217.Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re, 4 juillet Õ1794å. 218.Benjamin Constant a> la comtesse de Nassau, 7 juillet 1794. 219.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 8 juillet 1794. 220.Benjamin Constant a> Rosalie de Constant, 14 juillet 1794. 221.Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re, 21 juillet Õ1794å. 222.Benjamin Constant a> la Comtesse de Nassau, 21 juillet 1794. 223.Benjamin Constant a> la comtesse de Nassau, 23 Õjuillet 1794å. 224.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 29 juillet 1794. 225.Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re, Õapre>s le 20 aou*t 1794å. 226.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 29 juillet 1794. 227.Benjamin Constant a> sabelle de Charrie>re, 5 septembre 1794. 228.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 8 septembre 1794. 229.Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re, 9 septembre 1794. 230.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 10 septembre Õ1794å. 231.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 11 septembre 1794. 232.Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re, 12 septembre Õ1794å. 233.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, Õ13 septembre 1794å. 234.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 18 septembre Õ1794å. 235.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 19 septembre 1794. 236.Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re, 20 septembre 1794. 237.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 21 septembre 1794. 238.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 21 Õseptembre 1794å. 239.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 24 septembre Õ1794å. 240.Louis-Arnold-Juste de Constant a> Benjamin Constant, 24 septembre Õ1794å. 241.Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re, 26 septembre Õ1794å. 242.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 27 septembre 1794. 243.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 29 septembre 1794. 244.Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re, 30 septembre 1794. 245.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 4 Õoctobreå 1794. 246.Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re, 7 ootobre 1794. 247.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, Õoctobre 1794å. 248.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 11 octobre 1794. 249.Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re, 14 octobre 1794. 250.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 14-16 octobre 1794. 251.Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re, 17 octobre 1794. 252.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 1 octobre 1794. 253.Louis-Arnold-Juste de Constant a> Benjamin constant, 20 octobre Õ1794å. 254.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 20 octobre 1794. 255.Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re, 21 octobre 1794. 255/1 Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re, Õoctobre 1794å. 256.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 2 octobre 1794. 257.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 1 novembre Õ1794å. 258.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 8 novembre Õ1794å. 259.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 17 novembre 1794. 259/1 Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, Õnovembre 1794å. 260.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 2 novembre Õ1794å. 261.Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re, 3 de>cembre Õ1794å. 262.Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re, 6 de>cembre Õ1794å. 263.Benjamin Constant a> Charles-Emmanuel de Charrie>re, 6 de>cembre 1794. 264.Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, 8 Õde>cembreå 1794. 265.Isabelle de Charre>re a> Benjamin Constant, 12 de>cembre 1794. 266.Isabelle de charrie>re a> Benjamin Constant, 18 de>cembre Õ1794å. 267.Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re, Õ23å de>cembre Õ1794å. 267/1 Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, Õde>cembre 1794å. 267/2 Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, Õ1794å. 267/3 Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, Õ1794å. 267/4 Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, Õl794å. 267/5 Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, Õ1794å. 267/6 Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, Õ1794å. 267/7 Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, Õ1794å. 267/8 Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, Õl794å. 267/9 Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, Õ1794å. 267/10 Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, Õ1794å. 267/11 Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, Õ1794å. 267/12 Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, Õ1794å. 267/13 Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant, Õ1794å. Benjamin Constant a> Rose-Susanne de Constant Ma chere grand Maman je pense tou*jours a vous avec plaisir, je vous aime avec tendresse, et je dere; jattends ce jour avec impatience, je le ha*terais s'il e Louis-Arnold-Juste de Constant Non bon Papa je suis charme< de ce que vous avez ele pour me rendre digne de votre amitie>; je vous remercie beaucoup des deux Louis dont vous mavez permis de disposer, car la Saison est si rude et la mise>re si grande, que l'on pleure de deres grand mamans ete> ma bonne Amie. adieu mon bon Papa je vous aime tendrement H: B: Constant Benjamin Constant a> Rose-Susanne de Constant Ma chere grand maman Jespere que vous vous souvenez encore d'un petit etre qui vous aime beaucoup et a qui et a qui vous avez temoigne< beaucoup damitie< pendant son sejour a Lausanne qui a e Wilhelm de Charrie>re de Se Rose-Suzanne de Constant Bruxelles le trente et un de septembre 1776 Ma chere grand maman Je suis tres triste de ce que vous etes malade, et encore plus de ce que je ne peux ni vous voir ni vous soulager. je pense tres souvent a vous, comment ni penserai-je pas apres les plaisirs que vous m'avez faits? il faudroit que je fusse bien ingrat d'oublier votre amitie< et les bonte Pauline de Chandieu Ma che>re tante Pauline, J'ai le malheur de ne jaimais croire ce qui me flatte, que sur de bonnes preuves; papa m'a it que vous vous souveniez encore de moi et que vous m'aimiez toujours. J'ai beaucoup de confiance en lui, cependant il faut que vous soyez son garant et je ne serai persuade< que lorsque vous m'en aurez assure< vous-me*me, et que je lirai, enes. C'est beaucoup trop; il suffirait a> une tante d'e*tre respectable, et, si le portrait n'est pas flatte<, je serai oblige< de vous aimer comme on aime une cousine. Voulez-vous mon portrait aussi? Je suis grand, maigre, pa*le, mes cheveux le disputent a> ceux d'Apollon ainsi que mes vers. je suis ere grand'maman n'aurait pas beau jeu. Cependant, j'ai si grande envie de la revoir et de lui plaire que je me corrigerai. je n'aurai le plaisir de l'embrasser ue l'anne notre ere tante Pauline. Je n'aurais jamais pu vous ere Pauline, d'embrasser pour moi mon cher grand- papa; je lui demande la persission de lui e lui dire. Ne m'oubliez pas aupre>s de ma che>re grand'maman, de ma tante e Nassau, je les aime toutes les deux de tout mon coe ur. dieu, ma che>ree ante Pauline, re Benjamin de Chandieu Bruxelles, le 15 aou*t 1777. Non cher grand papa, J'ai ete bien malade; j'ai eu la coqueluche pendant 2 mois, ensuite de la langueur; je suis fort bien a> pre votre lettre. Je suis bien triste de la mort de ma che>re grand maman. Je l'aimai beaucoup. J'aurais voulu lui plaire: mais il est bien naturel qu'elle m'ait preres tantes auront ere. je voudrais bien leur dire que je les plains. Mon cher grand papa dites le leur pour moi, en les assurant que je les aime de tout mon coeur. Je prie ma che>re tante Pauline de continuer a> m'aimer malgri mon e sa place et qu'il fut ici parfaitement heureux. On est content de moi: il est vrai qu'on a tant de bonte< qu'il est impossible que je sois mes sont lents; je ne m'applique pas assez. Je me le reproche, mais le matin je fais des projets et le long du jour des sottises. Comment se porte ma che>re tante de Villars? Je sais qu'elle a es malade: j'en suis inquiet; je voudrais lui ere tante de Villars. Dites le lui pour moi, mon cher grand papa. je voudrais bien que mon Papa m'eu*t laisse< a> Lille: je me souviens encore d'y avoir e du latin: en franc+ais je vous dirai que je vous aime bien. - Benjamin. Benjamin Constant a> Rose-Suzanne de Constant Ma chere et excellentissime Grandmama cest avec un veritable transport de joie que je vous ecris parceque je suis sur que mes nouvelles vous feront plaisir, et que vous agre de>s que je serai en age de vivre avec les vivans je vois quelquefois ici une jeune angloise de mon age que je prefe>re a Ciceron Ses quoi j'irois es che>re et tre>s excellentissime Grandmama, je voudrois e*tre dans vos bras. Benjamin. Brusselles le 24 Dbre 1777 Benjamin Constant a> Rose-Susanne de Constant Ma chere et bonne grand-mere, Mr Duplessy m'a dit que vous e*tes au Desert, mais il n'a pas pu me dire en dere Grand-mere, de me faire ecrire, avec toutes les circonstances, tout ce qui vous regarde; il y a si lomtems que je ne vous ai vu, qu'il me faut le dedom agement que je vous demande et que vous m'accorderez si vous m'aimez toujours. je suis tres chagrin que les circonstances obligent papa a me faire elever loin de vous; je voudrois ne vous quitter jamais, et vous rendre tous les soins dont je suis capable, je voudrois causer avec vous, songer avec vous, me promener avec vous, enfin ne rien faire sans vous; j'en serois beaucoup plus heureux et mon coeur seroit bien plus satisfait j'aurois de l'e Bruxelles le 2 Novembre 1779 Si j'attendois jusqu'au nouvel an a vous ecrire, ma tres chere tante, vous croiriez que c'est la circonstance et l'usage qui m'y engagent, et vous ne feriez aucune attention aux sentimens qui me portent a vous assurer qu'il n'y a pas un moment du jour ou je ne pense a vous, et dans lequel je ne vous aime pas de tout mon coeur; je n'en ai aucun merite, c'est vous qui avez grave< cet attachement dans mon coeur, c'est a preme. recevez donc avec bontes che>re tante de Villars, et vous aussi ma che>re tante de Chandieu, les voeux que je fais pour votre sante, et pour votre conservation; il n'y a rien de plus precieux pour moi, et sans vous je n'aurois peut e*tre ni envie ni dessein de bien faire; vouse*tes necessaires a mes progre>s, et je veux malgre< mes defaults, malgre< tous les obstacles, l'eloignement, l'abandon, et tout ce qui me separe de vous, que vous m'aimiez et m'estimiez. autrefois, lorsqu'on vouloit commencer quelque ouvrage on invoquoit Minerve, Appolon, ou quelqu'autre Divinite< fantastique, et leur presence suppose ce qui m'arrive, quand je pense a vous. on dit, mais sans doufe on me flatte, que j'avance et que je fais des progre>s. mon enre de vie est toujours le me*me, c'est du latin, des lectures, de la danse, et de la musique. je vais deux fois par semaine chez Made la Genle de Toricourt, dans une grand assemble Rose-Susanne de Constant Bruxelles le 19 Nbre 1779 j'avois perdu toute esperance ma chere Grand-mere je croyois que vous ne vous souveniez plus de moi et que vous ne m'aimiez plus. votre lettre si bonne est venue tres a propos dissiper mon chagrin car j'avois le coeur bien serre<; votre silence m'avoit fait perdre le gout de tout et je ne trouvois plus aucun plaisir a mes occupations, parce qu dans tout ce que je fais j'ai le but de vous plaire et de>s que vous ne vous souciez plus de moi il etoit inutile que je m'appliqua. je disois ce sont mes cousins qui sont aupres de ma grand-mere qui m'effacent de son souvenir, il est vrai qu'ils sont aimables, qu'ils sont Collonels Capitaines, &c... et moi je ne suis rien encore, cependant je l'aime et la ches si vous voulez que je devienne aimable, savant, faites moi ere Grand-mere que je vais dans le grand monde deux fois par semaine, jai un bel habit, une e la foire passe Rose-Susanne de Constant Geertruidenberg le 2 Avril 1781. Il y a bien longtems ma tres chere Grand mere que j'attendois de nouvelles marques de votre bonte< et de votre tendresse pour moi. l'oubli ou vous paraissiez nous laisser, mon pere et moi, me faisoit craindre d'e*tre efface< de votre coeur et de votre souvenir. mon bonheur passe< me paraissait un songe. et si ji navois pas craint de vous deplaire je vous aurois adressi mes plaintes et vous aurois temoigne< la douleur que me causoit votre silence, enfin, ma chere Grand mere, votre lettre si bonne si tendre votre lettre est venue dissiper mes inquietudes et mon chagrin; et je serois parfaitement heureux si vos maux ne troubloient mon bonheur. il mest impossible de ne pas souffrir lorsque vous souffre men eloigner. vos doutes ma chere grands mere me font plus de tort qua personne. vous devriez e*tre convaincue que jaurois rejette avec horreur tous les conseils et les insinuations qu auroient eu pour but d'affaiblir mon attachement ou de meloigner de vous. si vous maimez, comme je ne puis en douter daignez ajouter foi a ce que je dis. nous sommes ici dans tres petit endroit, ou il y a bien peu de ressources. nous sommes mal loges mal nourris et sans occupations. jai peu de livres et je ne sais comment men procurer. aussi ma chere Grand mere je mennuie. et j'attends avec impatience le moment que nous en sortirons. on nous assure que la paix se fera et qu'alors nous retournerons a Breda ou dans quelque grande ville. je vous remercie mille fois ma chere grand mere de largent que vous voulez bien menvoyer. lorsque mon pere sera de retour je le prierai de me le garder et je lui communiquerai tout ce que vous me faites la grace e me dire de vos affmares. je vois ma chere grand que vous ne vous occupe Wilhelm de Charrie>re de Ses n'ont fait qu'augmenter l'amitie< que je ressentois pour vous, et m'exciter a meriter la votre. J'ai bien peur qu'au milieu de vos es. je vous assur , mon cher cousin, qu'ils me font plaisir extre*me,et que si le moindre temoignage de votre amitie< me rassuroit sur la crainte que vous ne m'aiez oublie<, je serois encore plus content. repondez moi je vous prie dites moi ce que vous faites, si parmi vos compagnons vous avez un ami, si vous comtez bientot retourner en Suisse, ou j'espe>re avoir le plaisir de vous revoir. pour moi le des du jour. je monte toutes les apre>s- dinees a cheval, je vais tous les soirs faire ma cour a Madame la Margrave j'y fais une partie quelquefois, et j'y soupe. elle a beaucoup plus de bontes de Mgr le Margrave, enfin je ne puis exprimer toute ma reconnoissance. la seule chose que j'aurois a de Samuel de Constant - 1783 Mon cher oncle Les voiageurs qui vous preve; Je n'ai cru, com%e ils m'ont prie< de leur procurer des connoissances agre mes cheres cousines et ma tante que j'aime et que je respecte autant qu'il m'est possible. Benjamin de Constant. Erlang 1783 Marie-Charlotte Johannot a> Benjamin Constant - Õnovembre 1785å Une fois seulement, je me permetrai de recevoir une de vos letres mais ecrivez moi avant le I5xbre, c'est le tems ou fini l'absence de quelqu'un, dont le souvenir m'est un cruere, ne soit bien vite effacecette ide envoyer chez vous. je vous renvoye le livre de I'Esprit, le mien n'a pas e Benjamin Constant - Õnovembre 1785å Que me demandez vous? N'avez vous pas assez de preuves de ma foiblesse sans en ajouter une, dont j'aurois peut e*tre a> me reprocher I'imprudence? Non, mon aimable ami] Quand je n'aurois aucun doute sur votre de un sentiment que n'a deja que trop d'empire sur mon coeur, je dois l'en arracher. C'est donc la derniere fois que je me permetrai de vous en parler. J'attend de vous; que vous respe la troubler. Suivez votre destine son e Samuel de Constant - 23 fere vouloit vous es de vous: elles me remettront dans vos bras, & vous me connoissez assez, mon cher oncle pour me croire trop egoisfe pour sacrifier des souvenirs aussi doux. N'accusez donc que vous seul si mes lettres ne contiennent que les expressions de ma tendresse et de mon attachement. Mon pe>re est enchante< de l'espoir dont vous le flattez dans votre lettre: Il aura toujours ou l'appartement de ville, ou la Chablie>re a vous offrir. Il y a longtems que nous desirons cette reunion, & nous esperons que vous ne la remettrez pas au terme eloigne< d'un an. Le peu de sere, si vous me le permettez les renouveller encore, & vous demander de nouveau votre indulgence & votre amitie<, avant de quitter la Suisse. Nous sommes assez rassurere. Il a beaucoup meilleur visage que lorsque je l'ai quitte<. Il continue cependant ses bains & ses remedes. Mais il n'est plus si faible, il sort & d'abord que le tems qui a recommence< de plus belle a nous persecuter, sera un peu remis au beau, il consultera de nouveau Mr Tissot. Il sera oblige< d'aller a Berne vers le 15 du mois prochain, ce qui l'empechera peut-e*tre d'aller a St Jean come il se l'itoit propose<. Il espe>re cependant vous voir ici, & ne vous tient point quitte de l'engagement que vous avez pris d'y venir. Songez, je vous prie, mon cher oncle, que quelques affaires qui vous retiennent, vous pouvez sans doute consacrer quatre jours a cette visite, au lieu que mon pere, outre une multitude d'occupations est malade, & encore fatigue< d'un voiage de deux cent lieues qu'il est oblige< de recommencer dans un mois. Faites un effort, mon cher oncle. Pesez le plaisir que nous causera cet effer, & le bien que vous ferez a la santi de mon pe>re: Comparez les aux petits inconveniens qui vous retiennent, & vous viendrez surement. J'ai fait a mon pe>re la commission dont vous m'aviez charge< relativement aux chevaux que vous vouliez acheter de lui. Il en a malheureusement vendu pendant mon absence, & ceux qui lui restent, comme vous vous deve. j'en conserverai toute ma vie la plus vive reconnoissance. J'ai l'honneur d'etre avec l'attachement le plus since>re et le plus profond respect mon tre>s che>r oncle Votre tres humble & tre>s obe Rosalie de Constant - 19 mars 1786 Desert le 19 Mars 86 Mon oncle ne veut plus que je parle reconnoissance, ma chere cousine: soit. Mais il me permettra au moins de parler amitie<, & de me plaindre s'il nous oublie, s'il ne nous donne point de ses nouvelles, si apre>s nous avoir fait espe>rer de le voir biento*t es de nous, il nous laisse dans le doute, si connaissant la vivacite< de nos sentimens, il nous neglige comme il le fait. Dites lui bien que nous sommes inquiets de son silen e, que nous esperons qu'il n'est cause par cune raison facheuse, que mon pe>re desire beaucoup une res m'avoir accoutume< a ses bontechent de sortir, que moi en particulier, je n'ai ni estomac, ni poitrine, ni vue' & que vous m'avez promis de me faire oublier mes maux. Songez qu'il est cruel d'oter a un malheureux sa dernie>re consolation, & qu'oblige< de renoncer a toutes les vanites de ce monde je n'ai que votre amitie< pour ressource. Si vous voyez Mlle Bontems qui m'a fait oublier quand je l'ai vu que j'etois aveugle & use, dites lui qu'elle n'a point de reclamations a faire, que ce seroit plutot a moi a reclamer bien des choses, mais que je ne le fais pas parce que mes reclamations seroient inutiles. On me dit que Mlle Galatin est malade. Je l'avois bien prevu en partant de St Jean. J'ai me*me consulte< Mr Tissot sur son es tout ce qu'elle m'a fait; mais quand on est pre>s de quitter ce monde on pense a l'autre & on oublie les inte*rets & les haines d'ici- bas. Si vous pensez a moi, ce dont je doute, en voiant Mr de Salgas, dites lui, ma chere cousine, mille choses de ma part, mais ne lui parlez pas des lunettes. J'espe>re que ma tante est bien & que Victor ne m'a pas encor oublie<. Dites lui que je fais ses es pique< de voir que tout le monde en sait autant que moi la dessus. Adieu ma chere cousine; si vous trouviez un estomac, des yeux, & une poitrine de rencontre, envoiez les moi. Mais il faut que je les recoive bientot ou je cours risque de n'en avoir plus besoin. Conservez les votres, ma chere cousine, votre esprit, vos talens, & votre amitie< pour moi. Si Mlle de Belle Truche est encore a ,t St Jean, mettez moi a ses pieds. On vous desire beaucoup a Lausanne. Nous tiendrez vous toujours rigueur. Bn Constant A Mademoissle / Mademoiselle R. de Constant / a St Jean / Geneve Benjamin Constant a> Rosalie de Constant - 28 mars 1786 Dere cousine d'avoir promis de guerir mes maux: c'est bien mal a vous: vous savez que vous le pouvez, & vous ne voulez pas vous engager a le faire. Vous voulez que je tienne tout de votre generosite<, sans avoir droit a y prere sera bien fache< contre vous si vous ne le faites pas. Songez quels souvenir votre refus peut reveiller & combien vous nous devez de reparation pour une visite que nous avons encore sur le coeur. Je ferai accorder mon piano forte, & j'espere que vous apporterez le charmant duo. J'acheterai un echiquier et par reconnoissance je vous permettrai de gagner une partie. Vous devez e*tre presque aussi forte que moi si vous avez joue< depuis mon dere res bon ere faire mieux dans peu. B. de Constant. a Mademoiselle / Mademoiselle R. de Constant / a St Jean / Gene>ve. Benjamin Constant a> Samuel de Constant - 2 mai 1786 Au Desert Mardi 2 May 86. Mon cher oncle, Mille remerciemens de la maniere beaucoup trop favorable dont vous jugez le peu d'ides diffes votre lettre je me suis borne< a quelques punitions remarquables. Je n'ai voulu faire ni un ouvrage, ni une dissertation. Je n'ai prele au risque de vous montrer en me*me tems mon peu de pouvoir pour y reque, brulez le, mon cher oncle & pensez a moi, & aimez moi, ce qui vaut bieh mieux que de me lire. h'embrasse bien tendrement ma tante & mes cousines, & mon aimable cousin. je me flatte toujours de l'espoir de vous voir biento*t: et j'espe>re que ma docilite< palliera mon peu de connoissances. Vous n'avez pas besoin mon cher oncle de me recommander le sentiment. j'aurois, je l'avoue es humble & tre>s obeissant serviteur & neveu B. de Constant A Monsieur / Monsieur de Constant / a St Jean / Geneve. Benjamin Constant a> Rosalie de Constant - 18 juin Õ1786å Mille remerciemens, ma chere cousine, de votre aimable lettre, & des bonnes nouvelles que vous nous donnez de Charles. Mon pere y a ece, & surtout pour la mienne. Il y a bien longtems que je n'ai vu Charles: & j'etois bien jeune, cependant je desirerois bien de le revoir. Il etoit si franc, si gai, si bon, si doux. A propos de douceur & de gaite< que fait le charmant Victor? M'a-t-il oublie de Lausanne. j'ai bien peur que notre tour ne soit venu. Mandez moi je vous prie qu'Aran n'a pas eve. Vendez St Jean, venez pre>s de nous, aimez nous un peu. Volia> bien des choses que j'exige de vous: mais c'est votre fautre; si vous ne vous faisiez pas autant aimer ceux que vous obliez n'y seroient pas si sensibles. Adieu ma chere cousine mille choses a mon oncle. j'embrasse bien tendrement ma tante. B. 18 Juin. a Mademoiselle / Mademoiselle R. de Constant / a St Jean / Geneve. Benjamin Constant a> Samuel de Constant - 17 septembre 1786 Mon pere en partant pour la Hollande, hier a deux heures, m'a charge< de vous marquer, mon cher oncle, que le peu de tems qu'il a eu pour se pres a craindre que ces m mes corps, repartis & payegiment des Sardes, & il n'est que trop probable que ce sera, a moins de quelque rere, don cinq compagnies sont en Gueldres & sept en Hollande. Il persiste au reste a conseiller a mon cousin de rester chez lui tranquille jusqu'a ce qu'il soit rappele<, ce qui n'arrivera qu'en supposant une continuation de l'Anarchie actuelle. Vous concevez mon cher oncle toutes mes craintes & toutes mes inquies du Des de Gene>ve. Benjamin Constant a> Rosalie de Constant - 1er octobre Õ1786å Voulez vous bien, ma charmante & tres irritere. je suis bien sensible aux reproches que vous me faites: & pour vous prouver qu'ils sont bien injustes je n'ai besoin que de vous rappeler mes avantures depuis que je vous ai quittes & en nous quittant il me propose de m'emmener. Mais ma chere cousine, souvenez vous que mon pere devoit aller a peu pre>s dans ce tems a Berne, & que je voulois profiter de son absence pour me rendre a St Jean. D'ailleurs il n'etoit pas sur de ne pas aller en Hollande, & je souhaitois de savoir a quoi m'en tenir. Quelque tems apre>s je partis moi me*me pour Berne & en arrivant ici j'appris les troubles de la Hollande & les craintes ou nous devoins etre du depart prochain de mon pe>re. Vous sentez que je ne pouvois le quitter. Il y a quinze jours qu'il est parti & je vous avouerai que l'inquies chere cousine qui passez pour n'etre pas trop indulgente. Apre>s m'etre justifie< je vous demanderai mille pardons de ma longue justification. Mais j'ai ere, j'ecris a mon oncle, & si les nouvelles sont un peu bonnes je pars. Je des de Gene>ve Benjamin Constat a> Grands Je prie Messieurs Grants, Banquiers Rue des Capucines, No. 21 de payer pour le compte de mon pe>re a> Ma*itre Hartmann, Tailleur, pour fourniture d'habits, la somme de quatre cent cinquante livres, le 10 Aou*t, 1787. H.B. de Constant. Paris ce 23 Juin 1787. ÕAu verso:å Pour acquit Hartman Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 26 juin 1787 Il y a dans le monde, sans que le monde s'en doute, grave auteur allemand qui observe avec beaucoup de sagesse, a l'occasion d'une gouttie>re qu'un soldat fondit pour en faire des balles, que l'ouvrier qui l'avoit pose puisque nous ne partions que le lendemain, je m'en retournai chez moi, pour y chercher un habit que j'avois oublie<. Je trouvai sur ma table la reche & froide de la prudente Jenny. Cette lettre, le regret sourd de la quitter, le derent dans une mere me peignoit son mere trompe< dans toutes ses espere ni I'ennui de personne. Ma te*te ere irrite<, mes amis confondus, les indiffe ma situation Madame au moment ou je vous ere je lui ai es raisonnables. L'un de me marier tout de suite. Je suis las de cette vie vagabonde. Je veux avoir un etre a qui je tienne & qui tienne a moi, & avec qui j'ai d'autres rapports que ceux de la sociabilite< passage>re & de l'obeissance implicite. De la jeunesse une figure dere: & qu'il me laisse aller m'ere des concytoyens. Accoutume< de bonne heure a l'es riche pour ce pays la> voila bien des avantages. Peu m'importe qu'elle des deux propositions il voudra choisir mais l'une des deux est indispensable. Vivre sans patrie & sans femme j'aime autant vivre sans chemise & sans argent comme je le fais actuellement. Je pars dans I'instant pour Londres. J'y ai deux ou trois amis entr'autres un a qui j'ai prere me rendra le me*me service ici. Si je reste en Angleterre comptez que j'irai voir le Banc de Mrs Calista a Bath. Aimez moi malgre< mes folies. Je suis un bon Diable au fond. Excusez moi pre>s de Mr de Charrie>re. Ne vous inquiere que je pourrai encore afford to pay le port de vos lettres. Adressez les comme ci dessous mot a mot. H.B Constant, Esq: London. to be left at the post office till called for. