, & tous ceux qui menent une vie scandaleuse: leur denonçant que s'ils ne se repentent ils ayent à s'abstenir de cette sainte table, de peur de polluër & contaminer les viandes sacrées que nostre Seigneur Jesus Christ ne donne sinon à ses domestiques & fideles.
Pourtant, selon l'exhortation de saint Paul, qu'un chacun éprouve & examine sa conscience, pour sçavoir s'il a une vraye repentance de ses fautes & s'y déplaist, desirant de vivre d'oresnavant saintement & selon Dieu. Sur tout s'il a sa fiance en la [Page]misericorde de Dieu, & cherche entierement son salut en Jesus Christ; & renonçant à toute inimitié & rancune, a bonne intention & courage de vivre en concorde & charité fraternelle avec ses prochains.
Si nous avons ce témoignage en nos coeurs devant Dieu, ne doutons nullement qu'il ne nous avouë pour ses enfans, & que le Seigneur Jesus n'adresse sa parole à nous pour nous introduire à sa table, & nous presenter ce saint Sacrement, lequel il a communiqué à ses Disciples.
Et bien que nous sentions en nous beaucoup de fragilité, & de miserè, comme de n'avoir point la foi parfaite, mais d'estre enclins à incredulité & defiance: comme de n'estre point entiérement si adonnez a servir Dieu & d'un tel zele que nous devrions, mais d'avoir à batailler journellement contre les convoitises de nostre chair: neanmoins, puis que nostre Seigneur nous a fait cette grace d'avoir son Evangile imprimé en nostre coeur pour resister à toute incredulité, & nous a donné ce desir & affection de renoncer à nos propres desirs pour suivre sa justice & ses faints commandemens: soyons tous certains que les vices & imperfections qui sont en nous n'empescheront point qu'il ne nous reçoive & nous face dignes d'avoir part en cette table spirituelle. Car nous n'y venons point pour protester que nous soyons parfaits ni justes en nous-mesines: mais au contraire, en cherchant nostre vie en Jesus Christ, nous confessons que nous sommes en la mort. Entendons donc que ce Sacrement est une medecine pour les pauvres malades spirituels, & que toute la dignité que nostre Seigneur requiert de nous; c'est de nous bien reconnoistre pour nous déplaire en nos vices, & avoir tout nostre plaisir, joye & contentement en lui seul.
Premierement donc croyons à ces promesses, que Jesus Christ, qui est la verité infaillible, a prononcées de sa bouche: assavoir, qu'il nous veut vrayement faire participans de son corps, & de son sang, afin que nous le possedions entierement: en telle sorte qu'il vive en nous, & nous en lui. Et bien que nous ne voyons que d [...] pain & du vin, toutefois ne doutons point qu'il n'accomplisse spirituellement en [...]s ames tout ce qu'il nous demontre exte [...]ieurement par ces signes visibles: c'est à dire, qu'il est le pain celeste pour nous repaistre & nourrir à vie eternelle. Ainst, que nous ne soyons point ingrats à la bonté infinie de nostre Sauveur, lequel déploye toutes ses richesses & ses biens en cette tàble pour nous les distribuer. Car en se donnant à nous, il nous rend témoignage que tout ce qu'il a est nostre. Partant recevons ce Sacrement comme un gage, que la vertu de sa mort & passion nous est imputée à justice, tout ainsi que si nous l'avions sousserte en nos propres personnes. Que nous ne soyons point si pervers de nous reculer, où Jesus Christ nous convie si doucement par sa Parole: mais en reputant la dignité de ce don precieux qu'il nous fait, presentons nous à lui d'un zele ardent, afin qu'il nous face capables de le recevoir.
Pour ce faire, élevons nos esprits & nos coeurs en haut, où est Jesus Christ en la gloire de Dieu son Pere, & d'où nous l'attendons en nostre redemption. Et ne nous amusons point à ces elemens terriens & corruptiblés que nous voyons à l'oeil & touchons à la main, pour le chercher li, comme s'il estoit enclos au pain ou au vin. Car alors nos ames seront disposées à estre nourries & vivifiées de sa substance, quand elles seront ainsi élevées pardessus toutes choses terrestres, pour atteindre jusques au ciel, & entrer au Royaume de Dieu où il habite. Contentons nous donc d'avoir le pain & le vin pour signes & témoignages, cherchans spirituellement la verité où la Parole de Dieu promet que nous la trouverons.
Cela fait, les Ministres distribuent le pain & la coupe au peuple, ayant adverti qu'on y vienne avec reverence & en bon ordre. Cependant on chante quelques Pseaumes, ou on lit quelque chose de l'Ecriture, convenable à ce qui est signifié par le Sacrement.
En la fin on use d'action de graces, comme il a esté dit.
La maniere de celebrer le MARIAGE.
Il faut noter que devant que de celebrer le Mariage, on le publie en l'Eglise par trois Dimanches: asin que si quelqu'un y sçdvoit quelque empeschement, il le vinst denoncer de bonne heure: ou si aucun y avoit interest qu'il s'y peust opposer.
Cela fait, les parties se viennent presenter au commencement du sermon. Alors le Ministre dit:
Nostre aide soit au Nom de Dieu qui a fait le ciel & la terre, Amen.
DIEU nostre Pere apres avoir crée le ciel & la terre, & tout ce qui est en eux, crea & forma l'homme a son image & semblance, qui eust la domination & seigneurie sur les bestes de la terre, les poissons de la mer, & les oiseaux du ciel: disant apres avoir creé l'homme, il n'est pas bon que l'homme soit seul, faisons lui un aide semblable à lui. Et nostre Seigneur sit tomber un gros sommeil sur Adam: & ainsi qu'Adam dormort, Dieu prit une de ses costes & en forma Eve: donnant à entendre que l'homme & la femme ne sont qu'un corps, une chair, & un sang. C'est pourquoi l'homme laisse pere & mere, & est adherant à sa semme, laquelle il doit aimer ainsi que Jesus aime son Eglise, c'est à dire, les vrais Fideles & Chrestiens, pour lesquels il est mort. [Page] [...]t aussi la femme dolt servir & obeïr à [...]on mari en toute sainteté & honnesteté, [...]ar elle sujette & en la puissance du mari [...]ant qu'elle vit avec lui. Et ce saint Maria [...]ge institué de Dieu est de telle vertu, que [...]par icelui le mari n'a point la puissance de son corps, mais la femme: aussi la femme n'a point la puissance de son corps, mais le mari. C'est pourquoi estans conjoints de Dieu, ils ne peuvent estre separez, si ce n'est pour quelque temps du consentement de l'un & de l'autre, pour vaquer à jeusne & oraison: gardans bien d'estre tentez de Satan par incontinence. Et partant ils doivent retourner ensemble. Car pour éviter la paillardise, un chacun doit avoir sa femme, & une chacune femme son mari: tellement que tous ceux qui n'ont point le don de continence sont obligez par le commandement de Dieu de se marier: afin que le saint temple de Dieu, c'est à dire nos corps, ne soient point violez & corrompus. Car puis que nos corps sont les membres de Jesus Christ, ce seroit un trop grand outrage d'en faire les membres d'une paillarde. C'est pourquoi on les doit garder en toute sainteté. Car si aucun viole le temple de Dieu, Dieu le destruira.
Vous donc (nommant l'espoux & l'espouse) N. & N. ayans la connoissance que Dieu l'a ainsi ordonné, voulez vous vivre en ce saint estat de Mariage, que Dieu a si grandement honoré? avez vous un tel propos comme vous témoignez ici devant sa sainte assemblée, demandans qu'il soit approuvé?
Ouï.
Je vous prens tous qui estes ici presens en témoins, vous priant d'en avoir souvenance. Toutefois s'il y a aucun qui y sçathe quelque empeschement, ou qu'aucun d'eux soit lié par mariage avec autre, qu'il le die.
Si personne n'y contredit, le Ministre dit ainsi:
Puis qu'il n'y a personne qui contredise, & qu'il n'y a point d'empeschement, nostre Seigneur Dieu confirme le saint propos qu'il vous a donné, & vostre commencement soit au Nom de Dieu qui a sait le ciel & la terre, Amen.
Le Ministre parlant à l'espoux, dit ainsi:
Vous N. Confessez ici devant Dieu & sa sainte assemblée, que vous avez pris & prenez pour vostre femme & espouse N. ici presente, laquelle vous promettez garder, en l'aimant & entretenant fidelement, ainsi que le devoir d'un vrai & fidele mari est à sa semme, vivant saintement avec elle, lui gardant foi & loyauté en toutes choses, selon la Parole de Dieu & son saint Evangile.
Ouï.
Puis parlant à l'espouse, il dit:
Vous N. confessez ici devont Dieu & sa sainte affemblée, que vous avez pris & prenez N. ici present pour vostre legitime mari, auquel vous promettez obeïr, lui servant & estant sujette, vivant saintement, lui gardant foi & loyauté en toutes choses, ainsi qu'une fidele & loyale espouse doit à son mari, selon la Parole de Dieu, & son saint Evangile?
Ouï.
Le Pere de toute misericorde, qui de sa grace vous a appellez à ce saint estat, pour l'amour de Jesus Christ son Fils, qui par sa sainte presence a sanctifié le Mariage, faisant là le premier miracle devant ses Apostres, vous donne son saint Esprit, pour le servir & honorer ensemble d'un commun accord, Amen.
Ecoutez l'Evangile, comme nostre Seigneur veut que le saint Mariage soit gardé, & comme il est ferme & indissoluble, selon qu'il est écrit en saint Matthieu au dixneufiéme chapitre: Les Pharisiens s'approcherent de lui, le tentans, & disans: Estil permis à l'homme de delaisser sa femme pour quelque occasion? Lui répondant, dit, N'avez-vous point leu, que celui qui fit l'homme dés le commencement, fit le masle & la femelle? & dit, pour ce l'homme delaissera pere & mere, & s'ajoindra à sa femme. & seront deux en une chair: & uinsi ils ne sont plus deux, mais une chair. Donc ce que Dieu a conjoint que l'homme ne le separe point.
Croyez à ces saintes paroles que nostre Seigneur Jesus a proferées, comme l'Evangeliste les recite: & soyez certains que nostre Seigneur Dieu vous a conjoints au saint Mariage. C'est pourquoi vivez sa intement ensemble, en bonne dilection, paix, & union: gardans vraye charité, foi, & loyauté l'un à l'autre, selon la parole de Dieu.
DIEU tout-puissant, tout-bon & tout-sage, qui dés le commencement as preveu qu'il n'estoit pas bon que l'homme fast seul, a cause dequoi tu lui as creé une aide semblable à lui, & as ordonné que deux fussent un: nous te prious & requerous humblement, puis qu'il t'a pleu appeller ceux-ci au saint estat de Mariage, que de ta grace & bonté, tu lear vueilles donner & envoyer ton saint Esprit, afin qu'en vraye & ferme foi, selon ta bonne volonté, ils y viyent saintement, surmontans toutes mauvaises affections, edifians les autres en toute honnesteté & chasteté, leur donnant ta benediction, ainsi qu'à tes fideles serviteurs Abraham, Isaac & Jacob: qu'ayans une sainte lignée, ils te loiient & servent, l'apprenans, & la nourrissans à ta loiiange & gloire, & à l'utilité du prochain, à l'avancement & exaltation de ton saint Evangile. Exauce nous, Pere de misericorde, par nostre Seigneur Jesus Christ ton tres-cher Fils, Amen.
Nostre Seigneur vous remplisse de toutes graces, & en tout bien vous donne de vivre ensemble longuement & saintement.
Avertissement aux Lecteurs touchant le Catechisme.
C'A esté une chose que l'Eglise a toûjours euë en une singuliere recommantlation, d'instruire les petits enfans en la doctrine Chrestienne. Et your ce faire, non seulement on avoit anciennement les Escoles, & commandoit-on à un chacun de bien endoctriner sa famille: man aussi l'ordre public estoit par les temples, d'examiner les petits enfans sur les points qui doivent estre communs entre tous les Chrestiens. Et afin de procéder par ordre, on usoit d'un for mulaire, qu [...]on nommoit CATECHISME. Depuis, le diable en dissipant l'Eglise, & faisant l'horrible ruine dont on voit encores les enseignes en la plûpart du monde, a détruit cette sainte police, & n'a laissé que je ne sçai quelles reliques, qui ne peuvent sinon engendrer superstition, sans aucunement edifier. C'est la Confirmation, qu'on appelle, où il n'y a que singeries, sans aucun fondement. Ainsi, ce que nous mettons en avant, n'est sinon l'usage qui de toute ancienneté à esté observe entre les Chrestiens: & n'a jamais esté delaissé, que quand l'Eglise a esté du tout corrompuë.
LE CATECHISME,
C'est à dire, LE FORMULAIRE D'INSTRUIRE les enfans en la Chrestienté, fait en maniere de Dialogue, où le Ministre interroge, & l'Enfant répond.
DES ARTICLES DE LA FOI.
DIMANCHE I.
QUelle est la principale fin de la vie humaine?
C'est de connoistre Dieu.
Pourquoi dis-tu cela?
Pource qu'il nous a créez & mis au monde pour estre glorifié en nous. Et il est bien raisonnable que nous rapportions nostre vie à sa gloire, puis qu'il en est le commencement.
Et quel est le souverain bien des hommes?
Cela mesme.
Pourquoi l'appelles-tu le souverain bien?
Pource que sans cela nostre condition est plus mal-heureuse que celle des bestes brutes.
Par cela donc nous voyons qu'il n'y a nul si grand mal-heur que de ne vivre pas selon Dieu?
Il est vrai.
Mais quelle est la vraye & droite connoissance de Dieu?
Quand on le connoist afin de l'honorer.
Quelle est la maniere de le bien honorer?
C'est que nous ayons toute nostre fiance en lui: que nous le servions en obeïssant à sa volonté: que nous le requerions en toutes nos necessitez, cherchans en lui salut & tous biens, & que nous reconnoissions tant de coeur que de bouche, que tout bien procede de lui seul.
DIMANCHE II.
OR afin que ces choses soient deduites par ordre, & exposées plus au long, quel est le premier poinct?
C'est d'avoir nostre fiance en Dieu.
Comment cela se peut-il faire?
C'est premierement de le connoistre tout-puissant & tout bon.
Suffit-il de cela?
Non.
La raison?
Pource que nous ne sommes pas dignes qu'il demontre sa puissance pour nous aider, ni qu'il use de sa bonté envers nous.
Que faut il donc plus?
Que nous soyons certains qu'il nous aime & nous veut estre Pere & Sauveur.
Comment connoissons-nous cela?
Par sa Parole, où il nous declare sa misericorde en Jesus Christ, & nous asseure de sa dilection envers nous.
Le fondement donc d'avoir vraye siance [Page]en Dieu, c'est de le connoistre en Jesus Christ?
Ouï.
Mais quelle est en somme la substance de cette connoissance?
Elle est comprife en la confession de foi que font tous les Chrestiens, laquelle on appelle communement le Symbole des Apostres: pource que c'est un sommaire de la vraye creance qu'on a toûjours tenu en la Chrestienté: & aussi qui est tirée de la pure doctrine Apostolique.
Recite ce qui y est dit.
‘JE croi en Dieu le Pere Tout-puissant, Createur du ciel & de la terre. Et en Jesus Christ son Fils unique nostre Seigneur: qui a esté conceu du Saint Esprit, né de la Vierge Marie. A souffert sous Ponce Pilate, a esté crucifié, mort, & enseveli. Est descendu aux enfers. Le troisiéme jour est ressuscité des morts: Il est menté aux Cieux: Il est assis à la dextre de Dieu le Pere Tout-puissant. Et de là il viendra juger les vivans & les morts. Je croi au Saint Esprit. Je croi la sainte Eglise universelle: La communion des Saints: La remission des pechez: La resurrection de la chair: La vie eternelle. Amen.’
DIMANCHE III.
POur bien expliquer cette Confession par le menu, en combien de parties la diviserons-nous?
En quatre principales.
Quelles?
La premiere sera de Dieu le Pere. La seconde, de son Fils Jesus Christ, en laquelle est recitée toute l'histoire de nostre redemption. La troisiéme, du Saint Esprit. La quatriéme, de l'Eglise, & des graces de Dieu envers elle.
Veu qu'il n'y a qu'un Dieu, qui te meut de reciter le Pere, le Fils, & le Saint Esprit, qui sont trois?
Pource qu'en une seule Essence Divine nous avons à considerer le Pere, comme le commencement & l'origine, ou la cause premiere de toutes choses: Puis apres son Fils, qui est sa Sagesse eternelle: le Saint Esprit, qui est sa vertu & puissance, laquelle est épanduë sur toutes creatures, & neanmoins reside toûjours en lui.
Par cela tu veux dire qu'il n'y a nul inconvenient, qu'en une mesme Divinité nous comprenions distinctement ces trois personnes, & que Dieu n'est pas pourtant divisé?
Il est ainsi.
Recite maintenant la premiere partie.
Je croi en Dieu le Pere Tout-puissant, Createur du ciel & de la terre.
Pourquoi le nommes tu Pere?
C'est au regard de Jesus Christ, qui est la Parole eternelle, engendrée de lui devant les siecles, puis estant manifesté au monde, a esté approuvé & declaré estre son Fils. Mais entant que Dieu est Pere de Jesus Christ, de là il s'ensuit qu'il est aussi le nostre.
Comment entens-tu qu'il est Tout-puissant?
Ce n'est pas seulement à dire qu'il ait le pouvoir, ne l'exerçant pas: mais qu'il a toutes les creatures en sa main & sujettion: qu'il dispose toutes choses par sa providence, gouverne le monde par sa volonté, & conduit tout ce qui se fait selon que bon lui semble.
Ainsi selon ton dire, la puissance de Dieu n'est pas oisive, mais emporte davantage, affavoir qu'il a toûjours la main à l'ouvrage: & que rien ne se fait sinon par lui, ou avec son congé & son ordonnance?
Il est ainsi.
DIMANCHE IV.
POurquoi adjoustes-tu qu'il est Createur du ciel & de la terre?
Pource qu'il s'est manifesté à nous par ses oeuvres, il faut qu'en elles nous le cherchions. Car nostre entendement n'est pas capable de comprendre son Essence: mais le monde nous est comme un miroir auquel nous le pouvons contempler, selon qu'il nous est expedient de le connoistre.
Par le ciel & la terre n'entens-tu pas lè reste des creatures?
Si fai: mais elles sont comprises sous ces deux mots, à cause qu'elles sont toutes celestes ou terriennes.
Pourquoi appelles-tu Dieu seulement Createur, veu qu'entretènir & conserver toûjours les creatures en leur estat, est beaucoup plus que de les avoir une fois creées?
