BRIEF DISCOVRS DE L'ENTREPRISE FAICTE SVR IRLANDE PAR AVCVNS REBELLES de la couronne d'Angleterre; lesquels ont esté desfaicts au mois de Iuillet en l'an M.D.LXXIX.

A LONDRES.

M.D.LXXIX.

Il est notoire à chacun, que depuis le trespas de la Royne Marie se sont suscitez des esprits malings qui n'ont cerché que de priuer & forclore Eliza­beth à present regnante en Angleterre, de la legi­time succession du royaume, practiquās entre eux par diuerses fois embusches, desseings & menees pour enflammer ses bons subiects à prendre les armes contre elle, & ce par l'instinct de plusieurs Ecclesiastiques & aultres fugitifs de la noblesse, ad­uouez à ce faire de par la Cour de Rome laquelle ne cesse que d'es­mouuoir les royaumes & païs qui se sont retirez de son obeïssance, à troubles & seditions, les donnant & transferant par son aucto­rité accoustumee à autres ausquels le droit de succession n'apper­tient pas, auec indulgences plenieres qu'elle eslargit à tous ceux qui suiuent telles gens en leurs conquestes: chose tot alement repugnāte à tout droict tant diuin que humain: comme nous pouuons facile­ment apperceuoir de ce que n'agueres est aduenu en Irlande. De la­quelle entreprinse d'autant que dés l'an 1577. en Decembre elle auoit esté proiectee à Rome par le Capitaine Stuckley Anglois, & qu'elle estoit à tous iàmanifeste, il me semble bon de faire icy quel­que brief discours.

C'est que au mesme temps que don Ian eust surprins le chasteau de Namur, les bannis d'Angleterre qui estoyent è Rome & en Es­paigne, tascherent d'exciter aucuns capitaines propres à faire en­treprises, à s'armer & recueillir telles forces qu'ils pourroyent, pour surprendre les Isles dont faict mention Escouedo en ses lettres in­terceptees; esperants par ce moyen de reduire plus facilement le païs bas qui ià se reuoltoit contre ledict don Ian à cause de son venin & des desseings de tous ceux qui l'auoyēt mis en besoigne, descouuerts esdites lettres. A quoy s'appresta le Capitaine Stuckley susdict auec quelques soldats qu'ilauoit amassé de tous costez pour se ietter en Irlande tandis que don Ian auec les gens qui descendoyent de iour en iour d'Italie à son assistence, feroit la guerre aux Estats du païs bas: combien que plusieurs estimassent que ce fust pour autre [Page]païs que pour Irlande. Or ledit Capitaine s'embarqua en la ville appellee Ciuita Vecchia distante de Rome enuiron douze ou treize lieuës, situee sur la mer: & on disoit alors qu'il arriueroit à Genues, Calis, Lisbone & France, & par tous ces lieux là se fortifieroit & pouruoiroit de gens, munitions & victailles; ce qui semble auoir esté vray: car luy arriuant en Portugal à Lisbone lors que l'armee du Roy estoit preste à partir pour Barbarie, il s'adioingnist auecques, & renforceast ladicte armee de ses gens, se mettant du tout au ser­uice du Roy; esperant par ce moyen de paruenir plus facilement à son desseing, apres qu'il s'auroit pourueu de plus d'argēt & de gens qu'il pourroit par succession de temps attirer à sa deuotion; auec ce qu'il estimoit que ses gens qu'il auoit assemblez, se faconneroyent & s'esvertueroyent de tant mieux, s'estants adioints à vne sibelle armee conquerante. Mais combien que la fortune se tourna au con traire, & que ledict Stuckley fut tué au combat contre les Mores; neantmoins son Lieutenant appellé Mac Moris eschappé d'icelle bataille, auec les gens qui luy resterent, ensemble ceux quise sont par apres trouuez prests en Espaigne à se mettre en sa compaignie, voulut derechef attenter la premiere entreprise, de sorte qu'au mois de Iuillet 1579. dernierement passé il aborda (accompagné d'enui­ron de mille personnes) en Irlande, en la grande riuiere situee du costé d'Espaigne.

A l'arriuee sur terre vn Euesque qui estoit venu auec luy, marcha deuant, apres lequel suiuirent des croix confanons & moi­nes. Et à iceux, aucuns du païs qui leur portoyent faueur, s'amas­soyent faisants de nuict des feux à fin de leur monstrer le chemin pour paruenir vers eux: car de iour les Anglois les empeschoyent. Mais à la parfin ne pouuants effectuer ce qu'ils pretendoyent de faire, ils ont esté tous dissipez & Mac Moris deffaict par les gens mesmes du paï qui tenoyent le parti de la Royne, deuant que les dix mille hommes lesquels la Royne auoit despechez pour les deffai­re, y peurent paruenir.

[Page] A cela voyons nous manifestement combien les aduersaires de ce païs d'Angleterre taschēt d'accabler les bōs subiects de la Royne à sin que par telles entreprises ils puissent auancer & faire prospe­rer les affaires de la guerre que menent les Capitaines & Port en­seignes le l'Inquisition, au païs bas, contre les bons patriots: estants certains que tout l'amas qu'on faict en Espagne soubz pretexte d'enuahir le Royaume de Portugal, ne tend qu'à ces effects. Dieu par sagrace vueille donner longue vie à la Royne & lapreseruer de toutes telles machinations afin que les ennemis de Dieu & d'elle n'ayent occasion de dilater & estendre leur domina­tion tyrannique.

Amen.

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