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 22 juillet 1787 Chesterford ce 22 Juillet 1787. Vous aurez bien devine< Madame au ton de ma derniere lettre que mon sere qui me presse de revenir & je le rejoindrai dans peu. Mais je suis deres, mais beaucoup, un sourire de Melle Pourras, pour n'etre pas habitue< a mes maudites lunettes. Cela me donne un air etrange, & I'ere, & je travaille a un roman que je vous montrerai. J'en ai d'ecrites & de corriges bon marche<. Je pars a cinq. A sept je prends du the< ou quelquefois par ere. Il sera fache< contre moi & de mon emement j'ai ere de Zoel, / Chez Messieurs Girardot / & Haller, Banquiers / Rue Vivienne No25. / a Paris. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re 29 aou*t-ll septembre 1787 Westmoreland Patterdale le 29 aout 1787. Il y a environ cent mille ans, Madame, que je n'ai recu de vos lettres, & a peu pre>s cinquante mille que je ne vous ai es mal de ce rere trouver de vos lettres a Londres, ou je serai le 6 ou 7 du mois prochain: & je ne esespere pas de vous voir a Colombier dans environ six semaines: cent lieues de plus ou de moins ne sont rien pour moi. Je me porte beaucoup mieux que je ne me suis jamais porte<: j'ai un espe>ce de cheval qui me porte aussi tre>s bien, quoiqu'il soit vieux & use<. Je fa-s quarante a cinquante milles par jour. Je me couche de bonne heurer je me leve de bonne heure, & je n'ai rien a regretter que le plaisir de me plaindre & la dignite< de la langueur. Vous avez tort de douter de l'existence de patterdale. Il est tre>s vrai que ma lettre dates vrai que Patterdale est une petite town, dans le Westmoreland & qu'apre>s un m'ois de courge en Angleterre en Ecosse du nord au sud & du sud au nord, dans les plaines du Norfolk & dans les montagnes du Clackmannan, je suis aujourdhui & depuis deux jours ici avec mon chien, /mon mon cheval, & toutes vos lettres, non pas chez le cure<, Mais a I'auberge. Je pars demain & je couche a Keswick a 24 miles d'ici ou je verrai une sorte de peintre, de guide, d'auteur, de poete, d' nt ous te, de je ne sai quoi, qui me mettra au fait de ce que je n'ai pas vu pour que de retour, je puisse mentir comme un autre & donner a mensonges un air de famille. J'ai grifonne< une description bien longue, parce que je n'ai pas eu le tems de I'abreger, de Patterdale. Je vous la garantis vraie dans la moitie< de ses points, car je ne sais pas, com%e je n'ai pas eu la patience ni le tems de la relire, ou j'ai pu etre entraine< par la manie racontante. Lisez jugez & croiez ce que vous pourrez & puis offrez a Dieu votre increre n'a pas oublie< son fol ami, le plus grand secret. je veux voir ce qu'on dira & ce qu'on ne dira pas car je m'attens plus au chatiment de I'obscurite< qu'a I'honneur de la critique. Je n'ai encore ece de Tempete, sur le Windermeere, un lac le plus grand de tous ceux de ce pays ci, a deux milles ce village. J'ai eu envie de e noier, l'eau e j'ecrirai je parlementerai & je me marierai puis apre*s tous ces rai, je dirai comme Panglos fesse< & pendu tout est bien - A 14 milles d'Ambleside. Kendal Ier Sept C'est une singuliere lettre que celle ci Madame - je ne sai trop quand elle sera finie - mais je vous e comme des autres - me voici a 30 miles de Beswyck ou j'ai vu mon homme - j'ai 22 miles de plus a faire & je vous ecrirai de Lancaster. La Description de Patterdale est dans mon Portemanteau - & je ne puis le defaire - je vous I'enverrai de Manchester ou je coucherai demain - je vais a grandes journete. La Foudre grondoit sur ma te*te Et je l'ecoutois sans Terreur. Mon Vaisseau s'est Brise<: ma carrie>re est Finie. J'ai quitte< sans regret ma languissante vie: J'ai cesses souper & je suis honteux de toutes les fautes de style & de Francois. Mais souvenez vous que je n'ecris pas / sur sur un bureau bien propre & bien verd, pour ou aupres d'une jolie femme ou d'une femme autrefois jolie, mais en courant non pas la poste mais les grands chemins, en faisant cinquante deux milles comme aujourdhui sur un malheureux cheval, avec un mal de te*te effroiable, & n'aiant autour de moi que dese*tres etranges & etrangers, qui sont is que des amis & presque que des Parens. Si j'avois pourtant epouse< Melle Pourrat, j'aurois ma tete sur ses gen ux, sur ses jolies mains, & j'oublierais mes maux - que je suis be*te - Melle Pourrat seroit sur es genoux de Sainte Croix Il, &c &c &c &c &c & ma te*te seroit sont fois plus malade - A 12 milles de Lancaster Garstang le 2. A propos de Ste Croix II, parlons de Ste Croix I. Qu'es ce que ce Mr de Segur qu'il remplace - ce n'est pas le Ministre de la guerre puisque cela le separe de sa belle - Qui es ce donc vous e*tes cruellement bre>ve dans vos nouvelles Madame - vous savez pourtant combien je m'interesse a ces jeunes & jolis amans - Chorley 24 milles de Garstang me*me jour. Cette lettre est une conversation Madame - Je m'interromps pour diner & je reprends ma lettre - Henri IV ecrivoit a sa maitresse - Ma derniere pensere pense fait 33 miles aujourdhui - vous ne vous attendiez pas que je vous lasserois de mes de mes balivernes de 300 ieues de vous comme dans votre chambre - c'est votre faute - j ne sais quel roi (C'etoit un singulier roi. C'etoit presqu'un homme) disoit a je ne sais qui - Si je connoissois un plus honne*te homme qui vous je ne vous choisirois pas - & moi je vous dis si je connoissois quelqu'un de plus aim ble de plus indulgent de plus bon que l'intes de Crebillon chez les bonzes - mais je ne crois pas que mon Almaide ou Almes dans votre cas. Je voiois les montagnes s'elever I'une sur I'autre & je desesperois d'en voir la fin. Consolez vous pourtant Madame. Je vous jure que celle ci est la dernie>re & comme le dit noblement Fellamar a Tom Jones. a garder mon serment j'engage mon honneur. A 15 milles de Leister Harborough Tout va bien mal, Madame, je ne suis qu'a 28 milles de l'endroit ou je dois trouver ma ressource - j'avois prie< I'homme de m'etre tout dit & la petite pierre aura lieu - Voici encore des vers Madame. Vous souffrez plus que moi des momens de low spirits qui me prennent, c'est en continuation de I'epitaphe. Si je n'avois a regretter que les plaisirs du monde ou le coeur d'une amie Je quitteroi ces biens auteurs de tant de maux En benissant - I'heure - cherie qui vient me rendre le repos. Mais d'un pe>re adore< la de du Tombeau. De ce pe>re accable< par l'age J'ai double< le pesant fardeau Et moins son fils que son bourreau J'ai repandu sur sa te*te blanchie /Tous Tous les maux que le ciel vengeur Dans son implacable furie Envoie au criminel que poursuit sa rigueur. Etre inconnu, qu'on peint si redoutable, Grand Dieu, s'il en est un dans ce triste univers, Demeure informe & miserable, De meent, se melent, se croisent. J'ai eu a tout prendre d'assez bons momens, mais bien compenses d'Oundle le 7. Je suis chez mon homme Madame. Il n'y est as mais on I'attend pour diner & il sera surement ici ce soir - ainsi Madame quelque soit mon sort je suis hors d'embarras plus ou moins de dix a cinquante louis - 18 milles de Wadno Kimbolton le ll. Un long silence a succede< a mon bavardage. Je resuis en route & je me hate de fermer ma lettre. Puisque je resuis en route vous devinez bien que je resuis riche. Riche ou pauvre je regarde votre amitie< comme le plus grand des biens & finis pour ne pas en abuser. H.B. Constant de R. le monde, faible & sans secours. Un autre etoit dans mes courses a pied, le jour apre>s ma lettre de Newmarket, entre ce village & Brandon un autre petit village du Norfolk. Un orage affreux me surprit, le vent la pluie la gre>le me firent perdre mon chemin. pas un arbre, pas une maison pas un buisson, un brouillard affreux, & pour achever le tableau, apre>s avoir erre< une heure, j'arrivai sous une potence d'ou pendoient deux malheureux executece de sifflement lugubre dans l'air. Je ne crois pas avoir jamais eprouve< de sensation plus horrible. Avez vous lu (sans doute) le Count Fathom, de Smollet? L'e' pourtant la quinzie>me, page infolio que je commence. S'il en e Isabelle de Charrie>re - 4 octobre 1787 Beau Soleil le 4 8bre 1787. Enfin m'y voici. Je comptois vous e mes commissions - je suis be*te comme une cruche etrusque aujourdhui - je finis en ne vous disant pas tout ce que se souhaite pense &c &c &c. N'es ce pas une fin spirituelle. Voici l'ariette de l'Equite< pour votre opera. / A l'austere Equite< / un peu de volupte< / fort bien se sacrifie / mais un throne est si grand / que l'homme en y grimpant / s'oublie //. N'en soiez pas surpris / ce Sceptre est d'un haut prix / pour un coeur magnanime / Il ne sait ce qu'il fait / et le plus noir forfait / lui parait les de Neufchatel. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re Õapre>s le 18 des ont fle>tri mon coeur, j'ai paie< quelques jours de fe*te, par des mois entiers de malheur. Aujourdhui, que, dans ma patrie, je pourrois, obscur, ignore<, attendre l'instant dele machine ne se sete. Je sais que I'indeme epique sur les Duplessis & les gazettes uis que vous daignez m'offrir de m'en donner communication. Si vous voulez pourtant les tenir secretes, je n'ai point de prere / a Colombier Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re Õapre>s le 18 deme epique & puis vous assurer que si ma te*te n'est pas blanche elle sera bientot chauve. Messieurs vos messagers es intes comme il faut dans un Lyce ce qu'on appelle du ge Isabelle de Charrie>re - Õdes pique< du Cynique. Vingt ans de sagesse & de retenue, de renoncement & de continence, de privations et de jeunes, de desirs vaincus & de passions reprimes de Morges & la nouvelle de mon de Isabelle de Charrie>re Õapre>s le 18 decle de la philosophie & de la raison. C'est une plaisante idere, & ma retraite en purifiant mon sang, me formeroit l'esprit & le coeur. Ma lere feuille est presque acheve Isabelle de Charrie>re Õapre>s le 18 dene a quelque chose. & lorsque Re un fou bien deve a Re Isabelle de Charrie>re - Õdes avoir dit tant de mal de Re Francois Duplessis-Gouret Monsieur J'apprends que vous des sensible a l'inte*ret que vous y prenez, & j'ai cru qu'il etoit plus simple ' plus sur de vous en donner moi me*me que de les faire passer par plusieurs mains. La pÕetiteå blessure que j'ai recu n(a point eu de suites, & je me Õreågarde comme tre's heureux de ce ue le retard apporte< a mon voiage m'a fourni l'occasion de terminer cette affaire de maniere qu'il ne reste plus contre moi aucun sentiment pes humble & tre>s obeissant serviteur. De Constant ChaÕnådÕieuå. a colombier Õceå 10 Janv. 1788. 13~2 Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - Õ18 fes m'avoir tourmente< de tems en tems, se sont fixere a promis de paier dans les commencemens de l'anne Isabelle de Charrie>re - Õ20 fe, (quoiqu'il m'ennuia*t quelques fois) de tout ce qui vous entoure, j'ai si bien contracte< l'habitude de passer mes soiredes. Je vous dois donc surement la sante<, & probablement le vie. Je vous dois bien pluÕså puisque cette vie qui est une si triste chose le plupart du tems, qouiqu'en dise Mr Chaillet, vous l'avez rendue douce & que vous m'avez console< pendant deux mois du malheur d'etre, d'etre en socie Isabelle de Charrie>re - Õ18 fes m'avoir tourmente< de tems en tems, se sont fixere a promis de paier dans les commencemens de l'anne lu, & dont je vous avois parle<. Il est de I'auteur de Wilh. Ahrend. Il me fait le plus grand plaisir & je me des demain ou de Manheim Dimanche. HBC / si Si vous m'e avant qu'une lettre es que vous aurez recu celle ci, puisse y arriver. Dites je vous prie mille choses a Mr de Charriere d'obliger est si unie & si immanieres de Neufchatel. Bejamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 23 Õfe la ves, mais su*r, si je vivois, de vous revoir, de retrouver en vous l'indulgente amie qui m'avoit console< ui avoit rere, de PareÕntså, de Princes, Dieu sait de qui], je vais chercher un maitre des ennemis, des envieux, & qui pis est des ennuyeux a deux cent cinquante lieues de chez moi: de chez moi ne seroit rien mais de chez vous, de chez vous ou j'ai passe< deux mois si paisibles, si heureux malgre< les deux ou trois petits nuages qui s'elevoient & se dissipoient tous les jours. J'y avois trouve< le repos, la sante<, le bonheur. Le repos et le bonheur sont partis, la sante<, quoiqu'affaiblie par cet exes lui dans une chaise de poste avec trois chiens, & la fille & ses trois be*tes, l'une en chantant les autres en aboiant font un train du Diable. L'Anglois est la> bien tranquille a la fene*tre, s ns paraitre se soucier de sa belle, qui vient le pincer a ce que je crois ou lui faire quelque niche a laquelle son amant res energique: mais il y a une profusion de figures a l'allemanÕdeåqui font de la peine quelquefois. J'ai eres & de de I'excellente Melle Louise, a Mr de Charriere, & a Melle Henriette. Mais surtout pensez bien a moi. je ne vous demande pas de penser bien de moi, mais pensez a moi. /J'ai J'ai besoin a deux cent lieues de vous que vous ne m'oubliez pas. Adieu, charmant Barbet. Adieu, vous qui m'avez console<, vous qui e*tes encore pour moi un port ou j'espe>re me re Isabelle de Charrie>re - 25 Õfere a en souffrir, pour qu'on put s'attendre a beaucoup d'activite< de ma part, trop retire< pour qu'on me tourmenta*t souvent, me disant toutes les semaines, je monterai a cheval & j'irai a Colombier. J'avois goute< le repos: deux mois ensuite passes de vous j'avois devine< vos ides d'elle & loin d'eux ils me l'envient. Des injures, des insultes, des reproches. Si j'etois parti faible, au milieu de l'hyver, je serois mort a vingt lieues de Colombier. J'ai attendu que je pus ans danger faire un long voiage que je n'entreprenois que par obes de vous, je ne pense point aux autres & ils me paraissent tre>s supportables: quand je suis loin de vous je pense a vous & je suis force< de m'occuper d'eux, or la comparaison n'est pas a leur avantage. Je relis ma lettre & je meurs de peur de vous ennuier. Il y a tant de tristesse & d'humeur & de jece. Je vous conjure a genoux de me supporter: ne plus vous e*tre rien qu'une connoissance indiffete tous les jours plus sinces difficile quand je vous e Madame de Charrie>re - 3-7 (mars 1788 We'll dwell in silent happiness & love, & careless, wait till age, disgust or death, Mais ou est elle cette fille imparadisante? J'ai beau chercher le Paradis n'est pas de ce monde. Le 3 Extrait de la gazette de Brunswick. Les Etats d'Hollande ont ceres, ou abuse< du nom du Bouverain: 4t Ceux qui ont effraye< la nation par la fausse nouvelle d'une attaque de la part du Roi de Prusse: 5t ceux qui ont eu part au traite< de 1786: 6t ceux qui ont guide< les mes graves. J'ai retranche< toutes les epithe>tes & la pie>ce a perdu dans ma traduction beaucoup de beautelebre tous les hauts faits du Dieu Juif. Il a tue< tels & tels dit on: car sa divine bonte< dure a perpetuite<. Il a noye< Pharaon & son armes du feu, dans la cuisine, Rose derriere nous, qui se levoit du tems en tems pour mettre sur le feu de petits morceaux de bois qu'elle cassoit a mesure, & nous parlions de l'affinite< qu'il y a entre l'esprit & la folie. Nous ece de plaisir a prerement a toutes les personnes a qui j'avois es bien recu. Je croirais presque qu'ils s'ennuient, Si l'on pouvoit s'ennuyer a la cour. (le 4) J'ai pris un logement aujourdhui, & je veux lui donner un agre>ment & un charme de plus en y relisant vos lettres & en vous y ecrivant. J'esperais recevoir une de vos lettres aujourdhui, mais les infames chemins que le ciel a destine< a me tourmenter & a me vexer de toute facon ont arrete< le porteur, de votre lettre, j'espe>re, & il n'arrivera que demain matin. Pour m'en des heureux, j'ai une tre>s jolie chambre pour ere qui est bien tendre & bien triste. Votre conseil a produit un tre>s bon effet & ma lettre a ere. Si jamais je rencontre l'ours May, fils de l'ane May, hors /de sa de sa taniere, & dans un endroit tiers, ou je serai un homme, & lui moins qu'un homme, je me promets bien que je le ferai repentir de ses ourseries. Ce n'est pas le tout de calomnier, il faut encore savoir tuer ceux qu'on calomnie. Le 6 J'ai es je pris une indigestion d'ennui, & je m'en allai avant les autres. Mon estomac est beaucoup plus faible que je ne croiois. Mais en doublant peu a peu les doses il faut espes demain matin, elle m'apportera une de vos lettres. Pour a preme. Je vous fais reparation avec bien du plaisir & de la reconnoissance. /Le 7 le 7 Adieu Madame je ferme ma lettre. Puissent tous les bonheurs vous suivre] Puisse votre sante< e*tre on ne peut pas meilleur] Puissent tous les modulations se pres de vous, je me souciois bien de tous ces clabaudages, j'etois Jean qui rit - je suis Jean qui pleure & Jean qui pleure ne pardonne pas. J'ai e a peu pre>s ma phrase, du moins quant au sens. J'en ai ri bien de mauvaise humeur en l'ere. Vous voiez par tout ceci que je reve & que je subtilise pour tacher de rattraper les plaisirs passete) de e pas m'en envoyer. e ne crois point qu'il y ait besoin de prudence. Ne logeant point a la cour je n'envoye mes lettres que par de Crousaz. D'ailleurs je suis presque sur qu'elles ne sont pas ouvertes. Repondez comme j'ene & sans crainte. Vous n'appellerez pas cette lettre une aimable petite Lettre. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 9-14 mars 1788 Ce 9 Mars. Flore a accouche< avant hier au soir de cinq petits, dont un ressemble a Jament, a l'exce tion des taches noires de cet illustre chien sur le dos, que son fils n'a pas. Il est tout blanc, & n'a de noir que les deux oreilles. Je l'ai appele< Jament du nom de son pere, & je lui destine the most liberal education. Si vous aviez compte< Madame, depuis le 2 Janvier, au dix huit Feme pour rester aupre>s de vous, ce qui est pourtant l'espe>cede mensonge que je me serais pardonne< le plus volontiers. Mais je ne pourrais rien vous detrement, & que lorsque vous lui demandiez lequel de 4 airs elle aimoit le mieux elle vous rele pour avoir du plaisir a chercher a les convaincre, la louange seule peut vous laisser toute entie>re a votre paresse, & en me*me tems ne vous inspire pas ce deques beaucoup plus que de leur conversation. Les Allemands sont lourds en raisonnant, en plaisantant, en s'attendrissant, en se divertissant, en s'ennuiant. Leur vivacite< ressemble aux courbettes des chevaux de carosse de la Duchesse, they are ever puffing & blowing when they laugh, & ils croient qu'il faut e*tre hors d'haleine pour etre gay, & hors d'equilibre pour etre poli. J'ai es de Vevay. Je me souviens qu'il m'en parloit quelque fois. C'etoit un /homme homme de bien de l'esprit que Mr C. d'Avranches. Il eres entr'autres il y avoit je ne sais combien de Frau**leins qui repres avoir pense<, je n'en sais rien - ce sera quelque costume - les allemands ont des noms si baroques pour tout ce qu'ils empruntent de nous - oui oui je me rapelle a pres dine< a faire des visites, & j'avois passe< /ma matinede jeune homme, Gentilhomme de la Chambre comme moi qui, selon l'humeur froide et inhospitalie>r e des Brunswickois, m'avoit fait une belle res vivement sous sa protection lui recommanda de me faire faire des connoissances, & de me prene dans cinq ou six maisons, ou nous ne sommes d'ordinaire point rec+us, grelottant & glissant a chaque pas, car il continue toujours le matin a nene jusqu'a ma porte & me dit Monsieur j'aurai l'honneur de fenir vous prendre temain a quatre heures & temie. Il n'y manque pas, & nous recommencons le lendemain nos froides & silencieuses expes de vous, vous n'en seriez pas quitte a si bon marche<, & il y a outre cette hes ses honne*te, & tre>s propre a me mettre avec lui sur le pied des sur. Il fait des phrases sur mon insensibilite<. Vous avez la bonte<, me dit-il je me faire des remerciemens & des complimens: ce n'etoit pas ce que je souhaitois de vous: nous aurions bien voulu pouvoir vous inspirer un peu d'amitie< parce gue nous en avons beaucoup pour vous: mais vous n'etes point oblige< de nous la rendre: tout de me*me nous vous aimeron parce que vous e'tes aimable: tout de me*me nous nous inte une agres tendrement. Mais vous Madame, vous qui n'avez pas besoin de tordre le col a de pauvres argumens pour croire a notre amitie<, pourquoi me dire si mes longs & minutieux de comme j'ai es peu a Mistriss pour elle me>me, je vous en demande mille pardons: je m'intes peu & qu'elle y perdoit beaucoup. Quant a l'ascendant & a la colere, Mr Chaillet a raison, mais Me Cooper a tort. Que quelqu'un de bien vif soit facheres: c'est peut etre pour Jamant, en tout cas dites le lui. Ses petits sont beaux, j'en garde deux. A 2 heures. J'arrive de chez Son Excellence Mr Le grand Mares deux mois de retraite. Je suis fache< parce que ces chauffepieds etoient a vous de n'en avoir par pris un: mais du reste il m'auroit es bien me figurer comment & pourquoi vous avez perdu le dernier feuillet sur lequel etoit la derniere page du 3e no. C'est que ce dernier feuillet n'y etoit point & n'y fut jamais. Il n'etoit pas dans l'exeplaire reimprime< que j'ai pris avec moi & vous ai renvoye< ni dans aucun de ceux que W. vous a envoye< lui me*me avant mon Des dinere si c'est lui que vous entendez par les autoritece de distraction me prend quelquefois, quand je me dis, j'aurai un moment bien ennuyeux, ou je me trouverai dans un petit embarras, ou j'eprouverai une sensation dere contre moi. Cela m'aura prive< de vos lettres & m'en privera encore pendant plus de quinze jours. Jamais imbere a un fils. Mais pensez pourtant que ce qui a mis tant de froid entre mon pere qui m'aime beaucoup & moi qui voudrois pour beaucoup aussi le voir tranquille & content de moi, c'est une dece que la votre. Comment pouvez vous penser que vous serez une fois sans quelque, sans beaucoup de prix, sans un prix sans bornes pour moi? Vous e*tes aussi cruelle que de mes doutes expliquez les. Je vous traite comme ces gens dont je ne veux rien apprendre parce que je me suis interesse< a eux & que je sai que je ne pourrois rien en apprendre de bon. La seule diffe Samuel de Constant - 14 mars 1788 Brunswick le 14 mars 1788 Mon Tre>s cher Oncle, Tout ce qui tend a me persuader que j'ai pu mere de mon vif attachement. Je voudrois beaucoup avoir un moien de vous en convaincre: & si jamais l'occasion de vous prouver par ma conduite & parmes actions ce que mes parloes ni mes lettres n'ont pu jusqu'ici vous faire croire, se presente a moi, je ne la nere n'avoit donne< en rien prise aux miss conses simple. J'ai remarque< dans les lettres de mon pe>re le des fa*che< en ne le considerant que sous quelques points de vue. Mais je n'en suis pas aussi fache< quand je pense que c'est peut etre le seul moien qu'il ait d'etre en repos, de n'etre pas tourmente<, vexe<, calomnie<, foule< aux pieds par nos hauts et Puissans Seigneurs,& mere bien en profiter tot ou tard. Mais ils ne sont pas suffisans pour me des qu'on a le malheur d'avoir embrasse< quelque vocation qui nece de concurrence avec nos maitres, on est, comme ne le prouve que trop l'exemple de mon pe>re depuis plusieurs annecieux que sa fortune & la mienne: & s'il est oblige< de quitter, j'aurai de l'indignation & de l'horreur pour les misere, plus plus plauve peut e*tre, apre>s avoir quitte< le service, en sera aussi estime<, & peut e*tre si je reces qui ont pu quelquefois s'es cher oncle. Vous n'avez jamais voulu croire a mon