Aussi par cela n'est-il pas seulement signifié qu'il ait pour un coup mis ses oeuvres en nature, afin de les delaisser puis apres sans s'en soucier plus: mais il faut entendre que comme le monde a esté fait par lui au commencement, aussi maintenant il l'entretient en son estat: tellement que le ciel, la terre, & toutes les creatures ne subsistent en leur estre sinon par sa vertu. Davantage, puis qu'il tient ainsi toutes choses en sa main, il s'ensuit qu'il en a le gouvernement & maistrise. C'est pourquoi entant qu'il est Createur du ciel & de la terre, c'est lui qui conduit par sa bonté, vertu, & sagesse tout l'ordre de la nature: envoye la pluye & la secheresse, les gresles, les tempestes, & le beau temps, fertilité, & sterilité, santé & maladie: en somme, il a toutes choses à commandement, pour s'en servir selon qu'il lui semble bon.
Touchant les diables & les méchans, lui sont-ils aussi bien sujets?
Combien qu'il ne les conduise pas par son saint Esprit, toutesfois il leur tient la bride en telle sorte, qu'ils ne se pourroient bouger, sinon autant qu'il leur permet. Et mesmes il les contraint d'executer sa volonté, bien que ce soit contre leur intention & propos.
Dequoi te sert-il de sçavoir cela?
De beaucoup. Car ce seroit une pauvre chose si les diables & les iniques avoient le po [...]voir de rien faire malgré la volonté de Dieu. Et mesme nous ne pourrions jamais avoir repos en nos consciences, d'autant que nous serions en leur danger: mais quand nous sçavons que Dieu leur tient la bride serrée, tellement qu'ils ne peuvent rien que par son congé, en cela nous avons [Page]occasion de nous reposer & rejouïr, veu que Dieu promet d'estre noslre protecteur, & de nous dessendre.
DIMANCHE V.
VEnons maintenant à la seconde partie.
Et en Jesus Christ son Fils, &c.
Que contient-elle en somme?
C'est que rous reconnoislions le Fils de Dieu pour nostre Sauveur, & le moyen comme il nous a delivrez de la mort, & acquis le salut.
Que signifie ce mot de Jesus, par lequel tu le nommes?
C'est à dire, Sauveur, & lui a esté impose de l'Ange par le commandement de Dieu.
Cela vaut-il plus, que s'il eust receu ce nom des hommes?
Ouï bien: car puis que Dieu veut qu'il soit ainsi appellé, il faut qu'il soit tel à la verité.
Que veut dire puis apres le mot de Christ?
Par ce titre est encore mieux declaré son office: c'est qu'il a esté oinct du Pere celeste, pour estre ordonné Roi, Prestre, ou Sacrificateur, & Prophete.
Comment sçais-tu cela?
Pource que felon l'Ecriture, l'onction doit servir à ces trois choses. Et aussi elles lui sont attribuées plusieurs fois.
Mais de quel genre d'huile a-t'il esté oinct?
Ce n'a pas esté d'une huile visible, comme les anciens Rois, Sacrificateurs & Prophetes: mais ç'a esté des graces du S. Esprit, qui est la verité de cette onction exterieure qui se faisoit le temps passé.
Quel est ce Royaume dont tu parles?
Il est spirituel, & consiste en la parole & en l'Esprit de Dieu, qui contiennent justice & vie.
Et la Sacrificature?
C'est l'office & authorité de se representer devant Dieu, pour obtenir grace & saveur, & appaiser son ire, en offrant un sacrifice qui lui soit agreable.
Comment est-ce que tu dis Jesus Christ Prophete?
Pource qu'en descendant au monde, il a esté messager & ambassadeur souverain de Dieu son Pere, pour exposer pleinement la volonté d'icelui au monde, & ainsi mettre fin à toutes propheties & revelations.
DIMANCHE VI.
TE revient-il quelque prosit de cela?
Le tout est à nostre utilité. Car Jesus Christ a receu tous ces dons pour nous en faire participans, afin que nous recevions tous de sa plenitude.
Declare moi cela plus au long.
Il a receu le Saint Esprit avec toutes ses graces en perfection, pour nous en élargir & distribuer à chacun, felon la mesure & portion que Dieu connoist estre expediente. Et ainsi nous puisons de lui comme d'une fontaine tout ce que nous avons de biens spirituels.
Son Royaume dequoi nous sert-il?
C'est qu'estans par lui mis en liberté de conscience, & remplis de ses richeses spirituelles, pour vivre en justice & sainteté, nous avons aussi la puislance de vaincre le diable, le peché, la chair, & le monde, qui sont les ennemis de nos ames.
Et sa Sacrificature?
Premierement, entant qu'il est nostre Mediateur pour nous reconcilier à Dieu son Pero: puis apres, que par son moyen nous avons accez pour nous presenter aussi à Dieu, & nous offrir en sacrifice, avec tout ce qui procede de nous. Et en cela nous sommes compagnons de sa Sacrificature.
Il reste la Prophetie.
Puis que cét office a esté donné au Seigneur Jesus pour estre maistre & docteur des siens, la fin est de nous introduire à la vraye connoissance du Pere & de sa verité, tellement que nous soyons écoliers domestiques de Dieu.
Tu veux donc conclurre que ce titre de Christ comprend trois offices que Dieu a donnez à son Fils pour en communiquer le fruit & la vertu à ses fideles?
Ouï.
DIMANCHE VII.
POurquoi l'appelles-tu Fils unique de Dieu, Veu que Dieu nous appelle tous ses enfans?
Ce que nous sommes enfans de Dieu ce n'est pas de nature, mais seulement par adoption & par grace, entant que Dieu nous veut reputer tels. Mais le Seigneur lesus, qui est engendré de la substance de son Pere, & est d'une mesme essence, à bon droit est dit Fils unique: car il n'y a que lui seul qui soit naturel.
Tu veux donc dire que cét honneurest propre à lui seul, & lui appartient naturellement: mais qu'il nous est communiqué de don gratuit, entant que nous sommes ses membres?
C'est cela. Et pourtant au regard de cette communication il est dit ailleurs, Le premier né entre plusieurs freres.
Comment est-ce qu'il est nostre Seigneur?
Comme il a esté constitué du Pere, afin qu'il nous ait en son gouvernement, pour exercer le Royaume & la Seigneurie de Dieu au ciel & en la terre, & pour estre Chef des Anges & des fideles.
Que veut dire ce qui s'ensuit apres?
Il declare comme le Fils de Dieu a esté oinct du Pere pour nous estre Sauveur: c'est assavoir, en prenant nostre chair humaine, & accomplissant les choses requises à nostre redemption, comme elles sont ici recitées.
Qu'entens-tu par ces deux mots, Conceu du Saint Esprit, Né de la Vierge Marie?
Qu'il a esté formé au ventre de la Vierge Marie, & de la propre substance d'icelle, pour estresemence de David, comme il avoit esté predit: & neanmoins que cela s'est fait par operation miraculense du [Page]S. Esprit, sans compagnie d'homme.
Estoit-il donc requis qu'il vestist nostre propre chair?
Ouï, d'autant qu'il falloit que la desobeïssance commise contre Dieu par l'homme fust reparée en la nature humaine. Et aussi il ne pouvoit estre autrement nostre Mediateur pour nous conjoindre à Dieu son Pere.
Tu dis donc qu'il falloit que Jesus Christ fust homme pour accomplir l'office de Sanveur comme en nostre propre personne?
Ouï, car il nous faut recouvrer en lui tout ce qui nous defaut en nous mesmes. Ce qui ne se peut autrement faire.
DIMANCHE VIII.
POurquoi cela s'est-il fait par le Saint Esprit, & non point par oeuvre d'homme, felon l'ordre de la nature?
Pource que la semence humaine est d'elle-mesme corrompuë, il falloit que la vertu du Saint Esprit entrevinst en cette conception, pour preserver nostre Seigneur de toute corruption, & le remplir de sainteté.
Ainsi il nous est demontré que célui qui doit sanctifier les autres est exempt de toute macule, & du ventre de sa mere est consacré à Dieu en pureté originelle, pour nestre point sujet à la corruption universelle du genre humain?
Je l'entens ainsi.
Pourquoi de la nativité viens-tu incontinent à la mort, laissant toute l'histoire de sa vie?
Pource qu'il n'est ici parle que de ce qui est proprement de la substance de nostre redemption.
Pourquoi n'est-il dit simplement en un mot, qu'il est mort: mais est parlé de Ponce Pilate, sous lequel il a souffert?
Cela n'est pas seulement pour nous asseurer de la certitude de l'histoire, mais aussi pour signifier que sa mort emporte condamnation.
Comment cela?
Il est mort pour souffrir la peine qui nous estoit deuë, & par ce moyen nous en delivrer. Or pource que nous estions coupables devant le jugement de Dieu comme malfaicteurs, pour representer nostre personne, il a voulu comparoistre devant le siege d'un Juge terrien, & estre condamné par la bouche d'icelui, pour nous absoudre au trône du Juge celeste.
Neantmoins Pilate le prononce innocent; & ainsi il ne le condamne pas comme s'il en estoit digne?
Il y a l'un & l'autre: c'est qu'il est justifié par le témoignage du Juge, pour montrer qu'il ne soussre point pour ses demerites, mais pour les nostres: & cependant il est condamné solennellement par la sentence d'icelui mesme, pour denoter qu'il est vrayement nostre pleige, recevant la condamnation pour nous, afin de nous en acquitter.
C'est bien dit. Car s'il estoit pecheur, [...] ne seroit pas capable de souffrir la mort pour les autres: & neanmoins, afin que sa condamnation nous soit delivrance, il faut qu'il soit reputê entre les iniques.
Je l'entens ainsi.
DIMANCHE IX.
CE qu'il a esté crucifié emporte-t'il quelque chose de plus que si on l'eust autrement fait mourir?
Ouï, comme l'Apostre le remontre, disant, qu'il a esté pendu au bois pour transporter nostre malediction sur soi-mesme pour nous en décharger. Car se genre de mort estoit maudit de Diéu.
Comment? n'est-ce pas deshonorer le Seigneur. Jesus de dire qu'il a esté sujèt à malediction, mesme devant Dieu.
Non: car en la recevant, il l'a aneantie par sa vertu: tellement qu'il n'a pas laiffé d'estre toûjours benit, pour nous remplit de sa benediction.
Expose ce qui s'ensuit.
D'autant que la mort estoit une malediction sur l'homme à cause du peché, Jesus Christ l'a endurée, & en l'endurant l'a vaincuë. Et pour demontrer que c'estoit une vraye mort que la sienne, il a voulù estre mis au sepulcre comme les autres hommes.
Mais il ne semble pas qu'il nous revienne quelque bien de cette victoire, veu que nous ne laifsons point de mourir?
Cela n'empesche de rien. Car la mort des fideles n'est maintenant autre chose qu'un passage pour les introduire à une vie meilleure.
De cela il s'ensuit qu'il ne nous faut plus craindre la mort comme une chose horrible, mais suivre volontairement nostre Chef & Capitaine Jesus Christ, qui nous y precede, non pas pour nous faire perir, mais pour nous sauver?
Il est ainsi.
DIMANCHE X.
QUe signifie ce qui est adjousté de sa descente aux enfers?
C'est que non seulement il a soussert la mort naturelle, qui est la separation du corps & de l'ame: mais aussi que son ame a esté enserrée en angoisse merveilleufe, que saint Pierre appelle, Les douleurs de la mort.
Pour quelle raison cela s'est-il fait, & comment?
Pource qu'il se presente à Dieu pour satisfaire au nom des pecheurs, il falloit qu'il sentist cette horrible détresse en sa conscience, comme s'il estoit delaifsé de Dieu; & mesme comme si Dieu estoit courroucé contre lui. Estant en cette abysme, il a crié, Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu laissé?
Dieu estoit-il donc courroucé contre-lui?
Non: mais il falloit toutefois qu'il l'affligeast ainsi, pour verifier ce qui a esté predit par Esaye, Qu'il a esté frapé de la main du Pere pour nos pechez, & qu'il a porté nos iniquitez.
Mais comment pouvoit-il estre en une telle frayeur comme s'il estoit abandonné de Dieu, lui qui est Dieu mesme?
Il saut entendre que felon sa nature humaine il a esté en cette extremité: Et pour ce faire, que la Divinité se tenoit pour un peu de temps comme cachée, c'est à dire qu'elle ne demontroit point savertu.
Mais comment se peut-il faire que Jesus Christ, qui est le salut du monde, ait esté en une telle condamnation?
Il n'y a pas esté pour y demeurer. Car il a tellement senti cét horreur que nous, avons dit, qu'il n'en a point essé oppressé, mais a bataillé contrè la puistànce des enfers pour la rompre & destruire.
Par cela nous voyons la difference entre le tourment qu'il a souffert, & celui que sentent les pecheurs que Dieu punit en son ire. Car ce qui a esté temporel en lui, est perpetuel. aux autres: & ce qui a esté seulement un aiguillon pour le poindre, leur est un glaive pour les navrer à mort.
C'est cela: car Jesus Christ n'a pas laissé d'esperer tostjours en Dieu au milieu de telles détresses: mais les pecheurs que Dieu damne se desesperent & dépitent contre lui, jusques à le blasphemer.
DIMANCHE XI.
POuvons-nous pas bien deduire de cela quel fruit nous recevons de la mort de Jesus Christ?
Ouï bien. Et premierement nous voyons que c'est un sacrifice par lequel il a satisfait pour nous au jugement de Dieu, & ainsi a appaisé l'ire de Dieu envers nous; & nous a reconciliez à lui. Pour le second, que son sang est le lavement par lequel nos ames ont esté purgées de toutes macules. Finalement, que par cette mort nos pechez sont essacez, pour ne point venir en memoire devant Dieu: & ainsi que l'obligation qui estoit contre nous est abolie.
N'en avons-nous pas quelque autre utilité?
Si avons: c'est que si nous sommes vrais membres de Christ, nostre vieil homme est crucifié, & nostre chair est mortificé: afin que les mauvaises concupiscences ne regnent plus en nous.
Declare moi l'article suivant.
C'est que le troisiéme jour il est reffuscité. En quoi il s'est demontré vainqueur de la mort & du peché. Car par sa resurrection il a englouti la mort, & a rompu les liens du diable, & détruit toute sa puissance.
En combien de sortes nous profite cette resurrection?
La premiere est que la justice nous a eflé pleinement acquise en elle. La seconde, que ce nous est un certain gage que nous reffusciterons une fois en immortalité glorieuse. La troisieme, qu [...] si nous communiquons vrayement à elle, nous reffuscitons dés a present en nouveauté de vie, pour servir à Dieu, & vivre saintement felon son bon plaisir.
DIMANCHE XII.
POursuivons outre.
Il monté au ciel.
Est-il monté en telle sorte qu'il ne soit plus en la terre?
Ouï, Cár puis qu'il a fait tout ce qui lui estoit enjoint du Pere, & qui estoit téquis à nostre salut, il n'estoit plus be [...]in qu'il conversalt au monde.
Que nous profite cette Ascension?
Le profit en est double. Car d'autan que Jesus Christ est entré [...]n cle [...] en nostre nom, ainsi qu'il en estoit descendu pour nous, il nous y donne entrée, & nous a asseur [...] que la porte nous est maintenant ouverte, laquelle nous estoit close pour nos peche [...], Secondeinent, il comparoist la devant la face du Pere, pour estre nostre Intercesteur & Adyocat.
Mais Jesus Christ montant au ciel, s'estil tellement retiré du monde, qu'il ne soit plus, avec nous?
Non: car il à dit le contraire: c'est qu'il sera prés de nous jusques à la fin?
Est-ce de presence corporelle qu'il demeure avec nous?
Non: car c'est autre chose de son corps qui a esté élevé en haut, & de sa vertu, laquelle est par tout épandue.
Comment entens-tu qu'il est aslis à la dextre de Dieu son Pere?
C'est qu'il a receu la seigneurie du ciel & de la terre, afin de regir & gouverner tout.
Mais que sighifie la dextre, & cette assiette dont il est parlé?
C'est une similitude tirée des Princes terriens, qui font seoit à leur costé dextre ceux qu'ils ordonnent Lieutenans pour gouverner en leur nom.
Tu n'entens donc sinon ce que dit Saint Paul: c'est qu'il a esté constitué Chef de l'Eglise, & exalté deslus toute principauté, & qu'il a receu un nom pardessus tout nom?
Voire.
DIMANCHE. XIII.
POursui outre.
De là il viendra juger les vivans & les morts: qui est à dire qu'il apparoistra une fois du ciel en jugement, ainsi qu'on l'y a veu monter.
Puis que le jugement sera en la fin dusiecle, comment dis tu que les uns vivront alors, & que les autres seront morts, [...] qu'il est ordonné à tous hommes de mourir une fois?
Saint Paul répond à cette question, disant, que ceux qui seront alors suryivans, seront, subitement changez: afin que leut corruption soit abolie, & que leur corp [...] soit renouvellé pour estre incorruptible.
Tu entens donc que cette mutation leur sera comme une mort, pource qu'elle abolira leur premiere nature, pour les faire reffusciter en un autre estat?
C'est cela.
Nous revient-il quelque consolation d [...] ce que Jesus Christ doit une fois venir [...] ger le monde?
Ouï, singuliere. Car nous sommes certains qu'il n'apparoistra sinon en nostrefilut.
Nous ne devons donc pas craindrel derniér jugement pour l'avoir en borr [...]
Non pas: puis qu'il ne nous faudra venir devant autre. Juge que celui mesme qui est nostre Advocat, & qui a pris nostre cause en main pour la defendre.
DIMANCHE XIV.
VEnons a la troisléme partie.
C'est la foi au Saint Esprit.
A quoi nous profite elle?
A ce que nous reconnoissions que comnie Dieu nous a rachetez & sauvez par Jesus Christ: aussi il nous fait par son Saint Esprit, participans de cette redemption & du salut.
Comment cela?
Comme le sang de lesus Christ est no stre lavement, aussi faut-il que le Saint Esprit en arrouse nos consciences, à ce qu'elles soient lavées.
Il faut à ceci une declaration plus certaine.
C'est à dire que le saint Esprit habitant en nos coeurs nous fait sentir la vertu de nostre Seigneur Jesus. Car il nous illumine, pour nous faire connoistre ses graces: il les seelles & imprime en nos ames, & leur donne lieu en nous: il nous regenere, & fait nouvelles creatures: tellement que par son moyen nous recevons tous les biens & les dons qui nous sont offerts en Jesus Christ.
DIMANCHE XV.
QUe s'ensuit-il?
La quatriémé partie, où il est dit que nous croyons l'Eglise Catholique.
Qu'est ce que l'Eglise Catholique?
C'est la compagnie des Fideles que Dieu a ordonnez & éleus à la vie eternelle.
Est il necessaire de croire cét article?
Ouï bien, si nous ne voulons faire la mort de Jesus Christ oisive, & tout ce qui a esté recité: car le fruit qui en procede est l'Eghse.
Tu dis donc que jusques à cette heure [...] a esté parlé de la cause & du fondement du salut, entant que Dieu nous a receus, en dilection par le moyen de Jesus Christ, & confirmé en nous cette grace parson S. Esprit: mais que maintenant est demontré l'esset & l'accomplissement de tout cela, pour en donner meilleure certitude?
Il est ainsi.
En quel sens nommes-tu l'Eglise Sainte?
Pource que ceux que Dieu a éleus, il les justifie & purifie a sa sainteté & innocence, pour faire en eux reluire sa gloire. Et ainsi Jesus Christ ayant racheté son Eglise, l'a sanctisiée: afin qu'elle fust glorieuse & sans macule.
Que veut dire ce mot Catholique, ou Universelle?
C'est pour signifier que comme il n'y a qu'un Chef des fideles, aussi tous doivent estre unis en un corps. Tellement qu'il n'y a pas plusieurs Eglises, mais une seule, laquelle est épandue par tout le monde.
Et ce qui s'ensuit de la communion des Saints, qu'emporte t'il?
Cela est adjousté pour mieux exprimer l'union qui est entre les membres de l'Eglise. Et aussi par cela nous est donné à entendre que, tout ce que nostre Seigneur fait de bien à son Eglise est pour le profit & salut de chacun fidele, pource que tous ont communion ensemble.
DIMANCHE XVI.
MAis cette saintete que tu attribues a l'Eglise, est-elle maintenant parfaite?
Non pas cependant qu'elle bataille en ce monde. Car il y a toûjours des reliques d'imperfections, lesquelles ne seront jamais ostées, jusques à ce qu'elle soit pleinement conjointe à son Chef Jesus Christ, duquel elle est sanctifiée.
Et cette Eglise ne se peut-elle autrement connoistre qu'en la croyant?
Il y a bien l'Eglise de Dieu visible, selon qu'il nous a donné les, enseignes pour la connoistre, mais il est ici parlé proprement de la compagnie de ceux que Dieu a élous pour les sauver, laquelle ne se peut pas pleinement voir à l'oeil.
Que sensuit-il?
Je croi la remission des pechez.
Qu'entens-tu par ce mot de Remission?
Que Dieu par sa bonté gratuite remet & quitte à ses fideles leurs fautes: tellement qu'elles ne viennent point en conte devant son jugement pour les punir.
De cela il s'ensuit que nous ne meritons pas satissaction que Dieu nous pardonne?
Ouï. Car le Seigneur Jesus a fait lé payement, & en a porté la peine. De nostre part, nous ne pouvons apporter aucune recompense; mais il faut que nous recevions par la pure liberalité de Dieu le pardon de tous nos mé faits.
Pourquoi mets-tu cét article apres l'Eglise?
Pource que nul n'obtient pardon de ses pechez, que premierement il ne soit incorporé au peuple de Dieu, & perseveré en unite & communion avec le corps de Christ, & ainsi qu'il soit membre de l'Eglise.
Ainsi, hors de l'Eglise, il n'y a que damnation & mort?
Il est certain, car tous ceux qui se separent de la communauté des fideles pour faire secte à part, ne doivent esperer salut cependant qu'ils sont en division.
DIMANCHE XVII.
QUe s'ensuit-il?
La resurrection de la chair, & la vie eternelle.
Pourquoi cét article est-il mis?
Pour nous montrer que nostre felicité ne gist pas en la terre: ce qui sert à double sin. Premierement, afin que nous apprenions de passer par ce monde comme par un pais estrange, méprisant toutes les choses terriennes, & n'y mettans point nostre coeur: puis aussi que bien que nous n'appercevions pas encore le fruit de la grace que le Seigneur nous a faite en Jesus Christ, nous ne perdions pas courage pourtant, mais l'attendions en patience jusques au temps de la revelation.
Comment se fera cette resurrection?
Ceux qui seront morts auparavant reprendront leurs corps, neanmoins d'autre qualité, assavoir qu'ils ne seront plus sujets à mortalité & corruption, combien que ce sera la mesme substance, Et ceux qui survivront encore, Dieu les reffuscitera miraculeusement par ce changement subit dont il a eslé parlé.
Et cette resurrection ne sera-t'elle pas commune tant aux mauvais comme aux bons?
Ouï bien, mais ce sera bien en diverse condition. Car les uns reffusciteront à salut & joye: les autres à condamnation & mort.
Pourquoi donc est il seulement parlé de la vie eternelle, & non point aussi bien de l'Enfer?
Pource qu'il n'y a rien couché en ce sommaire qui n'appartienne proprement à la consolation des consciences fideles, il nous recite seulement les biens que Dieu fait à ses serviteurs. Et ainsi il n'y est fait nulle mention des iniques qui sont exclus de son Royaume.
DIMANCHE XVIII.
PUis que nous avons le fondement sur lequel la foi est appuyée, nous pourrons bien de là conclurre que c'est que la vraye foi?
Ouï: assavoir une certaine & ferme connolisance de la dilection de Dieu envers nous, felon que parson Evangile il se declare estre nostre Pere & Sauveur par le moyen de Jesus Christ.
La pouvons nous avoir de nous mesmes, ou si elle vient de Dieu?
L'Ecriture nous enseigne que c'est undon singulier du S. Esprit: & l'experience aussi le montre.
Comment?
Purce que nostre entendement est trop debile pour comprendre la sagesse spirituelle de Dieu, qui nous est revelée par [...]a foi: & nos coeurs sont enclins à defiance ou bien en fiance perverse de nous ou des creatures. Mais le Saint Esprit nous illumine, pour nous faire capables d'entendre ce qui autrement nous seroit incomprehensible: & nous fortifie en certitude feelant & imprimant les promesses de salut en nos coeurs.
Quel bien nous procede-t'il de cette foi quand nous l'avons?
Elle nous iustifie devant Dieu, pour nous faire obtenir la vie eternelle.
Comment donc? l'homme n'est-il pas justifié par les bonnes oeuvres, vivant saintement & felon Dieu?
S'il s'en trouvoit quelqu'un parfait, on le pourroit bien nommer juste: mais entant que nous sommes tous pauvres pecheurs il nous faut chercher ailleurs nostre dignité, pour répondre au jugement de Dieu.
DIMANCHE XIX.
MAis toutes nos oeuvres sont-elles tellement reprouvées, qu'elles ne nous puissent meriter grace devant Dieu?
Premierement toutes celles que nous faisons de nostre propre nature sont vicieuses, & par consequent ne peuvent plaire à Dieu, mais il les condamne routes.
Tu dis donc que devant que Dieu nous ait receus en sa grace, nous ne pouvons sinon pecher: comme un mauvais arbre ne produit que de mauvais fruits?
Il est ainsi [...] car encore que nos oeuvres ayent belle apparence par dehors, si fontelles mauvaises, puis que le coeur est pervers, lequel Dieu regarde.
Par cela tu conclus que nous ne pouvons prevenir Dieu par nos merites pour l'induire à nous bien saire: mais au contraire, ne faisans que l'irriter contre nous?
Ouï: & pourtant le dis que par sa pure misericorde & bonté, sans aucune, consideration de nos oeuvres, il nous a agreables en Jesus Christ, nous imputant la justice d'icelui, & ne nous imputant point no [...] fautes.
Comment donc dis-tu que l'homme est justifié par [...]oi?
Pource qu'en croyant & recevant en vraye fiance de coeur les promesses de l'Evangile, nous entrons en possession de cette justice.
Tu entens que comme Dieu nous la presente par l'Evangile, aussi le moyen de la recevoir, c'est par soi?
Ouï.
DIMANCHE XX.
MAis puis que Dieu nous a une fois receus, les oeuvres que nous faisons par sa grace ne lui sont-elles pas plaisa [...]tes?
Ouï bien, entant qu'il les accepte liberulement, & non pas pour leur propre dignité.
Comment ne sont elles pas digne d'estre acceptées, puis qu'elles procedent du Saint, Esprit?
Non pas: à cause qu'il y a toujours quelque infirmité de nostre chair melé [...] parmi [...] dont elles sont soiiillées.
Quel sera donc le moyen de les rendre agreables?
Si elles sont faites en foi, c'est à dire, que là personne soit asseurce en sa conscience que Dieu ne les examinera pas a la rigueur: mais en couvrant les imperfections & macules par la pureté de Jesus Christ, les tiendra comme parfaites.
Par cela dirons-nous que l'homme Chrestien est justisté par ses oeuvres apres que Dieu l'a appellé, ou que par elles il merite que Dieu l'aime pour obtenir salut?
Non: mais au contraire il est dit, Que nul homme, vivant ne sera justifié devant sa face. Pourtant nous avons à prier qu'il n'entre point en jugement, ni en conte avec nous.
Tu n'entens pas pourtant que les bonnes oeuvres des fideles soient inutiles?
Non: car Dieu promet de les remunerer amplement, tant en ce monde comme en Paradis: mais tout cela procede de ce qu'il nous aime gratuitement, & ensevelit toutes nos fautes pour n'en avoir point de memoire.
Mais pouvons-nous croire pour estre justifiez, sans faire de bonnes oeuvres?
Il est impossible: car croire en Jesus Christ, c'est le recevoir tel qu'il se donne à nous. Or il nous promet nonseulement de nous delivrer de la mort, & rementtre en la grace de Dieu son Pere par le merite de son innocence: mais aussi de nous regenerer par son Esprit pour nous faire vivre sainctement.
La foi donc non seulement ne nous rend pas nonchalans à bonnes oeuvrés: mais est la racine d'où elles sont produites?
Il est ainsi: & pour cette cause la doctrine de l'Evangile est comprise en ces deux poincts, assavoir la foi & la Repentance.
DIMANCHE XXI.
QU'est-ce que la Repentance?
C'est une déplaisance du mal, & amour du bien, procedant de la crainte de Dieu, & nousinduisant à mortifier nostre chair, pour estre gouvernez & conduits par le Saint Esprit au service de Dieu.
C'est le second poinct que nous avons touché de la vie Chrestienne?
Ouï: & nous avons dit que le vrai & legitime service de Dieu consiste en ce que nous obeïslions à sa volonté.
Pourquoi?
Dautant qu'il ne veut pas estre servi felon nostre fantaisie, mais, à son plaisir.
Quelle regle nous a-t'il donnée pour nous gouverner?
Sa Loi.
Quest ce qu'elle contient?
Elle est divisée en deux parties, dont la premiere contient quatre. commandemens, & l'autre six: ainsi en tout ce sont dix.
Qui a fait cette division?
Dieu mesme, qui l'a donnée écrite à Moyse en deux Tables, & a dit qu'elle se reduisoit en dix paroles.
Quel est l'argument de la premiere Table?
Touchant la maniere de bien honorer Dieu.
Et de la seconde?
Comme il nous saut vivre avec nos prochains, & de ce que nous leur devons.
DIMANCHE XXII.
REcite le premiere commandement.
EScoute Israël, Je suis l'Eternel ton Dieu, qui t'ai retire du païs d'Egypte, de, la maison de servi [...]ude. Tu n' [...]uras point d'au [...]res dieux devant ma face.
Expose le sens.
Du commencement il fait comme une presace sur toute la Loi, car il s'attribuë authorité de commander, se nommant l'Eternel, & Createur du monde. Apres il se dit nostre Dieu, pour nous rendre sa doctrine amiable. Car s'il est nostre Sauuveur, c'est bien la raison que nous lui soyons peuple obeïssant.
Mais ce qu'il dit apres de la delivrance de la terre d'Egypte, ne s'adresse-t'il pas particulierement au peuple d'Israël?
Si fait bien felon le corps: mais il nous appartient aussi generalement à tous entant qu'il a delivré nos ames de la captivité spirituelle du peché, & de la tyrannie du diable.
Pourquoi fait-il mention de cela au commencement desa Loi?
C'est pour nous admonester combien nous sommes tenus de suivre son bon plaisir, & quelle ingratitude ce seroit de faire le contraire.
Et qu'est-ce qu'il requiert en somme en cé premier commandement?
Que nous lui reservions à lui seul l'honneur qui lui appartient, sans le transporter ailleurs.
Quel honneur est-ce qui lui est propre?
De l'adorer lui seul, l'invoquer, avoir nostre fiance en lui: & telles choses semblables qui sont attribuées à fa Majesté.
Pourquoi dit il, Devant ma face?
Daiitant qu'il voit & connoist tout, & est iuge des secrettes pensées des hommes, il signifie que non seulement par confeslion exterieure il veut estre avoiié Dieu, mais aussi en pure verité, & affection de coeur.
DIMANCHE XXIII.
DI le second commandement.
Tu ne le feras Image taillée, n'y ressemblance aucune des choses qui sont là baut és Cieux, ni ci-bas en la Terre, ni és eaux dessous la Terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, & neles serviras point.
Veut-il du tout desendre de faire aucune image?
Non: mais il defend de faire aucune image, ou pour figurer Dieu, ou pour adorer.
Pourquoi est-ce qu'il n'est point licite de representer Dieu visiblement?
Pource qu'il n'y a nulle convenance entre lui qui est esprit, eternel & incomprehensible, & une matiere corporellemorte, corruptible & visible.
Tu entens donc que c'est faire dethonneur à sa Majesté de le vouloir represonter, ainsi?
Ouï.
Quelle forme d'adoration est ici condamnée.
C'est de se presenter devant une image pour faire son oraison: de flechir le genoiiil devant elle, ou faire quelque autre signe de reverence, comme si Dieu se demontroit la à nous.
Il ne nous faut pas donc entendre que toute taillure ou peinture soit defe iduë en general, mais seulement toutes images qui se font pour servir Dieu ou l'honorer en choses visibles, ou bien pour en abuser à idolatrie en quelque sorte que ce soit?
Il est ainsi.
A quelle sin reduirons-no [...]s ce commandement?
Comme au premier Dieu a declaré qu'il estoit seul sans autre qu'on doit adorer: aussi maintenánt il nous demontre quelle est la droite forme, afin de nous retirer [...] toutes superstitions & façons charnelles.
DIMANCHE XXIV.
PAssons outre.
Il adiouste une menace, Qu'il est l'Eternel nosire Dieu, fort, jaloux, visitant l'iniquité des peres sur les enfans, en la troisiéme & quatriéme generation, envers ceux qui le haïssent.
Pourquoi fait-il mention de sa force?
E. Pour denoter qu'il est puiflant à maintenir sa gloire.
Que signifie-t'il par la jalousie?
Qu'il ne peut endurer de compagnon. Car comme il s'est donné à nous par la bonté infinie, aussi veut-il que nous soyons entierement siens. Et c'est la chasteté de nos ames, d'estre consacrées & dediées a lui. D'autre part, c'est une paillàrdise spirituelle, de nous détourner à quelque superstition.
Comment se doit-il entendre, Qu'il punit le peché des peres sur les enfans?
Pour nous donner plus grande crainte, il dit, que non seulement il se vengera de ceux qui l'offensent, mais aussi que leur lignée sera maudite apres eux.
Et cela n'est il point contraire à la justice de Dieu, de punir les uns pour les autres?
Si nous considerons quelle est la condition de l'humain lignage, cette question sera vuidée. Car denature nous sommes tous maudits, & ne nous pouvons plaindre de Dieu, quand il nous laisséra comme nous sommes. Or comme il remontre sa grace & dilection sur ses serviteurs, en beniffant leurs enfans: aussi c'est un témoignage de sa vengeance sur les iniques, quand il laisse leur semence en malediction.
Que dit-il plus?
A fin de nous inciter aussi par douceur, il dit, Qu'il fait misericorde en mille generations à ceux qui l'aiment & gardent ses commandemens.
Entend-il que l'obeïssance du fidele sauvera toute sa race, encore qu'elle soit méchante?
Non pas: mais qu'il étendra jusqueslà sa bonté envers ses fideles, que pour l'amour d'eux il se donnera à connoistre à leurs enfans: & non seulement les fera prosperer felon la chair, mais les sanctifiera par son Saint Esprit, pour les rendre obeïssans à sa volonté.
Mais cela n'est pas perpetuel?
Non: car comme le Seigneur se reserve la liberté de faire misericorde aux enfans des iniques: aussi d'autre part, il retient le pouvoir d'élire ou rejetter en la generation des fideles ceux que bon lui semble. Toutefois il le fait tellement qu'on peut connoistre cette promefse n'estre pas vaine ni frustratoire.
Pourquoi nomme-t'il ici mille generarations, & en la menace n'en nomme que trois ou quatre?
C'est pour signifier que son propre est d'user pliitost de bonté & douceur, que de rigueur ni rudesse, comme il témoigne qu'il lest enclin à bien faire, & tardif à se courroucer.
DIMANCHE XXV.
VEnons au troisiéme commandement.
Tu ne prendras point le Nom de l'Eternel ton Dieu en vain.
Que veut-il dire?
Il nous defend d'abuser du Nom de Dieu, non seulement en parjures, mais aussi on sermens superflus & oisifs.
En peut-on donc bien user en sermens?
Ouï, qui sont necefsaires: c'est à die, pour maintenir la verité quand il en est besoin, & pour entretenir charité & concórde entre nous.
Ne veut-il sinon corriger les sermens q [...] sont au deshonneur de Dieu?
Par une espece il nous instruit en general de ne mettre jamais en avant le Nom de Dieu, sinon en crainte & humilité pour le glorifier. Car felon qu'il est saint & digne, aussi nous faut-il garder de le prendre en telle sorte, qu'il semble que nous l'ayons en mépris, ou que nous donnions occasion de le deshonorer.
Comment cela se fera-t'il?
Quand nous ne penserons ni ne parlerons de Dieu ni de ses oeuvres, sinon honorablement & à sa loiiange.
Que s'ensuit-il?
Une menace, Qu'il ne tiendra point pour innocent celui qui aura pris son Nom en vain.
Veu qu'il denonce ailleurs generalement qu'il punira tous transgresseurs, qu'est-ce qu'il y a ici davantage?
Par cela il a voulu declarer combien il a en singuliere recommandation la gloire de son Nom, disant nommément qu'il ne souffrira pas qu'on le méprise, afin que nous soyons tant plus soigneux de l'avoir en reverence.
DIMANCHE XXVI.
VEnons au quatriemé.
Aye souvenance du jour du repos pour le sanctifier. Six jours tu travailleras, & feras toute ton oeuvre: mais le septiéme jour est le repos de l'Eternel ton Dieu. Tu ne feras aucune oeuvre en icelui, toi, ni ton fils, ni ta fiue, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton beflail, ni ton estranger qui est dedans tes portes. Car en six jours l'Eternel a fait les cieux & la terre, & la mer, & tout ce qui est en eurs, & s'est reposé au septiéme jour: & pourtant l'Eternel a benit le jour du repos, & l'a sanctifi [...].
Commande-t'il de travailler six jours la semaine, pour se reposer le septiéme?
Non pas simplement: mais en donnant congé de travailler six jours durant, il reserve le septiéme, auquel il n'est pas permis de travailler.
Nous defend il donc tout ouvrage un jour la semaine?
Ce commandement a quelque consideration particuliere. Car l'observation du repos est une partie des ceremonies de la Loi ancienne. C'est pourquoi à la venue de Jésus Christ elle à esté abolie.
Dis-tu que ce commandement appartient proprement aux Juifs, & a esté donné pour le temps de l'ancien testament?
Ouï, entant qu'il est ceremonial.
Comment donc? y-a-t'il quelque chose outre la ceremonie?
Il a esté fait pour trois raisons.
Quelles sont-elles?
E, Pour figurer le repos spirituel, pour la police Ecclesiastique, & pour le soulagement des serviteurs.
Qu'est-ce que le repos spirituel?
C'est de cesser de nos propres oeuvres, afin que le Seigneur oeuvre en nous.
Comment cela se fait-il?
En mortisiant nostre chair, c'est à dire, renonçant à nostre nature, afin que Dieu nous gouverne par son Esprit.
Cela se doit-il faire seulement un jour la semaine?
Il se doit faire continuellement: car depuis que nous avons commencé, il nous faut poursuivre toute nostre vie.
M Pourquoi donc y a-t'il un certain jour assigné pour figurer cela?
Il n'est pas requis que la figure soit du tout pareille à la verité: mais il susfit qu'il y ait quelque semblance.
Pourquoi le septiéme jour est-il ordonné plûtost qu'un autre?
Le nombre de sept signifie perfection en l'Ecriture. Ainsi il est propre pour denoter la perpetuité. Aussi il nous admoneste que nostre repos spirituel n'est sinon commencé durant cette vie presente, & ne sera point parfait jusques à ce que nous fortions de ce monde.
DIMANCHE XXVII.
MAis que veut dire la raison qu'allegue ici nostre Seigneur, qu'il nous faut reposer comme il a fait?
Apres avoir creé toutes ses oeuvres en six jours, il a dedié le septiéme à la considération d'icelles. Et pour nous mieux conduire à ce faire, il nous allegue son exemple. Car il n'y a rien tant desirable, que d'estre conforme à lui.
Faut-il toûjours mediter les oeuvres de Dieu, où s'il susfit un jour la semaine?
Cela se doit faire chacun jour: mais à cause de nostre infirmité, il y a un certain specialement deputé. Et c'est la police que j'ai dite.
Quel ordre donc doit-on garder en ce jour?
C'est que le peuple s'assemble pour estre instruit en la verité de Dieu, pour faire les prieres communes: & rendre témoignage de sa foi & religion.
Comment entens-tu que ce commandement est donné aussi pour le soulagement des serviteurs?
Pour donner quelque relasche à ceux qui sont en la puissance d'autrui. Et pareillement cela sert à la police commune. Car chacun s'accoustume à travailler le reste du temps, quand il y a un jour de repos.
Maintenant, disons comment ce commandement s'adresse à nous.
Touchant-la ceremonie, elle est abolie. Car nous avons l'accomplissement en Jesus Christ.
Comment?
C'est que nostre vieil homme est cru [...]ifié par là vertu de sa mort: & que par sa resurrection nous reffuscitons en nouveauté de vie.
Qu'est-ce donc qui nous en reste?
Que nous observions l'ordre institué en l'Eglise, pour ouïr la parole du Seigneur, communiquer aux prieres publiques & aux Sacremens: & que nous ne contrevenions pas à la police spirituelle qui est entre les fideles.
Et la figure ne nous profite-t'elle de rien?
Si fait bien: car il nous la saut reduire à la verité: c'est qu'estans vrais membres de Christ, nous delaislions nos oeuvres propres, pour nous permettre à son gouvernment.
DIMANCHE XXVIII.
VEnons à la seconde Table.
Honore ton pere & ta mere.
Qu'entens-tu par honorer?
Que les enfans soient humbles & obeïssans à leurs peres & meres, leur portent honneur & reverence: les aslistent, & soient à leur commandement, comme iss y sont tenus.
Poursui plus outre.
Dieu adjouste une promesse à ce commandement, disant, Afin que tes jours soient prolongez sur la terre, laquelle l'Eternel ton Dieu te donne.
Que veut dire cela?
Que Dieu donnera lougue vie à ceux qui rendront au pere & à la mere l'honneur qui leur est deu.
Veu que cette vie est si pleine de miseres, comment est-ce que Dieu promet à l'homme pour une grace qu'il le fera vivre longuement?
La vie terrienne: quelque miserable qu'elle soit, est une benediction de Dieu à l'homme sidele: & ne fust-ce sinon d'autant que Dieu lui testifie sa dilection paternelle, l'entretenant en icelle.
S'ensuit-il au contraire, que l'homme qui meurt-tost soit maudit de Dieu?
Non. Et mesmes il aviendra quelquefois que le Seigneur retirera plûtost de ce monde ceux qu'il aimera le plus.
En ce faisant, comment garde-t'il sa promesse?
Tout ce que Dieu nous promet de biens terriens, il nous le faut prendre avec condition, entant qu'il est expedient pour nostre salut spirituel. Car ce seroit une pauvre chose si cela n'alloit toûjours devant.
Et de ceux qui sont rebelles à pere & à mere?
Non seulement Dieu les punira au jour du jugement, mais il en fera aussi la vengeance sur leurs corps, soit en les faisant mourrir devant leurs jours, ou ignominieusement, ou en quelque autre sorte.
Parle-t'il pas nommément de la terre de Canaan en cette promesse?
Ouï bien quant aux enfans d'Israël: mais il nous faut maintenant prendre ce mot plus generalement: Car en quelque païs que nous demeurions, puis que la terre est sienne, il nous y donne nostre habitation.
Est-ce là tout le commandement?
Combien qu'il ne soit parlé que de pere & de mere: toutefois il faut entendre tout superieur, puis qu'il y a une mesme raison.
Et quelle?
C'est que Dieu leur a donné la preéminence: car il n'y a authorité ni de peres, ni de princes, ni de tous autres superieurs, sinon comme Dieu l'a ordonné.
DIMANCHE XXIX.
DI le sixiéme commandement.
Tu ne tuëras point.
Ne defend-il sinon d'estre meurtrier?
E Si fait bien: car puis que c'est Dieu qui parle, non seulement il nous impose loi sur les oeuvres exterieures, mais principalement sur les affections de nostre coeur.
Tu entens donc qu'il y a une espece de meurtre interieur que Dieu nous defend ici?
Ouï, qui est haine & rancune, & desir de mal faire à nostre prochain.
Suffit-il de ne point haïr, & ne point porter mauvaise affection?
Non: car Dieu en condamnant la haine, signifie qu'il requiert que nous aimions nos prochains, & procurions leur salut, & le tout de vraye affection & sans feintise.
Di le septiéme commandement.
Tu nè paillarder as point.
Quelle est la somme?
Que toute paillardise est maudite de Dieu: & pourtant qu'il nous en faut abstenir, si nous ne voulons provoquer son ire contre nous.
Ne requiert-il autre chose?
Il nous faut toûjours regarder la nature du Legislateur, lequel ne s'arreste pas seulement à l'oeuvre exterieure, mais demande l'affection du coeur.
Qu'est-ce donc qu'il emporte?
Puis que nos corps & nos ames sont temples du Saint Esprit, que nous les conservions en toute honnesteté. Etainsi, que nous soyons chastes, non seulement de fait, mais aussi de desirs, de paroles & de gestes, tellement qu'il n'y ait nulle partie en nous soiiillée d'impudicité.
DIMANCHE XXX.
VEnons au huitiéme commandement.
Tu ne déroberas point.
Veut-il seulement defendre les larcins qu'on punit par Justice, ou s'il s'estend plus loin?
Il entend toutes mauvaises trafiques & moyens déraisonnables d'attirer à nous le bien de nostre prochain, soit par violence ou cautelle, ou en quelque autre sorte que Dieu n'ait point approuvée.
Est-ce affez de s'abstenir du fait, ou si le vouloir y est aussi compris?
Il faut toûjonrs revenir là: d'autant que le Legislateur est spirituel, qu'il ne parle pas simplement des larcins exterieurs mais aussi bien des enterprises, volontez, & deliberations de nous enrichir au détriment de nostre prochain.
Que faut-il donc?
Faire nostre devoir de conserver à un chacun le sien.
Quel est le neufiéme?
Tu ne diras point faux témoignage contre ton prochain.
Nousdefend-il de nous parjurer en jugement, ou du tout de mentir contre nostre prochain?
En nommant une espece il baille une doctrine generale, que nous ne médisions pas faussement contre nostre prochain, & que par nos detractions & mensonges no [...]s ne le blessions point en ses biens ni en [...] renommée.
Pourquoi notamment parle-t'il de parjures publics.
Pour nous faire avoir en plus grande horreur ce vice de médire & détracter, denotant que quiconque s'accoustume à faustement calomnier & diffamer son prochain, viendra bien puis apres à se perjurer en jugement.
Ne defend-il sinon de mal parler, ou s'il comprend aussi mal penser?
L'un & l'autre, felon la raison dessus alleguée. Car ce qui est mauvais de faire devant les hommes, est mauvais de vouloir devant Dieu.
Recite donc-ce qu'il veut dire ensomme.
Il nous enseigne de n'estre pas enclins à mal juger ni detracter, mais plûtost à bien estimer de nos prochains, tant que la verité le porte, & conserver leur bonne renommée en nos paroles.
DIMANCHE XXXI.
VEnons au dernier commandement.
Tu ne convoitèras point la maison de ton prochain: tu ne convoiter as point la femme dè ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son asne, ni aucune chose qui soit à ton prochain.
Veu que toute la Loi est spirituelle, comme tu as dit, & que les autres commandemens ne sont pas seulement pour regler les oeuvres exterieures, mais aussi les affections du coeur, qu'est-ce qui est ici dit davantage?
Le Seigneur a voulu par les autres commandemens ranger nos affections & volontez, ici il veut aussi imposer loi à nos pensées, lesquelles emportent quelque convoitise & desir, & toutesfois ne viennent pas lusques à un vouloir arresté.
Entens-tu que la moindre tentation qui pourroit venir en pensée à l'homme fidele soit peche, encore qu'il y resiste & n'y consente nullement?
Il est certain que toutes pensées mauvaises procedent de l'infirmité de nostre chair, encore que le consentement n'y soit pas: mais je dis que ce commandement parle des concupiscences qui chatoiiillent & poignent le coeur de l'homme, sans venir jusques au p [...]opos deliberé.
Tu dis donc que comme les affections mauváises, qui emportent une volonté certainè & comme resoluë, ont esté ci-dessus condamnées: aussi que maintenant le Seigneur requiert une telle integrité, qu'il n'entre en nos coeurs quélque mauvaise cupidité, pour les solliciter & émouvoir à mal?
C'est cela.
Ne pouvons-nous pas maintenant faire un sommaire de toute la Loi?
Si faisons, la reduisans ä deux articles: dont le premier est, Que nous ajmions nostre Dieu de tout nostre coeur, de toute nostre ame, & de toutes nos force. Item, nostre prochain comme nous-mesmes.
Qu'est-ce qu'emporte I'amour de Dieu?
Si nous l'aimons comme Dieu, c'est pour [Page]avoir & tenir comme Seigneur, Maistre, auveur, & Pere: ce qui requiert crainte, conneur, fiance, obeïssance avec l'amour.
Que signifie, De tout nostre, coeur, nostre [...]me, & nos forces?
C'est à dire, d'un tel zele, & d'une telle [...]ehentence, qu'il n'y ait en nous nul desir, [...]nulle volonté, nulle estude, nulle cogitation, [...] qui contrevienne à cét amour.
DIMANCHE XXXII.
QUel est le sens du second article?
C'est que comme nous sommes si enclins naturellement à nous aimer, que cette affection surmonte toutes les autres [...] aussi que la charité de nos prochains domine tellement en nos coeurs, qu'elle nous niene & conduise, & soit la regle de toutes nos pensées & nos oeuvres.
Et qu'entens-tu par nos prochains?
Non seulement nos parens & amis, ou oeux qui ont accointance avec nous: mais aussi oeux que nous ne connoissons pas, & mesmes nos ennemis.
Quelle conjonction ont-ils avec nous?
Telle que Dieu a mife entre tous les hommes de la terre, laquelle est inviolable: & ainsi ne se peut abolir par la malice de personne.
Tu dis donc que si quelqu'un nous hait, cela est de son propre: mais cependant, que felon l'ordre de Dieu il ne laisse point d'estre nostre prochain, & nous le faut tenir pour tel?
Ouï.
Puis que la Loi contient la forme de bien servir Dieu. l'homme Chrestien ne doit-il pas vivre felon qu'elle commande?
Si fait bien: mais il y a une telle infirmité en tous, que nul ne s'en acquite parfaitement.
Pourquoi donc requiert le Seigneur une telle perfection, qui est pardessus nostre faculté?
Il ne requiert rien à quoi nous ne soyons tenus. Au reste, moyennant que nous mettions peine de conformer nostre vie a cè qui nous y est dit, encore que nous soyons bien loin d'atteindre jusques á la perfection, le Seigneur ne nous impute point ce qui defaut.
Parles-tu en general de tous hommes, ou seulement des fideles?
L'homme qui n'est point regeneré de l'Esprit de Dieu ne pourroit commencer à faire le moindre poinct qui y soit. Davantage, encore qu'il s'en trouvast un qui en fist quelque partie, si ne seroit-il pas quitte pourtant: car nostre Seigneur denonce que tous ceux qui ne parferont entierement le contenu d'icelle, seront maudits.
DIMANCHE XXXIII.
PAr cela il faut conclurre que la Loi a double office, felon qu'il y a deux especes d'hommes?
Ouï: car envers les incredules elle ne sert sinon de les redarguer, & rendre plus inexcusables devant Dieu: & c'est ce que dit Saint Paul, qu'elle est ministere de more & damnation. Envers les fideles elle a bien un autre usage.
Quel?
Premierement, d'autant qu'elle leur demontre qu'ils ne se peuvent justifier par leurs oeuvres, en les humiliant elle les dispose à chercher leur salut en Jesus Christ. Puis apres, entant qu'elle requiert plus qu'il ne leur est possible de faire, elle les admoneste de prier le Seigneur qu'il leur donne la force & le pouvoir, & cependant de se reconnoistre toûjours coupables, afin de ne s'en orgueillir point. Tiercement, elle leur est comme une bride pour les retenir en la crainte de Dieu.
Nous dirons donc, que combien que durant cette vie mortelle nous n'accomplissions jamais la Loi: toutesfois ce n'est pas chose superfluë, qu'elle requiert de nous une telle perfection. Car elle nous montre le but où nous devons tendre, afin qu'un chacun de nous, selon la grace que Dieu lui a faite, s'essorce assiduellement d'y tendre, & s'avancer de jour en jour.
Je l'entens ainsi.
En la Loi n'avons nous pas une regle parfaite de tout bien?
Si: tellement que Dieu ne demande sinon que nous la suivions: au contraire desavouë & reiette tout ce que l'homme entreprend de faire outre le contenn d'icelle: car il ne demande autre sacrifice qu'obeïssance.
Dequoi servent donc toutes les admonitions, remontrances, commandemens, & exhortations que font tant les Prophetes que les Apostres?
Ce ne sont que pures declarations d'icelle, qui ne sont pas pour nous détourner de son obeïssance, mais plûtost pour nous y conduire.
Et toutesfois ne traite-t'elle pas des vocations particulieres?
Quand elle dit qu'il faut rendre à chacun ce qui lui appartient, de cela nous pouvons bien conclurre quel est le devoir de nostre? estat chacun en son endroit. Et puis, nous avons (comme dit a esté) l'exposition par toute l'Ecriture. Car ce que le Seigneur a ici couché en somme, il le traite ci & là pour plus ample instruction.
DIMANCHE XXXIV.
PUis que nous avons suffisamment parlé du service de Dieu, qui est la seconde partie de l'honorer, parlons de la troisiéme.
Nous avons dit que c'est de l'invoquer en toutes nos necessitez.
Entens-tu qu'il le faille invoquer seul?
Ouï: car il demande cela comme un honneur propre à sa Divinite.
Si ainsi est: en quelle sorte nous est-il loisible de requerir les hommes à nostre aide?
Ce sont choses bien differentes: car nous invoquons Dieu pour protester que nous n'attendons aucun bien que de lui, & que nous n'avons ailleurs recours, cependant nous cherchons l'aide des hommes, entant qu'il nous le permet, & leur donne le pouvoir & le moyen de nous aider.
Tu entens que ce que nous demandons secours des hommes ne contrevient pas à [Page]ce que nous devons invoquer un seul Dieu veu que nous ne mettons pas nostre fiance en eux, & ne les cherchons sinon entant que Dieu les a ordonnez ministres & dispensateurs de ses biens pour nous en subvenir?
Il est vrai: & de fait, tout ce qui nous en vient de bien, il nous le faut prendre comme de Dieu mesme, ainsi qu'à lá verité il le nous envoye par leurs mains.
Et ne nous faut-il pas neanmoins reconnoistre envers les hommes le bien qu'ils nous font?
Si fait bien: & ne fust-ce que pource que Dieu leur fait cét honneur de nous communiquer sès biens par leurs mains: car en ce faisant il nous oblige à eux, & veut que nous leur soyons attenus.
De cela pouvons-nous pas bien conclurre qu'il n'est licité d'invoquer Anges ni Saints qui sont decedez de ce monde?
Ouï bien: car des Saints, Dieu ne leur a pas attribué cét office de nous aider & subvenir. Touchant les Anges, combien qu'il les employe pour servir à nostre salut, toutefois si ne veut-il pas que nous les invoquions, ni que nous ayons nostre adresse à eux.
Tu dis donc que tout ce qui ne convient pas à l'ordre que le Seigneur a mis, contrevient à sa volonté?
Ouï: car si nous ne nous contentons de ce que le Seigneur nous donne, cela est un signe certain d'infidelité. Davantage, si au lieu d'avoir nostre refuge à Dieu seul, suivant son commandement nous recourons a eux, mettans en eux quelque partie de nostre fiance, c'est idolatrie, entant que nous leur transferons ce que Dieu s'estoit reservé.
DIMANCHE XXXV.
DIsons maintenant de la maniere de prier Dieu. Suffit-il le faire de langue ou si l'esprit & le coeur y est requis?
La langue n'y est pas toûjours necessaire [...] mais il faut qu'il y ait intelligence & affection.
Comment le prouveras-tu?
Puis que Dieu est Esprit, il demande toûjours le coeur, & singulierement en l'oraison, où il est question de communiquer avec lui: pourtant il ne promet d'estre prochain sinon à ceux qui l'invoqueront en verité: au contraite il maudit tous ceux qui le font par hypocrisie & sans affection.
Toutes prieres donc faites seulement de bouche sont superfluës?
Non seulement superfluës, mais aussi déplaisantes à Dieu.
Quelle affection doit estre en la priere?
Premierement que nous sentions nostre misere & pauvreté, & que ce seutiment cause en nous une fascherie & angoisse: puis que nous avons un desir vehement d'obtenir grace devant Dieu, lequel desienflamme nos coeurs, & engendre en nou [...] une ardeur de prier.
Cela procede-t'il de nostre nature ou de la grace de Dieu?
Il faut que Dieu y travaille: car nous sommes trop stupides: mais l'Esprit de Dieu nous incite à gemissemens inenarrables, & forme en nos coeurs telle affection & tel zele que Dieu demande, comme dit Saint Paul.
Est-ce à dire que nous ne devions p [...]s nous inciter & foliciter a prier Dieu?
Non: mais au contraire, afin que quand nous ne sentons pas en nous telle disposition, nous supplions le Seigneur qu'il l'y mette, pour nous rendre capables & propre de le prier deuement.
Tu n'entens pas toutefois que la langue soit du ront inutile en prieres?
Non pas: car quelque fois elle aide l'esprit, & le retient, le fortifiant, à ce qu'il ne se destourne pas si tost de Dieu. Davantage, puis qu'elle est formée pour glorifier Dieu par dessus tous les autres membres, c'est bien raison, qu'elle s'y employe en toutes sortes: & aussi le zele du coeur, par son ardeur & vehemence, contraint souvent la langue sans qu'on y pense.
Si ainsi est, qu'est-ce de prier en langue inconnue?
C'est une moquerie de Dieu, & une hypocrisie perverse.
DIMANCHE XXXVI.
QUand nous prions Dieu, est-ce à l'adventure, ne sçachans point si nous profiterons ou non, on bien si nous devons estre certains que nos prieres soyent exaucées?
Il nous faut toûjours avoir ce sondement en nos prieres, qu'elles seront receues de Dieu, & que nous obtiendrons ce que nous requerons entant qu'il sera expedient. Et pourtant Saint Paul dit, que, la droite invocation procede de la foi. Car si nous n'avons fiance en la bonte de Dieu, il nous est impossible de l'invoquer en verité.
Et que sera-ce de ceux qui doutent, & ne scavent si Dieu les écoute ou non?
Leurs prieres sont du tout frivoles, d'autant qu'elles n'ont nulles promefles: caril est dit que nous demandions en croyant, & qu'il nous sera ottroyé.
Il reste de scavoir comment & à quel titre nous pouvons avoir la hardiesse de nous presenter devant Dieu, veu que nous en sommes par trop indignes?
Premierement, nous avons les promesses unsquelles il nous faut arrester, sans considerer nostre dignité, Secondement, si nous sommes enfans de Dieu, il nous induit & pousse par son Saint Esprit à nous retirer familierement à lui comme à nostre Pere. Et afin que nous ne craignions pas de comparoistre devant sá Majesté glorieuse, nous qui ne sommes que pauvres vers de terre, & miserables pecheurs; il nous donne nostre Seigneur Jesus pour Mectiateur, afin que par son moyen ayans accez, nous ne doutions point de trouver grace.
Enters-tu qu'il ne nous faille invoquer Dieu qu'au Nom de Jesus Christ?
Je l'entens ainsi: car nous en avons le [...]ommandement exprés. Et en ce faisant, il nous est promis que par la vertu de son intercession nos requestes nous serontottroyées.
Ce n'est point donc temerite, ni fole presomption, de nous oser adresfer privement à Dieu, moyennant que nous ayons [Page]Jesus Christ pour nostre Advocat, & que nous le mettions en avant, afin que Dieu par, son moyen nous ait agreables, & nous exauce?
Non: car nous prions comme par sa bouche, d'autaut qu'il nous donne entreé & audiance, & intercede pour nous.
DIMANCHE XXXVII.
PArlons maintenant de la substance de nos oraisons. Pouvons-nous demander tout ce qui nous vient en l'entendement, ou s'il y a quelque certaine regle là dessus?
Si nous suivions nostre fantaisie, nos oraisons seroient bien mal reglées. Car nous sommes si ignorans, que nons ne pouvons pas juger ce qui est bon de demander, aulli nos desirs sont si desordonnez, qu'il est bien necèffaire que nous ne leur laschions point la bride:
Que faut-il donc?
Que Dieu mesme nous enseigne selon qu'il connoist estre expedient, & quasi, qu'il nous conduise par la main, & que nous ne fassions que suivre.
Quelle instruction nous a-t'il baillée?
Par toute l'Ecriture il nous l'a baillée tres-ample: majs afin de nous mieux adresser a un certain but, il a donné un formulaire auquel il a briévement compris tous les poincts qu'il nous est licite & expedient de demander.
Recite-le.
C'est que nostre Seigneur Jesus estant requis de ses Disciples qu'il les enseignast à prier, leur répond qu'ils auront à dire ainsi.
NOstre Pere qui es és Cieux: Ton Nom soit sanctifié. Ton regne vienne. Ta volonté soit faite en la terre comme au ciel. Donne nous a [...]jouril hui nostre pain quotidien. Et nous pardo [...]ne nos offences, commie nous pardonnons à ceux qui nous ont offencez. Et ne nous indui point en tentation, mais delivre nous du malin. Car à toi est le regne, la puissance, & la gloire, és siecles des siccles. Amen.
Pour plus facile intelligence, di-moi combien d'articles elle contient?
Six: dont les trois premiers regàrdent la gloire de Dieu sans quelque consideration de nous-mesmes: les autres sont pour nous, & concernent nostre bien & profit.
Comment donc? faut-il demander quelque chose à Dieu dont il ne nous revienne nulle utilité?
Il est vrai que par sa bonté infinie il dispose & ordonne tellement toutes choses, que rien ne peut estre à la gloire de son Nom, qui ne nous soit mesmes salutaire. Ainsi quand son Nom est sanctifié, il nous tourne cela en sanctification: quand son regne advient, nous en sommes aucunement participans. Mais en desirant & demandant ces choses, il nous faut avoir seulement egard a son honneur, sans penser à nous aucunement, ni chercher nostre profit.
Selon ton dire, ces trois premieres requestes nous sont bien utiles: mais il ne l [...]s faut faire à autre intention, sinon pour desirer que Dieu soit glorifié?
Ouï: semblablement, encore que les trois dernieres soient deputées à desirer ce qui nous est expedient, toutefois la gloire de Dieu nous doit estre en icelles recommandée, tellement que ce soit la fin de tous nos desirs.
DIMANCHE XXXVIII.
VEnons à l'exposition. Et devant qu'entrer plus avant, pourquoi Dieu est-il ici appellé nostre Pere, plûtost qu'autrement?
D'autant qu'il est bien requis que nos consciences soient fermement asseurées, quand il est question de prier: nostre Dieu se nomme d'un mot qui n'emporte que douceur & gracieuseté, pour nous oster toute doute & perplexité, & nous donner hardieffe de venir privement à lui.
Oserons-nous bien donc nous retirer familierement a Dieu, comme un enfant à son pere?
Ouï: voire avec plus grande certitude d'obtenir ce que nous demanderons. Car si nous, qui sommes mauvais ne pouvons refuler à nos enfans le pain & la viande quand ils nous la demandent: tant moins le fera nostre Pere celeste, qui non seulement est bon, mais est la souveraine bonté.
De ce nom mesme ne pouvons-nous pas bien prouver ce qui a esté dit, que la priere doit estre fondée en l'intercession de Jesus Christ?
Ouï pour certain, d'autant que Dieu ne nous avouë pour ses enfans, sinon entant que nous sommes membres de son Fils.
Pourquoi n'appelles-tu pas Dieu ton Pere, mais l'appelles nostre en commun?
Chaque fidele le peut bien nommer sien en particulier: mais en ce formulaire Jesus Christ nous enseigne de prier en commun, pour nous admonester que nous devons exercer nostre charité envers nos procháins en priant, & non pas seulement avoir soin de nous.
Que veut dire cette particule, Qui es és Cieux?
C'est autant comme si je l'appellois, Haut, Puissant, Incomprehensible.
Comment cela, & pour quelle fin?
Afin qu'en l'invoquant nous apprenions d'élever en haut nos pensées, pour ne rien imaginer de lui charnel ni terrien, & ne le point mesurer à nostre apprehension, ni l'assujettir à nostre volonté, mais adorer en humilité sa Majeste glorieuse, & aussi pour avoir plus certaine fiance en lui, entant qu'il est gouverneur & maistre de tout.
DIMANCHE XXXIX.
EXpose maintenant la premiere demande.
Le Nom de Dieu, c'est sa renommée, de laquelle il est celebré entre les hommes: nous desirons donc que sa gloire soit exaltée par tout & en toutes choses.
Entens-tu qu'elle puisse croistre ou diminuer?
Non pas en soi-mesme, mais c'est à dire qu'elle soit manifestée comme elle doit, & quelque chose que Dieu fasse, que toutes ses oeuvres apparoissent glorieuses comme elles sont: tellement qu'en toutes sortes il soit glorifié.
En la seconde requeste qu'entens-tu par le regne de Dieu?
Il consiste principalement en deux poincts: c'est de conduire les siens, & les gouverner par son Esprit: au contraire d'abysimer & confondre les reprouvez, qui ne se veulent rendre sujets à sa donsination, afin que clairement il apparoisse qu'il n'y a nulle puissance qui puisse resister à la sienne.
Comment pries-tu que ce regne vienne?
C'est que de jour en jour le Seigneur multiplie le nombre de ses fideles: qu'il augmente de jour en jour ses graces sur eux, jusques à ce qu'il les ait du tout remplis: qu'il éclaircisse aussi de plus en plus sa verité: qu'il manifeste sa justice, dont Satan & les tenebres de son regne soient confondus: & que toute iniquite soit destruite & abolie.
Cela ne se fait-il pas dés-à-apresent?
Si fait bien en partie: mais nous desirons que continuellement il croisse & soit avance, jusques à ce qu'il vienne finalement à sa perfection, qui sera au jour du jugement, auquel Dieu sera exalté seul, & toute creature sera humiliée sous sa grandeur, mesmes il sera tout en toutes choses.
DIMANCHE. XL.
COmment requiers-tu que la volonté de Dieu soit faite?
Que toutes creatures lui soient sujettes pour lui rendre obeïssance: & ainsi que tout se fasse selon son bon plaisir.
Entens-tu que rien se puisse faire contre sa volonté?
Nous requerons non pas seulement qu'il amene toutes choses a tel poinct, que cè qu'il a determiné en son conseil advienne: mais que toute rebellion abbatuë, il range toutes volontez à la sienne seule.
En ce faisant, ne renonçons-nous pas à nos propres volontez?
Si faisons, & non seulement afin qu'il renverse nos desirs qui contreviennent à son bon plaisir, les rendans vains & de nul effet: mais aussi qu'il crée en nous nouveaux esprits & nouveaux coeurs: tellement que nous ne vueillions rien de nous-mesmes: mais que son Esprit vueille en nous, pour nous faire pleinement consentir avec lui.
Pourquoi adjoustes-tu, En la terre comme au ciel?
D'autant que ses creatures celestes, qui sont ses Anges, ne cherchent qu'à lui obeir paisiblement sans nulle contrarieté, nous desirons que le semblable se fasse en la terre: c'est que tous hommes se rangent en obeïssance volontaire.
DIMANCHE XLI.
VEnons à la seconde partie. Qu'entens-tu par le pain quotidien que tu demandes?
Generalement tout ce qui fait beso [...] à l'indigence de hostre corps, non se [...] lement quant à la nourriture & ves [...]e, mais tout ce que Dieu connoist nous e [...]e expedient à ce que nous puislions mang [...] nostre pain en paix.
Comment demandes-tu à Dieu q [...] te donne ta nourriture, veu qu'il no [...] commande de la gagner au travail de no [...] mains?
Combien qu'il nous faille travaillet pour vivre, toutefois nostre labeur, industrie, & diligence ne nous nourrit pas mais la seule benediction de Dieu, laquelle est sur nos mains, & sur nostre labeur, pour le faire prosperer. Et davantage, il nous faut entendre que ce ne sont pas les viandes qui nous nourrissent, encores que nous les ayons à commandement: mais la vertu du Seigneur, qui use d'elles comme d'instrument tant seulement.
Pourquoi l'appelles-tu tien, puis que tu demandes qu'il te soit donné?
C'est par la bonté de Dieu qu'il est fait nostre, encore qu'il ne nous soit point deu. Et aussi par cela nous sommes avertis de ne point desirer le pain d'autrui, mais celui que nous aurons acquis par moyen legitime, selon l'ordonnance de Diéu.
Pourquoi dis-tu quotidien & aujourd'hui?
Cela est pour nous apprendre d'avoir contentement, & ne point appeter plus que nostre necessité requiert.
Veu que cette priere est commune à tous, comment les riches qui ont provision & abondance de biens pour long-temps, peuvent-ils demander pour un jour?
Il faut que tant riches que pauvres entendent que tout ce qu'ils ont ne leur peut de rien profiter, sinon entant que le Seigneur leur en donne l'usage, & fait par sa grace qu'il nous soit profitable. Ainsi en ayant, nous n'avons rien, sinon d'autant qu'il le nous donne.
DIMANCHE XLII.
QUe contient la cinquiéme demande?
Qu'il plaise à Dieu nous pardonner nos pechez.
N'y a-t'il homme vivant si juste qui n'ait besoin de la faire?
Non: car le Seigneur Jesus a donné cette forme à ses Apostres pour son Eglise. Ainsi quiconque s'en vondroit exempter renonceroit à la communauté des Chrestiens. Et de fait l'Ecriture nous testifie, que le plus parfait voulant alleguer un poinct à Dieu pour se justifier, sera trouvé coupable en mille. Il faut donc que nous ayons tout nostre refuge à sa misericorde.
Comment entens-tu que cette remission nous soit faite?
Comme les paroles mesmes dont Jesus Christ a usé le montrent: c'est que les pechez sont des dettes, lesquelles nous tiennent obligez à condamnation de mon eternelle: nous demandons que Dieu nous en acquite par sa pure liberalité.
Tu entens donc que nous obtenons remission [Page]de nos pechez par la bonté gratuite de Dieu?
Ouï: car nous ne pouvons nullement satissaire pour la moindre faute que nous ayons commise, si Dieu n'use envers nous de sa pure liberalité, en nous les remettant toutes.
Quand Dieu nous a pardonné nos pechez, quel fruit & utilité nous en revient-il?
Par ce moyen nous lui sommes agreables, comme si nous estions justes & innocens: & nos consciences sont asseurées de sa dilection paternelle euvers nous, dont nous vient salut & vie.
Quand tu demandes qu'il nous pardonne comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensez, entens-tu qu'en pardonnant aux hommes nous meritions pardon de lui?
Non pas: car le pardon ne seroit plus gratuit, & ne seroit pas fondé en la satisfaction qui a esté en la mort de Jesus Christ, comme il doit estre. Mais entant qu'en oubliant les injures que l'on nous fait, nous ensuivons sa douceur & clemence, & ainsi nous demonstrons estre ses enfans: il nous donne cette enseigne pour nous certifier. Et d'autre part il nous signifie qu'il ne nous faut attendre en son jugement que toute severité & extréme rigueur, si nous ne sommes faciles à pardonner & faire grace à ceux qui sont coupables envers nous.
Tu entens donc que Dieu desavouë ici pour ses enfans tous ceux qui ne peuvent oublier les offenses qu'on leur fait, afin qu'ils ne s'attendent pas d'estre participans de cette grace?
Ouï: & que tous sçachent qu'à la mesme mesure qu'ils auront fait à leurs prochains, il leur sera rendu.
DIMANCHE XLIII.
QU'est-ce qui s'ensuit?
Ne nous indui point en tentation: mais nous delivre du malin.
Ne fais-tu qu'une requeste de cela?
Non: car le second membre est l'exposition du premier.
Quelle est la substance d'icelle?
Que Dieu ne nous laisse point trébucher au mal, & ne permette que nous soyons vaincus du diable, & des mauvaises concupiscences de nostre chair, lesquelles bataillent contre nous: mais qu'il nous donne la force de resister, nous soustenant de sa main, & nous ayant en sa sauvegarde pour nous defendre & conduire.
Comment cela se fait-il?
Quand par son Esprit il nous gouverne, pour nous faire aimer le bien, & haïr le mal: suivre sa justice, & faïr le peché. Car par la vertu du Saint Esprit nous surmontons le diable, le peché, & la chair.
Cela est-il necess [...]ire à tous?
Ouï. Car le diable veille toûjours sur nous comme un lion rugissant prest à nous devorer: & nous sommes si foibles & fragiles, qu'il nous auroit incontinent abbatus, si Dieu ne nous fortifioit pour on avoir la victoire.
Que signifie le mot de Tentation?
Les astuces & tromperies du diable. dont il use pour nous surprendre, selon que nostre sens naturel est enclin à estre deceu & nous decevoir: & nostre volonté est plûtost preste de s'adonner au mal qu'au bien.
Mais pourquoi demandes-tu à Dieu qu'il ne t'induise point au mal, veu que cela est le propre office du diable?
Comme Dieu par sa misericorde conserve ses fideles, & ne permet que le diable les seduise, ni que le peché les surmonte: aussi ceux qu'il veut punir, non seulement il les abandonne & retire sa grace d'eux, mais aussi les livre au diable, pour estre sujets à sa tyrannie: les aveugle, & les met en sens reprouvé.
Que veut dire cette addition, Car à toi est le regne, la puissance, & la gloire aux siecles des siecles?
Pour nous reduire derechef en memoire que nos oraisons sont plsitost fondées e [...] Dieu & en sa puissance & bonté, que non pas en nous, qui ne sommes pas dignes d'ouvrir la bouche pour le requerir. Et. aussi pour nous apprendre de clorre toutes nos prieres par sa loiiange.
DIMANCHE XLIV.
N'Est-il licite de demander autre chose, sinon ce qui a esté recité?
Combien qu'il nous soit libre d'uset d'autres paroles & d'autre forme & maniere, si est-ce que nulle oraison ne sera jamais agreable à Dieu, lequelle nese rapporte à celle-ci comme à la regle unique de bien prier.
Il est temps de venir au quatriéme membre de l'honneur que nous devons rendre à Dieu.
Nous avons dit que c'est de le reconnoistre de coeur & consesser de bouche autheur de tout bien pour le glorifier.
Nous a-t il pas donné quelque regle pour ce faire?
Toutes les loiianges & actions de graces contenuës en l'Ecriture, nous doivent estre pour regle & enseignement.
N'en a-t'il [...]ien touche en l'Oraison?
Si a bien: Car en desirant que son Nom soit sanctifié, nous desirons que toutes ses oeuvres apparoissent glorieuses, comme elles sont: tellement que, soit qu'il punisse, il soit tenu pour juste: soit qu'il pardonne, pour miseri [...]rdieux: soit qu'il accomplisse ses pr [...]messes, pour veritable. En somme, qu'il n'y ait du tout rien en quoi sa gloire ne reluise. Cela est lui attribuer la loiiange de tous biens.
Que oeonclurrons-nous de tout ce que nous avons dit?
Ce que t [...]moigne la verité, & qui a est [...] touché au commencement, assavoir, Que cette est la vie eternelle, de connoistre le vrai Dieu, & ceh [...] qu'il a envoyé Jesus Christ [...]le connoistre, dis-je, pour l'honorer deuëment, afin qu'il nous soit non seulement Maistre & Séigneur, mais aussi Pere & Sauveur: & que nous mutuellement lui soyons enfans, serviteurs, & peuple dedié à sa gloire.
DIMANCHE XLV.
QUel est le moyen de parvenir à un tel bien?
Pour ce faire il nous a laissé sa sainte Parole, laquelle nous est comme une entrée en son Royaume celeste.
Où prens-tu cette Parole?
Comme elle nous est comprise aux saintes Ecritures.
Comment faut-il que nous en usions pour en àvoir du profit?
En la recevant en pleine certitude de conscience, comme une verité procedée du ciel, nous soûmettant à elle en droite obeïssance, l'aimant de vraye affection & entiere, l'ayant imprimée en nos coeurs pour la suivre & nous conformer à icelle.
Tout cela est-il en nostre puissance?
Il n'y en a du tout rien: mais c'est Dieu qui travaille en nous en telle sorte, par son Saint Esprit.
Mais ne faut-il pas que nous mettions peine & diligence à ouïr & lire la doctri ne laquelle nous y est montree?
Ouï bien. Et premierement, que chacun en son particulier y travaille: & sur tout, que nous frequentions les predications, ausquelles cette Parole est exposée en l'assemblée des Chrestiens.
Entens-tu qu'il ne suffit pas de lire en sa maison, sinon que tous ensemble oyent une doctrine commune?
Je l'ontens ainsi, cependant que Dieu en donne le moyen.
La raison?
Pource que Jesus Christ a establi cét ordre en son Eglise, non pas pour deux ni pour trois, mais pour tous generalement: & a declaréque c'est le seul moyen de l'edifier & entretenir. Ainsi, il nous faut là tous ranger, & n'estre pas plus sages que nostre Maistre.
Est ce donc chose necessaire qu'il y ait des Pasteurs?
Ouï, & qu'on les écoute, recevant en numilité la doctrine du Seigneur par leur bouche. Tellement que quiconque les mé prise & refuse de les ouïr, il rejette Jesus Christ, & se separe de la compagnie des fideles.
Mais suffit-il d'avoir une fois esté instruit par eux, ou s'il faut continuer?
Ce n'est rien de commencer si on ne poursuit & persevere toûjours. Car jusques a la fin il nous convient estre toûjours ecoliers de Jesus Christ. Et il a ordonné les Ministres Ecclesiastiques pour nous enseigner en son Nom.
DIMANCHE XLVI.
N'Y a-il point d'autre moyen outre la Parole, par lequel Dieu se communique à nous?
Il conjoint les Sacremens avec la predication de sa Parole.
Qu'est-ce que Sacrement?
C'est un temoignage exterieur de la grace de Dieu, qui par un signe visible nous represente les choses spirituelles, afin d'imprimer plus fort en nos coeurs les promesses de Dieu, & nous en rendre plus certiins.
Comment? un signe visible & materiel a-t'il cette vertu de certifier la conscience?
Non pas de soi-mesme, mais entant qu'il est ordonné de Dieu à cette fin.
Veu que c'est le propre office du Saint Esprit de seeller les promesses de Dieu en nos coeurs, comment attribuës tu cela aux Sacremens?
Il y a grande difference entre l'un & l'autre. Car l'Esprit de Deu à la verité est celui seul qui peut toucher & émouvoir nos coeurs, illuminer nos entendemens, & assurer nos consciences, tellement que tout cela doit estre Jugé son oeuvre propre, pour lui en rendre loiiange. Cependant le Seigneur s'aide des Sacremens comme d'instrumens inferieurs, selon que bon lui semble, sans que la vertu de son Esprit en soit aucunement amoindrie.
Tu entens donc que l'essicace des Sacremens ne gist pas en l'element exterieur, mais procede toute de l'Esprit de Dieu?
Ouï, selon que Dieu veut travailler par les moyens qu'il a instituez sans deroger à sa puissance.
Et qui meut Dieu de faire cela?
Pour le soulagement de nostre infirmité. Car si nous estions de nature spirituelle comme les Anges, nous pourrions contempler spirituellement & lui & ses graces: mais ainsi que nous sommes enveloppez de nos corps, nous avons besoin qu'il use de figures envers nous, pour nous representer les choses spirituelles & celestes: car autrement nous ne les pourrions comprendre. Et aussi il nous est expedient que tous nos sens soient exercez en en ses saintes promesses, pour nous confirmer en elles.
DIMANCHE XLVII.
PUis que Dieu a introduit les Sacremens pour nostre necessité, ce seroit orgueil & presomption de penser qu'on s'en peust passer?
Ouï pour certain: tellement que quiconque s'abstient volontairement de l'usage, pensant qu'il n'en a point de besoin, méprise Jesus Christ, rejette sa grace, & esteint son Saint Esprit.
Mais qu [...]le certitude de grace peuvent donner les Sacremens, veu que bons & mauvais les recoivent?
Combien que les incredules & méchans aneantiffent la grace qui leur est presentée par les Sacremens, si ne s'ensuit-il pas que la proprieté d'iceux ne soit telle.
Comment donc, & quand est-ce que les Sacremens produisent leur effet?
Quand on les recoit en foi, cherchant seulement Jesus Christ & sa grace.
Pourquoi dis-tu que nous y devons chercher Jesus Christ?
Pour signifier qu'il ne nous faut pas amuser au signe terrien pour chercher là nostre salut: & ne nous faut pas imaginer qu'il y ait là quelque vertu enclose: mais au contraire, que nous prenions le signe pour une aide qui nous conduise droitement au Seigneur Jesus, pour chercher en lui salut & tout bien.
Veu que la foi y est requise, comment dis-tu qu'ils nous sont donnez pour nous confirmer en la foi, nous asseurant des promesses de Dieu?
Il ne suffit pas que la foi soit seulement commencée en nous pour une fois, mais il faut qu'elle soit nourrie & entretenuë: puis qu'elle croisse journellement & soit augmentée en nous. Pour la nourrir donc, pour la fortifier & l'accroistre, Dieu nous donne les Sacremens. Ce que Saint Paul denoté, en disant que leur usage est de seeller les promesses de Dieu en nos coeurs.
Mais n'est - ce pas signe d'infidelité quand les promesses de Dieu ne nous sont pas assez fermes d'elles-mesmes sans aide?
C'est signe de petitesse & infirmité, de foi, laquelle est bien aux enfans de Dieu, qui ne [...]a [...]ssent pas pourtant d'estre fideles, mais ce n'est pas encore en perfection: car cependant que nous vivons en ce monde, il y a toûjours quelques reliques de defiance en nostre chair, & pourtant nous saut-il toûjours profiter & croistre.
DIMANCHE XLVIII.
COmbien y a-t'il de Sacremens, en l'Eglise Chrestienne?
Il n'y en a que deux communs que le Seigneur Jesus ait instituez pour toute la compagnie des fideles.
Quels?
Le Baptesme & la Sainte Cene.
Quelle convenance & difference y a-t'il de l'un à l'autre?
Le Baptesme nous est comme une entrée en l'Eglise de Dieu. Car il nous testifie que Dieu, au lieu que nous estions étrangers de lui, nous reçoit pour ses domestiques. La Cene nous est un témoignage que Dieu nous veut nourrir & repaistre, comme un bon pere de famille a le soin de nourrir & refectionner ceux de sa maison.
Pour avoir plus claire intelligence de l'on & de l'autre, disons de chacun à part. Premierement, quelle est la signification du Baptesme?
Elle à deux parties: car le Seigneur nous y represente la remission de nos pechez: & puis nostre regeneration ou renouvellement spirituel.
DIMANCHE XLIX.
QUelle similitude a l'e [...]u avec ces choses pour les representer?
Pource que la remission des pechez est une espece de lavement par lequel nos ames sont purgées de leurs macules, ainsi que les ordures du corps sont nettoyées par l'eau.
Touchant l'autre partie?
Pource que le commencement de nostre regeneration est que nôtre nature soit mortifiée: l'issuë, que nous soyons nouvelles creatures par l'Esorit de Dieu. L'eau donc nous est mise sur la teste en signe de mort: toutesfois en telle forte, que la resurrection nous est semblablement figurée, en ce que cela se fait seulement pour une minute de temps, & non pas pour nous noyer en l'eau.
Tu n'entens pas que l'eau soit le lavement de nos ames?
Non pas: car cela appartient au sang de Jesus Christ seulement, qui a esté épandu pour essacer toutes nos soiiillures, & nous rendre purs & impollus devant Dieu. Ce qui est accompli en nous quand nos consciences en sont arrousées par le Saint Esprit. Mais par le Sacrement ce - la nous est certifié.
Entens-tu que l'eau nous en soit seulement une figure?
C'est tellement une figure, que la verité est conjointe avec: car Dieu ne nous promet rien en vain: c'est pourquoi il est certain qu'au Baptesme la remission des pechez nous est offerte & nous la recevons.
Cette grace est-elle accomplie indiffèremment en tous?
Non: car plusieurs l'aneantiffent par leur perversité. Neantmoins le Sacrement ne laisse pas d'avoir une telle nature, combien qu'il n'y ait que les fideles qui en sentent l'efficace.
La regeneration d'où prend-elle sa vertu?
De la mort & resurrection de Christ: car sa mort a cette vertu, que par elle nostre vieil Adam est crucifié, & nostre nature vicieuse est comme ensevelie pour n'avoir plus vigueur de regner. Et la nouveauté de vie, pour suivre la justice de Dieu, procede de la resurrection.
Comment certe grace nous est-elle appliquée au Baptesme?
Entant que nous sommes là vestus de Jesus Christ, & y recevons son Esprit, moyennant que nous ne nous rendions pas indignes des promesses qui nous y sont données.
DIMANCHE L.
DE nostre costé, quel est le droit usage du Baptesme?
Il gist en foi & en repentance: c'est que nous soyons certains d'avoir nostre pureté spirituelle en Christ: & sentions en nous & declarions à nos prochains par oeuvres, que l'Esprit d'icelui habite en nous pour mortifier nos propres desirs, afin de nous faire suivre la volonté de Dieu.
Puis que cela y est requis, comment estce qu'on baptize les petits enfans?
Il n'est pas dit que la foi & la repentance doivent toûjours preceder la reception du Sacrement: mais seulement cela doit estre en ceux qui en sont capables. Il sussit donc que les petits enfans produisent, & demontrent le fruit de leur Baptesme apres estre venus en âge de connoissance.
Comment montreras tu qu'il n'y a point d'inconvenient en cela?
Pource que la Circoncision estoit aussi bien Sacrement de penitence, comme Moyse & les Prophetes declarent: & Sacrement de foi comme dit Saint Paul. Et toutefois Dieu n'en a point exclus les petits enfans.
Mais pourras-tu bien montrer qu'il y [Page]ait une mesme raison de les recevoir au Baptesme comme à la Circoncision?
Ouï bien: car les promesses que Dieu avoit anciennement faites à son peuple d'Israël, sont maintenant étenduës par tout lemonde.
Mais s'ensuit-t'il de cela que nous devions user de signe?
Il est ainsi, quand le tout sera bien consideré. Car Jefus Christ ne nous a pas faits participans de la grace qui avoit auparavant esté au peuple d'Israel, pour l'amoindrir en nous, ou la rendre plus obscure qu'elle n'estoit: mais plsitost l'a éclaircie & augmentée davantage.
Entens-tu que si nous ne donnions le Baptesme aux petits enfans, la grace de Dieu seroit amoindrie par la venuë du Seigneur Jesus?
Ouï bien: car le signe de la bonté & misericorde de Dieu sur nos enfans, qu'ont en les anciens, nous defaudroit: lequel sert grandement à nostre consolation, & à confirmer la promesse qui a esté faite dés le commencement.
Tu entens donc, puis que Dieu se declarant anciennement estre Sauveur des petits ensans, a voulu cette promesse estre seellée en leurs corps par Sacrement exterieur, que c'est bien la raison qu'il n'y ait pas moins de confirmation depuis la venuë de Christ, veu que la mesme promesse deaneure, & mesmes est plus clairement testifiée de parole, & ratifiée de fait?
Ouï: & davantage, puis que c'est chose notoire que la vertu & la substance du Baptesme appartient aux petits enfans, on [...]eur feroit injure de leur dénier le signe qui est inferieur.
A quelle condition donc devons-nous baptifer les petits enfans?
En signe & témoignage qu'ils sont heritiers de la benediction de Dieu promise à la generation des fideles: afin qu'estans venus en âge ils reconnoissent la verité de leur Baptesme, pour en faire leur profit.
DIMANCHE LI.
DIsons de la Cene. Et premierement, quelle est la signification d'icelle?
Nostre Seigneur l'a instituée pour nous affeurer que par la communication de son corps & de son sang nos ames sont nourries en l'esperance de la vie eternelle.
Pourquoi est-ce que le Seigneur par le pain nous represente son corps, & par le [...]in son sang?
Pour signifier que telle proprieté qu'a le pain envers nos corps, c'est de les repaistre & substanter en cette vie mortelle: aussi a son corps envers nos ames, c'est de [...]es nourrir & vivifier spirituellement. Pareillement, que comme le vin fortifie, refectione, & réjouït l'homme selon le corps: aussi que son sang est nostre joye, nostre refection & vertu spirituelle.
Entens-tu qu'il nous faille communiquer vrayement au corps & au sang du Seigneur?
Je l'entens ainsi. Car puis que toute la fiance de nostre falut gist en l'obeïflance qu'il a renduë à Dieu son Pere, entant qu'elle nous est imputée comme sielle estoit nostre, il faut que nous le possedions, veu que ses biens ne sont pas nostres, sinon [...] premierement il se donne à nous.
Mais ne s'est-il pas donné a nous quan [...] il s'est exposé à la mort pour nous recorcilier à Dieu son Pere, & nous delivr [...] de damnation?
Si est bien: mais il ne suffit pas de cela, sinon que nous le recevions, pour sentir en nous le fruit & l'efficace de sa mort & passion.
La maniere de le recevoir, est-ce point par foi?
Ouï, nonseulement en croyant qu'il est mort & reffuscité pour nous delivrer de la mort eternelle, & nous acquerir la vie: mais aussi qu'il habite en nous, & est conjoint avec nous en telle union que le chef avec ses membres, afin de nous faire participans de toutes ses graces en vertu de cette conjonction.
DIMANCHE LII.
CEtte communion ne se fait-elle sinon en la Cene?
Si fait bien: car nous l'avons par la predication de l'Evangile, comme dit S. Paul, entant que le Seigneur Jesus nous y promet que nous sommes os de ses os, & chair de sa chair: qu'il est le pain de vie qui est descendu du Ciel pour nourrir nos ames: que nous sommes un avec lui comme il est un avec son Pere: & telles choses.
Qu'est-ce que nous avons au Sacrement davantage, & de quoi nous sert-il plus?
C'est que cette communion est plus amplement confirmée en nous, & comme ratifiée, combien que Jesus Christ nous soit vrayement communiqué & par le Baptesme & par l'Evangile: toutefois ce n'est qu'en partie, non pas pleinement.
Qu'est-ce donc en somme que nous avons par le signe du pain?
C'est que le corps du Seigneur Jesus entant qu'il a une fois esté offert en sacrifice pour nous reconcilier à Dieu, nous est maintenant donné, pour nous certifier que nous avons part en cette reconcilliation.
Qu'est-ce que nous avons au signe du vin?
Que le Seigneur Jesus nous donne son sang à boire entant qu'il l'a une fois épandu pour le prix & satisfaction de nos offenses, afin que nous ne doutions point d'en recevoir le fruit.
Selon tes responses, la Cene nous renvoye à la mort & passion de Jesus Christ, afin que nous communiquions à la vertu d'icelle?
Ouï: car alors le sacrifice unlque & perpetuel a esté fait pour nostre redemption. C'est pourquoi il ne reste plus sinon que nous en ayons la jouïssance.
La Cene donc n'est pas instituée pour f [...]ire une oblation du corps de Jesus à Dieu son Pere?
Non: car il n'y a que lui seul à qui appartient cét office, entant qu'il est Sacrificateur eternel. Mais il nous commande seulement de recevoir son corps, non pas de l'offrir.
DIMANCHE LIII.
POurquoi est - ce qu'il y a double signe?
Nostre Seigneur l'a fait pour nostre infirmité, afin de nous donner à connoistre, que non seulement il est viande à nos ames, mais aussi breuvage: afin que nous cherchions en lui nostre nourriture pleine & entiero, & non ailleurs.
Tous doivent-ils user in differemment de ce [...]cond signe, assavoir de la coupe?
Ouï, selon le commandement de Jesus Christ, contre lequel il n'est licite de rien attenter.
Avons-nous en la Cene simplement le témoignage des choses susdites, ou si elles y sont vrayement données?
Entant que Jesus Christ est la verité, il ne faut point douter que les promesses qu'il fait en la Cene n'y soyent accomplies, & que ce qu'il y figure n'y soit verifié. Ainsi selon qui le promet & represente, je ne doute pas qu'il ne nous fasse participans de sa propre substance, pour nous unir avec foi en une vie.
Mais comment cela se peut-il faire, veu que le corps de Jesus Christ est au ciel, & nous sommes en ce pelerinage terrien?
C'est par la vertu incomprehensible de son Esprit, laquelle conjoint bien les choses separées par distance de lieu.
Tu n'entens donc pas que le corps soit enclos dedans le pain, ni le sang da [...]s la coupe?
Non: mais au contraire, pour avoir la verité au Sacrement, il nous faut elever nos coeurs en haut au ciel, ou est Jesus Christ en la gloire de son Pere, & d'ou nous l'attendons en nostre redemption: & non pas le chercher en ces elemens corruptibles.
Tu entens donc qu'il v a deux choses en ce Sacrement: le pain materiel, & le vin que nous voyons à l'oeil, touchons a la main. & savourons au goust: & Jesus Christ, dont nosames sont interieurement nourries?
Ouï: en telle sorte neantmoins que nous y avons mèsme témoignage, & comme un arrhe de la resurrection de nos corps, entant qu'ils sont faits participans du signe de vie.
DIMANCHE LIV.
QUel en doit estre l'usage?
Tel que dit Saint Paul c'est que l'homme s'éprouve foi - mesme devant que d'en approcher,
En quoi se doit-il éprouver?
Assavoir s'il est vrai membre de Jesus Christ.
Par quels signes le pourra-t'il connoistre?
S'il a vraye foi & repentance, & s'il aime ses prochains en vraye charité, & n'est point entaché de haine, ni rancune, ni division.
Mais est-il requis d'avoir une foi & charité parfaite?
Il faut bien que l'une & l'autre soit entiere, & non feinte: mais d'avoir une telle perfection, à laquelle il n'y ait que redire, cela ne se trouvera pas entre les hommes. Aussi la Cene seroit instituée en vain, si nul n'estoit capable de la recevoir, sinon qu'il fust du tout parfait.
L'imperfection donc ne nous empesche point d'en approcher.
Mais au contraire, elle ne nous serviroit de rien si nous n'estions imparfaits: car c'est une aide & soulagement de nostre infirmité.
Ces deux Sacremens ne servent-ils point à autre fin?
Si font: d'autant que ce sont signes & marques de nostre profession: c'est à dire que par elles nous protestons que nous sommes du peuple de Dieu, & failons confession de nostre Chrestienté.
Que faudroit-il donc juger d'un homme qui n'en voudroit point user?
Il ne le faudroit pas tenir pour Chrestien: car en ce faisant il ne se veut point consesser estre tel, & quasi tacitement il desavouë Jesus Christ.
Mais suffit-il de recevoir une fois l'un & l'autre.
Le Baptesme n'est ordonné que pour une seule fois. & il n'est pas licite de le reïterer. Mais il n'est pas ainsi de la Cene.
La raison?
Pource que par le Baptesme Dieu nous introduit & reçoit en son Eglise: apres nous y avoir receus, il nous signífie par la Cene qu'il nous veut continuellement nourrir.
DIMANCHE LV.
AQui appartient-il, tant de baptizer, que d'administrer la Cene?
A ceux qui ont charge publique en l'Eglise d'enseigner: car ce sont choses conjointes que de prescher la Parole, & distribuer les Sacremens.
N'y en a t'il pas certaine preuve?
Ouï bien: car nostre Seigneur donne specialement la charge à ses Apostres tant de baptizer comme de prescher. Et touchant la Cene il commande que nous la fassions à son exemple. Or il avoit fait office de Ministre pour la donner aux autres.
Mais les Pasteurs, qui sont dispensateurs des Sacremens, y doivent-ils admettre sans discretion tous ceux qui s'y presentent?
Touchant le Baptesme, pource qu'aujourd'hui on ne Padministre qu'aux petits enfans il n'est point besoin de discerner. Mais de la Cene, il faut bien que le Ministre reaarde de ne la point bailler à un homme qu'on connoist en estre du tout indigne.
Pourquoi?
Pource que ce seroit polluer & deshonorer le Sacrement.
Mais nostre Seigneur y a bien receu Judas, quelque méchant qu'il fust?
Son iniquité estoit encore cachée: & bien que nostre Seigneur la connust, si n'estoit-elle pas notoire a tous.
Que sera-ce donc des hypocrites?
Le Ministre ne les peut exclurre comme indignes, mais doit attendre que le Seigneur ait relevé leur mechanceté.
Et s'il en connoist quelques-uns indignes, ou qu'il en soit averti?
Cela ne sussit point pour les exclurre. [Page]finon qu'il y ait approbation suffisante, & jugement de l'Eglise.
Il faut donc qu'il y ait quelque ordre & police sur cela?
Ouï, si l'Eglise est bien reglée: c'est qu'on depute des personnages pour veiller sur les scandales qui pourroient estre; & qu'iceux en l'authorité de l'Eglise inte [...] sent la communion à ceux qui n'en [...] nullement capables, & ausquels on ne à peut donner sans deshonorer Dieu & [...] dalizer les fideles.
Fin du Catechisme.
LES DIX COMMANDEMENS de la Loi de Dieu.
EXODE XX.
-
PREFACE.
EScoute Israël, Je suis l'Eternel ton Dieu, qui t'ai retiré du païs d'Egypte, de la maison de servitude.
-
LA PREMIERE TABLE.
- I. TU n'auras point d'autres Dieux devant ma face.
- II. Tu ne te feras image tailléè, ni ressemblance aucune des choses qui sont là haut és Cieux, ni ci-bas en la Terre, ni és eaux dessous la Terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, & ne les serviras. Car je suis l'Eternel ton Dieu, le Dieu fort, quiest jaloux, punissant l'iniquité des peres, fur les enfans en la troisiéme & quatriéme generation de ceux qui me haïssent, & faisant misericorde en mille generations à ceux qui m'aiment, & à ceux qui gardent mes Commandemens.
- III. Tu ne prendras point le Nom de l'Eternel ton Dieu en vain: Car l'Eternel ne tiendra point pour innocent celui qui aura pris son Nom en vain.
- IV. Aye souvenance du jour du repos pour le sanctifier. Six jours tu travailleras, & feras toute ton oeuvre: mais le septiéme [...]our est le repos de l'Eternel ton Dieu. Tu ne feras aucune oeuvre en icelui, toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bestail, ni ton estranger qui est dedans tes portes. Car en six jours l'Eternel a fait les Cieux, & la Terre, & la Mer, & tout ce qui est èniceux, & s'est reposé au septiéme jour: & pourtant l'Eternel a beni le jour du repos, & l'a sanctifie.
-
LA SECONDE TABLE.
- V. HOnore ton Pere & ta Mere, afin que tes jours soient prolongez sur la terre, laquelle l'Eternel ton Dieu te donne.
- VI. Tu ne tuëras point.
- VII Tu ne paillarderas point.
- VIII. Tu ne déroberas point.
- IX. Tu ne diras point faux témoignage contre ton prochain
- X Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain. Tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son asne, ni aucune chose qui soit à ton prochain.
LE SOMMAIRE DE toute la Loi.
Matth. chap. 22.
vers. 37.
TU aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, & de toute toname, & de toute ta pensée. Cettui-ci est le premier, & le grand Commandement. Et le second semblable à icelui, est,
Tu aimeras ton prochain comme toimesme.
De ces deux Commandemens dependent toute la Loi & les Prophetes.
CONFESSION DE FOI, Faite d'un commun accord par les Eglises Reformées du Royaume de France.
- ARTICLE I. NOus croyons & confessons qu'il y a un seul Dieu, qui est une seule & simple Essence, spirituelle, eternelle, invisible, immuable, infinie, inçomprehensible, ineffable, qui peut toutes choses, qui est toute sage, toute bonne, toute juste, & toute misericordieuse.
- II. Ce Dieu se manifeste tel aux hommes, premierement par ses oeuvres, tant par la creation que par la conservation & conduite d'icelles. Secondement & plus clairement par sa Parole, laquelle au commencement revelée par oracle, a esté puis apres redigée par écrit és livres que nous appellons l'Ecriture sainte.
- III. Toute cette Ecriture sainte est comprise és livres Canoniques du vieil & nouveau Testament, desquels le nombre [...]ensuit. Les cinq livres de Moyse: assavoir, Genese, Exode, Levitique, Nombres, Deuteronome. Item, Josué, Juges, Ruth, le premier & second livre de Samuel, le premier & second livre des Rois, le premier & second livre des Chroniques, autrement dits Paralipomenon, le premier livre d'Esdras. Item, Nehemie, le livre d'Ester, Job, les Pseaumes de David, les Proverbes ou Sentences de Salomon, le livre de l'Ecclesiaste, dit le Prescheur, le Cantique de Salomon. Item, le livre d'Esaïe, Jeremie, Lamentations de Jeremie, Ezechiel, Daniel, Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Abakuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie. Item, le saint Evangile selon sainct Matthieu, selon sainct Marc, selon sainct Luc, & selon sainct Jean. Item, le second livre de sainct Luc, autrement dit les Actes des Apostres. Item, les Epistres de sainct Paul, aux Romains une, aux Corinthiens deux, aux Galates une, aux Ephesiens une, aux Philippiens une, aux Colossiens une, aux Thessaloniciens deux, à Timothée deux, à Tite une, à Philemon une. Item, l'Epistre aux Hebreux, l'Epistre de sainct Jaques, la premiere & seconde Epistre de Sainct Pierre, la premiere, deuxiéme & troisiéme Epistre de sainct Jean, l'Epistre de sainct Jude. Item, l'Apocalypse ou Revelation de sainct Jean.
- IV. Nous connoissons ces livres estre Canoniques, & regle tres-certaine de nostre foi: non tant par le commun accord & consentement de l'Eglise, que par le témoignage & persuasion interieure du Sainct Esprit, qui les nous fait discerner d'avec les autres livres Ecclesiastiques sur lesquels, encore qu'ils soient utiles, on ne peut fonder aucun Article de foi.
- V. Nous croyons que la Parole qui est concenuë en ces livres, est procedée de Dieu, duquel seul elle prend son authorité, & non des hommes. Et d'autant qu'elle est la regle de toute verité, contenantitout ce qui est necessaire pour le service de Dieu & nostre salut, il n'est pas loisible aux hommes, ni mesmes aux Anges d'y adjouster, diminuer ou changer. Dont il s'ensuit que ni l'antiquité, ni les coustumes, ni la multitude, ni la sagesse humaine, ni les jugemens, ni les arrests, ni les edicts, ni les decrets, ni les conciles, ni les visions, ni les miracles, ne doivent estre opposez à cette Ecriture saincte: mais au contraire, toutes choses doivent estre examinées, reglées & reformées selon elle. Et suivant cela nous advoiions les trois Symboles, assavoir, des Apostres, de Nicée, & d'Athanase, pource qu'ils sont conformes à la Parole de Dieu.
- VI. Cette Ecriture saincte nous enseigne qu'en cette seule & simple Essence Divine, que nous avons confessée, il y a trois personnes, le Pere, le Fils, & le Sainct Esprit. Le Pere, premiere cause, principe & origine de toutes choses. Le Fils, sa parole & sapience eternelle. Le Saint Esprit, sa vertu, puissance & essicace. Le Fils eternellement engendré du Pere. Le Saint Esprit procedant eternellement de tous deux: les trois personnes non consuses, mais distinctes, & toutefois non divisées, mais d'une mesme essence, eternité, puissance, & egalite. Et en cela advoiions ce qui a esté determiné par les Conciles ancíens, & detestons toutes sectes & heresies qui ont esté [Page]rejettées par les saincts Docteurs, comme sainct Hilaire, sainct Athanase, sainct Ambroise, sainct Cyrille.
- VII. Nouscroyons que Dieu en trois personnes cooperantes, par sa vertu, fagesse, & bonté incomprehensible, a creétoutes choses, non seulement le ciel, la terre, & tout ce qui y est contenu: mais aussi les esprits invisibles, desquels les uns sont decheus & trébusch [...]z en perdition, les autres ont persisté en obeïssance, Que les premiers s'estans corrompus en malice, sont ennemis de tout bien, par consequent de toute l'Eglise. Les seconds ayans esté preservez par la grace de Dieu, sont ministres pour glorifier le Nom de Dieu: & servir au salut de ses éleus.
- VIII. Nous croyons que non seulement il a creétoutes choses, mais qu'il les gouverne & conduit, disposant & ordonnant selon fa volonté de tout ce qui advient au monde: non pas qu'il soit autheur du mal, ou que la coulpe lui en puisse estre imputée, veu que sa volonté est la regle souveraine & infaillible d [...] toute droiture & equité: mais il a des moyens admirables de se servir tellement des diables & des méchans, qu'il sçait convertir en bien le mal qu'ils font, & duquel ils sont coupables. Et ainsi en confessant que rien ne se fait sans la providence de Dieu, nous adorons en humilité les secrets qui nous sont cachez, sans nous encuerir par dessus nostre mesure: mais plûtost appliquons à nostre usage ce qui nous est montré en l'Ecriture saincte pour estre en repos & seureté, d'autant que Dieu, qui a toutes choses sujettes à soi, veille sur nous d'un soin paternel, tellement qu'il ne tombera point un cheveu de nostre teste sans sa volonté. Et cependant tient les diables & tous nos ennemis bridez en sorte qu'ils ne nous peuvent faire aucune nuisance sans son congé
- IX. Nous croyons que l'homme ayant esté creé pur & entier, & conforme à l'image de Dieu, est par sa propre faute décheu de la grace qu'il avoit receuë. Et ainsi s'est aliené de Dieu, qui est la fontaine de justice & de tous biens, en sorte que sa nature est du tout corrompuë. Et estant aveuglé en son esprit, & depravé en son coeur, a perdu toute integrité sans avoir rien de reste. Et combien qu'il ait encore quelque discretion du bien & du mal, nonobstant nous disons que ce qu'il a de clarté se couvertit en tenebres quand il est question de chercher Dieu: tellement qu'il n'en peut nullement approcher par son intelligence & raison. Et combien qu'il ait volonté par laquelle il est incité à faire ceci ou cela: toutefois elle est du tout captive sous peché: en sorte qu'il n'a nulle liberté à bien que celle que Dieu lui donne.
- X. Nous croyons que toute la lignée d'Adam est infectée de telle contagion qui est le peché originel, & un vice hereditaire, & non pas seulement une imitation, comme les Pelagiens ont vouln dire, lesquels nous detestons en leurs erreurs. Et n'estimons pas qu'il soit besoin de s'enquerir comme le peché vient d'un homme à l'autre, veu que c'est assez, què ce què Dieu lui avoit do [...] n'estoit pas pour lui seul, mais pour toute sa lignée: & ainsi qu'en la personne d'ice. lui, nous avons esté denuez de tous biens & sommes trébuchez en toute pauvretè & malediction.
- XI. Nous croyons aussi que ce vice est vrayement peché qui suffit à condamner tout le genre humain, jusques aux petits enfans dés le ventre de la mere, & que pour tel il est reputé devant Dieu: mesmes qu'apres le Baptesme, c'est toûjours peché quant à la coulpe, bien que la condamnation en soit abolie és enfans de Dieu: ne la leur imputant point par sa bonté gratuite. Outre cela, que c'est une perversité produisant toûjours des fruits de malice & rebellion, tels que les plus saints, encore qu'ils y resistent, ne laissent point d'estre entachez d'infirmitez & de fautes, pendant qu'ils habitent en ce monde.
- XII. Nous croyons que de cette corruption & condamnation generale, en laquelle tous les hommes sont plongez, Dieu retire ceux lesquels en son conseil eternel & immuable il a éleus per sa seule bonté & misericorde en nostre Seigneur Jesus Christ, sans consideration de leurs oeuvres, laissant les autres en icelle mesme corruption & condamnation, pour demontrer en eux sa justice, comme és premiers il fait luire les richesses de sa misericorde Car les uns ne sont point meilleurs que les autres, jusques à ce que Dieu les discerne, selon son conseil immuable qu'il a determiné en Jesus Christ devant la creation du monde: & nul aussi ne se pourroit introduire à un tel bien de sa propre vertu, veu que de nostre nature nous ne pouvons avoir un seul bon mouvement, ni assection, ni pensée, jusques à ce que Dieu nous ait prevenus, & nous y ait disposez.
- XIII. Nous croyons qu'en icelui Jesus Christ tout ce qui estoit requis, à nostre salut nous a esté offert & communiqué. Lequel nous estant donné à salut, nous a essé quant & quant fait sapience, justice, sanctification, & redemption: en sorte qu'en declinant de lui, on renonce à la misericorde du Pere, où il nous convient avoir nostre refage unique.
- XIV. Nous croyons que Jesus Christ estant la sagesse de Dieu & son Fils eternel, a vestu nostre chair, afin d'estre Dieu & homme en une personne, voire homme semblable à nous, passible en corps & en ame, sinon entant qu'il a esté pur de toute macule. Et quant à son humanité, qu'il a esté vraye semence d'Abraham & de David, bien qu'il ait essé conceu par la vertu secrette du Sainct Esprit. En quoi nous detestons toutes les heresies qui ont anciennement troublé les Eglises: & notamment aussi les imaginations diaboliques de Servet, lequel attribuë au Seigneur Jesus une Divinité fantastique, d'autant qu'il le dit estre idée & patron de toutes choses: & le nomme Fils personnel ou figuratif de Dieu: & finalement lui forge un corps de trois elemens incréez, & ainsi messe [Page]& destruit toutes les deux natures.
- XV. Nous croyons qu'en une mesme personne, assavoir Jesus Christ, les deux natures sont vrayement & inseparablement conjointes & unies, demeurant neantmoins chacune nature en sa proprieté distincte: tellement que comme en cette conionction la nature Divine retenant sa proprieté est demeurée incrée, infinie, & remplissant toutes choses: aussi la nature humaine est demeurée finie, ayant sa forme, mesure, & proprieté: & mesmes, bien que Jesus Christ en ressuscitant ait donné immortalité à son corps, toutefois il ne lui a pas osté la verité de sa nature. Et ainsi nous le considerons tellement en sa Divinité, que nous ne le dépoiiillons point de son humanité.
- XVI. Nous croyons que Dieu envoyant son Fils a voulu montrer son amour & bonté inessimable envers nous, en le livrant à la mort, & le ressuscitant pour accomplir soute justice, & pour nous acquerir la vie celeste.
- XVII. Nous croyons, que par le sacrifice unique que le Seigneur Jesus a offert en la croix, nous sommes reconciliez à Dieu pour estre tenus & reputez justes devant lui: pource que nous ne lui pouvons estre agreables ni estre participans de son adoption, sinon d'autant qu'il nous pardonne nos fautes, & les ensevelit. Ainsi nous protestons que Jesus Christ est nostre lavement entier & parfait: qu'en sa mort nous avons entiere satisfaction pour nous acquitter de nos forfaits & iniquitez, dont nous sommes coupables & ne pouvons estre delivrez que par ce remede.
- XVIII. Nous croyons que toute nostre justice est fondée en la remission de nos pechez, comme aussi c'est nostre seule felicité, comme dit David. C'est pourquoi nous rejettons tous autres moyens de nous pouvoir justifier devant Dieu: & sans presumer de nulles vertus ni merites, nous nous tenons simplement à l'obeïssance de Jesus Christ, laquelle nous est alloiiée, tant pour couvrir toutes nos fautes, que pour nous faire trouver grace & faveur devant Dieu. Et de fait, nous croyons qu'en declinant de ce fondement tant peu que ce soit, nous ne pourrions trouver ailleurs aucun repos, mais serions toûjours agitez d'inquietudes, d'autant que jamais nous ne sommes paisibles avec Dieu, jusques à ce que nous soyons bien resolus d'estre aimez en Jesus Christ, veu que nous sommes dignes d'estre haïs en nous-mesmes.
- XIX. Nous croyons que c'est par ce moyen que nous avons liberté & privilege d'invoquer Dieu, avec pleine fiance qu'il se montrera nostre Pere. Car nous n'aurions aucun accez au Pere, si nous n'estions adressez par ce Mediateur. Et pour estre exaucez en son Nom, il convient tenir nostre vie de lui, comme de nostre chef.
- XX. Nous croyons que nous sommes faits participans de cette justice par la seule fol: comme il est dit, qu'il a souffert pour nous acquerir le salut, afin que quiconque croira en lui, ne perisse point. Et que cela se fait d'autant que les promesses de vie qui nous sont données en lui, sont appropriées à nostre usage & en sentons l'effect, quand nous les acceptons, ne doutans point qu'estans asseurez par la bouche de Dieu, nous ne serons point frustrez. Ainsi la justice que nous obtenons par foi depend des promesses gratuites, par lesquelles Dieu nous declare & testifie qu'il nous aime.
- XXI. Nous croyons que nous sommes illuminez en la soi par la grace secrete du Saint Esprit, tellement que c'est un don gratuit & particulier que Dieu depart à ceux que bon lui semble, en sorte que les fideles n'ont dequoi s'en glorifier, estans obligez au double, de ce qu'ils ont esté preferez aux autres. Mesmes que la foi n'est pas seulement baillée pour un coup aux éleus pour les introduire au bon chemin, ains pour les y faire continuer aussi jusques au bout. Car comme c'est à Dieu de faire le commencement, aussi c'est à lui de parachever.
- XXII. Nous croyons que par cette foi nous sommes regenerez en nouveauté de vie, estans naturellement asservis à peché. Or nous recevons par foi la grace de vivre sainctement, & en la crainte de Dieu, en recevant la promesse qui nous est donnée par l'Evangile: assavoir, que Dieu nous donnera son Saint Esprit. Ainsi la foi non seulement ne refroidit pas l'assection de bien & sainctement vivre: mais l'engendre & excite en nous, produisant neceffairement les bonnes oeuvres. Au reste, bien que Dieu pour accomplir nostre salut, nous regenere, nous reformant à bien faire: toutefois nous confessons que les bonnes oeuvres que nous faisons par la conduite de son Esprit, ne viennent point en conte pour nous justifier, ou meriter que Dieu nous tienne pour ses ensans, pource que nous serions toûjours flottans en doute & inquietude, si nos consciences ne s'appuyoient sur la satisfaction par laquelle Jesus Christ nous a aquitte [...].
- XXIII. Nous croyons que toutes les figures de la Loi ont pris fin à la venuë de Jesus Christ. Mais combien que les ceremonies ne soient plus en usage, neantmoins la substance & verité nous en est demeurée en la personne de celui auquel gist tout accomplislement. Au surplus, il nous faut aider de la Loi & des Prophetes: tant pour regler nostre vie, que pour estre confirmez aux promesses de l'Evangile.
- XXIV. Nous croyons, puis que Jesus Christ nous est donné pour seul Advocat, & qu'il nous commande de nous retirer privément en son Nom vers son Pere, & mesmes qu'il ne nous est pas licite de prier sinon en suivant la forme que Dieu nous a dictée par sa parole: que tout ce que les homme ont imaginé de l'intercession des Saints trépassez, n'est qu'abus & fallace de Satan, pour faire dévoyer les hommes de la forme de bien prier. Nous rejettons aussi tous autres moyens que les hommes presument avoir pour se racheter [Page]envers Dieu, comme dérogeans au sacrifice de la mort & passion de Jesus Christ. Finalement nous tenons le purgatoire pour une illusion procedée de cette mesme boutique: de laquelle sont aussi procedez les voeux Monastiques, pelerinages, defenses du mariage, & de l'usage des viandes, l'observation ceremoniale des jours, la confession auriculaire, les indulgences, & toutes autres telles choses, par lesquelles on pense meriter grace & salut. Lesquelles choses nous rejettons, non seulement pour la fausse opinion du merite qui y est attaché, maisaulli parce que ce sont inventions humaines, qui imposent joug aux consciences.
- XXV. Or pource que nous ne jouïssons de Jesus Christ que par l'Evangile, nous croyons que l'ordre de l'Eglise, qui a esté establi en son authorité, doit estre sacré & inviolable, & pourtant que l'Eglise ne peut consister, sinon qu'il y ait des Pasteurs qui ayent la charge d'enseigner, lesquels on doit honorer & écouter en reverence quand ils sont deuëment appellez, & exercent fidelement leur office. Non pas que Dieu soit attaché à telles aides ou moyens inferieurs: mais pource qu'il lui plaist nous entretenir sous telle bride. En quoi nous detestons tous fantastiques, qui voudroient bien, entant qu'en eux est, aneantir le ministere, & predication de la l'arole & des Sacremens.
- XXVI. Nous croyons done que nul ne se doit retirer à part, & se contenter de sa personne: mais que tous ensemble doivent garder & entretenir l'union de l'Eglise, se soumetans à l'instruction commune, & au joug de Jesus Christ: & ce en quelque lieu où Dieu aura establi un vrai ordre d'Eglise, encore que les Magistrats & leurs edits y soient contraires, & que tous ceux qui ne s'y rangent, ou s'en separent, contrarient à l'ordonnance de Dieu.
- XXVII. Toutefois nous croyons qu'il convient discerner soigneusement & avec prudence quelle est la vraye Eglise: pource que par trop on abuse de ce titre. Nous disons done, suivant la parole de Dieu, que c'est la compagnie des sideles, qui s'accordent à suivre cette parole, & la pure religion qui en depend, & qui prositent en elle tout le temps de leur vie, croissans & se confirmans en la crainte de Dieu, selon qu'ils ont besoin de s'avancer & marcher toûjours plus outre. Mesme quoi qu'ils s'efforcent, qu'il leur convient avoir incessamment recours à la remission de leurs pechez: neartmoins nous ne nions point que parmi les fideles, il n'y ait des hypocrites & reprouvez, desquels la malice ne peut effacer le titre de l'Eglise.
- XXVIII. Sous cette creance nous protestons que là où la parole de Dieu n'est point receuë, & où on ne fait nulle profession de s'assujettir à elle, & où il n'y a nul usage des Sacremens: à parler proprement, on ne peut juger qu'il y ait aucune Eglise. Pourtant nous condamnons les assemblées de la Papauté, veu que la pure verité de Dieu en est bannie, esquelles les Sacremens sont corrompus, abastardis, [...] fiez, ou aneantis du tout: & esquelles to [...] superstitions & idolatries ont la vog [...] Nous tenons donc que tous ceux qui se melent en tels actes, & y communiquent, se se parent & retranchent du corps de Jesus Christ. Toutefois, pource qu'il reste encore quelque petite trace d'Eglise en la Papauté, mesmes que la substance du Baptesme y est demeurée, joint que l'efficace du Baptesme ne depend pas de celui qui l'administre: nous confestons ceux qui y sont baptizez n'avoir besoin d'un second Baptesme. Cependant à cause des corruptions qui y sont, on n'y peut presenter les ensans sans se polluer.
- XXIX. Quand est de la vraye Eglise, nous croyons qu'elle doit estre gouvernée selon la police que nostre Seigneur Jesus Christ a establie: c'est qu'il y ait des Pasteurs, des Surveillans & Diacres, afin que la pure doctrine ait son cours, que les vices soient corrigez & reprimez, & que les pauvres & tous autres assligez soient secourus en leurs necessitez: & que les assemblées se facent au Nom de Dieu, esquelles grands & petits soient edifiez.
- XXX. Nous croyons tous vrais Pasteurs en quelque lieu qu'ils soient, avoir mesme authorité & egale puissance sous un seul chef, seul souverain, & seul universel Evesque Jesus Christ: & pour cette cause, que nulle Eglise ne doit pretendre aucune domination ou seigneurie sur l'autre.
- XXXI. Nous croyons que nul ne se doit ingerer de son authorité propre pour gouverner l'Eglise: mais que cela se doit faire par election, entant qu'il est possible, & que Dieu le permet. Laquelle exception nous y adjoûtons notamment, pource qu'il a falu quelquesfois, & mesmes de nostre temps, (auquel l'estat de l'Eglise estoit interrompu) que Dieu ait suscité des gens d'une façon extraordinaire, pour dresser l'Eglise de nouveau qui estoit en ruïne & desolation. Mais quoi qu'il en soit, nous croyons qu'il se faut toûjours conformer à cette regle: Que tous Pasteurs, Surveillans & Diacres avent témoignage d'estre appe'lez à leur office.
- XXXII. Nous croyons aussi qu'il est bon & utile, que ceux qui sont éleus pour estre superintendans, advisent entr'eux quel moyen ils devront tenir pour le regime de tout le corps: & toutefois qu'ils ne declinent nullement de ce qui nous en a esté donné par nostre Seigneur Jesus Christ. Ce qui n'empesche point qu'il n'v ait quelques ordonnances particulieres en chacun lieu, selon que la commodité le requerra.
- XXXIII. Cependant nous excluons toutes inventions humaines, & toutes loix qu'on voudroit introduire sous ombre du service de Dieu par lesquelles on voudroit lier les consciences, mais seulement recevons ce qui fait & est propre pour nourrir la concorde, & tenir chacun depuis le premier jusqu'au dernier en obeïssance. En quoi nous avons à suivre ce que nostre [Page]Seigneur Jesus a declaré quant à l'excommunication: laquelle nous approuvons & confessons estre necessaire avec toutes ses appartenances.
- XXXIV. Nous croyons que les Sacremens sont adjoustez à la parole pour plus ample confirmation, afin de nous estre [...]ages & marreaux de la grace de Dieu, & [...]ar ce moyen aider & soulager nostre foi, à cause de l'infirmité & rudesse qui est en nous: & qu'ils sont tellement signes exteneurs, que Dieu opere par eux en la vertu de son Esprit, afin de ne nous y rien signifier en vain, toutefois nous tenons que toute leur substance & verité est en Jesus Christ: & si on les separe, ce n'est plus rien qu'ombrage & fumée.
- XXXV. Nous en confessons seulement deux, communs à toute l'Eglise, desquels le premier qui est le Baptesme, nous est donné pour témoignage de nostre adoption: pource que là nous sommes entez au corps de Christ, afin d'estre lavez & nettoyez par son sang, & puis renouvelez en saincteté de vie par son Saint Esprit. Nous tenons aussi combien que nous ne soyons baptizez qu'une fois, que le profit qui nous est là signifié s'estend à la vie & à la mort, afin que nous ayons une signature permanente, que Jesus Christ nous sera toûjours justice & sanctification. Or combien que ce soit un Sacrement de foi & de penitence, neantmoins pource que Dieu reçoit en son Eglise les petits enfans avec leurs peres, nous disons que par l'authorité de Jesus Christ les petits enfans engendrez des fideles doivent estre baptizez.
- XXXVI. Nous confessons que la saincte Cene (qui est le second Sacrement) nous est un témoignage de l'union que nous avons avec Jesus Christ: d'autant qu'il n'est pas seulement une fois mort & reffuscité pour nous, mais aussi nous repaist & nourrit vrayement de sa chair & de son sang, à ce que nous soyons un avec lui: & que sa vie nous soit commune. Or combien qu'il soit au Ciel jusques à ce qu'il vienne pour juger tout le monde: toutefois nous croyons que par la vertu secrette & incomprehensible de son Esprit, il nous nourrit & vivifie de la substance de son corps & de son sang. Nous tenons bien que cela se fait spirituellement, non pas pour mettre au lieu de l'effect & de la verté imagination ni pensée: mais d'autant que ce mystere surmonte en fa hautesse la mesure de nostre sens, & tout ordre de nature. Bref, pource qu'il est celeste, il ne peut estre apprehendé que par foi.
- XXXVII. Nous croyons (ainsi qu'il a esté dit) que tant en [...] la Cene qu'au Baptesme Dieu nous donne reellement & par effect ce qu'il y figure. Et pourtant nous conjoignons avec les signes la vraye possession & jouïssance de ce qui nous est là presenté. Et ainsi tous ceux qui apportent à la table sacrée de Christ une pure foi comme un vaisseau, reçoivent vrayement ce que les signes y testifient: c'est que le corps & le sang de Jesus Christ ne servent pas moins de manger & de boire à l'ame, que le pain & le vin font au corps.
- XXXVIII. Ainsi nous tenons que l'eau estant un element caduque, ne laisse pas de nous testifier en verite le lavement interieur de nostre ame au sang de Jesus Christ, par l'efficace de son Esprit: & que le pain & le vin nous estans donnez en la Cene nous servent vrayement de norriture spirituelle: d'autant qu'ils nous montrent comme à l'oeil, la chair de Jesus Christ nous estre nostre viande, & son sang nostre breuvage. Et rejettons les fantastiques & sacramentaires, qui ne veulent recevoir tels singes & marques: veu que nostre Seigneur Jesus prononce, Ceci est mon corps, & cette coupe est mon sang.
- XXXIX. Nous croyons que Dieu veut que le monde soit gouverné par loix & polices, afin qu'il y ait quelques brides pour reprimer les appetits desordonnez du monde. Et ainsi, qu'il a astabli les Royaumes, Republiques, & toutes autres sortes de Principautez, soit hereditaires ou autrement, & tout ce qui appartient à l'estat de justice, & en veut estre reconnu auteur. A cette cause il a mis le glaive en la main des Magistrats pour reprimer les pechez commis, non seulement contre la seconde table des Commandemens de Dieu, mais aussi contre la premiere. Il faut donc à cause de lui, que non seulement on endure que les Superieurs dominent, mais aussi qu'on les honore & prise en toute reverence, les tenant pour ses Lieutenans & Officiers, lesquels il a commis pour exercer une charge legitime & sainte.
- XL. Nous tenons donc qu'il faut obeïr à leurs loix & statuts, payer tributs, imposts, & autres devoirs, & porter le joug de subjection d'une bonne & franche volonté, encore qu'ils fussent infideles, moyennant que l'empire souverain de Dieu demeure en son entier. Ainsi nous detestons ceux qui voudroient rejetter les superioritez, mettre communauté & confussion de biens, & renverser l'ordre de Justice.
PRIERE DƲ MATIN.
NOstre bon Dieu, Pere & Sauveur, puis qu'il t'a pleu nous faire la grace de paster la nuict pour venir jusques au jour present, vueille nous aussi maintenant faire ce biën, que nous l'employons tout a ton service: tellement que nous ne pensions, ne disions, ne facions rien, sinon pour te complaire & obëir à ta bonne volonté, afin que par ce moven toutes nos oeuvres soient à la gloire de ton Nom & à l'edification de nos prochains. Et comme il-te plaist de faire luire ton Soleil sur la terre pour nous éclairer corporellement, vueilles aussi par la clarté de ton Esprit illuminer nos entendemens & nos coeurs pour nos adresser à la droite voye de ta justice. Ainsi à quelque chose que nous nous appliquions, que toûjours nostre principale fin & intention soit de cheminer en ta crainte, te servir & honorer, attendans tout nostre bien & nostre prosperité de ta seule benediction, afin de ne rien entreprendre qui ne te soit agreable. Divantage, travaillans tellement pour nos corps & pour la vie presente, nous regardions toûjours plus, loin, à sçavoir à la vie celesse, laquelle tu as promise à tes enfans. Neantmoins qu'il te plaise & selon le corps & selon l'ame estre nostre protecteur, nous fortifiant contre toutes les tentations du diables, & nous delivrant de tous les dangers qui, nous pourroient advenir.
Et pource que ce n'est rien de bien commencer qui ne persevere, vueille nous non seulement pour ce jourd'hui recevoir en ta sainte conduite, mais pour toute nostre vie: continuant & augmentant journellement ta grace en nous, jusques à ce que tu nous ayes amenez à la pleine conionction de ton Fils Jesus Christ nostre Seigneur, qui est le vrai Soleil de nos ames, luisant jour & nuict sans sin & à perpetuite. Et afin que nous puissions obtenir telles graces de toi, vueille oublier toutes nos fautes passces, nous les pardonnant par ta misericorde infinie, co [...] tu as promis à tous ceux qui t'en re [...] ront de bon coeur. Exauce nous no [...] Dieu, nostre Pere & Sauveur, par no [...] Seigneur Jesus Christ, au Nom duquel no [...] te supplions comme il nous a enseig [...] disans, Nostre Pere, &c.
PRIERE DƲ SOIR.
Seigneur Dieu, puis qu'il t'a pleu [...] la nuict pour le repos de l'homme comme tu lui as ordonne le jour pour travailler, vueille nous faire la grace de tellement reposer cette nuict selon le corps que nostre ame vueille toûjours à toi, & que nostre coeur soit élevé en ton amour & que tellement nous nous demettions de toutes solicitudes terriennes, pour nous soulager selon que nostre infirmité le requiert, que jamais nous ne t'oublions, mais que la souvenance de ta bonté & grace demenre toûjours imprimée en nostre menjoire & que par ce moyen nostre conscience [...] aussi bien son repos spirituel comme le corps prend le sien. Davantage, que nostre dormir ne soit point excessif pour complaire outre mesure à l'aise de nostre chair, mals seulement pour satisfaire à la frapilité de nostre nature, afin de nous mieux disposer à ton service. Aussi qu'il te plaise nous conserver impollus tant en nostre corps qu'en nostre esprit, & nous garder contre tous dangers, à ce que nostre dormir meline soit a la gloire de ton Nom. Et pource que le jour ne c'est point passe que nous ne t'ayons offensé en plusieurs sortes, selon que nous sommes pauvres pecheurs: ainsi que tout est maintenant caché par les tenebres que tu envoyes sur la terre, vueilles aussi ensevelir toutes nos sautes par ta misericorde, afin que par icelles nous ne soyons point reculez de ta face. Exauce nous nostre Dieu, nostre Pere, & Sauveur, par nostre Seigneur Jesus Christ, au Nom duquel nous te prions, disans, Nostre Pere, &c.