amitie<, & a ma reconnoissance. Je ne puis cependant me refuser le plaisir de vous en rere / pre>s de Lausanne / En Suisse / f. par Nu**rnberg Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - Õ14å-17 mars 1788 Vous aurez ri de cette distraction qui m'a fait croire une fois que s retrouverais en sortant de la cour. Elle ne dure pas toujours aussi longtems, mais elle me reprend assez fres un moment il se trouva que c'etoit vous. C'est ainsi qu'a 250 lieues de moi vous contribuez a mon bonheur sans vous en douter sans le vouloir. Mille & mille pardons encore une fois de ma vilaine lettre: mais voiez y pourtant combien vous me faites de peine par cette dene, de picoteries, de peines de toute espe>ce. C'est comme cela que mon pere & moi nous ne sommes jamais bien. & c'est aussi je crois de la> que viennent beaucoup de mauvais meres vous me reprochez. Je conviendrai de tout ce qu'il y aura de vrai, & je ne vous fatiguerai pas d'une longue justification sur ce qu'il y aura de faux. Je vous dirai vous vous e*tes trompes demain seulement que vous recevrez ma premiere lettre. J'attens ce jour avec impatience, & toujours en me reprochant bien vivement de ne vous avoir rien ere ue vous voudrez bien adopter aussi) je relis vos lettres sans ordre & res honorere. Vous ne pouvez rien cacher de votre esprit sans perdre me dites vous: & qu'es ce que j'y perdrai, je vous en prie? J'espe>re ne jamais passer pour un imbe ce que je sai. La cause ne me fait rien. Si a toutes les folies qu'on lui contera elle me fait des algarades semblables, je ne demanderai plus pourquoi, mais je romprai net. S'il n'y avoit pourtant que de l'impertinence & du mauvais sens, de l'amertume, de l'humeur & tout ce qu'entraine apre>s elle l'amitie< pedagogale d'une vieille fille piegrie>che, je souffrirai peut e*tre toutes ces boutades avec es & au bonheur de mon pere. Le 17 matin. Cette Diable de poste qui part a onze heures me de dit que ne demeurant point a la cour, je ne devois rien craindre qu'a la poste, & a la poste ils auroient bien a faire d'ouvrir tout ce qui leur vient. Secondement, qui es ce qui fait si bien les silhouettes dans vos environs? Melle Moular. Eh bien priez la de faire la votre & envoiez la moi. Imaginez que j'ai voulu 20 fois vous demander ce plaisir de bouche, & que je n'ai jamais ose<] Vous ne sauriez concevoir combien vous me ferez d plaisir. Quand j'irai a Paris, God knows when, vous permettrez a Houdon de me donner un de vos bustes. Mais pour la silhouette tout de suite, ne me refusez pas je vous en prie. Troisiemement, mes appointemens sont de 66 louis & demi, "tis not too much, /mais mais je ne demande pas davantage. Avec 115 de mon pere, 181 louis en tout doivent me suffire je suis loge< avec draps & tout ce qu'il faut pour 10 louis & nourri pour 14. Quatrie>mement j'ai repris mes petits Grecs qui grossissent a vue d'oeuil. Quand ils seront arrive pour Melle Louise. Les sapins de ce pays d'envoyer jamais de traineau en prendre ici. Adieu Madame. Barbet le plus aime Madame de Charrie>re - 19-21 mars 1788. Brunswick ce 19 Mars 1788 Que bes bien de ces frece de sympathie qui nous unissoit, a l'inte*ret que vous preniez a moi malade, maussade, abandonne<, exile<, perse une sotte et singuliere phrase: mais vous la comprenez; & je vous demande pardon du croiez Mad me, & de l'es de vous: je ne formerai jamais d'habitude qui vous rende moins che>re, & jamais occupation quelconque ne me tiendra lieu e vous. C'est pour la derniere fois ue je Ilecr-isparce que me justifier /m'afflige. m'afflige. J'ai un grand plaisir a vous dire je vous aime: mais j'ai encor plus de peine a imaginer que vous en doutez: derement: & pour cela elle a proprement plie< une feuille de papier blanc & l'a cachete< du Petit Persere, & que je n'avois jamais revue, lorsqu'il voulut a toute force la faire imprimer. Ce que je fais sera une histoire de la civilisation graduelle des Grecs, par les colonies gyptiennes, &c, &c,'edppus les premieres traditionns que nous avons sur la Gre>ce, jusqu'a la destruction de Troie, & une comparaison des moeurs des Grecs, avec les moeurs des Celtes, des Germains, des Ecossois, des /Scandinaves Scandinaves, &c &c. Vous sentez que vos critiques sur les phrases enchevetres orgueilleux que Mr Chaillet s'inte Isabelle de Charrie>re - Õ4å-5 Õavril 1788å Õ ... å de son mari, la dispensent de lui tenir compagn-e. Elle ne prend pas soin de sa maison, c'est sa belle soeur. Il rend peu de part a ses succe>s, & point a ses plaisirs. Sa reputation seroi a l'abri: elle est d'un age au dessus du mien. Nous pourrions e*tre heureux a Paris, a Londres, partout en des languissament, mais que si je les finis je vous dere, a celle " qu'on peut mecles & " des diffese, & de tous les roles " celui qui le de
re, & surtout " par cette sympathie si rare & si desirable, qui nous fait toujours comprendre " les Ideres ou relachere que mes fils feront des sottises es unho**flich. S'ils me trouvoient tres unho**flich, nous nous trouverions res desagre Isabelle de Charrie>re - Õ13å-14 Õavril 1788å Õ...å toujours pour un mensonge prere, on remarqua dans son ton ou sa manie>re seulement la disposition a e*tre juste, ce qui dans une amie ne dvroit pas e*tre un grand effort, on pourroit concevoir quelqu'espere la plus pressante de vous expliquer ses raisons de dere, lorsqu'on se rappelle que cette personne est la me*me qui vous es de vous est des efficaces. Je reviens plus tranquille & pas moins triste que ce matin. Je ne veux pas dire un mot sur le sujet des six pages preres qu'une res malheureux. Mais enfin la vie se passe. & mourir apre>s s'etre amuse< ou s'etre ennuye< dix ou vingt ans c'est la me*me chose. Il y a des de moi. Je veux que tout ce qui m'environne soit triste, languissant, fane<; & like me blasted at the prime of age I must like me pine, & fade away, & die. Me voici bien loin de votre protere pas, mais cela est possible. Il revient Jeudi prochain le 17. J'egle m'a manque<. Je vous egle d'excuser mon pe>re, envers & contre tous, comme vous de ne jamais vous plaindre de ........ quoique dans un moment de dere de son cote< a repris son ton despotique. Quand on maltraite les vieillards, ils se plaignent & se soumettent. Si je pouvois com%e mon digne cousin brusquer, jurer, m'en aller, mon pe>re souffriroit, se plaindroit, se tairoit & se laisseroit conduire . /J'en ai J'en ai eu plusieurs momens d'expere sera malheureux mais pas par ma faute. Je suis fait pour l'etre moi, ainsi je me plains pas; j'ai bientot vingt un an. Si je vis encore 30 ou 50 ans c'est le b ut du monde. J'ai tant souffert dans les 8 annere. Votre detes reunies me paraissent prosai**ques. Au reste je ne suis ni en eve dont vous m'avez si cruellement tire<. J'espe>re que Melle Louise est mieux. Dites lui bien des choses de ma part. Vous e*tes bien bonne de m'accorder ma demande. j'attens avec bien de l'impatience la silhouette ou le portrait ou le quelque chose qui vous ressemble. Je n'ai pas la force de vous rere & de l'esprit. Que m'importe ce qu'on pensera de moi? Je ne me donne pas la peine de me faire un atmosphe>re. L'ennui, la tristesse & le silence m'entourent d'un nuage qui remplit mon but. Vous m'avez dit dans une lettre, plaignez vous: mais ce n'est pas ma faute. Je me plains & ne vous reproche rien. Adieu, vous que j'aime autant que je vous aimois, mais qui avez de Isabelle de Charrie>re - Õ25å-28 Õavril 1788å Your silhouette has not given me a better opinion of Miss Moular's skill than her conversation of her sense. She has indeed made you look like a Dutch fat countrywife & indeed she might have done better. I know few profils more expressive than yours, & when you smile, there reigns, I used to gaze at it upon the wall with pleasure when we were together, such a happy mixture of sweetness & vivacity as it is impossible for a person any feeling or delicacy to mistake & disfigure to the degree Miss M. has done. 26th I have been interrupted yesterday, on account of horses to change, buy & sell, which take up now an amazing deal of my time. I could not get home time enough to shut my letter & send it; so you will be & I am very sorry for it ten days without a letter. I hope to have one of yours on Tuesday. This will go away on Monday next 28th. I have been invited at court neither today nor yesterday, which is not astonishing, although it denotes in the Duke a degree of coldness not very favorable to my father's sanguine hopes. I am for my part little surprised & little concerned about it. I have neither that gaiety which amuses; nor that timidity which flatters, what the Devilcould make them fond of me. Except with two or three people with whom I may talk & joke upon the weather or some such thing, I never talk to any body. Visits I make none. I walk a great deal, read the history of Germany, read Greek, play much upon the harpsichord, ride half the day, try new horses, make & unmake bargains, do never touch a card, nor a girl, am often low spirited, but upon the whole, t'is well. Je tiens a quelque chose, quand cette chose ne seroit /qu'une qu'une cour, c'est quelque chose. & it quiets my father & pleases him. 'tis well. Have I told you already how satisfied I am with your rehabilitation of poor mistaken & mishandel'd (I do not know whether this is German or English) Calista? I like it much. Only I do not think it is forcible enough, & the great consideration which induced you to write it is but hinted at. You might have explained a little more explicitly what l'auteur a laisse< dans le vague, & proved more fully the importance of that vague, & the lustre it gives, the charm it spreads over the action. 27th pre>s soup. Je quitte l'anglais pour vous parler plus & plus vite. Ma sante< dont vous me demandez des nouvelles est mes. On la trouve a cause de cette belle passion -nsupportable. Je me dis il y a quelques jours que je jouois au whist avec elle, cette passion en vaut bien une autre, & c'est toujours quelque chose d'aimer comme ea- Aujourdhui j'apprens que cette petite feme est pis qu'un Diable, des tracassie>re la bonne Dame, connue pour cel depuis la Mer Baltique a la Mere &c & comme la de, mais enfin. Adieu. Je vous amie, vous regrette, je baiserai le petit Perses de vous. L'anne Madame de Charrie>re - 9 juin 1788 Ce 9 Juin 1788. Je vous es huit jours de petite fievre bilieuse qui m'a donne< des maux de te*te exe tout. Les circonstances ont change< mon gout. A Paris je cherchois tous les gens d'un certain age parce que je les trouvois instruits & aimables: ici les vieux sont ignorans comme les jeunes & re>des de plus. Je me suis jette< sur la jeunesse, & quoiqu'on die je ne parle presque plus a des femmes de plus de 30 ans. Au fond quand j'y pense tout ceci est indigne de vous & de moi, Medire un peu, bailler beaucoup, se faire par la> des ennemis, s'attacher par ci par la> quelques jeunes filles, se voir faner dans l'indolence & l'obscurite<, voir jour apres jour & semaine apre>s /semaine semaine passer Kammerjunker & quoi encor Kammerjunker, quelle occupation. Enfin vous e*tes au fait. Virginibus puerisq: canto. Vous je vous aime je voudroise*tre pre>s de vous moi mon fidele de Crousaz, & surtout mon tout aimable Jament qui a plus d'esprit que tout B. ensemble, le modele des chiens & des amis. Mon cheval Turc apre>s avoir jette< deux fois mon Domestique par terre & s'etre couchere, dans l'Esprit des Journaux. Nous n'avons aucun autre journal Francois. Adieu Isab. Je t'embrasse & sens tous les jours plus qu'il n'y a pas d'lsabelle ici. C'est un role que les doubles ne jouent pas. Adieu. A Madame / Madame de Charriere nee< / de Tuyll / a Colombier / pre>s de Neufchatel / en Suisse. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 28 juillet 1788 Brunswick ce 28 juillet 1788. Je ne vous ecris que quelques mots parce que je suis rerement a vous & a moi. Ma raison pour vous es de Neufchatel / en Suisse. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 8 Õseptembre 1788å Le 8 matin a 9 heures Encore une nuit qui ne reviendra plus] Encore une foule de sensations eprouvete, je me tourmente, je me cre>ve, pour ces deux ne. Quel sot calcul..... quel sot dere annes ma fortune, & les debris de 3000, 4 peut etre 8, a 9000$. ne vaut il pas mieux vivre en Caroline que mendier ici. & elle y viendroit avec moi. Adieu Barbet, cheri, aime moi un peu, aime beaucoup ma Wilhelmine qui le merite. Plus je la connois plus je l'aime, plus je lui trouve de qualites, en veilles, surtout en vin, me met a la mort. Il y a quelques jours que le vin du Rhin a pense< m'envoyer dans l'autre monde. Outre cela mon sang est es le jeu dans une grande assemblere. Le Duc a recu des lettres de Hollande. On ignore ou est mon pere. Avant rue la sentence fut prononceres on a place< 5O 000 francs feront surement banqueroute, mes rentes viage>res sont suspendues: J'avois tant supplie< qu'on laissa*t en Angleterre une somme dont je pouvois disposer plus facilement que de ces infames terres que l'on ne peut vendre. & ces terres avec les dettes qu'a mon pere, si quelqu'ere de quelque prince qui pourra nous outrager ou nous abandonner a tout moment. Chaque jouissance sera le prix de l'avilissement, & cette ide sans dire mot a personne. Vous s'il vous plait n'en parlez pas. Bone nuit. A Son Altesse Serenissime Monseigneur le Prince d'Orange Nassau, Stathouder Hereditaire Capitaine, Admiral General des Provinces Unies &c. &c. &c . Monseigneur, La famille du Colonel Constant de Rebeque dans le desespoir de son absence, qui fait presumer la mort le plus sinistre et la plus cruelle, se jette aux pieds de Votre Altesse Serenissime pour la supplier de l'ecouter avec bonte<, elle ose recourir a son humanite< et lui representer tout ce qu'il y a de malheureux dans le sort d'un Officier qui a servi plus de cinquante ans avec un zele soutenu, qui a merite< l'estime et la consideration de tous ceux qui l'ont connu qui a es cher cousin, que j'aie parle< au Duc pour vous e pre faire. Je sois complettement de votre avis oue dans les circonstances ou nous nous trouvons parler d'une revision seroit une tre*s grande imprudence. Si vous pouviez arranger les choses de facon que mon pere ne fut pas blame<, & conserva*t sa compagnie, je crois due ce seroit ce qu'il peut y avoir de plus heureux. Je lui es, pour le mettre au fait: j'ai un plan de mete beaucoup. Marianne m'avoit promis de m'ere & de sa situation d'esprit m'a mis dans un vrai besoin de recevoir bientot quelques nouvelles plus consolantes. Sans les assurances de mon pere qu'il ne resteroit point en Suisse mais en repartiroit aussito*t qu'il plaise a Dieu de nous accorder, il soit regarde< comme absent et mis ainsi sur les Rolles; s'il n'existe plus, cette grace ne peut etre d'aucune consequence, s'il reparoit, les formalites si indecis, que nous osons supplier Votre Altesse Serenissime de vouloir bien en ordonner une revision les juges paroissent indiquer eux memes cette revision en disant a la fin de la sentence qu'ils n'ont trouve< que de l'obscurite< sur l'objet principal cette obscurite< pourroit peut etre etre eclaircie par un second examen, c'est ce que nous osons demander a Votre Altesse Serenissime avec le plus profond respect et la plus entiere soumission. La Haye le 19 septembre 1788 S. Constant de Rebecque, ancien officier au service de LL.HH.PP. B. Constant de Rebecque, Gentilhomme de la Chambre de S.A.S. le Duc de Bronsvic. qu'il serait assez bien pour soutenir ce voiage, je serois au moment que j'ai recu l'heureuse nouvelle de son arrivere en est pere. Il est doux dans la situation ou nous nous trouv- ons, & abreuve Samuel de Constant - 25 october 1788 Brunswick le 25 octobre 1788. Je recois votre lettre mon cher oncle & j'y repons tout de suite, quoique je n'aie rien de consolant a vous dire, & que je ne puisse ajouter que mes craintes aux vo*tres. D'abord le Duc n'est pas ici. Il revient bientot mais peut e*tre se passera-t-il bien douze jour avant que je puisse vous rien envoyer de lui. Je n'ai plus obtenu d'audience & ne recevant pas un mot de Suisse depuis cinq courriers je n'ai ose< en demander une n'aiant rien a lui dire de nouveau. Tout ce que les Prie>res les plus instantes pourront obtenir de lui, je l'obtiendrai. Mais je ne puis me de attendre la mort dans le coeur des lettres qui n'arrivent pas. Je ne concois pas ce silence total de Suisse apre>s deux lettres de mon pere & une de Marianne ou ils me promettoient tous les deux de m'ecrire par tous les courriers. Adieu mon cher oncle. Il m'est doux dans ma douieur d'avoir un ami & pour mon pauvre pere un de Samuel de Constant - ler Novembre 1788 Brunswick ce 1 Novembre 1788 Mon tre>s cher oncle, si le Duc peut quelque chose, mon pere sera sauve< Voici ce qu'il me dit sur ma demande. J'ecris aujourdhui au Prince et a la Princesse d'Orange. je leur parlerai a tous les deux de votre Pere. je l'ai toujours reconnu pour un tre>s galant homme, & l'on peut se laisser aller a un moment de des tard, je n'avois pu lui tout dire avec toute la force que je croyois nes a la Princesse d'Orange. je vous enverrai la copie de ma lettre. Il ne me l'a pas encore envoye<. J'espere pouvoir vous la faire tenir. J'irai demain chez lui & je tacherai de lui rappeler sa promesse. Alors par le courrier du 4 du mois, je vous l'enverrai. Mon pe>re part pour la Hollande a ce qu'il me mande. Vous serez un peu soulage par sa prene le public. Enfin mon cher oncle faites sentir tout cela a mon pere, si vous croyez que son absence soit possible & ne nuise a rien. Seulement quinze jours et le Duc pourra prendre avec lui tous les arrangemens nes cher oncle. Je ne vous parle plus de ma sensibilite< sur ce que vous faites. Mon pere en est penere due uniquement a vos services, vous sentirez que la mienne n'est pas moins vive. Adieu. J'attends mon cher oncle avec impatience la nouvelle de l'arrivere & l'issue de cette cruelle crise. B.C. A Monsieur / Monsieur S. Constant de Rebecque / chez Mr DÕ å / a la Haye Benjamin Constant a> Samuel de Constant - Õnovembre 1788å Mon tre>s cher oncle, Je suis si fort de votre sentiment que je ne cesse d'ere a donne< a ses ennemis un avantage qu'il est impossible de leur oter: & si nous pouvons, en pres. Nous avons eu ici Mr de Rhoon, qui gouverne le Prince: il m'a soigneusement es franchement a la Duchesse, a avoue< que la sentence ere etoit dans ces circonstances actuelles de sortir sans tache, au moyen d'un arrangement & d'une espe>ce de soumission. Comme je ne tiens cela que de la Duchesse, faites moi le plaisir de ne pas me citer. Ce Rhoon avoit dit ici que mon pe>re s'es cela tout pourroit encore aller. Vous contredites bien formellement cette assertion, & je ne puis comprendre ce qui a donni lieu a cette erreur. Rhoon disoit savoir sa nouvelle de la Haye me*me. Je n'ai rec courrier aucune nouvelle de Suisse & ce dernier ne m'a apporte< que quatre lignes de mon pre. je suis relativement a ses intentions dans une incer- titude vraiment tourmentante, & dont je ne puis parvenir a me tirer. Vous, mon tre>s cher oncle, vous m'avez fait freres, ni a votre expere. Il n'en a point eu jusqu'ici. Dn M' de Rhoeder, officier a notre ervice, arrive< avant hier feroit aucun tort a la rere mais augmenteroit les fraix qu'il a a payer. Adieu mon tre>s cher oncle. Re Samuel de Constant - 5 des cher oncle, peut etre cette lettre ci ne vous trouvera-t-elle plus en Hollande. j'ai un peu tarde< a vous eneral Douglas & a mon pere lui me*me. Je suppose que mon pere est arrive< en Hollande depuis pre>s de quinze jours, & que l'affaire prend une tournure des importans dans la marche que mon pe>re vouloit suivre aurontere, & je souffre prodigieusement dans l'intervalle. Le silence ou mon pere a ere que ce soir m'apportera quelques nouvelles un peu consolantes. Il est impossible de former des conjectures, & de se reprere. Je ne vous ai je crois rien marque< du dere active qui, en l'ere, & avec le des qu'il peut attendre de cette entreprise, qui, a ce que je puis penser, est beaucoup plus propre a le mener a quelque chose de grand que le service de l'Empereur. Je lui ai es cher oncle, vers la fin du mois dernier, ma lettre sera arrive nous nous trouvons. Peut e*tre est elle bien avances mon sort. Que qu'il soit, mon tre>s cher oncle, je recommande de mon pe>re a vos soins, & je vous regarderai toute ma vie comme notre bienfaiteur a tous. Je vous embrasse bien tendrement. Ce que vous soupconniez relativement a la malheureuse Princesse dont je vous annoncai la mort dans ma dernie>re lettre n'est que trop probable: & Catherine est au fond une terrible femme. Adieu mon tre>s cher oncle. N'oubliez pas un neveu qui toute sa vie sera pene Samuel de Constant - 12 des gro par le renvoi suivant votre demande d'une des pie>ces que j'ai recues de vous le 7, j'y joindrois la lettre que m'a ecrite non pere le 2, & qui est arrive, il a pu ne pas e*tre entie>rement d'un avis semblable au votre. Il na jamais cesse< d'e*tre penes ce terrible orage, de vous regarder comme son sa sauveur, & la marque d'amitie que vous lui avez donnes cher oncle, a son insu, pour que vous voyez qu'il sent toutes les obligations qu'il vous a, & que l'attachement & la reconnoi- ssance resserrent les liens du sang. Je ne vous fatiguerais pas de ces protestations si vous ne m'aviez paru croire que toute la famille deces que vous m'avez envoyere & qu'il m'a promises. Il m'a semble que le Duc qui juge d'apre>s ce qu'on lui mande d'Hollande paraissait depuis quelques jours presque convaincu que l'affaire de mon pere se termineroit bien. je ne doute pas qu'il ne soit dispose< a faire encore un nouvel effort en sa faveur, mais je ne crois pas devoir le lui demander directement. j'attends une rece de timidite<) en m'accordant deux cent louis d'appointemens dans ce moment ci, je puis commencer avec quelque chose de moins, & que tout ce que je lui demande c'est une lere augmentation d'appointemens & surtout de l'occupation. Le Premier pas, est partout le plus difficile a faire. L'occupation obtenue, si je sais me rendre utile & tecie tous les jours davantage l'esprit le coeur & le caracte>re ne se fera mon cher oncle probablement qu'au mois de Fes cher oncle. Soiez persuade< de ma vive et respectueuse tendresse, & conservez moi votre amitie< que me devient tous les jours plus che>re. Si mon pere passe des jours tranquilles apre>s cette terrible crise, & si je puis me consacrer a une vocation honorable avec la plus aimible & la plus aime vous que nous le devons. BC. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - Õ12å-14 Õdes des franc, je dis ordinairement ce que je pense & sur les choses & sur les gens. Depuis quelque tems je me contiens, mais il m'est & je le sens tous les jours impossible d'etre faux. Je crois que ce que vous avez pris pour misteriosite< chez moi etoit hauteur. Car la hauteur fait si je ne me trompe une tre>s grande partie de mon caracte>re: & la prere & le chargea de m'inviter pour une partie de quinze: vous m'es gros rhume dont, pour me servir du Dialecte bronsvicois je jouis depuis hier & que j'ai gagne< avant hier au soir ait que je me res bien aimer mon pere, m'occuper de lui, & oublier pendant que je travaille a sa des d'elle ne penser qu'a toutes ses qualite Samuel de Constant - 6 janvier 1789 Mon tre>s cher oncle, vous nous feriez tre>s grand tort a mon pere & a> moi si vous doutiez de la ves trente ans de paix & de tranquillite< au sein de votre famillel S'il vous plait mon cher oncle ne diminuez pas le plaisir que nous avons a sentir & a vous exprimer notre reconnoissance & ne nous otez surtout pas la jouissance de penser que vous en e*tes bien convaincu. Vous ne sauriez mon cher oncle imaginer le bien que votre lettre du 23 m'a fait. Cette accusation du degle. Vous semblez n'en pas redouter pres l'entraineroit nes cher oncle si mes ides vos avis. Les plans que vous faites pour mon pere sont bien conformes a mes de Samuel de Constant - 10 fes cher oncle j'ai un peu tarde< a vous res occupe< depuis quelque tems. Je ne vous parlerai donc plus de reconnoissance, mais mon silence ne nuira pas a mon sentiment. Une lettre de mon pere du 27 dernier, m'a annonce< que le Prince avait enfin res cher oncle: & vous e*tes plus a me*me d'en juger que moi. J'espe>re que la poste de demain me tirera de l'incertitude ou je languis. Si le Prince avoit refuse< l'appel, je ne sai ce que nous pourrions faire: une sommission est impossible, & a qui s'adresser apre>s cet acte de despotisme? Peut e*tre la reque*te au Prince auroit elle du e*tre accompagneres. L'ere fut coupable pour e*tre parti dans le dere: je lui en avais parle<, mais il m'a defendu si positivement & conjure< si instamment de ne pas bouger d'ici, il m'a si souvent & si fortement repete< que je lui serais absolument inutile que je me suir re>solu a attendre au moins quelque tems. Il me seroit beaucoup plus doux d'etre avec lui: achantes aue soient les relations que j'ai ici il n'y en a aucune qui ne disparaissent devant l'idere, & de>s que j'apprendrai quelque chose de positif, je me dere que vous ne semblez le prere me mande que sa sante< est tre>s bonne. Il parait ferme dans ses lettres, quoiqu'elles soient quelquefois sombres, & ne semble point abattu par l'incertitude dechirante ou nous gete beaucoup. Je crains que lorsque de quelque manie>re que se termine l'affaire, la tension de corps & d'esprit sera moins forte, il ne se repente de la violence de son ere & pour mon pe>re. Votre amitie< mno tre>s cher oncle, l'attachement tendre & vrai d'une fille aimable et douce, l'estime & la protection du Duc, me sont tre>s prere ont membre s. Vous n'y perdrez rien, mon tre>s cher oncle: vous avez un fils qui est avance< pour son a*ge dans la carrie>re ou il est place: vous en avez un autre qui est sur le chemin de la fortune la plus brillante: vous avez des filles charmantes & qui vous aiment. Celle que j'es cher oncle. Dans quelques circonstances que je me trouve ma reconnoissance & mon attachement seront ere a> Benjamin Constant J'ai eu de vos nouvelles par une lettre que M. Du Paquier a ecrite a> sa cousine. C'etoit plus que d'avoir de vos nouvelles. Vous aviez parle< de moi & j'ai su votre air, votre ton & me*me une de vos frases la plus aimable du monde. M. Du Paquier parle de l'affaire de M. votre pere a> peu pre>s comme Mlle votre cousine m'en a ecrit il y a un mois. Je verois peu d'inconvenient a> cette dispute de nation a> nation sans les biens situe consequence qu'autant que vous le voudriez, seroit bien sure. Le De la Ch. devroient e*tre mis tout-a> l'heure sous son nom. Je m'exprime mal peut-e*tr e mais vous m'entendez de reste. J'ignore si les lettres sont ouvertes. Vous aurez entendu l'apothes coup s'il se trouve que c'est bien ils fremissent encore comme apre>s un saut perilleux dont on ne se releve sain & sauf que par une sorte de miracle. se presente une eoccasion de vous envoyer ceci aujourdhui je l'enverrai, sinon c'est pour samedi. Mardi Fevrier. Samedi + Je n'ose plus laissir par prudence quoi que ce soit d'enigmatique. Si une prudence me rend obscure une autre prudence me fait oter l'obscurite< Benjamin Constant a> Samuel de Constant - 6 mars 1789 Bronsvic le 6 Mars 1789. Mon tre>s cher oncle, il n'y a personne au monde a qui il doive e*tre plus facile qu'a vous de me convaincre que je suis heureux, parce qu'il n'y a personne dont l'amitie< contribue autant que la votre a me rendre tel. C'est une consolation dans la situation ou nous nous trouvons, & ce sera dans toutes les situations ou je pourrai me trouver une douceur qui les rendra toutes supportables. Je ne parle ici que du sentinent, vous m'avez des grand soulagement & m'a tire < d'un etat d'inquiere. Je veux croire, & cette persuasion m'est bien nere. Le Conseil de Guerre doit e*tre rassemble< dans ce moment ci. Mon pe>re m'a ecrit qu'il comptoit ere pour les lui faire remarquer, ce que probablement il auroit fait sans ma lettre. J'avoue que d'un autre cote< ses moiens ne sont pas eux-me*mes sans inconves, que c'est un terrible argument contre un homme que de lui dire vous avez fait telle chose que vous n'avez pu excuser qu'en passant pour fol: enfin je vois des abymes des deux cotere, & que s'il les employe, il n'est pas impossible qu'on ui oppose cette reque*te me*me. jJ crains qu'il n'ait pas ets ces mesures. Je vous remercie infiniment mon cher oncle, de m'avoir envoye< les lettres des officiers subalternes, ce sont des pie>ces prere l'idegre, mon pere ne soit complettement justifie<. Depuis le 31 Octobre que les machinations par les subalternes ont commence<, jusqu'a la fin du proce>s, il n'y a pas une de leurs dere la plus formelle, & pour dissiper l'inquiere erement, mon tre>s her oncle. Je vous prie de continuer a me re Samuel de Constant - 17 mars 1789 Bronsvic ce 17 Mars 1789. Mon tre>s cher oncle, Votre Lettre du 10, car je la suppose de ce jour la>, d'apre>s son arrivere sur le sujet dont vous me parlez. Je sens comme vous combien il peut e*tre dangereux de se servir d'un moien de dere tout ce qu'on peut dire sur ce sujet. D'un autre cote< il y a bien des dangers a emploier l'excuse de maladie. Ce que mon pe>re me marque me parait fres vrai; les moiens seraient admis et on le renverroit chez lui comme hors d'ere comme c'est son intention alle>gue ces menaces comme causes de son dere est coupable ce n'est que d'avoir mal jugi et non de s'e*tre soustrait a son juge. Or quant au dere ecrivit tout de suite, ce que je crois, au Prince, pour demander ses ordres & d'e*tre juge<. Ainsi en supposant des dispositions non pas telles que vous semblez les espere qui j'espere ne pense pas a rentrer dans ce De>dale de trames & d'infamies, ne trouve l'occasion de se retirer beaucoup plus honorablement & avantageusement que dans sa situation actuelle. Je suppose que dans ce momen mon pe>re est a la Haye, si vos conjectures sur l'envoi du 8, avaient quelque fondement. Il dere. La plus grande douceur que j'y trouverai naitra de l'espe Samuel de Constant - 3 avril 1789 Bronsvic ce 3 Avril 1789. Mon tre>s cher oncle, N'ayant recu aucune lettre de mon Pere par le dernier courrier, je ne lui egiment, & j'augure mal des dispositions qu'annonce cette violation d'une loi prere pour la revision. je me des avoir passe< six mois dans une des simples & faciles de supples leur naissance. Cela n'empe*che pas qu'on ne puisse avoir beaucoup de bonte< & un vrai plaisir a faire du bien et des heureux. Mon refrain dans cette vie commence a e*tre: il faut souffrir attendre & se taire. j'ai des. Mais toute tentative dans ce moment ci auroit ere ou d'autre je crois pouvoir re Rosalie et Lisette de Constant - 3-6 avril 1789 Bronsvic ce 3 Avril 1789. La triste occupation de feuilleter & de rassembler toutes les pie>ces qui servent a prouver toutes les injustices qu'on a faites a mon pe>re' l'inquieche< jusqu'ici mes cheres cousines de vous ere, & qui a eres. Je ne puis cependant rester plus longtems dans le silence que je m'ere ou d'autre, & que l'arrangement de ses affaires l'obligera a un seres cousines m'a es un trajet fort desagre il n'est connu que de rere les /plus plus grands ere tout l'interet que vous m'accordez. Faites des voeux pour lui, c'est son bonheur qui est important, c'est lui seul qui peut assurer le mien, ne vous occupez donc que de lui, je vous connais trop bien pour vous demander de lui continuer quand vous le reverrez l'amitie< si efficace que vous lui ave teres & bonnes cousines je vous embrasse Õtenådrement. B.C. A Mademoiselle / Mademoiselle R. de Constant / a la Chablie>re / pre>s de Lausanne / en Suisse. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - Õ3-5 aou*t 1789å Vous ne me trouverez peut-e*tre pas honnete de ne pas chercher a> m'occuper plus longtems & plus a> fond de l'affaire dont vous etes occupe< et dont vous avez tant de raisons d'e*tre pour ainsi dire uniquement occupe< mais d'un autre cote<, vous devez bien trouver aussi qu'il seroit un peu dur pour moi de ne voir que cela dans vos lettres. Si vous ne pouvez point du tout ecrire cela s'entend & je me soumets avec plus de regret encore pour votre sante< qui ne le permet pas ue pour mon plaisir. Mais si vous pouvez ecrire vous pourez a> l'avenir ne parler d'autre chose. Qui sait si l'affaire Besenval ne sera pas favourable a> celle ci, on aura honte peut-e*tre tandis qu'on veut soustraire a> la condamnation un homme soupc+onne< des fautes les plus graves et de s'acharner aux rigueurs dans une cause minime pour l'importanae les consequences &c. Si vous avez la force d'ecrire dites moi si vous vous attachez un peu a> vous faire aimer. Ce seroit de< enerer des Constant d'une maniere bien avantageuse. Le seul procede< avec M. de Ch. qui n'est ni Ber.. ni of. sub. prouve combien on peut negliger cette partie, & les impressions qui en peuvent resulter sont prouve son passage en Suisse et qui tachera de prendre sa route par Neuchatel. Je ne sai si c'est un secret a> bon compte n'en parlez pas. Si les jeunes princes devoient venir ici avec lui j'en aurois aussi peur que d'une femme avec son mari et ferois des voeux pour qu'ils n'eussent pas me*me des chevaux a> faire ferrer. Cependant pour un diner ou une collation passe. Mais j'aimerois mieux le Mis tout seul. C'est de Spa qu'ils partent, & ils passeront le M. Cenis. Vous n'avez donc point les Memoires Secrets selon toute aparence, car vous me les auriez envoye<. La pauvre Me de Leveville s'impatientoit de voir que personne ni aucune circomstance ne fit rien pour mon amusement, de ce que je ne pouvois avoir ni Galliard ni Zingarelli ni presque rien de ce que je pouvois desirer; elle etoit engrate envers M. du Peyroux qui a fait imprimer mes petits Eve*ques. Je m'extasiais il y a quelques jours de ce que Gino avec sa Harpe avoit tout de suite consenti a> souper ici a> coucher au village. La belle complaisance me dit Galliard il n'avoit peut-e*tre pas 10 sols dans sa poche. Adieu. Lundi. Mercredi J'aprens qu'on ne demande rien pour M. de Besenval qu'un juugement regulier. Cela alloit bien sans dire, & si on le massacre ce ne sera pas de l'aveu de ceux a> qui l'on s'adresse. On sait ici que la femme d'un Neuchatelois francoise Me perregaux va arriver & cela fait penser que l'on craint a> Paris de nouveaux troubles. You are an odd sort of man. I talk of your Mina, not a word in answer. Of asses milk not a word. Of a dying amiable woman, not a single word. And do you think I have so much vanity as to be persuaded my letters are always agreable tho' never answered to, & when not a word, not a smile tells me my thoughts my stories, my advices are welcome? If you could not write at all I might fancy what would please & flatter me but a you offer talking to me of what happened at Amsterdam & of what was ridiculously judged at Berne, my letter s shrink with modest defidence, and make themselve as little as they can and even don't go of a Weddensday night tho' they were ready long before. Jeudi matin. / La.lace La place de M. Bailly est delicate, penible chaude a> tous e son hotel a> ses gens a> son carrosse au monde qu'il faut recevoir a> manger, un homme de lettres qui avoit 2 ou 3 m. $.s.d. Monsieur / Monsieur de Constant Conseiller / de Legation & gentilhomme de la Chambre / a> la Cour de Brunswick / A Beau Soleil / pre>s Lausanne. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 4 aou*t 1789 Je vous ese, je suis le plus amicalement possible. Pour vous, je ne pourrois jamais vivre pour vous quand je vivrai vie d'hom%e. Je vois qu'on n'est fort heureux d'aucune maniere. Il est difficile que l'histoire de Hollande ne me laisse des souvenirs douloureux. Ma sante< ne se remettra jamais complettement. Mon esprit que ma mobilite< rendoit inhabile a de longs ouvrages est devenu doublement incapable par mes maladies & mes chagrins, de sorte que vivre longtems ne serait que souffrir physiquement & moralement de grands & de petits maux. Il n'y a pas le moindre faste non plus que la moindre mere active & une fortune aise-t-il pas qu'au moment que je veux lui ecrire j'apprens qu'il est banni, fle Isabelle de Charrie>re - 26 aou*t 1789 Je vais partir. Mon Pere & moi allons en Hollande renouveller l'inevre est passes de Neufchatel. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - Õ7 aou*t 1789å Billet renvoye< par M. du Peyroux avec le Manuscrit une copie une lettre dont voici un lambeau. J'enverai la copie a> Buisson a> Paris il l'imprimera ou non comme il lui plaira. Je crains qu'a> Paris on ne trouve pas cela assez ventre a> terre pour l'imprimer sans permission de Mr,de Staal. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 14 septembre 1789 Votre maniere mysterieuse d'ere dans toutes ses parties a e Samuel de Constant - 15 septembre 1789 Mon tre>s cher oncle, J'aurois du vous envoyer le chef d'oeuvre Bernois ci-inclus il y a dele une prudence & une habilete< extraordinaire, que mon Pere se soutient avec un courage vraiment here a> Benjamin Constant - 23 septembre 1789 Faites moi la gra e me dire si vous etes bien ingrat & bien mauvais ou si vous n'etes qu'un peu fou. Il se pouroit me*me que ce ne fut qu'une folie passagere & en ce cas la> je la conterois pour peu de hose. Qu'est-ce qui m'obligeoit a> vous detailler une chose dont je n'etois pas sure & qu'est-ce qui eut rendu ce detail preferable au cons il que je vous donnois de vous adresser a des gens mieux informe tout le monde. Si vous etes rentre< dans votre bon sens avant la reception de ceci n'ayez aucune inquietude sur l'effet de cette rude & malhone*te sortie. Je l'aurai oublie< plutot que vous. Quant a> ce qui n'est pas precisement vous je vous declare que sans vous je n'y eusse pas pris le plus petit interet que loin de repandre le memoire je ne l'aurois pas lu, & si vous aviez a> la fois la faculte< & la volonte< d'e*tre juste vous m'avoueriez qu'on n'a vis a> vis de moi aucun droit a> des prejuge gagner pour personne dans une liaison. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant -Õ23 septembre 1789å Desormais je croirai au Diable. Je quite mon clavessin apre>s voir ecrit sur mes genoux ce que vous trouverez a> la suite & au revers de votre lettre; je vai chercher dans ma chambre la lettre dont je voulois vous envoyer un lambeau. Je separe l'article intended de tout le reste ensuite je separe en deux une feuille pour l'envelope; je veux reprendre le petit papier il n'y est plus je n'ai pas quite< la chambre ni la table. Je cherche une heure je sonne je designe le chiffon a ma femme de chambre, elle cherche encore actuellement & aussi inutilement que moi. Je vous disois donc, un des premiers jours d'aout que j'avois paye< a> Me du Paquier l'interet de notre petite dette qu'il faloit laisser dormir ajoutant que je n'avois pas oublie< combien je vous avois tourmente< pour prendr e cet argent mais que je vous priois de mon propre unique mouvement de donner a> M. de Ch. un autre billet en echange que celui que vous avez donne< a Paris tant mineur & en nue forme bisarre, vous engageant a payer quand vous seriez en Hollande. Aujourdhui & puisque je ne puis retrouver le petit papier je ne vous nierai pas que M. de Ch. ne m'ait paru un peu surpris que vous eussiez quite< le pays sans lui ecrire. Mais je n'ai aucune commission de vous dire cette surprise... Je ne sai me*me si c'est pre fait indiferens & de pure amitie< ou plaisanterie si vous la refusez et que v ous repetiez l'ordre de bruler tout & la declaration que vous avez tout brule< vous serez obei** sur le champ. Ce qu'il y a de plaisant dans votre couroux c'est que c'etoit pour l'eviter que j'e chercher le petit morceau de papier dont s'est empare< le Diable j'ai retrouve< une lettre ecrite a peu pre>s dans le me*me tems. M. de Serent et ses eleves ont trouve< a Basle l'ordre d'aller par le Tyrol. Je me dedis d'un sarcasme. M. de Villars est fort aime<. Vous verez du reste ce que pensois & pourquoi entr'autres raisons ma majesteuse ou plutot humble brievete<. A Monsieur / Monsieur le Baron de Constant / Conseiller de legation & / Gentilhomme de la Chambre / du Duc regnant de Brunswick / Chez Monsieur le Baron de / Constant de Villars, Lieutenant / Colonel aux gardes suisses / A la Haye. Benjamin Constant au Stathouder Willem V - 30 septembre 1789 Monseigneur, La Bonte< avec laquelle Votre Altesse Se mettre sous ses yeux quelques Re une Falsification, sans doute involontaire mais de l'ese>ce la plus ere a souvent, Monseigneur, offert les Preuves de cette e Brunswick, soit en Suisse, s'intes. Mais cependant quoique Je puisse me flatter d'avoir complettement re de un usage les humble & tre>s obeissant serviteur de Constant Gentilhomme du Duc de Bronsvic La Haye ce 30 Septembre 1789 Benjamin Constant a> Mac-Samuel de Constant - 6 octobre 1789 Mon tr&s cher Oncle, Vous attribuez assure*ment a> mes occupations mon silence, et non pas a> un de nous. J'ai tant fait de pas et griffonne< de papier pour es gens qui ne se soucient pas plus de nous que de la justice que j'ai totalement manque< de tems pour vous informer de ce que nous fesons ou pour parler plus exactement de ce que nous ne fesons pas. Je me ha>te de res long; 2t que L.E. de Berne que Dieu confonde, ont e L.H.P., une au Pce, et la 3e au Conseil de guerre, dans lesquelles ils ordonnent la poursuite du Proce>s imme L.H.P. que je me suis procure-dessus e divers membres du Gouvernement et au Pce avec une lettre que je vous envoie aussi; 4t que mes observations et ma lettre n'ont pas fait le moindre effet, qu'on (c'est-a>-dire le conseil de guerre) n'est point dispose< a> me sommer de faire les preuves de la falsification dont je l'accuse en termes formels, et que le Pce est toujours ce qu'il a toujours es indiffere mardi, ou> il nous detement; le bruit public est pour nous: quand je dis le bruit public, c'est-a>-dire que tous les 3 jours on dit: le Conseil de guerre a traite< durement Mr Constant, c'est bien fa*cheux, et on croit avoir dit une chose hardie. Mon Pe>re, qui supporte tout ceci avec un courage vraiment admirable, est a> Brusselle Sa sante< est bonne: sa jambe, qui a e la socie j'ai eu le plaisir de la voir traite< avec un de Dieu. J'ai vu ce petit mise battre sa femme. Hess et May sont brouille couteaux tirete et May jure qu'il ne souffrira pas qu'on publie un mot jusqu'a ce qu'il nous ait ruinere a> nous o*ter la possibilite< de re>pondre ou de nous faire e lui, et on dit qu'ils n'attendent que la fin du Conseil de guerre actuel pour en demander un contre? Steiguer. Cela fait un assez ban effet. Cependant, il ne faut pas se flatter, et il est tre>s douteux que nous nous en tirions supportablement. Adieu mon cher Oncle. Vous e*tes a> prere. Je le regarde comme une ve Rosalie que ce n'est pas ma faute si Me de Charrie>re l'e* faite le ve Samuel de Constant - 29 octobre 1789 Mon tre>s cher oncle, Je vous rends mille graces de la bonne & excellente lettre que vous m'avez es cher oncle est donc qu'il faut renoncer a cette idere a ne laisser a L.H.P. que l'alternative de se refuser ou de conformer a leurs ordres. Vous sentez mon tre>s cher oncle quel effet produirait une pie>ce dans laquelle L.E. se donnent si impudemment un de L.H.P. un si excellent pres cher onace, de nous faire, a Villars ou a moi, tenir incessamment copie vidimece. En attandant je vais vous mettre au fait de l'etat pres nt des choses. Trois personnes influentes sont bien disposere pour tirer de la sorte une vengeance des de nous. On a ere que sous peu de j'urs la Commission fera un Rapport qui ne nous sera pas de Londres je crois qu'il serait bon de re H. Vrindt - 4 novembre 1879 Monsieur, Pour mettre fin aux poursuites que vous avez instituere, le Colonel J:Constant de Rebecque, je suis charge< de sa part de vous offrir le payement des quatre mille neuf cent nonante huit florins, deux sols, argent courant d'Hollande, provenant des emolumens que le Haut Conseil de Guerre National Suisse, vous a alloue fournir selon les loix caution pour pareille somme en cas d'Appel ou de Re signer la quittance dont je vous envoie ici copie. Je vous prie de me donner incessamment connoissance de vos intentions, pour qu'en cas de refus, je puisse faire proce mon pe>re qui tient la somme pre*te et me l'enverra immes humble et obe signer pour le Sieur Vrindt. Je soussigne< certifie avoir rec+u de Monsieur le Baron de Constant, /Gentilhomme Gentilhomme du Duc de Bronsvic, de la part de Monsieur le Colonel J. Constant de Rebecque, son pe>re, la somme de quatre mille neuf cent nonante huit florins deux sols argent courant d'Hollande, somme a> moi alloue la Haye sous la pre la Haye. Ce 29 de H. Vrindt - 14 novembre 1789 En re la lettre du Sieur Henri Vrint, sol-disant Greffier du Haut Conseil de Guerre National Suisse assemble< a> La Hay**e, sous la pre la commission dont je suis charge< je le recquiers de s'engager, par le billet provisoire ci-joint, a> donner caution pour la restitution de la somme en cas d'appel ou re signer la quittance dont la copie lui a de e payer les fraix et de il n'a point fait de poursuites, je demande compte des quoi, je donnerai connoissance du consentement et nouvelles prere, duquel aiant rec+u des instructions ulte signer par le Sie H. Vrint. Je soussigne< de fournir caution suffisante pour restitution de la somme mentionne signer la quittance ci-jointe, de>s que la dite somme me sera remise. Copie de la quittance a> signer par le Sieur Vrint, la-quelle copie sera annexere, la somme de quatre mille neuf cent nonante huit florins, deux sols, argent courant d'Hollande, somme a> moi alloue La Haye, sous la pre la somme Signe< de la signature ordinaire sera remise au dit Sieur du dit sieur. H. Vrint D'accord avec l'original chez moi Notaire admis par la Noble Cour d'Hollande re La Hay**e. Ce 29 de H. Vrindt - 16 novembre 1789 En re la note du sieur H. Vrint, soi-disant greffier du Haut Conseil de guerre National Suisse assemble< a> La Hay**e, sous la pre Leurs Nobles puissances du Conseil d'Etat en date du 19 octobre dernier, et dont j'ai en main les preuves. La Haye ce 16 novembre 1789 / Signe< / de Constant Gentilhomme du Duc de Bronsvic. Benjamin Constant au Stathouder Willem V - 19 novembre 1789 Monseigneur, Votre Altesse Sere et moi nous avons si gravement inculpe<. J'ose croire que les griefs que nous avons alle la Haute Commission, une longue liste de griefs non moins e des humble & tre>s obe Isabelle de Charrie>re - 11 mai 1790 Je suis reste< longtems sans vous reve de ce proce>s qui vous ennuy**e ce que je comprends & qui ne me fait aucun plaisir, pas me*me celui d'avoir raison, parce que je suis si rassasie< de la force de mes preuves que j'ai repeterement & pour jamais sere nee< / de Tuyll,/ a Colombier / pre>s de Neufchatel, / Suisse. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 21-22 mai 1790 Ce 21 May 1790 Ah oui, oui, c'est bien dommage. C'est cent fois dommage tous les jours. Je ne me laisserai point aller a> des mouvemens d'humeur, comptez y bien & s'il se peut n'en ayez point non plus. Mlle Marin m'a envoye< la requete. Je lai remercies contente. Il est malheureux que tout cela ne serve a> rien. M. de Ch. est a> Geneve. Je vous renvoye le billet par deux raisons. jamais M. de Ch. ne voudra qu'il soit question d'interets; il s'est explique< la> dessus aveo vous & avec moi. 2e La datte n'est pas exacte. Vous avez voulu sans doute qu'elle se rencontrat avec l'echeance des interets; mais cela ne fait rien. Un acte quelque petit qu'il soit, un titre qu'on met entre les mains de quelqu'un doit e*tre exact pour e*tre valable. Quelqu'un qui le verroit diroit: quoi c'est de la Haye du 15 Juin] M. Constant etoit Õ å. Moi, d'ailleurs assez peu pendante & me*me trop peu reguliere je le serois toujours infiniment pour ces choses la>.. Envoyez moi donc un autre billet ou> il ne soit pas fait mention d'interets & qui soit date du jour ou> vous l'ecrirez. Je n'ose presque pas vous dire ce que le desoeuvrement & une enrouerie longue, qui m'empechoit de chanter a> mon clavessin m'a fait faire. Vous vous moquerez de moi du moins jusqu'a> ce que vous ayez vu la chose qui en verite< / n'est pas n'est pas ridicule. C'est un Eloge de J.J. Rousseau. Hors un seul mot peut- e*tre un mot, touchant la langue franc+oise il n'y a pas d'emphase du tout, rien d'academique. Ce n'est pas non plus decousu ni courant trop brusquement trop vite sur les objets. Cela a eti fait d'abord d'un trait & tout le monde fut fort content tout de suite de la le partie mais moins de la seconde je l'ai refaite en entier, d'un autre seul trait; on a applaudi. M. Chaillet me dit qu'il me donneroit le prix pour le seul debut de cette seconde partie, tant il le trouvoit beau, juste, eloquent. Alors j'ai copie< la 3ieme partie ne faisant que la corriger en l'ecrivant; elle n'a pas paru digne du reste & je l'ai refaite comme la seconde. On m'a prie< d'y faire rentrer un morceau de celle que j'avois mise de cote< je l'ai fait. La fin est extremement heureuse. Vous serez content. Il est venu chez Mr & Madame de Tremauville (Colombier est plein de francois) un pere de l'Oratoire homme d'esprit & fort instruit. Il a d'abord trouve< bien plaisant que je me fusse avise un discours tout politique, ou tout declamatoire en faveur de la revolution, je l'aurois probablement. Nous verons: on le copie & je l'enverai au premier jour a> M. Marmontel. L'ipigraphe prise je ne sais ou> mais que j'ai trouve la mode ni de civisme, ni de liberte<. Aucun froid pathos. Ainsi consolez vous & pardonnez moi. Je m'ennuyois je n'avois rien a> faire, vous ne repondiez pas, je n'osois vous ecrire de peur de vous importuner. On m'avoit ecrit que je devrois bien faire cet eloge & qu'on s'imaginoit que je le ferois mieux qu'une ou un autre. Enfin vogue l'Eloge. Je vous dirai pour l'honneur des mercredis de Me Saurin qu'on a su vous y regretter. On y a aussi regrette< mes aparitions. M. de Comeyras me la ecrit & que cet hiver on ba*illait souvent quand on ne jouroit pas. Je ris toutes les fois que je pense a> ce monde assemble< pour avoir ou montrer de l'esprit & ou> nous en trouva*mes moi chez vous & vous chez moi qui n'y etions que par hazard, & venus de deux pays peu fameux pour cette production. Mes jeunes amies sont sur le pied de me demander de vos nouvelles. Avez vous une lettre de M. Constant? me demandoit-on une ou deux fois la semaine. Enfin on ne me l'a plus demande<. Mais avant hier Mlle Chambrier entrant chez moi, je dis: J'ai une lettre de M. Constant. C'est heureux] me dit-elle. Je crus qu'elle se moquoit & je dis c'est du moins fort agreable elle m'assura qu'elle ne se moquoit point du tout &.me fit lui lire quelques lignes de la lettre. Vous seriez etonne< de cette personne la>. Avec une negligence de paysanne dans sa contenance & toute son allure elle a bien la plus belle la plus noble te*te qu'on pousse voir. Des yeux d'aigle. Le nez un peu long. / Une belle Une belle bouche une belle peau.... La voila> qui Samedi 22.... Je n'en puis dire davantage elle sortoit de son lit & s'assit sur le mien. A present c'est mon lit rouge ma chambre ardante, que j'habite mais cet hiver je couchois dans votre lit, elle dans le petit lit que vous connoissez. Je ne l'avois que deux ou trois jours dans trois semaines et elle les allongeoit tellement, ne se couchant qu'a deux une heure au pluto*t qu'elle me laissoit d'ordinaire avec quelqu'epouvantable migraine. Mais eile etoit si caressante & si aimable que je ne pouvois lui en savoir mauvais gre<. C'est la> une petite amie a> qui je n'ai pas besoin de faire des allowances Elle entend tout & repond a> tout. Elle a la te*te bonne & le caractere ferme & noble. Si on me demandoit une femme pour un Roi ou pour son fils aine<, je la donnerois. Hier apre>s qu'elle fut partie j'eus le pere Arnould qui me presenta un abbe< qu'on apelle le bel abbe<. Sans doute gu'il merite ce nom. Il faisoit si obscur que je ne pus en ju er mais le trouvai si sot si vulgaire si mal apris qu'il n'est pas dificile de voir dans quelle vue les belles Dames le recher- chent. J'aimerois autant un beau laquais & mieux parce qu'il ne seroit pas de ma societe< & ne me prieroit pas chez moi comme fit l'abbe< de m'asseoir. J'attens Zingarelli au premier jour. On a donne< son Antigone. Les vers de Marmontel ont fait beaucoup de tort a> sa musicue. Donnez moi vite de vos nouvelles. J'espere apprendre que le plaisir de vous promener avec votre femme & Jamant & loin de leurs Hautes Puissances a promtement remis votre sante<. je comprens bien votre ennui d'avoir raison depuis si longtems a> pure perte. N'eprouvant point de contradiction & cependant n'operant rien. Ah / mon mon Dieu] Mon Dieu] quel monde Ce que vous faites ressemble assez au suplice des Danai**des. Leurs H.P. sont le tonneau perce< ou sans fond. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 29 mai - 2 juin Õ1790å Samedi 29 may. Je vai ecrire un moment de provision comme autrefois. Nous avons ici une nombreuse socie nuit tombante. Tout le jour ils courent les bois, les montagnes, les grands chemins, leur troupe se grossit a> mesure qu'ils vont. Il leur vient des renforts de Reuse qui est comme une ruche de monde, & du Prusse & de Neuchatel. Vous jugez si je les suis ou les arete. Mier au soir j'en eus une division dans Mon petit jardin. Le reste etoit avec Mes belles soeurs a> la porte du grand. C'est la> que se tiennent frequemment les grandes assemble peine lit-il les notes dans une seule clef; il peint joliment cependant je ne pense pas qu'il ait jamais dessine< une figure entiere. C'est sans remede car voyant combien on s'extasie de ce qu'il fait sans effort il commence a> e*tre glorieux de son etonnante paresse. Vrayment un violon de>s qu'il le touche rend des sons Dussi doux qu'eclatans. Je n'ai rien entendu de pareil. Il m'a dit qu'il avoit fait un tour de promenade avec Vous a> (a) C'est tout au plus si l'on peut dire qu'elle ait de l'esprit. Ce 17 juin. / Neu chatel Neuchatel: il s'apelle de Montmollin, c'est un grand jeune homme avec une jolie petite te*te brune peut-e*tre vous en souviendriez vous. L'abbe< me parut si beau hier que je lui pardonnai d'e*tre un peu sot & me*me ne le trouvai plus sot. Il ne doit paroitre qu'au grand jour. La nuit ou> tous les chats sont gris, est defavable aux uns autant qu'avantageuse aux autres, car la nuit on ne fait qu'entendre ce qui seroit bien meilleur a> voir (b) Mon discours arive aujourdhui a> Paris. J'ai pris des mesures pour que M. Marmontel ne put pas feindre ne l'avoir pas receu. Je soupconne beaucoup de petites ruses litteraires dans ce monde la>. On n'a plus trouve< de Therese le Vasseur chez les libraires a> Paris il y a deja longtems & cependant il ne m'est pas revenu qu'on en ait beaucoup parle. Les amis de Me de Staal auroient-ils jette< au feu tout ce qu'on en avoit envoye tort que ma belle Soeur vous l'aura fait lire. Cette folie a fort amusi le petit nombre de lecteurs a> qui j'ai pris la peine de l'envoyer, & a> Neuchatel elle a eu grande vogue. Elle ne coutoit qu'un batz a> la verite< ou deux tout au plus. M. de Ch. m'a encourage< a> mettre non epigraphe tout du long. His words were musick his thoughts celestial dreams. je trouve dans Dryden A present Deity the vaulted roofs rebound Ce sont aussi 12 sylabes. En tout cas & si un seul exemple ne fait pas une autorite< sufisante je ne dis pas c'est un vers. Si quelque jour la nouvelle edition des confessions vous parvient sachez que l'avertessement du libraire (b) Je n'ai revu ni rentendu le chat. 17 juin Mais je viens dans cette minute de l'inviter a> souper avec le Cte d'Harcourt & le Pere Arnould. + au reste il y a peut-e*tre une infinite< d'exemples. Je ne connois pas a> fond un seul poete anglois et j'ai oublii le peu que j'ai lu dans ce genre. / est de est de Moi, l'epitre a> M. du Peyrou aussi de moi (mais l'ide beaucoup d'autres choses qui ne sont pas de moi du tout. J'avois demande< a> Me de la Pottrie le portrait de Me de Warens pour le faire graver. - Je ne l'ai pas; je ne sai pas qui l'a. On demande a> Mlle de bottens - Il est entre les mains de M. Gibbon. J'ecris poliment et me*me flateuse- ment a M. Gibbon. Il me repond - M. Gibbon est bien fache< &c, le portrait apartient a> la famille Polier, & M. Gibbon etranger ne peut se meler de ces choses la>. Voyez comme tout cela est obligeant. On dit que M. Dennel me fait l'honneur de me hair. Je l'ai vu trois instans il y a plusieurs anne avec Mlle de Grancy: Voila un agreable soupc+on si la chose n'est pas vraye] Comment peut-on souhaiter d'etendre ses connoissances, ses liaisons; on ne voit que vilainies] Mon envie de me resserrer, me renfermer, ne voir, quand je ne puis e*tre avec quelqu'un que j'aime, qu'un peu de verdure & un peu de ciel augmente tous les jours. Les nouvelles de la France commencent a> m'ennuyer beaucoup plus qu'elles ne m'interessent. Des nouvelles de societe< ne m'amusent pas plus. J'aime a voir venir le grand Chaillet qui raporte des plantes de ses promenades, caresse Jamant, joue avec moi a> la comete que je lui ai aprise & rit comme un fou quand il finit par la comete & la met pour neuf. Point de fiel point d'ambition point de bel esprit. Le lendemain il retourne aupre>s de sa mere et de son herbier. Je suis bien fache sa garnison. (a) Mlle Du Paquier est tre>s malade je l'ai force Geneve. Elle devoit se marier dans quinze jours. Je ne sai comment cela ira. Je la crois trop mal pour suporter les diferentes ceremonies du mariage. Cependant comme on devoit la marier en meme tems que sa soeur si ce couple la> ne veut pas attendre il se peut que l'autre soit oblige< d'y passer. J'aurois bien souvent Mlle Chambrier si cela dependoit d'elle seule mais il s'en faut de beaucoup qu'elle ne soit sa propre maitresse. J'attends Zingarelli & j'espere que la musique me tiendra lieu de tout ce qui me manque.+ J'avois besoin de n'en faire plus toute seule. Nous ferons Zingarelli & moi la musique de l'Olimpiade. C'est aussi le poeme que Pergolese avoit choisi. Son opera manqua par la jalousie e ses rivaux enrages< de sa reputation: le hntre poura imanuer faute de reputation. Des causes contraires pouront produire un effet semblable. Ce mardi le Juin. Vous recevez aujourdhui ou avez receu hier ma lettre. Nous verons si vous repondrez dabord. Vous n'avez point repondua> un certain conseil que je vous donnais au mois de janvier. Il n'y a pas de mal; la chose si elle a pu se faire doit e*tre tenue tre>s secrette. J'ai trouve< plaisant que M. du Paquier vous ait vu precisement chez M. Rendorp. Je suis un peu faches souvent. 17 juin. + J'ai un excellent piano anglois que j'ai mis dans la chambre a> manger d'hiver. Mon ancien est toujours dans mon antichambre. / contre ce contre ce Chapelain. Il m'a paru jaloux de l'amitie< que me temoignoit a future. Ne l'ai-je pas merites fort fatigue ne devoir e*tre contraries est tre>s malade, crachant toussant (a) Le mariage a es exactement ont un olein succe>s. La couleur revient les yeux se raniment les forces renaissent. Voila> une fois les midecins bons a> quelque chose- Ce 17 juin. /se condamnant se condamnant a> ne point parler & cependant ne pouvant vivre qu'entoure Isabelle de Charrie>re - 4 juin 1790 Ce 4 Juin 1790 J'ai malheureusement 4 lettres a ere. Il n'y a que 2 e*tres au monde dont je sois parfaitement content, vous, & ma femme. Tous les autres, j'ai, non pas a me plaindre d'eux, mais a leur attribuer quelque partie de mes peines. Vous deux au contraire j'ai a vous remercier de tout ce que je goute de bonheur. Je ne repondrai pas aujourdhui a votre lettre, Lundi prochain 7, j'aurai moins a faire, & je me donnerai le plaisir de la relire & d'y res un voiage de 4 jours & 4 nuits je suis arrive< ici, oppresse< de l'ides qui va de mal en pis, & tremblant de devoir repartir dans peu pour aller recommencer mes inutiles efforts. Je serais heureux, sans cette cruelle affaire, mais elle m'agite, & m'accable tellement par sa continuite< que j'en ai presque tous les jours une petite fie>vre & que je suis d'une faiblesse extre*me, qui m'empe*che de prendre de l'exercice, ce qui probablement me ferait du bien. Je prends au lieu d'exercice le lait de chevre qui m'en fait un peu. Mon seve des echaffauds pour ba*tir, & qu'au milieu de son travail il est mort, que tout a preme, & dix huitie>me sie>cles de notre ere. Adieu dans ma prochaine lettre nous rirons malgre< nos maux de l'indignation que tere nee Salomon de Charrie>re de Ses cher oncle, Tous les arrangemens de mon Pe>re me seront sacre revenir contre, lors me*me que les raisons de differe; ainsi, mon tre>s cher oncle, que je ne sois aucun obstacle a> ce que vous concluiez. Je vous rends mille gra*ces des nouvelles que vous me mandez, nous avons malheureusement peu de communications avec la France et il ne nous parvient que peu des journaux qui reres et d'e cette exception pre>s, je n'en fais point. Je suis fa*che< des exce>s ou> se porte le peuple apre>s avoir secoue< le joug: mais je le serais plus, si ce joug n'ere, mais je sais que l'ine que ce puisse e*tre, que de trembler et ramper sous une foule de despotes subalternes, d'autant plus insolens par le fait que, par le droit, is ont moins d'autorite<. Je ne pense ici qu'a> la tyrannie ministes cher oncle, et moi, sommes e l'abri de ce fle< au. Nous vivons, l'un et l'autre, sous les plus doux gouvernemens. Celui de Berne est connu pour sa douceur, sa sagesse, et surtout pour sa popularite<. ant a> nos nouvelles, vous saurez deque la paix est faite, que les Brabanc+ons, apre>s avoir employe< dix mois de liberte< a> s'opprimer, a> re faire aller le peu de soldats qu'ils avaient a> confesse, vont rentrer sous le joug autrichien, et que l'Allemagne est hors d'inquies cher oncle, daignez me rappeler au souvenir de toute votre famille et de Mme de Chandieu. J'embrasse Wilhelm et suis, avec un profond respect et since>re attachement, mon tre>s cher et honore< oncle, Votre tre>s humble obere a> Benjamin Constant - 30 aou*t 1790 Ce mardi 30 Aou*t 1790 Mon Dieu que Se suis fache peu vous vous retrouverez capable de tout ce que vous voudrez exiger de vous. Je suis bien mal adroite si j'ai en effet merite< le reproche que vous me faites d'e*tre dure quand vous etes tendre & tendre quand vous e*tes dur, car j'ai exprime< le contraire de ma pense votre egard depuis que je vous ai revu il y a 13 mois. Je fus tre>s blessee lors d'une certaine lettre de la Haye que je n'avois merite toute mon histoire. Je vous remercie de m'avoir dit (quoique bien brusquemment) que vous aviez rendu sa visite a> M. du Paquier. Ah Sire] qu'il est dificile de parler franchemment a> votre Majeste< sans la facher un peu] & cependant quelle Majeste< pouroit mieux soutenir l'examen de la rigoureuse franchise que vofre spirituelle senses aimable Majeste<] Pourquoi repousse t-elle mon pauvre mentorat qui est si peu de chose, qui venant de si loin frape si foiblement au but. Par exemple vous facherez vous Sire si je vous demande encore le billet que M. de Ch. m'avoit charge il y a quelques mois de vous demander; un billet en peu de mots pur & simple? Vous ne sauriez croire ce que je souffre quand il me semble que vous n'etes pas en regle avec les gens que je vois. Ils ont beau ne rien dire; je les entens. Si je trouve une occasion de vous envoyer cette lettre ce soir je vous l'enverai sans Therese le Vasseur. Elle ira une autre fois & bientot. Si non le tout partira samedi prochain jour ou> je dois voir arriver Zingarelli. Nous ferons ensemble la musique de l'olympi**ade de Metastase.dont j'ai deja fait ou ebauche presque tous les airs. Avez vous les Eclaireissemens sur la publication des confessions &c. Je suis persuadee que vous en serez tre>s content. Fauche a eu soin de les repandre pour son interet. M de Tremauville fut toute etonnes a> Vaudendundur. Il ent dans la legion Salm il est conduit a> Aujourdhui il est en france .... Vous me demandez si j'ai renonce< a> Cecile & aux voyages du fils de Lady Betty avec l'amant de Caliste. belas je n'ai point renonce< mais ou retrouver quelqu' enthousiasme quelque persuasion que l'homme peut valoir quelque chose que le mariage peut e*tre un doux tendre & fort lien au lieu d'une raboteuse pesante & pourtant fragile chaine. L'imagination se desseche en voyant tout ce qui est ou bien on se croit fou quand on s'est emu quelques momens pour ce qu'on croyoit qui pouvoit e*tre. Le tems d'une certaine simplicite< romanesque de coeur s'est prolonge< pour moi outre mesure mais peut-il durer toujours & malgri la secheresse de ma situation. En fait de litterature hors M. du Peyrou qui dicte presque tous les jours a> son valet de chambre Chopin un billet pour moi & a qui j'ecris aussi presque tous les jours il n'y a personne que je puisse occuper un quart d'heure de suite de ce qui m'interesseroit le plus vivement. Quand il s'agiroit d'un livre comme l'Esprit des loix personne n'y prendroit garde qu'en passant. Le tricette l'Imperiale les nouvelles de France absorbent tout. Sur d'autres objets je n'aurois que le secours d'une jeune personne qui voudroit tout faire pour moi mais qui ne peut pas seulement me venir voir, a> pied, quand il lui plait & qui lorsqu'elle sera marie Neuchatel par un emploi le plus laborieux du monde, d'ailleuns les avoir ensemble seroit ne rien avoir ...... Je m'egare bien loin de ma reponse a> votre question mais enfin vous voyez qu'il n'y a pas dans ma maniere de vivre de quoi se ranimer pour des chimeres armibles.... je n'oserois presque plus compter sur un lecteur. J'envoye a> ma belle soeur Therese & les Eclaircissemens elle ne sait pas vous les donner. Depuis longtems vous ne m'avez pas temoigne la moindre curiosite<; jamais vous ne m'avez dit un mot des Pheniciennes depuis qu'elles sont finies depuis qu'il y a ... Le crime est glorieux Quand il sagit d'un diademe Respectons dans le reste & les loix & les Dieux. L'impie orgueilleux & farouche &c. On y voit bien la mort on n'y voit pas la criante Et du trait meurtrier tel sent deja l'atteinte Dont la mourante meurt par un dernier effort Decoche encor le trait qui doit venger sa mort. Je faisais pourtant ces vers dans l'espoir que vous m'en parleriez. Enfin j'ai pu me donner un musicien un compositeur; bon artiste mais froid. C'est ce qu'il me faut non pas pour m'amuser mais pour faire de la tre>s bonne musique car un grand genie musicien feroit sa propre musique & non pas les remplissages qu'il faut a> la mienne. Oh la drole de chose que la prevention que les noms & leur pouvoir. Votre cousine n'aprouve que ce qui vient d'un ini d'un ili d'un iti. Un petit air de chalumeau que j'avois fait pour Polyphe*me & son rocher etoit charmant vrayment charmant. Zingarelli qui allors avoit besoin d'argent vouloit faire quelque chose que je payasse & ne sentoit rien l'a un peu gate<, c'est comme cela gate< & devenu commun que votre cousine l'a trouvi bon &c &c &c. Ah mon Dieu] Mon Dieu] Et vous eprouvez les me*mes choses ou des chose semblables, on ne vous entend ni ne vous repond ni ne vous aide ni ne vous encourage. Vous avez moins besoin que moi de secours; vous savez mieux que vous savez, & n'avez pas comme moi ces momens ou je ne sai plus seulement si j'ai le sens commun, mais encore faudroit-il e*tre connu & entendu. Si j'avois ose< penser & dire il ne faut pas vous fixer loin de moi & en me comptant pour rien car je vous suis necessaire; comme on eut crie< a> la presomption a> la folie, sur tout a> l'egoisme. Quoi vous voudriez sacrifier un jeune homme son etablissement sa fortune sa gloire a> vous au plaisir de le voir ... La bonne Mlle Louise dit quelquefois: pour e*tre comme vous etiez ici avec M. Constant il faloit precisement qu'il fut malade sans cela il se seroit bien vite ennuye<, il auroit couru tous les jours a> Neuchatel & je m'humilie a> dire cela est vrai. On ne veut pas seulement que quelqu'un s'imagine qu'il pouvoit e*tre aime< & heureux; ne un seul de ses semblables. Cette illusion douce & innocente on a toujours soin de la prevenir ou de la detruire. Je vous ecrirai bientot une autre lettre & je tacherai de faire partir celle ci aujourdhui. Ecoutez. Dans le billet que je vous demande mettez qu'il anulle celui que vous avez fait le 3 juin 1787. Quoique superflu cela sera plus regulier. l'idee en vient de M. de Charrie>re. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 17 septembre 1790 Vous deux lettres m'ont fait grand plaisir ce dont je suis fache< pour nous deux. Car c'est la conformite< de notre maniere de sentir qui est cause de ce plaisir & cette conformite< est cause aussi que nous sommes tre>s loin d'e*tre heureux. Oui certainement vous seriez nese le Vasseur. Je vous aime bien. Adieu. Ce 17 sept. 1790. Be -jmin Constanta > Isabelle de Charrie>re - 10 de Isabelle de Charrie>re - 10 des grande be*te de me priver d'un grand plaisir parce que j'ai de grands chagrins & de ne plus vous ene ici une platte vie, & ce qui est pis que plat, je suis toujours un pie< en l'air, ne sachant s'il ne me faudra pas retourner a la Haye pour y reperes qu'ils sont des faussaires & des sces dans toutes les socies /de mon de mon Pere ne vient pas m'arracher a mon loisir, je pourrai bien pour la premie>re fois de ma vie avoir fini un ouvrage. Mes Brabancons se sont en alleles & les 50 louis avec eux. Le moment de l'interet & de la curiosite< a passe< trop vite. Vous ne me paraissez pas Democrate. Je crois comme vous qu'on ne voit au fond que la fourbe & la fureur: mais j'aime mieux la fourbe & la fureur qui renversent les chateaux forts, detruisent les titres & autres sottises de cette espe>ce, mettent sur un pied egal, toutes les reveries religieuses, que celles qui voudroient conserver & consacrer ces miserables avortons de la stupidite< barbare des Juifs entes sans plaisir de la nuit. Si une fois le hazard pouvoit nous rege un Ste Croix, serait ce pas notre Ste Croix des dene m'abrutit. Je deviens d'une Paresse inconcevable, & c'est a force de paresse que je passe d'une idere. Peut e*tre y parviendrai je quand je n'aurai plus ni Proce>s ni inquiere, mais c'es out ce qui j'ai Je suis tout poussie>re. Comme il faut finir par la>, autant vaut il commencer aussi par la>. Ce 10 Xbre ÕAå Madame / ÕMadame deå Charrie>re / Õnee< de Tuyåll / Õa>å Colombier / Õpre>s de Neufchåatel / en Suisse Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 10 de quel point j'ai e employer. Outre cela on aime certainment Me votre femme, ses parens doivent l'aimer les princesses doivent e*tre accoutume elles. On vous fera toujours un sort assez passable pour vous retenir. Vous ne chercherez donc pas fortune. De plus si vous la cherchiez vous la trouveriez Ne vous decouragez donc pas & ayez soin de votre sante<. Je vous dirois volontiers ecrivez moi pour vous ranimer pour vous divertir, mais ce seroit une absurdite< car si cela pouvoit faire ce bon effet vous vous en aviseriez de vous me*me. Je ne vous dirai pas non plus les bagatelles que je pourois vous dire; elles ne vous amusent pas puisque vous n'y repondez point & n'en demandez point. Ce que vous voulez encore de notre pauvre correspondance c'est qu'elle vous prouve mon souvenir mon attachement; eh bien, soyez en en bien convaincu. Vous etes aussi present a> mon imagination & aussi cher a> mon coeur que le / jour jour que vous m'avez quite la raillerie. Elle a eu des chagrins & des embaras, elle a etre a> la congelation pour n'avoir plus a> se contraindre en detail. Cela est sage peut-e*tre mais un peu triste. Moi je ne suis pas gelie et je vous embrasse tendrement. Isabelle. Zingarelli est parti il y a quinze jour. Notre opera doit e*tre arrive hier a> Paris. J'en fais un autre. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 24 des dete iri, sur d'etre blame< quoiqu'il arrive, & m'es de trois ans a porte< a ma te*te comme a ma sante< un coup mortel dont je ne releverai jamais. Mes plus belles annes agrere intes fou, les sulbalternes n'ont pas mieux fini, & puis voila> a quoi aboutit une suite d'efforts, du sang rere a es d'Isabelle il se guere nee< de / Tuyll / a Colombier / pre>s de Neufchatel / en Suisse. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 21 Õmaiå 1791 B. ce 21. 1791 J'ai es capot de voir s'es en cole>re & je me tairai. Non certainement je ne pourrois e*tre d'aucune utilite< a mon Pere; mon voiage n'auroit fait que me mettre sur les dents & le ruiner, cependant vous pouvez ere est plus juste & je suis de nouveau tre>s bien avec lui. Je ne rece, mais assez mal pour le bonheur des Individus. Il y a dans votre plaidoier en faveur de leurs arrangemens un faux foncier qui m'a fait rire. Les terribles ouragans qui ont eu lieu n'ont dites vous coute< la vie qu'a quelques matelots & fait pere avoit partage< leur sort. Une Espagnole ece j'en conviens: mais presque tout est mal pour les Individus & comme l'espe>ce est un etre abstrait, & les Individus des Etres sensibles 'aimerois autant tout aautre arrangement que celui ci. Ce n'est pas comme me trouvant dans des circonstances affligeantes que je me plains de la vie: je suis parvenu a ce point de desabusement que je ne saurais que dete paresse, avec le sentiment que je pourrais mieux emploier mon tems, le regret vague de le voir s'ecouler a ne rien faire & la conviction que tout ce que je ferais e seqrvioit a riien & qu'au bout de 50 ans tout revient au me*me. Il y a dit Res prochain, que par conses peu de plaisirs, & fort insipides parce que j'ai perdu pour jamais l'espere l'ete< de 1792 e*tre en Suisse, sans ma femme qui est un peu dere / nes de Neufchatel / en Suisse / fco Francfort. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin - 8 janvier 1791 Ce 8e janvier 1791 J'ai tout receu. D'abord une lettre qui m'a presque fache moi. & j'aurois volontiers charge< quelque Cideville ou Albergotti de repondre. C'etoit bien superflu alors de e dire que vous lisiez les lettres de Voltairae( onn le voyoit bien au stile) & c'est toujours bien inutile de me dire du bien de cet homme qui louoit, pre*toit, donnoit quand il avoit quelque service a> demander quelque livre ou piece de theatre a> faire applaudir & qui hors de la> ne se mettoit en peine de personne qui n'aima jamais personne, pas me*me sa Chatelet, & qui sut si prement hQai** & si cruellement dechirer ceux qui avohient le moins du monde egratigne< son amour propre. Roquet armible et joli & caressant est venu bientot prendre la place du disciple de Voltaire. Comme il a e Roquet chez le cousin de Roquet seigneur de Fantaisie si heureusement des lettres tre>s presse part soi; la nuit le soir en allant et venant en parlant a> d'autres, seulement elle ne s'ecrivit point mais on alloit l'ecrire quand une troi ieme lettre est venue dire que ce n'etoit pas en Hollande qui faloit envoyer ce qu'on ecriroit. Cette derniere lettre 'a touchee< & occupee< & amoccupe & me touche. Mais avant d'en venir a> ce qui vous etant personnel est vrayment interressant je vous demanderai pourquoi chercher sans cesse le pourquoi de / notre notre existence? Puisque nous existons il faloit bien que nous existassions ui vous dit qu'il y ait dans tout cela un seul choi1x de fait, un seul acte 'une volente loin les uns des autres. Dans la Nouvelle Hollande les transporte s u'un homme qui entendoit l'esp agnl s'est trouve< laa> pour savoir qui elle toit et en pouvoir preCnre soin. dLassons les poourquoi & admirons l'admirable concert de toutes choses pour faire que le monde soit & dure. Et quant a> la peine qu'on se donne pour presque rien il faut bien ou e*tre comme le caillou ou comme l'huitre ou comme nous sommes. Le mouvement necessaire pour que nous ne vegetions pas absolument doit nous etre donne< comme il l'est par des craintes ou des esperances, petites, trompeuses. Vous me parlez de tout cela avec beaucoup d'esprit & montrer de l'esprit ne vous donne point de peine autrement je ne vous dirois a> quoi bon aussi se tourmenter pour discuter l'a> quoi bon de tout ce qu'on fait & de tout ce qu'on voit? Dieu n'a pas au bout du compte plus de peine a> tout faire que vous n'en avez a> e quoi bon; il cre existons tout doucement & de bonne grace. Parlons de vous. Je suis fort aise que vous ne soyez pas parti par un /temps temps & par des chemins horribles. Je ne dirai rien de la cause de ce delai (Je me suis impose< un silence religieux sur tout ce qui peut venir de cette personne la>.) Mais l'effet m.'est tre>s agreable. Ce voyage me*me dans plus belle saison me paroitroit facheux; d'ailleurs apre>s tout ce que vous avez dit & ecrit je ne vois pas ce que vous pouvez de plus dans cette affaire. On a ce me semble travaille< sur l'equite< & le bon sens autant qu'il etoit possible & je croirois a> vue de pays que ce sont desormais des jurisconsultes qui doivent parler & ecrire faire valoir les loix, les formes les usages. Peut-e *tre que le Hollandois seroit mieux entendu que le franc+ois de mes compatriotes. Enfin vous voila encore au coin de votre feu ecoutant le mediocre air que l'on chante et desirant la continuation du chant pour eviter la suprise & le mal aise que donne une interruption. Vous voyez que je vous ai bien compris. Je vous comprenois bien aussi quand vous diriez que cette vie ce longue de Voltaire passes en detail et pourtant toute passe mon gre< pour si peu de chose. Quelquefois les chroniqueurs me fait le me>me effet lugubre. Je me souviens qu'en lisant dans le sie>cle de Louis 14 ou dans le president Haynaut un catalogue de gens celebres tous ces morts mirent mon esprit en grand deuil. Cela m'a un peu pa se depuis que je crains moins la mort pour moi me>me. Dans Millot ce qui m'a frape< c'est la sottise des franc+ois, la sottise des negociateurs de negociations, de ces soi disant graves affaires politiques diplomatiques ou> des catins, des complaisans, le hazard, uelque malentendu / ont toujo urs ont toujours une part si grande. A propos de cela je conviens que j'ai eu de l'engouement pour Bailly & la Fayette. Je leur veux encore du bien. Quant a> la democratie & l'aristocratie, les democrates & les aristocrates je dirois volontiers le contraire de ce que dit un jour le chirurgien Cabanis. Aimez vous mieux, lui disoit-on, qu'un bras soit casse qui la nation donneÕ åde pension? Je suis fort aise que vous payez vos dettes. Je trouve ce petit bien dans votre situation pardessus beaucoup d'autres situations, que si vous vous demandez pourquoi suis-je ici? vous avez quelque chose a> vous repondre. Vous pouvez dire parceque j'y ai dequoi vivre a> mon aise, parceque j'y aurai de quoi payer ce que je dois. La che*vre peut avoir un plus ou moins beau pre< a> brouter mais mieux vaut je crois un mediocre pre< & y e*tre attache l'aventure, esperant toujours du thim & de la marjolaine & ne trouvant souvent qu'orties & chardons ou se lassant me>me du thim & de la marjolaine & cherchant ce qui ne croit nulle part. Je ne suis pas de votre avis, du tout, relativement a> vous me*me. Vous vous plaigniez due d vous occuper longtems d'une me*me chose a> la voir sous tous ses aspects, a> la developper aux autres sans luxe de stile avec clarte< & simplicite<. Vous avez appris ce que tot ou tard il faut apprendre a> menager l'amour propre d'autrui a> regarder votre esprit moins comme vous donnant des privileges que comme vous imposant des obligations, & devant se faire pardonner plutot que comme faisant pardonner d'autres choses. Outre cela vous vous etes fait beaucoup Õ å. Benjamin Constant a> Rosalie et Lisette de Constant - 15 deres cousines, parce que j'ai voulu, avant de vous donner de mes nouvelles, avoir une probabilite< que j'acheverais ma route sans accident. Arrive< ce soir a 120 lieues de la Chablie>re & a 66 de Bronsvic, je commence a me flatter qu'en cinq jours d'ici je serai chez moi, mon cheval de 4 louis 2/1 feisant gaillardement 13 a 14 lieues par jour, & ne s'en ressentant que peu jusqu'ici, malgre< le tems qui ne nous traite pas bien & les chemins que les neiges et les Francois rendent affreux a l'envi. J'ai passe< au milieu de la contre, qui est bien contre le bon sens & contre les voyageurs que les conque du Rhin qui ont le malheur de de leurs risques & pe mes patentes bronswicoises, & je ne conseillerais a personne qui n'auroit point de passeports ou ne tiendroit pas a quelque prince que ces Mrs veuillent mes arrogans & tre>s hargneux. On se croirait au tems de l'ancienne chevalerie, a voir ces /paladins paladins armeguent en faveur de leur cause que pouvaient l'etre les Rolands et les Renauds. L'argent sort de France a foison, de toutes les manie>res, & tous les jours: l'emigration augmente dans ma route de Bale ici, j'ai certainement vu 800 Francois qui sortaient de toutes les villes frontie>res. Au reste ils son ou paraissent bien peu detent, forment des magasins, & enrolent tant qu'ils peuvent. Ils trouvent beaucoup de recrues parce que la pai**e qu'ils donnent est assez forte. Leurs froupes n'ont point l'air d'indiscipline que je supposais. La cavalerie est tre>s bien monteres cousines. Je ne vous ai rien e son cheval vous ere de mon attachement inviolable & e mon oncle. Mille choses a Juste. Mes respects a ma Tante. Si vous me rere / Lausanne / en Suisse Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 8-12 Fe tout ce n'est pas que je ne sache tout par coeur. je ne demande pas mieux que de vous e je vous ecr vis cette lettre que vous m'avez remontreme au fond de mon coeur relativement a> vous. S'il m'est arrive< de m'en plaindre ca e vous reprimerez un sentiment malveuillant, et alternerez un douloureux, ferez couler quelque douce larme et alors vous ne vous direz plus: que cela reviendra au me*me; en verite< il faut sortir un peu de soi pour n'e>tre pas trop malheureux comme il faut sortir de chez soi quand les maitres s'y boudent que les domestiques s'y querellent, que les chemine des camarades qu'on a en quelque lieu on ne sait pas ou> ni leurs noms, ou peut-e*tr e ne naitront-ils que dans 10 ou 20 ans mais ils sont ou seront car pourquoi un homme n'aurait-il personne qui lui ressemblat? Ecrivez a> vos camarades Vous savez qu'ils ont grand besoin qu'on leur dise de tems en tems un mot / selon selon leur coeur. Peut-e*tre seront-ils a> quelque cour d'Ale. J'allois oublier dans cette notte que je ne voulois rien particulariser. Ce 12 Fevrier. Depuis que ma lettre est co mence la come>te jeu renouvelle< de Mon enfance & qui m'amuse assez. Quand je ne suis pas distraite je joue assez bien, mais pour peu que je pense a autre chose je fais d'horribles bevues, je perds, je me fache, enfin cela ne m'ennuye pas. Me Portale>s ne souffre plus. Quelques semaines avant sa mort elle a compris que la Mort etoit inevitable. Son despotisme & son inpatience ont fini aussitot & hors quelques instans de douleur tantot vive & tenant du desespoir tantot plus sourde et s'exhalant en larmes, elle s'est montre ses domestiques en remerciant tout le monde. Nous verons. Il ne faut pas medire sur de simples soupc+ons. Le testament ne sera ouvert qu'au retour du mari. On n'a parle< que de cette femme pendant sa maladie & encore a present. Avec peu d'esprit & une beaute< mediocre Mais beaucoup de graces & de talens, & une grande fortune dont elle ne disposoit qu'a la derobe la chambre deux heures apre>s qu'elle fut expire son enterrement. Ses deux fre>res dansoient au bal qu'ell e etoit deja comme a> l'agonie vrayment on a vu dans cette occasion des choses extraordinaires ou du moins qui m'ont surprise moi qui suis encore neuve au monde quoique je sois dans la vie depuis fort longtems. Dans ce moment ma femme de chambre me dit que le peuple parle (comme moi sur des soupc+ons) du testament de Pourtale>s & qu'on trouve bien mauvais qu'elle ait dispose< de quelque chose. Son dermier sejour a> Geneve a dit-on plus coute< que toute sa dot & sa part du bien de ses pere & mere ne valoit. Si c'est en haine de Me Caroline de Luse sa belle soeur que le public parle ainsi la croyant favorise bout de la pleurer. Je n'ai vu encore que deux femmes pleurer (des larmes) quand elles vouloient. La Pr. Gallitzin & Me du Peyrou. C'est un joli don. On a ici Burke que je n'ai pas pu lire, Calonne que je n'ai pas essaye< e lire; Mouniaerque j'ai lu avec assez d'interet. DU peirrquier creancier du M. de Mirabeau qu'il avoit non seulement coife< mais alimente<, e me payer je l'aime & je lui rendrois encore service. -Je n'en dirai pas autant je le traite dans ma pense l'e Pontarlier a Morteau a> Besanc+on. En ce cas la> comment la contrerevolution seroit-elle possible? Les Aristocrates commencent a> avouer que le peuple quoique mourant de faim ne se plaint pas & prefere tout au retour de l'ancien regime. A Paris les ouvriers n'ont rien a> faire les marchands ne vendent pas, les domestiques sont sur le pave< mais ils ont quelque part a> l'autorite< ou ils esperent en avoir une. Me de Lessert ecrit que ce sentiment flateur console tout le monde. On parle encore par ci par la> des puissances: c'est la cause des Rois dit-on emphatiquement. Il me semble alors que je vois quelqu'un s'affubler des habits de sa grand', grand', mere. Les puissances pouront bien n'avoir plus que leur deux bras chacune pour toute force & leur cause ainsi soutenue que deviendra-t-elle? Adieu je ne tarderai pas a> vous ere a> Benjamin Constant - 3 Mars 1791 Ce 3e Mars 1791 Je comptois fermement sur une lettre par le courier de samedi ou celui de mardi. Mais point. Il n'est rien venu. Ce ne seroit rien d'attendre mais je vous crois toujours quand vous tardez a> ecrire ou malade ou fache< contre moi, & ne pouvant faire des conjectures detaille cette seconde supposition & recapitule anxieuse- ment la lettre a> laquelle vous auriez pu repondre. Quand je n'y trouve rien du tout qui ait pu vous vous facher je pense que c'est faute de me la rapeller assez bien. Ce n'est pas la> tant s'en faut une maniere douce de m'occuper de vous. je Voulus vous ecrire lundi il n'y eut pas moyen la migraine fut la plus forte. Fache samedi j'aurois essaye< du courrier de mardi dont je ne sai pas s'il ne rejoint point a> Berne ou a> Soleure celui du lundi mais la migraine fut plus forte encore que la veille. Depuis quelque tems quand j'ai bien souffert un jour d'un cote< de ma te*te le lendemain c'est de l'autre. Le mal dura pre>s de 48 heures. J'ai depuis quelques jours tant de mal aise, des battemens d'arteres si frequens dans les reins sous les co*tes & partout que je me suis imagines bons intervalles que cela me laisse me font penser quelquefois que cela n'est pas si serieux. Mon sort, ma vie, me paroissent parfois bien singuliers mais a> ce compte tout seroit singulier, & beaucoup de singulier devient le contraire de singulier. C'est du commun qui n'e de bien bonne heure a> 'ecurie ne pouvant presque faire un pas Om'*e en imagination sans vous heurter contre un rattelier une cre>che une chaine. Et tous ces princes vagabonds... & cette Reine de France. Et ce Calonne, & ce Necker. A propos sa petite Republique recoit de si fortes secousses que je pense qu'elle va s'ecrouler bientot. On ecrit de Paris que l'intention de la progagande est d'en faire le 2e tome. d'Avignon. J'ai vu hier la copie de deux lettres l'une de M. Tronchin Labat, l'autre de je ne sai qui mais raisonnes souper, se retire chez lui & meurt. Voila> ce qu'on m'a dit mais on fait tant de contea] Je n'ai garde de rien demander a> Me Saurin. La question me*me lui paroitroit dangereuse pour elle. Elle n'ose rien ecrire que des lieux communs lenitivement democrates. M. Rhuliers est un mechant homme de moins. Nous n'aimons pas le dernier ecrit de M. Mounier ... Un tre>s honne*te homme n'auroit pas pu se le permettre. J'ai pris la liberte< de contredire vigoureusement cette assertaion. Enrage avec un petit nombre d'honne*tes gens qui gemissent & atfendent pour agir qu'ils puissent faire quelque bien Voila la nation franc+oise actuelle. Et cette bisarre Allemagne qu'est-ce qui s'y passe interieurement? Je vous / avoue avoue que j'en suis tre>s curieuse. Que des troupes se laissent mener en Alsace en Lorraine soit mais que la> elles ne disent pas adieu a Mrs le caporaux sergens, capitaines generaux se mettant a boire & a manger avec les franc+ois pillant me*me la caisse militaire le peut-on esperer? Un melange de sagesse & de hazard avoit cre la detruire je ne puis imaginer comment on arretera la destruction. C'est bien le cas du filet si je ne me trompe Une maille rompue emporta tout l'ouvrage.. Ils essayent (ou en font semblant) de faire un autre filet plus doux plus large plus clair mais je doute qu'il tienne. Je doute me*me qu'il s'acheve. C'est assez parler de choses generales. Que faites vous, vous? Vous m'avez dit des choses si tendres si bien faites pour m'occuper & puis rien. Pourquoi cela? Song eriez vous a> faire un voyage? Jamais prince pere famille public ne vous le pardonneroit; & si vous faisiez beaucoup de chagrin vous ne vous le pardonneriez pas vous me*me. Vous n'auriez qu'une personne a> qui il seroit impossible de vous en vouloir intimement quoiqu'a> l'exterieur il falut bien qu'elle vous blamat aussi, mais cette une personne n'est pas assez surtout contre votre propre blame que vous ne pouriez eviter. J'ai ri de moi me*me ces jours ci a> l'occasion de cette petite Judith ma protege vos parens que vous leur ferez quelque bien dans l'occasion car si vous n'aimez que vous il faut vous en garder le secret..... Vous vous etes defie present il faut que Votre experience & votre independance changent votre conduite comme vos ide et egard & vous delivrent de la peine & de l'ennui de dissumuler. Dites tout ce que vous voulez; entre telle, telle, telle chose vous etes / parfaitement parfaitement maitresse du choix..... Je croyois qu'elle entendroit au moins les lettres ou> je parlois si bien. Bon] elle est arrive se sentir en etat desormais de proteger elle me*me comme jusqu'a> present il a falu qu'elle fut protege se mettre en etat de bien remplir la place que je lui ai procures propre & je fais un tre>s bon presen t a> ceux a> qui je la donne & cela sans faire du tout sur elle l'impression que j'aurois voulu. Elle ne m'a point du tout entendue mais elle m'obeit parfait- ement. Et puis parlez au peuple de ses droits, de sa liberte<] Ce que vous en pourez esperer de mieux c'est qu'il obeisse servilement a> vos impulsions Pour peu qu'il vous entendit il renverseroit vos propres plans, car de vous bien entendre & de concourir a> quelque chose de sage avec co connoissance de cause c'est impossible. Il faut non seulement avoir de l'esprit mais l'avoir exerce< de>s le berceau pour e*tre capable de raisonnement. Une Cora tires et je la crois actuellement hors du chemin. Je fais comme je vous l'aurai dit deja, un autre ouvrage qui me paroit devenir fort bon. Hier j'ecrivis avec les nottes. Babillarde immortelle Echo] que t'ai-je fait? Tais toi, tais-tois cruelle, Et garde mon secret. L'air etoit si joli que M. de Ch. aplaudit. Adieu. Que n'etes vous la> pour critiquer l'ouvrage & faire amitie< a> l'auteur. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - Õjuin 1791å Le re la noblesse: 1o Cent hommes souffrent: un seul souffrira: donc j'o*te au genre humain quatre-vingt-dix neuf centie>mes de ses souffrances. 2o Ce dont je prive l'homme victime n'e qui je le sacrifie: donc je soulage individuellement ceux que je soulage, plus que je ne fais souffrir ceux que je fais souffrir. 3o Si les regrets de l'homme victime sont excessifs et le portent a> une conduite qui finisse par lui o*ter ce que je voulais lui laisser, c'est un e cet e notre question, et pour nous pre des objets qui nous soient plus ere avec un seul enfant, e l'abri d'un toit glacial, sous un toit, seul abri dont je puisse disposer, une autre /me>re me>re avec six enfants, vienne y chercher un asile. Si les deux me>res et les sept enfants peuvent s'abriter en me*me temps dans le me*me lieu, tout s'arrange sans peine. Mais je suppose que le de opter entre les deux familles, renverrai-je la me>re de l'unique enfant pour secourir la me>re des six? Non, et cela par la raison dont nous sonmes convenus vous et moi, par la raison que le froit souffert par deux est aussi douloureux que le froid souffert par sept ou par cent, car le nombre n'y fait rien. peut-e*tre, au reste, que la possession produit chez moi une sorte d'ide dede entre pour quelque chose dans ma de peine me croirai-je en droit de faire autrement. A prere et le mai*tre de six enfants presque nus et d'un enfant plus ve*tu que ne le sont les six autres ensemble; o*terai-je a> cet enfant tout ce qui dans son habillement est de luxe pour en couvrir les autres six? Oui, et si dans son chagrin il se de fait, je le laisserai faire; mais c'est si peu le nombre qui dans cette occasion m'aura de six enfan ts ce dont ils pouvaient se passer pour le donner a> un seul. Le nombre n'est compte< que lorsqu'il se montre sous l'aspect de la force. Si dans une assemble vingt personnes en incommode une seule, he l'emporter? Combien de sere se rere capable que de sacrifices si petits qu'il y a quelque honte a> les citer? Pourquoi nos meilleurs sentiments sont-ils si faibles, si tie>des, si aiseces juridiques. 3o d'avoir suppose<, ou supprime< des Tes le jugement. 14o d'avoir commence< une poursuite illes que Votre Altesse Seres s'il faillit dans ses preuves, & suppliant Votre Altesse Sere. Le sentiment affreux de voir flele & qui ne doit sa perte qu'a une Cabale acharnes humble & tre>s obere a> Benjamin Constant - 6 Õoctobre 1791å Jeudi ce 6 Vous allez croire que je n'ai du tout plus sens commun. Dans une lettre que je vous ecrivis hier par Yverdun je mis samedi au soir. & pour corriger cette bevue je mis sur l'envelope mercredi 4. Or ce n'etoit ni samedi ni le 4. C'est bien vrai que je n'ai pas trop le sens commun. J'ai eu plusieurs vives es de moi sons vous en voir davantage, & vous n'etes pas homme a> compenser cela par des lettres un peu causantes; vous avez fait voeu de n'ecrire qu'une page au plus. A la bonne heure. Je comprens que vous avez assez d'autres ecritures a> faire & l'esprit trop occupe< pour vouloir m'entretenir de balivernes; mais je ne aisse pas de regretter les baliverness, je voudrois savoir comment les tantes blondes & les petites cousines vous ont receu; si Rosalie a daigne< s'informer d'une personne assez denue vous ne voulussiez pas vous occuper songez n peu a >contenter mon inocente fanfaisie. J'ai receu une lettre de Me Saurin & en lui repondant aussitot je lui ai parle< de vous. J'ai ecrit a> Me de Rosendael dont j'avois receu une lettre ainsi qu'un grande let tre de Judith.) Me de Rosendael me distant que ma soeur alloit revenir j'ai suppose< qu'elle la verroit & lui ai dit que vous etie z charme< de ma soeur & que vous parliez avec admiration de la Princesse hereditaire. Je suppose que vous ne negligerez pas Mlle Hollard. Il faut faire sa cour tant qu'on le peut sans bassesse & san nuire a> personne. On m'a dit que quelqu'un dont nous avons eu occasion de parler quelquefois est garde national a> Gray: J'ai parcouru hier les lettres de M. GuinguÕene<å sur Rousseau & j'ai vu qu'il m'avoit fait l'honneur de copier, en delayant un peu, tant la petite brochure que vous avez emporte Rolles vous pouriez demander l'eloge a> M. de Salgas qui vous le pretera volontiers s'il ne l'a pas laisse< a> Geneve. J'ai la vanite< de vouloir que vous le lisiez. Adieu il faut revenir quand cela vous sera possible. J'eus regret il y a quelque tems de ne vous avoir pas fait faire connoissance dans votre precedent voyage avec M. Fellenberg conseiller a> Berne, honne*te homme & tres instruit; trop froid pour e*tre zele< mais assez ferme a> ce que je crois pour soutenir constamment une bonne cause. S'il arrivoit que vous eussiez quelque chose a> faire a> Berne allez le voir ou ecrivez lui. Depuis peu nous nous sommes souvenus l'un de l'autre & nous so-mes donne< des marques d'estime & de Õ Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 13 mai 1792 Dimanche 13 may l792 Je receus hier au soir votre lettre & n'en ai pas mieux dormi. Demain je saurai si l'on peut negocier a> Neuchatel la lettre de change que vous dites & je vous le dirai apre>s demain. Quant aux interets en voici le compte J'ai page< le le sept. 1788 l'interet - de 25 louis, faisant argent de France $12 ,, 0 ,, 0 Le le fevr. 1789 l'interet de 12.5 louis 6 ,, 0 ,, 0 le september 1789 - - - - - - - - - 6 ,, 0 ,, 0 le fevr. 1790 - - - - - - - - - - - 6 ,, 0 ,, 0 le sept. 1790 - - - - - - - - - - - 6 ,, 0 ,, 0 le fevr. 1791 - - - - - - - - - - - 6 ,, 0 ,, 0 le sept. 1791 - - - - - - - - - - - 6 ,, 0 ,, 0 Je viens de payer pour le le fevr. & le le sept. 1792 - 12 ,, 0 ,, 0 En tout - - 60 ,, 0 ,, 0 Ce sont deux louis & demi a> ajouter soit aux 25, ou 12.5 par consequent 27.5 ou 15 tout juste; et cela est d'accord avec votre compte a> ce que je vois, seulement j'ai joint l'interet de l'autre Moitie< du tout paye< le le sept. 1788 aux interets de l'autre moitie<. j'ai averti Me du Paquier que je les payois pour la derniere fois & qu'elle seroit rembourse dire que j'ai charge< Mlle Louise de l'avertir ce qu'elle n'aura pas manque< de faire. Au reste ce seroit trop me vanter que de pretendre avoir toujours envoye< mon ecu de six francs le jour qu'il etoit du, mais je ne l'ai pourtant jamais fait trop attendre. / A presen t A present parlons de votre lettre. Jamais il ne s'en est ecrit une plus triste. C'etoit donc dans un moment d'illusion que vous me parliez ici. En effet vous etiez deja en route & c'est avec des illusions que vous avez voyage<. Tant mieux au reste c'est autant de pris sur l'ennemi Chagrin, & il faloit au moins cela pour pouvoir traverser toute l'Allemagne a> cheval au coeur de l'hiver. Vous n'avez que trop raison dans la plupart des choses que vous dites mais je frouve que souvent aussi votre esprit se paye de mots. Vous dites que vous meprisez l'opinion publique parceque vous l'avez vue s'egarer .... Il n'y a parce que qui tienne; vous ne meprisez pas, vous ne sauriez mepriser l'opinion publique: si l'on apprend a> dedaigner la louange on n'apprend jamais a> ne plus craindre du tout le blame. Vous vous facheriez encore si l'on vous disoit de moi le mal que je ne merite pas qu'on en dise, & le blame juste ne vous seroit pas non plus tout a> fait indifferent. Lorsque parlant de quelques uns de vos parens on me dit l'autre jour: ils n'aiment pas a> payer dans cette famille: le feu me monta au visage; vite je dis peut-e*tre & je changeai de conversation. Votre incredulite< & votre indiference sur la morale ne sont pas entieres non plus & je vous ai vu palir en me disant qu'un tailleur & je ne sai qui encore, a> Paris, n'e nous de n'avoir plus de semblables raisons de douter. Quand elles seront detruites & que nous serons des raisonneurs impartiaux doutons alors si nous + Il y a du louche dans cette frase. Si nous n'avons pas d'interet a e l'e*tre en religion. pouvons; notre incroyance ne sera plus suspecte a> nous ni aux autres, & les reproches du public ou de quelques individus cesseront ce qui sera certainement un bien car quoi qu'on en dise les reproches sont desagreables a> entendre & me*me a> soupc+onner. Pour moi comme j'aime mieux voir toutes mes chaises apuye une egale distance l'une de l'autre que de toute autre maniere, j'aimerai toujours mieux, toute autre raison de preference fut-elle detruite, voir un homme juste, qu'un homme injuste, un honne*te homme qu'un scelerat, & mes propres actions regle ce qu'il est convenu d'apeller justice, regle, morale, sans que je souffre ou que d'autres souffrent & je n'aime ni a> souffrir ni a> voir souffrir ni a> savoir ou supposer qu'on souffre. Si vous viviez pre>s de moi je dirois faites ceci & abstenez vous de cela pour me faire plaisir. Cet argument seroit court & je me flatte qu'il seroit es de moi. Jamais je vous aurois laisse< tomber dans cette cynique indifference, turpe torpeur. Comme Candide disoit apre*s toute sorte de raisonnemens il faut cultiver notre jardin. Je vous aurois dit il faut faire du bien quand nous pouvons, il faut tacher de ne nuire a> personne, il faut amuser notre esprit. Vous m'auriez reprouveme chose & vous auriez fait du bien tout en disant qu'on n'en peut point faire, & quelque fois vous auriez ri & d'autres fois vous vous seriez attendri, comme le Marphurius de Molie>re qui doutant de tout ne laissoit pas de sentir lea coups de batons. Si vous etes parti de Colombier bien triste vous ne me laissates pas plus gaye. Vous voulutes nous calomnier tous deux en disant que l'intimite< ne nous convenoit pas, mais cela ne prit pas du tout chez moi, & je savois bien, / j'e a> quelques cahots pre>s cause soi et aux autres ce qui coute de l'argent & de ne prodiguer l'argent qu'a l'espoir d'en gagner davantage, une fois prise survit a> tous les motifs. Et que parlez vous d'independance? Pour aquerir un jour, & ce jour ne viendra peut-e*tre pas pour nous, une independance de fortune qui peut nous laisser encore mille autres chaines, on se met a> bon compte dans le plus servile assujetissement; on n'ose ni s'amuser ni e*tre bon, ni me*me e*tre toujours juste. Ce qu'il en coute est toujours ce qui se presente le premier a> notre esprit. Dans mon enfance j'ai eu cette manie pendant 10 ou douze jours & je m'en souviendrai toute ma vie. Les habitudes phyisques qui detruisent sont plus faciles a> corriger que les habitudes de l'ame & il faut absolument y renoncer parcequ'avant de detruire elles rendent malheureux . Nous autres gens comme il faut, dites vous, nous mangeons nos semblables d'une autre classe .... Je pretena bien ne manger personne. Un peu plus d'argent chez moi un peu moins chez d'autres fait des relations entre eux & moi qui leur conviennent autant qu'a moi. Si mes draps sont un peu plus fins, si me tasse est de porcelaine tandis que la leur est de fayance cela ne fait pas un degri de bonheur de plus ni de moins; nous troquons souvent me*me, & c'est ma femme de chambre qui le plus souvent me force d'acheter une dentelle ou un ruban & refuse un ruban neuf pour m'en demander un vieux. Cette pauvre fille etoit bien malheureuse quand vous l'avez vue & je ne l'ai sc+u qu'apre>s: Elle etoit grosse. Elle n'a pas voulu nommer le pere de son enfant ni lui rien demander, ni qu'il apprit rien d'elle. Je l'ai defendue contre toutes / sortes sortes d'odieuses suppositions, je l'ai console Auvernier a> un quart de lieue d'ici & la> quand elle ne me venoit pas voir & passer la journes de moi elle recevoit tous les jours une lettre de moi, & moi d'elle; le troisie>me jour de ses couches elle est revenue; on m'a apporte< l'enfant dont j'etois maresne & que j'ai bien caresse<. Il est au village sa mere le va voir tous les jours, nous lui faisons ensemble des habits, & la voyant quelque foi fort triste je me sui mise a lire a> elle & a> une petite fille que je fais travailler aupre M. Suard & M. Suard sortant de son indolence ordinaire loue le roman, & critique quelques negligences & promet de le faire imprimer. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 6 juillet 179Õ2å Vendredi ce 6 Juillet 1792 Je ne vous envoie pas les lettres de change sur Francfort dont je vous avois parle<, mais bien une paiable le ler septembre par mon Banquier a Lausanne. J'aurais voulu pouvoir payer les 27 louis & j'avois dere. J'ai paie< 36 louis de dettes a Paris, & 25 en Ecosse, & je m'arrange peu a peu pour ne rien laisser en arrie>re dans aucun pays. Ma vie est plus triste que jamais sans que j'ai aucun sujet de mes de quelqu'un qui avec de l'esprit, des gouts semblables a ceux que j'avais & qu'il serait aise< de faire renaitre, se fit un but de me ranimer. Mais telles ne sont pas les personnes qui m'entourent. Elles m'ont trouve< aimable parce qu'elles m'aimaient d'amour: l'amour a Passe<, & c'est a moi qu'elles s'en prennent de la diffeges qu'ils lui tendent- ils se de ne sont pas me*me des sces d'infamie dont j'ai eu les preuves, m'a inspire< un tel des l'autre sans autre sentiment qu'un regret sourd de perdre a 25 ans une vie qui promettait quelque chose. Je vous aime autant que je puis aimer, & si nous vivions ensemble vous me rendriez peut etre un peu d'existence. A Madame / Madame de Charrie>re / nes de Neufchatel / en Suisse. / fco Francfort Benjamin Constant a< Isabelle de Charrie>re - 17 septembre 1792 Brunswick, ce 17 septembre l792. Vous ne connaissez ni ma situation ni mes projets, ainsi vous ne pouver me juger. Je ne puis entrer ici dans de longs dere m'e ma femme ont pre vos conseils, ils peuvent e*tre tre>s bons, mais si je pouvais les suivre, je serais autre que je ne suis, et si j'eme que j'en suis ou> j'en suis, je ne peux retourner sur mes pas. Je malheur ou le bonheur (pour qui lit dans l'avenir) est que les torts sont au moins re 18 ans, / a> 20, a> 20, a> 22, a< 24 ans, je le sens a< pre>s de 25, je dois, pour le bonheur des autres et pour le m;en, vivre seul. Je puis faire de bonnes et fortes actions, je ne puis pas avoir de bons petits proce savoir si j'irai chercher ces biens dans la tourmente francaise ou dans quelque retraite bien ignore Marianne qui a de rien. Mon pe>re vient de me proposer d'abandonnera> Marianne plus du tiers de ma fortune. J'ai refuse<, s'il insiste, j'obe la cour ou> l'on me des de me tout, persere a< la fois tendre et inquiet - livre< / a> Marianne a< Marianne et m'ere ont mis dans mes affaires, comment voulez-vous que je re mon arrive Colombier me remettra peut-e*tre, et vous pourrez m'y donner en tous cas des conseils qui ne seront pas suivis. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 5 novembre 1792 Le 5 Novembre 92. Je suis reste< longtems sans vous e mon sort. Vaut il la peine d'e*tre dene de malheurs de vertus de fautes de charmes & de faiblesse. Cela durera-t-il? J'en doute. Je dis avec Caliste, cela ne finira pas bien, mais en attendant je jouis, & cette incertitude me*me, & la melancolie qu'elle cause m'attachent davantage aux heures qui s'ere, ne me laisse pas retomber dans le supplice de ne tenir a rien au monde, de n'e*tre occupe< que de moi, charmes moi, trompes moi jusqu'a mon dernier soupir. Je viens a toi les yeux fermere que je le tiendrai de vous. Je me suis rocure< avec beaucoup de peine les Lettres Neufchateloises que j'ai relu avec encore plus de plaisir. Voila nos arme Longwy, & Verdun ces deux premie>res & seules conque*tes rendues aux Francois, & 20 000 hommes & 28 millions jettere que le parti de Roland qui est mon idole ecrasera les Marats, Robespierre, & autres vipe>res Parisiennes. Je regarde la reconnoissance de la Rete on s'ere. Est ce lui qui etoit votre secretaire? Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - ler janvier 1793 Brunswick, ce ler janvier 1793. Puissent cette anne mes voeux. Je ne vous verrai pas aussi to*t que je l'esperais. Des affaires, qu'il serait ennuyeux de de remettre mon voyage jusqu'en avril et peut-e*tre en mai. L'espoir d-exes avoir remis ma sante< aupre>s de vous, ne vouer aux lettres loin des hommes, a< Paris si Paris cesse d'e la campagne jusqu'a> quatorze ans, a< la cour de quatorze a< vingt-deux elle n'a ni le don ni l'envi de s'occuper. Une foule de chats, de chiens, d'oiseaux, d'amis, et un amant, voila> sa socie y faire? Je lui ai o*te< une situation aisere j'ai tout fait pour lui. j'ai des de mon pe>re. Je lui laisserai le soin de son bonheur qu'il ne veut pas tenir de moi, et je ne penserai qu'au mi Voila< mes re la liberte< qu'au bonheur, et je ne demande que des livres et la plus absolue inde Colombier, pourriez-vous me procurer un petit appartement dans le village? J'aurai un domestique et un ou deux chevaux, ainsi vous voyez que je ne puis pas lorer chez vous: mais ce sera la me*me chose. Avant de conclure un marche<, re l'avance. Si, comme je l'espe>re et le suppose, il vient dans peu a> Colombier une lettre adresse M. B. Constant, faites-moi le plaisir de ma la faire tenir. J'ai rec+u le paquet il y a dix jours, mille gra*ces. Le port a e ma promesse d'acquitter ma dette si honteusement ne moi, si vous pouvez. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 18 Fe vous dire ceci afin que vous pussiez re-ecrire a> ceux dont vous attendiez une reponse. Je renvoyois, pensant toujours qu'il me viendroit une lettre de vous mais cette lettre aussi n'arrive pas. Peut-e*tre avez vous resolu de ne point ecrire que vous ne puissiez envoyer une lettre de change. A la bonne heure; quelques lignes en attendant m'auroient fait cependant assez de plaisir. Õ å doit e*tre chez lui a> l'heure quil est a> moins que sa pierre billieuse n'ait ete< trop serieuse pour lui permettre de voyager. Ce retour ne change-t-il rien a> Votre position ni a> vos projets? Voila> une petite chose qui parut avant hier. On l'avoit demande ceux qui desiroient qu'on parla*t aux Montagnons de maniere a> les amuser & a> les flatter tout en leur faisant ouvrir les yeux sur eux me*mes; il sort au moins du vieux ton des exhortations rebattues & banales. Les mots licence anarchie &c &c sont reste l'ecart. Ils avoient besoin de se reposer car on les voit partout on n'employe qu'eux avec les ots loi, respect des loix & des autoriteres paroles d'un discours disent tout ce qui va suivre. On parle dans des lettres particuliere de quelque chose d'un peu plus satisfaisant on annonce des dispositions generales a> la paix. Si au moyen de la paix on pouvoit se soustraire a> un bouleversement general, a> des chaines biens rive des massacres & pillages sans fin de l'autre, a> la bonne heure, mais a> dire vrai je n'y pense que lorsqu'on m'en parle ma musique, vous, le desir de vous revoir, un roman me*me mediocre donnent des distractions sur tout cela qui durent des jours entiers. Adieu je ne vous ecrirai plus si vous ne m'ecrivez pas, mais je vous enverai au plus vite ce que je pourai recevoir pour vous. Ce 18 fevr. 1793 Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 25 mars 1793 J'ai tant de chagrins & d'affaires que je ne vous ere de maniere ou d'autre. Hymen] Hymen] Hymen] Quel monstre] Ce 25 Mars. 93. C. A Madame / Madame de Charriere nee< de / Tuyll / a Colombier / pre>s de Neufchatel / Suisse. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 31 mars 1793 Ce 31 Mars 1793. Ils sont rompus, tous mes liens, ceux qui fesaient mon malheur comme ceux qui fesaient ma consolation, tous] tous] Quelle es l'indes e*tre reste< a la cour encor deux ou trois mois, pour prouver que je n'en ai pas eque que je fais venir & qui, lorsque j'en aurai retranche< les ouvrages inutiles pourra e*tre de 1500 vols & que je suppose que je serai a Colombier vers la St Jean, epoque a laquelle le loyer qui peut /e>tre de e*tre de six mois avec possibilite< de relouer, doit commencer; que je dois avoir une ou deux chambres de domestique, & une ecurie pour deux chevaux, le tout au prix que vous croiez convenable. Mes arrangemens & la raison susditte me retiendront ici au moins six semaines encore. Il me faudra un mois pour le voiage. C'est demain le premier avril, je ne puis e*tre a Colombier qu'a la mi-juin au plutot. Si avec mes livres, & pre>s de vous j'y puis retrouver le repos, ce repos qui m'a fui, si les douloureuses impressions qu'a produit une res que je saurai que vous voulez & pouvez exeres ou j'irais. Je vous demande le secret sur ceci, non sur mon ses de vous, mais sur mon abandon de la cour de Bronsvic. Mss affaires de Suisse ne sont pas terminere fois, mais beaucoup plus triste, & quand vous connai*trez les souvenirs qui m'assie>gent vous ne vous en etonnerez pas. Adieu. je ne vous dis pas que je vous aime mais mon Plan vous le prouve assez. Il faut toujours en revenir a vous. A Madame / Madame de Charrie>re / nere a> Benjamin Constant - 6 avril 1793 Je reconnois avoir recu de Mr de Constant Gentilhomme de la Chambre du Duc de Brunswick trois cent livres argent de Berne par une lettre de change dattes de votre depart. Je me flatte bien qu'ici'vous oublierez en grande partie vos peines. Qu'il y a de variete< dans le malheur] Le seul Hymen a les mains pleines de tant de sortes d'epines qu'on ne peut les compter, et il a beau en repandre a> droit & gauche il en resfe toujours auxquelles personne ne s'attendoit. Cependant quiconque se souvient de celles du celibat ou prevoit les playes qui restent de toute espece de de blamer. Il fait si beau tems que je voudrois que vous fussiez deja en voyage. Peut e*tre verrez vous ici un emigre de votre age qui est vrayment charmant. C'est le premier que j'aye vu avoir des ide peine est-il franc+ois / il est & il est encore moins aristocrate. Au reste c'est a> Neuchatel qu'il est en quelque sorte fixe< du moins pour le present de sorte que vous ne devez pas craindre de le voir trop souvent. Adieu j'ai la migraine & ne puis ecrire avantage d'ailleurs que dire a> un homme qui est en l'air qui part qui va bientot arriver? Lui promettre de le recevoir avec plaisir. C'est ce que je fais du meilleur de mon coeur. Isabelle de Charrie>re A. Benjamin Constant - 13 avril 1793 Envoyez vos livres vous avez un appartement. Je ne vous en dirai pas au juste le prix. L'extreme honnete< du loueur, la mienne vis a vis de lui & mon economie pour vous, mettent la dedans un peu d'obscurite< & de complimens, mais les paroles sont donne ce que vous payiez trois mois en entrant & les 3 autres mois au bout des trois premiers mois. Ce sera a> raison soit d'un louis soit de 30 L. soit de 36 livres de France par mois. Si nous donnons le plus c'est a dire 180 ou 200 L. pour les 6 mois nous en pourons un peu plus de meubles. Voila qui es fait. Vous avez du moins un gite & le gite est tele que vous l'avez demande Vos chevaux ont le leur ainsi que vous. C'est hier que je receus votre lettre. J'en fus presqu'autant emue que vous l'etiez en l'ecrivant. Ce sont autant d'enigmes que vous paroles excepte< le chagrin qui n'est que trop visible & trop clair. Si vous regret vos liens, & celle qui les partegeoit si elle les regrette aussi ne pouvez vous pas encore tous deux les reprendre. En verite< je le voudrois. L'heure presse, on attend ma lettre & je ne puis rien dire de plus pour aujourdhui. D'ailleurs nous voyons tous deux comment nous agissons & nos sentimens se montrent si bien qu'il est superflu de les dire. Je repete ceci d'apre>s vo Ce 13 avril 1793 Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 17 mai Õ1793å Ce 17 May. Pardon de mon long silence; votre lettre du 29 Avril qui ne m'est parvenue qu'hier m'a fait sentir combien j'aurais du faire suivre ma lettre du ler Avril d'une autre plus intelligible & plus consolante. Je ne l'ai pas pu, je ne le puis pas encore, & c'est justement pare que vous me marquiez dans votre prere ou d'autre je n'aurai rien a me reprocher, qu'une longue & triste expere, je la vaincrai facilement. Je suis las d'e*tre egoiste, de persifler mes propres sentimens, de me persuader a moi-me*me que /je n'ai je n'ai plus ni l'amour du bien ni la haine du mal. Puis qu'avec toute cette affectation d'experience, de profondeur, de Machiavetre ranges de vous; mais on a si rarement le courage de quitter une place ou l'on est de dans cette douce situation ou j'ai passe< les plus heureux mois de ma vie. Je reverrai cette table blanche, & cette autre Table noire qui engloutit tout: les nuits, le the< de tilleul, reviendront. je me crois beaucoup moins amer qu'autrefois. Un an de supplice avec la femme certainement la plus insultante & la plus dure qui ait jamais existe<, a change< on caracte>re. Etranger pendant 18 mois chez moi, repousse< des. Sans une circonstance qui allait a jamais river mes chai*nes, & qu'on m'annoncait pour ainsi dire avec la dere] Elle en est bien punie, & l'idere, & la tenue. J'avais bien plus d'esprit qu'elle, & elle me foulait aux pieds. Je me laisse entrainer contre mon Projet de remettre toute narration de ce que j'ai eprouve< depuis un an au moment ou je vous verrai. Si nous causons de gouvernement je crois que vous serez contente de moi. En raisonnement je suis encor tre>s deres a nous louer, je ne le ferais pas. Je respecte le bonheur d'une partie considere d'ici a deux mois y e*tre pre>s de tout ce qui m'intere a> Benjamin Constant - Õ20 juin 1793å Miserable Benjamin que n'avez vous ecrit par Iverdun j'aurois eu votre lettre hier & vous aurois repondu a> mon aise, au lieu que j'ai 2 minutes tout juste. Votre domestique n'a pu partir encore. Le coffre n'est pas arrive>. En revanche il a contribue> hier a arre>ter un affreux incendie a> Boudry & le soir il eut encore la force & la bonne volonte> d'aider a> serrer Notre foin. Vous me dites une injure d'autant plus injurieuse qu'elle est un peu merite>e. Ce seroit une charite< a> vous si vos tantes & cousines vous mettent sur le chemin de Renen d'y aller voir Mlle Tulleken & Mlle Du Paqui Dites leur que si elles veulent voir Chexbres il faut y aller un jour qu'il fasse beau tems, y rester tard, ne revenir que vers la nuit. Il seroit encore Mieux de coucher a> Vevay. Adieu on attend ma lettre. Ce Jeudi au soir A Monsieur / Monsieur Benjamin / de Constant / A Lausanne Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 18 juin Õ1793å Lausanne, ce 18 juin. M'y voici. J'ai de rempli quelques-uns de mes devoirs et vu ceux que la nature me prescrit d'aimer. Je les ai me*me embrassere ou> l'on m'a fait un bien grand plaisir. On m'a rec+u tre>s poliment, on m'a toujours appele< monsieur...,et quoiqu'il fu*t une heure quand j'y arrival, on m'a laisse< repartir a> une et demie, sans m avoir offert a> di*ner. Le ciel le leur ren Ils ne me disent plus: nous vous aimons, il faut nous aimer. Du este que vous dirais-je? Que mes affaires sont en meilleur e vous, ma seule consolation, je vous dis des injures. Je suis horriblement des, le res bien rec+u. Mais je suis comme le beverai. Je ne retournerai a< Colombier qu'apre>s le 25 du mois, jour ou> mon proce>s commencera. Encore ne sera-ce pour longtemps vu le rendez-vous a> Gene>ve. Nous avons 600 e mes pantalons qui ne sont pas de mise. Je tirerai ma garde-robe et mon visage de Colombier, et serai alors en es, et les hommes; Ah] le sot e*tre que moi: Adieu, madame. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 2 juillet Õ1793å Ce 2 Juillet. J'espe>re pouvoir retourner a Colombier vers le commencement de la semaine prochaine. Les fere. Mon cousin le chinois l'honneur de la famille, & le chef d'oeuvre de mon oncle, est arrive< a Ostende, avec 2 vaisseaux a lui de sorte gue dit-on il est tre>s riche. Cela me fait un vrai plaisir. Mlle Rieu a des content de son physique je me flatte que nous le verrons vivre heureux. Il a tant travaille< pour l'e*tre que sa mauvaise fortune m'affligerait sensiblement & serait un poids qui ne laisserait pas que d'etre une epine. J'irai au chateau de Wuflens un de ces jours boire un peu de fiel aristocratique, de la je reviendrai avaler a longs traits les /be>tises de be*tises de Mlle Rieux, puis je couronnerai le tout par le miel de La Chablie>re. J'ai une cave bien fournie dans tous les genres. Un peu de Les fache<. J'ai ensuite ere a> Benjamin Constant - Õ6 juillet 1793å Me Forster sort d'ici ainsi que M. Huber. Il a l'air doux sensible raisonable. Je pourois bien vous dire comment il est dailleurs & a> quoi il ressemble mais je garde cela pous quand vous viedrez. Je n'ai rien receu de vous cette apre>s dine<; si le courier avoit une lettre il l'a porte Neuchatel. Adieu. Ce samedi au soir A Monsieur / Monsieur Benjamin / de Constant / A Lausanne Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 6 Õjuillet 1793å Ce 6. Hes. Ainsi me revoila< dans l'alternative ou de me refuser a cette rete inaction ou ce ballottement continuel me retient. Je partirai pour Colombier vers le commencement de la semaine prochaine si je ne recois pas incessamment la nouvelle que mon Pereest a Gene>ve, ou ailleurs a m'attendre. Faites moi la grace de parler le moins que vous pour l'appartement & de l'espe>ce d'etablissement que j'ai pre>s de vous. Vous devinez mes raisons. je ne m'etablirai pas au reste pour la composition des meces a faire. Le pres de vous passer le plus longtems que je pourrais sans e*tre perse Lundi ou Mercredi. Si je ne suis pas a Colombier, avant le de Isabelle de Charrie>re - 9 Õjuillet 1793å Ce 9. Je aerai pre>s de vous demain ou apre>s demain, & y resterai jusqu'au ler Aout environ. Mon Pere, par sa lettre d'aujourdhui, parai*t avoir abandonne< ou trouve< inexes de vous. J'ai depuis quelques jours une fies de vous. Je me fere nee de / Tuyll / a Colombier / par Yverdon. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 10 Õjuillet 1793å Je suis vrayment bien fachie de ce que vous me dites. Cette fois je dois me defier de ma morale n'etant pas un casuiste desinteresse, mais non, c'est a> vous a> vous defier si vous le jugez a> propos & a> moi a> dire ce que je pense. Eh bien comme c'est a> votre proce>s qu'il est question de travailler, & que votre n'est pas son proce>s je pense que vous pouvez vous refuser a> travailler avec lui. Si l'on m'objecfoit qu'au cas que le pere survecut au fils le proce>s du fils pouroit interesser la fortune du pere je reponds que cette supposition n'est ni necessaire ni naturelle a> faire... Vrayment la proposition est absurde & l'on veut obtenir de inus quelque chose qu'on ne dit pas quelqu'autre chose que de se faire accepter pour secon & secours dans vos propres affaires, car il n'est ni amusant ni utile de vous aider a> cela, vous en savez assez tout seul pour cela, & l'on ne peut pas faire un memoire general & prealable, une selle a tous chevaux quand les moyens dont on se servira contre vous mont encore inconnus, & de ceux la me>me peut-e*tre qui les doivent employer. C'en est assez sur ce point je ne veux pas vous facher contre Moi en m'opposant a> ce que vous pouvez vous croire obligi de faire; me montrer l'ennemie de vos devoirs seroit l'e*tre aussi de votre repos. Faites ce que vous jugerez convenable. Votre reponse a> la question pourquoi ne parlez vous pas est infiniment plaisante] Pierrot a remis au jour & l'heure marquees a> la messagere l'attirail de toilette de votre cheval. Je saurai ce que tout cela est devenu. Pierrot / est tre>s est tre>s fache< de l'apparence de negligence qu'il a eue vis a> vis de vous. Je n'ai receu que ce soir votre lettre du 6 cependant nous en sommes au 10. Spineux qui est a> la Neuville Spineux ancien prot de Fauche & mon ami poura imprimer les lettres si La Combe refuse. J'ai mille choses a> vous raconter. Ceci n'ira a> la poste que le plus tard possible; j'espere encore vous voir arriver. Il n'est pas 9 heure. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 3 aou*t 1793 Ce 3 Aout 1793 Muson veut que je vous ecrive quant a> moi je trouve que c'est moitie< betise moitie< fatuite< de croire que quiconque n'a rien du tout a dire peut faire plaisir en ecrivant] J'obtiens pour tout arranger la lettre arrives dine< de Me Forster. Elle est drole et jolie malgre< qu'on ne sache pas trop ce que c'est qu'un madness with methode in it. Je voudrois savoir ce que le Tasse a dit de la Princesse de Ferrare. Savez vous quel effet produizent sur moi les fendresses & caresses de cett femme? elle me font venir les larmes aux yeux. L'autre jour je ne lui presentai pas la joue, comme elle le pretend je lui donnai un baiser bien tendre avec des larmes dans les deux yeux. M. de Charriere est parti ce matin. Tout aujourdhui j'aurois voulu pouvoir deviner ai vous etiez sur le chemin de Chebres. Supposi que vous y soyez alle< vous cotoyez a> l'heure qu'il est le plus beau des lacs. Vou,pas erez tantot dans le sombre Lutry & enfin vous arriverez dans votre belle demeure. Muson fait une caresse a> Muset. Elle ne dit rien de Pierrot ni de vous rais je croirois qu'elle y pense si elle ne lisoit pas tre>s attentivement Il cavalier & la Dama de Goldoni. Camille m'a ecrit que surement Me, Du P. avoit de l'esprit & du jugement puis qu'elle fait grand cas de Pierrot mais qu'on a trouve< a> Constance ses gestes un peu grands & ses phrases un peu longues. Il n'est rien arrive< de Lausanne pour vus um pour m-i. Auroit on aBsemble Bernte pour decider si l'on permettroit l'impression de mes emigres? Bonsoir je n'y vois plus. / je voudrois Je voudrois avoir a> demander une bougie pour notre comete. Je vous aime de loin comme de pre>s, & toujours beaucoup. Mille choses a> Pierrot. Qu'il etoit beau dans sa redingotte & dans sa snow white mousseline] A Monsieur / Monsieur Benjamin / de Constant / A Lausanne Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 7 aou*t 1793 Oui, faites imprimer a> Geneve, si on veut bien y imprimer, & a> mes frais, pourvu qu'on vous envoye les epreuves. Je demande une jolie impression du beau papier & un petit nombre d'exemplaires comme 1OO ou deux cent ou deux cent cinquante. Ceci devient une galanterie que je me prepare a> faire a> quelques personnes car le moyen que je vende moi toute une edition telle qu'on les fait communement de 5 cent exemplaires au moins] Je ne saurais pas en debiter seulement douze. S'il est impossible qu'on imprime pour l'imprimeur, ou si en imprimant pour mon compte on ne s'engage pas a> vous envoyer les epreuves renvoyez moi s'il vous plait le manuscrit je ferai imprimer a> Neuchatel ou a> la Neuville & je reverai les e midi avec Me Achard & ses deux filles. J'ai e voir partout de grands mouvemens. J'e pied & d'un air si empresse< si obligeant que j'en fus fort touchee. Elle avoit le coeur gros de Mayence. Ce ne sont pas les vainqueurs qui maltraitent les vaincus ce sont les yencois non Clubistes qui maltraitent d'autres Mayenc+ois clubistes, tout ce qu'on peut dire contre les Prussiens c'est qu'ils n'empechent pas les / Maltraiteme ns maltraitemens. Au reste cela ne va pas jusqu'a> assommer, on bat on traine au corps de garde, le fraini arrive avec des habits en lambeaux & le corps meurtris. On craint pour la vie d'un homme traite< de la sorte mais il n'etoit pas mort quand la lettre a e d'autres un ouvrage imprime< & un discours prononce< qu'il est de notoriete< publique que M. Forster a fait. Deux ou trois maisons de clubistes ont e ma lettre au General, mais je ne puis me le persuader. Voila hier; aujourdhui j'avois a peine les yeux ouverts qu'on m'apporte deux jeunes canaris qui sont precisement comme ils ne doivent pas e*tre, n'ouvrant plus un large bec comme quand ils viennent d'eclorre & ne mangeant pas encore seuls. J'etois fatiguela place de Pierrot, Me Archard a> la votre. Un moment apre>s est arrive< M. du Peyrou qui s'est mis a> la place que vous savez, & le diner a e Muson fout ce qu'elle avoit a> faire pour se voir embrasse Chexbre. Vous avez eu une superbe jou1rge<. Dites Moi si j'avois exagere< la beaute< du lieu ou de l'aspect. Je vous assure que je fais bien mon devoir de vous aimer, souhaiter, regretter. Mais songez donc combien tout cela est idicule. L'hyver prochain en qAlemagne, puis l'es vous regretter ce seroit un passetems fort monotone & fort triste. Je voudrois particulierement que vous fussiez ici dimanche & cela parceque Me de Stahl m'a fait annoncer sa visite. M. de Ch. l'a vue a> Copet. Elle veut voir l'auteur de Call- e. Oh combien volontiers je la dispenserois de cette envie] Si je vous avois ce ne seroit rien, mais seule je n'aime point a> soutenir un examen. Ce n'est pas le resultat qui m'en effraye, c'est l'examen me*me, c'est la peine d'avoir a> ecouter & a> repondre autrement que je ne serois d'humeur de le faire. Je donnerois beaucoup pour que vous fussiez aupre>s de moi. Me Achard m'a explique< ce voyage & cette visite. On ne parle que d'aller voir l'Ile de la Motte & de me voir en passant mais la Dame songe a s'arranger pour l'hiver a> / Neuchatel Neuchatel. Copet l'excede & sa mere ne l'attache pas. Ai nsi Vous serez en Allemagne & Me de Stahl viendra de Neuchatel me debiter de tems en tems aon bel esprit. Si je trouve moins facheuse que je ne m'y attens j'aurai la bonne foi de vous le dire; si ses louanges me font grand plaisir je vous le dirai. Quant aux votres j'en rafolle & en rafollerai toujours. Vous me faites un plaisir extreme en me disant qu'Henriette & Richard vous ont fait passer un agreable moment. Je le croyais bien que ces petites bonnes gens vous plairoient. J'ai jusqu'ici imprime< de noman qui n'avoient pas une fin, j'en pourois imprimer un qui h'auroit ni fin ni commencement. Adieu. Le souper Va sonner car il frappe neuf heure. La cadette Achard a une si vraye mine de jeune fille, tant de douceur & de naivete< dans sons air que je prens plaisir a> la regarder. Adieu Benjamin je t'embrasse. Dis quelque aimable chose pour moi a> Pierrot. Ce 7e Aout 1793 Je me relis pas ma lettre. S'il y a des mots l'un pour l'autre lisez l'autre pour l'un. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 9 Õaou*t 1793å Ce 9 Les Emigrere feuille a corriger. Votre lettre m'a fait grand plaisir. Elle m'en aurait fait davantage si elle n'avait pas contenu celle qu'elle contenait, laquelle m'annonce de la resistance de la part de Me de C. sur l'article du divorce. Que le diable emporte, & mariage & femmes] Vous exceptere lit-il toujours le traite< de Mlle Agnesi de infiniment petits. Mes affaires d'ici qui vont com%encer, celles de Bronsvic qui ne finissent pas, tout cela m'ennuie, & m'ote l'envie d'ecrire. Cependant votre lettre est trop aimable. & moi aussi je voudrais e*tre apre>s demain pre>s de vous. Est ce en qualite< aux Princes allemands qui se barbouillent de tabac d'Espagne pour ressembler au Roi de Prusse. Que voulez vous dire avec vos nouvelles d'hier qui vous ont attere, c'est vrai. Qu'importe une injustice de plus] Les autres n'en font-ils pas? Ne sommes nous pas des loups, des /singes, des singes, des tigres des be*tes fere fois que cela m'arrive. Ma foi oui, imprimez Henriette & Richard, tels qu'ils sont, rangez les fragmens en ordre, prenez les brouillons de la lre & 4e partie, rangez les, je les proposerai a Durand, qui les imprimera. Il demande avec instance une suite aux Emigrere que j'en entendrai bien parler. Je serai avec vous, j'espe>re dans 15 jours. Mais travaille en attendant a vos Emigrevre d'idere ne Isabelle de Charrie>re - 16 aou*t Õ1793å Ce 16 Aout Mais' oui, votre reche. Je vous aime pourtant & ce que vous allez lire va vous le prouver. Veuillez vous informer si Mr Borel a loue< l'appartement que j'occupe, pour cet hyver. En cas que non, je demande a le louer pour un an, sans meubles, a compter de l'expiration de mon bail, c'est a dire de Noel prochain. J'espe>re qu'en faveur de la longueur de ce terme il me le laissera bien pour un louis par mois. Je compte avoir fini mes affaires ici, comme on finit des affaires interminables, c'est a dire en laissant le soin de les poursuivre a mon avocat, dans trois semaines. J'irai alors passer un mois a Colombier, y placer les nombreuses emplettes que j'ai faites en livres, & reprendre des forces & du courage pour une partie de l'hyver, cela fait, je repars pour l'Allemagne, & je vais y presser la rupture de mes affreux liens. J'emme>ne ma bibliothe>que, & vers le mois de Janvier ou de Fes petit 12o, beaux caracte>res: il y a peu de fautes d'impression, mais quelques unes auxquelles l'imprimeur s'obstine: il veut p.e. malgre< trois corrections resence est absolument ne. Dites a Roussilon que son Paquet est parti samedi passs Me de Staehl. Je ne sai que dire a qui ne m'interesse pas. Ici je ne vois ame qui vive que Me de Nassau le soir & la Chablie>re toutes les semaines une fois. Je ne sai comme il s'est fait que mon oncle & moi sommes bien ensemble. Nous avons cause< avant hier tout le jour, & nous avons toujours es froid, & dige>rant deux navettes qu'il a mange< pour on dej malade avant-hier. Hier elle avait l'air d'une morte. Trompeuses apparences] Est ce donc bien ses humblement c'est d'anvoyer un beau jour chez cet Imprimeur du Roi, pour savoir si ci paquet n'est pas arrive<, & en cas qu'oui, de lui payer ses fraix de port, que je vous rendrai, & qu'en attendant je vous hypothe>que sur ce que me doit le seigneur Pierrot. Adieu. J'ai tache< d'es lisible. Votre serviteur Benjamin. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - Õaou*t - septembre 1793å J'Õecrivåis Dimanche a> M. Borel mais j'etois si fatiguere en ecrivit une autre, Lisette arreta des passans & la lettre partit. je n'ai point receu de reponse ce qui n'a rien d'e Travers. Je commanderai vos armoires a> un menuisier de Colombier, vous aurez le transport de moins a> payer & l'ouvrage sera tout aussi bien fait. J'ai e vivre dans le monde il faut souvent se contenter a> moins. Vous aurez eu quelque regret a> vos mauvaises plaisanteries quand vous aurez vu que si je vous avois entretenu de Me de Stahl c'etoit en la comparant a> vous & de maniere que la comparaison etoit toute a> votre avantage & du general Kalkreuth pas un mot ni de ce que j'ai ecrit a> M. de Luse-Bethman touchant le general la Fayette. J'ai eu pendant quelques jours plus de monde & d'affaire e je n'en puis suporter. Il en est resulte< une fatigue si extreme que je pouvois ni me mouvoir ni penser ni dormir. Mier j'eus la migraine assez doucement. Le souper & l'apre>s souper furent assez droles. Pierrot m'avoit donne< tout le jour de jolies petites marques d'interet & d'amitie<. Le soir je fus son Don Quixotte. La cadette Achard le morigin Il l'appelle le professeur Many & l'aime beaucoup. Vous vous amuseriez au milieu de cette enfantine societi mieux qu'avec votre malheureux proce>s. Je vous disois quand je m'amuse & plus encore comme vous croyez bien quand je ne m'amuse pas & je trouve sans cesse le moyen de parler de vous & de penser a> vous. Muset est divin qui ne paroit pas au premier coup d'oeuil un tre>s bon mot a pourtant iti par moi beaucou, repete< Je vous promets tous les jours a> Me Achard qui trouve bien plaisant non que je vous admire mais par quoi je vous admire & pour quelles choses & quels mots je vous cite. Voila votre cher grand cachet. S'il change quelque chose a> vos plans mandez le moi. L'affaire du louage Borel ne se terminera que dans quelques jours de sorte que si Elle vous promet de plus beaux jours ailleurs qu'a> Colombier vous etes libre encore. (Je souhaite que vous n'usiez pas de votre liberte<.) Voila aussi d'imenses choses de votre homme de Õ å Ce ne sont pas les souris qui ont mange< le papier, C'est moi qui ai voulu voir si on ne vous envoya pas un petit livre que j'aurois pu garder pour vous en epargner le port. Cela etoit si dur] Mais non fout est papier ce me semble, point de carton ni autre reliure. Le voila>, dis adieu jusqu'a> ce soir, & s'il ne survient rien de vous je n'ajouterai rien. Ce mercredi matin Benjamin Constant a< Isabelle de Charrie>re - 23 Õaou*tå 1793 Lausanne ce 23 de ceux qui m'en parlaient, a> Mme Hollard par exemple, chez qui j'ai di*ne<. Toute ma fac+on d'e*tre ere. Je l'ai supprimere le temps de vous e Vienne, passer deux ou trois mois. Quand elle s'exe quinze lieues de Brunswick pour deux ou trois ans. Avez-vous / jamais jamais vu des arrangements mitoyens plus pitoyables? Le gros paquet que vous m'avez envoye< ne contenait pas une liene de mon charre< d'affaires a< Brunswick. C'e Leipzig le 12 de ce mois, il m'aura, je suppose, cou*te< un louis de port. Mon proce>s n'avance point. Il ne se commencera que dans dix-neuf jours. Si vos Emigre M. de Charrie>re que la lettre qu'il recevra de moi aujourd'hui avec un si es l'avoir dere a> Benjamin Constant - Õ24 aou*t 1793å Tous les habitans de la maison ont cherche< avec moi la bande de papier qui contenoit les dimensions a> donner a> vos armoires. J'avois ote< Rose SiÕ å de votre lettre & c'est ce qui restoit que j'ai egare< apres> l'avoir lu & relu. Nous ne l'avons pas jusqu'ici retrouve<. j'ai donc parle< de memoire au menuisier ne commandant rien comme vos pouvez croire & demandant eulement le prix que l'ouDvrge couteroit',(l'ouvrage tel que je 1l'i indique<) & le tems auquel il pouvoit vous e*tre livre<. J'ai dit deux armoires chacune de 8 pieds de haut & 5 de large. Deux serrures, une clef, 4 ou 5 tablettes, des litaux pour les poser. Vous les our iez avoir le 22 du mois prochain (ce qui vu la lenteur des ouvriers veut dire vous le 30.) & elles vous couteroient un peu plus de 2 louis piece. Cela nous paroit bien cher a> Pierrot & a> moi pour des armoires toutes simples de sapin. J'ai marchande< mais sans obtenir aucun rabais. Voyez ce que vous voulez que je fasse. Le pied de Neuchatel sur lequel nous avons compte< est un peu plus long que celui du pays de Vaud mais plus court que le pied de Roi. Une seule armoire pour les choses precieuses & des planches toutes simples pour le reste ne pouroient-ils sufire? M. Borel revient aujourdhui j'espere pouvoir vous rendre sa reponse avant le depart de courier. Ce samedi matin. Tournez J'ai recu votre lettre. Fou] fou] mais bien aimable fou. Moi rompre avec Benjamin? Tous les Pierrots du monde n'y feroient que de l'eau claire /mais mais notre Pierrot vous aime & ne pense a> rien moins qu'a nous brouiller. Enfin vous avez les lettres & je perds mon tems a> detruire une impression qui n'existe plus depuis hier matin. Nous en sommes a> ce soir. M. De Ch. revient de chez M. Borel chez qui je l'ai prie d'aller. M. Borel n'est pas revenu. On l'attend. Vous pouvez compter sur l'appartement soit pour 12 louis soit pour moins, car on sera surement fort aise de le louer. Donnez moi vos ordres sur les armoires repetez les mesures, specifiez les pieds, ou venez commander tout cela vous me*me. Je serois tre>s fachi que mes Emigres docile & je regardois Me de Stael eleve de Renal, mie de Guibert amante de Narbonne comme une maniere d'oracle, au lieu de cela elle a entendu une platitude que je ne disois pas & en a repondu une autre. Je plains M- de C. d'e*tre a> la merci d'un tribunal de sots. Le catalogue n'a coute< heureusement que 14 batz. Si j'aprens quelque chose de Borel je l'ecrirai par le courier de Berne, si non soyez sur que j'ecrirai mercredi & si vous ne recevez pas de lettre rapellez vous ce qui vient d'arriver. J'ecrirai tous, tous les couriers, & me trouve heureuse de la loi que vous me faites. ce samedi au soir. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 26 aou*t Õ1793å Ce lundi matin a 6 heure & demi. L'apartement est a> vous pour dix louis. Ferez vous faire des meubles ou en viendra-til de votre maison de Lausanne, C'est a> quoi il faudra penser. Vous aurez besoin de draps & de quelques serviettes. Peut-e*tre se procureroit-on beaucoup de choses a> aussi bon marche< que des livres en les faisant venir de J'eus bien du chagrin avant hier & hier. Il etoit du tant a> ma bisarrerie qu'aux moins genereuses etrangetis d'Henriette. J'en ai e tirer de ces scenes la>. On s'entend dire des verite fond dans un seul jour. Avant hier matin je receus unÕeå lettre de neuf pages de M. Huber. A propos des lettres d'un suisse & d'un franc+ois qu'il venoit de lire il m'ouvre ou fait semblant de m'ouvrir son ame politique. Peut-e*tre que sans un leger voile que j'apperc+ois .... Je ne sai comment m'exprimer, car je ne suis pas sure du voile, & s'il n'y point de voile ce que je suppose exister derriere le voile n'existe pas. Le stile est tre>s embarasse< & tre>s bisarre. Il parle du statu quo comme d'un agent &c. Seroit-il lui, Huber, / un vrai un vrai jacobin, un propagandiste? Apres avoir questionne< Me Achard sur Geneve sur Grenus &c il parut en savoir plus qu'elle. Voulez vous que je vous envoye la lettre? Je vous cederois tous mes droits sur ce citoyen & cette citoyenne a> tres bon marchÕe<å. Dans ma reponse je n'ai exprime< que doute vacillation & ignorance. Soyons justes cependant (je parle a> moi seule quoiqu'au pluriel) il se peut que M. Huber soit le plus franc, le plus loyal, le plus doux des hommes. Il est certainement instruit & judicieux. Adieu voila la messagere. Aujourdhui on delibere a> Neuchatel sur les es la deliberation a repondre a> Pierrot qui demandoit la permission d'y prendre au mois une demeure. Il fait, Pierrot, de grands progres aux echecs & devient un peu plus la societe< de M. de Ch. qu'il ne l'etoit, bien peu plus cependant. M. de Ch. commence a> savoir que Pierrot est la> & que c'est un e*tre pensant & parlant. Adieu. Recevez mes tendresses & caresses. Ce 26 aout. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 27 Õaou*t 1793å Ce 27. Seroit-il meilleur marche< de faire faire des armoires pareilles a> celles de M. de Charrie>re, c'est a dire les cotere, double< de toile verte ou grise. Si oui, je prendrais cette mes malade la semaine dernie>re. Je ne sai si je vous l'ai deverait de me remettre. Mais il m'en%uie, & sans cette ressource il me parait que je reprends des forces. Il n'y a que mes pauvres yeux qui ne soutien%ent plus la lumie>re. Pourquoi plaignez vous Me de C. d'e*tre a la merci des sots? Elle hait tant l'esprit] Je demande bien pardon a M. de Charrie>re de toutes les Peines que le louage de mon appartement lui donne. Savez vous qu'en en parlant, vous y ferez loger quelqu'un d'autre que moi? Je ne /serais point serais point surpris que fatigue< de Do*le on ne vint s'y e la honte de ma piete< filiale, que je ne dete activite< de la Person%e dont Je viens de vous parler. Il faut qu'il n'aprenne mes circonstances bronsvicoises que lorsqu'elles seront dere qui arrangera l'affaire de Durand. Isabelle de Charrie>re a Benjamin Constant - Õ28 aou*t 1793å Ce Mercredi au soir Je suis bien touches qu'il aura bien plu. Henriette pleurant ce matin a> chaudes larmes m'a exprime< ses regrets au sujet de ce qui m'avoit si fort blesse< de sa part & m'a dit que depuis quelque, tems son agitation etoit si grande, ses insomnies si facheuses qu'elle ne savoit ce qu'elle faisoit ni ce qu'elle etoit. Je crois qu'il tous les gens a> nerfs delicats en sont loge. Pour moi je me sauve par une ebulition qui me couvre le dos la poitrine & l'estomac, elle me demange je me gratte & me porte assez bien. Un treillage de laiton est plus cher que des planches nous commanderons les armoires quand vous serez ici. L'apartement est loue< comme vous avez du l'apprendre par ma lettre d'avant hier. Je suis tre>s aise que ce soit une affaire faite & que votre irresolution soit venue trop tard cette fois Vos craintes diverses me paroissent chimeriques. On ne quite pas son etablissement & une sorte de femme & de famille pour venir dans un mauvais logement au milieu d'un village ou> l'on n'auroit a> voir que des gens qu'on ne connoit pas & dont on se soucie encore moins qu'on ne les connoit. Je vous garantirois si vous le vouliez votre seulete<. J'ai receu les petits emigrere a receu votre lettre & dit que c'est tre>s bien. Quand vous arriverez ne regardez pas Henriette d'un air autre que toujours. La paix est parfaitemnt faite. Elle m'a bien embrasse cette seconde lecture du mieux dont vous vous louez je l'ai e la come>te. Pardon de ma petite ecriture. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 30 Õaou*tå 1793 Lausanne, ce vendredi, 30 (septembre?) 1793. je suis bien aise que l'appartement soit loue<. Je le meublerai de ceux de mes meubles d'ici dont je pourrai me passer, et je crois que j'en trouverai assez. Quant au linge, j'en ai a> foison en Allemagne que je ferai partir avec mes livres, lors de ma course dans ces lointains climats. Rien ne presse puisque j'ai toujours mes meubl jusqu'a> Noe**l. Je suis bien fa*che< des sce>nes de Mlle Henriett, sans en savoir le sujet. Je ne lui tere fois que je l'ai trouvere qui ne me plai*t que quand je le vois de loin et que je n'ai rien de commun avec lui, mais si nous avions quelque chose a> de la propagande? Et que propagandiserait- il a< Colombier? Que je suis fache< de vous voir ces chime vore place, j'e Mlle Rieu pour la remercier. Elle a e mon arrives de vous. Je pars lundi; ainsi, si vous voulez me faire grand plaisir, ere a> Benjamin Constant - Õ18 septembre 1793å Vous etes donc parti, alle, arrive<, tandis que j'ai eu deux jours la migraine mais une migraine suportable. J'ai trouvi encore je ne sai combien de fautes dans mes emigre Je crains que Laurent ne soit pas un trop bon journalier. (Je cite de te*te.) donne pour doue<. Un vertige pour un vertigo qui devoit e*tre en Italiques. Sueurs pour sueur. Pour comble de chagrins; au lieu de chagrin sans s & sans point virgule. De>s la premiere page eu pour eue. Si on res petit talent celui de correcteur d'imprimerie. Au reste vous reprendriez tous les talens que vous voudriez. Vous corrigeriez par exemple: si on lui preferoit la soeur & mettriez sa soeur. Vous diriez de Pauline la et non pas le. e table & l'on a eu du monde que j'ai fui. Je viens d'ecrire une lettre pour les emigres bonne foi que ses talens la desolent quelque fois par le vuide que des aplaudissemens toujours renaissans mais toujours froids, frivoles, & passagers laissent dans son coeur. Je crois qu'elle troqueroit ciseaux pinceaux, chants italiens & franc+ois contre un mari honne*te & bon. Ne plaisantez pas. Je dis bon homme & honne*te mari. Elle ne le demanderoit ni tre>s beau ni tre>s jeune ni Hercule-like. Je voudrois bien pouvoir lui donner ce qu'il est si naturel qu'elle desire. Je ne pense pas qu'elle chercha*t apre>s coup midi a> quatorse heure Elle se souviendroit assez des ennuis du celibat pour supporter doucement ceux du mariage, et ne regretteroit jamais une liberte dont elle ne sait de>s longtems que faire. Encelade resteroit tranquilement couche< sous sa montagne quand il n'y seroit plus si seul. Ne connaissez vous pas quelquechose de marital que vous puissiez nous envoyer. A quoi bon tant de cousins si vous ne pouvez pas en donner, un seul a> une Muson toute bonne laborieuse; sage es demain j'ecrirai si je me porte passablement. M Achard pense toujours a> nous quiter samedi. Elle & ses filles seront bien aises de vous rencontrer par quelqu'heureux hazard a> Rolles dont Germany n'est pas loin. Faites vite vos affaires & revenez. Point de Jamant & toujours de la tristesse chez M. de Charriere. Julien chiffre joliment. Je lui ai procure< Mlle Bonne; il faut qu'il lise encore & soit un heureux petit garc+on. Ce mercredi natin. J'ai distribui vos complimens de mon mieux avec lumiere choix & e un homme interessant pour moi. Je lui demandois des nouvelles de ses yeux & de sa sante< & je deplorois la perte de son humble petite campagne. Mon intention etoit de vous envoyer ce billet & je l'avois cachette< il y a trois minutes quand M. de Charriere m'est venu dire que le frere avoit achete< la grande maison a> demi batie pour faire plaisir au frere ruine<. C'est fort bien c'est peut-e*tre beau mais il n'y a pas moyen quoique je fasse de m'en frouver bien aise. Quand on n'a pas fait metier d'aimer toute sa vie une personne puis un autre, ce qu'on a aime< reste trop a> part & on ne peut gueres le voir heureux ni malheureux qu'avec peine. Personne au reste n'est trop en droit de blamer cette bisarrerie quand elle ne produit rien qu'un petit tourment pour soi seul. Adieu. Le siege de Dunquerque est leve< comme vous le savez sans doute. Quelle nouvelle a t-on de votre cousin Juste? Monsieur / Monsieur Benjamin / de Constant / A Lausanne Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - Õ19 septembre 1793å L'emotion que j'eus hier d'entendre M. de Ch. parler d'une personne dont je ne puis supporter d'entendre parler surtout a> lui m'a tenue reveille quelques momens pre>s de desagreables & ridicules re*ves; par exemple j'ai vu XX jouflu & gros comme un bourguemaitre Hollandois ne pouvoir boutonner sa redingotte Pendant cinq ou six heures passies dans son lit sans dormir on pense a> beaucoup de choses & on a le tems d'e*tre minutieusement exac t dans le compte qu'on se rend de chacune d'elles: je me suis donc souvenue de ne vous avoir pas dit comment vos complimens avoient es de Ninette que vous vous asseyiez par terre, & c'est une de vos galanteries. J'ai aussi fait la reflexion que jamais je n'avois e un voiturier. J'ai tire< grand parti de vos douceurs pour elles car apre>s en avoir dit une partie a> l'arrivee du courier j'en dis ne autre partie au souper, & je fis ainsi plusieurs fois de fe*te. M. de Ch. vous est tre>s oblige< de vous e*tre occupe< de ses livres il vous dira un autre jour so dernier mot sur le beau Racine. Adieu. Je suis fatigues Maladroite information de M. de Ch. M'ait empeche aller chercher] D'ailleurs la plus belle production, la plus belle rose a la plus part du tems un ver au coeur & toujours force epines a> sa tige. Julien ne se conduit point bien. Ce Jeudi a> 7 heures du matin. A Monsieur / Monsieur Benjamin / de Constant / a Lausanne / Par Berne Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 21 septembre 1793 Ce 21e sept. 1793 Vous commencez par me dire pas choses extremement raissonnables & vous m'en dites apre>s cela de bien tendres et qui me touchent veritablement. Je n'ai pas besoin de vous repondre. Vous savez bien que craignant si fort de trouver le fond du sac la borne de l'enten ement de ceux a> qui des qualites attrayantes m'aftachent je dois me trouver avec vous dans une douce & charmante & toujours plus attachante securite<. Si la phrase que vous repetez en la soulignant a eu un air de reproche de ma part c'est un tre>s faux air; je pensois plutot a> des femmes amantes de nature comme on est bel esprit ou autre chose. Je suis fache M. de Ch. qu'il avoit achete< la maison. Une fois encore j'ecrirai. Il a manque< a> mon attachemenf d'e*tre plus courageux. A force de ne vouloir rien faire pour moi je n'ai rien su faire pour lui, j'ai jamais pu me resoudre a> regarder a> demander pas me*me a> ecouter rien; au point que lui impatient je crois de tant de discretion ou d'aveuglement ou d'infirme me dit un jour quoi vous, vous inviteriez cette femme la>.+ Au reste je suis persuade, comment aurois-je pu rien empecher. Je suis fachie que la tre>s Maladroite information de M. de Ch. m'ait empechere a> Benjamin Constant - 23 septembre 1793 Avant hier au soir quand je vous ecrivis j'avois es les premieres pages l'auteur annonce toute sa doctrine sans nul semblant de moderation, sans nul e realiser. & dites lui que sa frayeur de voir recompenser ce qui merite d'e*tre puni est une miserable raison pour rejetter un arrangement qui dailleurs conviendroit a> a France. Le livre s'apelle Retablissement de la Monarchie l'auteur M. Ferrand. Vous serez content out au moins du stile car il n'est ni academique ni le contraire. Voici une tirade sur M. Necker: u milieu de ces desordTrs donc il avoit le premier donne< 1l'example & les oyens M'. ecker trainoit ae vain les restes de son impuissance politique. Sa gloire son autorite>, son masque tout etoit tombie<..... Quelque part il dit que dans la constitution la main du Roi n'etoit qu'une griffe. Enfin on ne peut avoir une plus spirituelle amertume. Que dites vous, vous, de Me de Stael? Mon chagrin c'est que je ne suis reste tuer la Reine qu'avant d'avoir lu. Il y a au haut de la page 8 neuf belles lignes. Douze tre>s raisonnables au bas de la page 12. Quelque chose de tre>s bien sur l'eloquence & sur le peuple page 15, & page 35 les larmes me sont venues aux yeux. Dailleurs le stile m'est antipathique. Menacer de sa resignation. Des sermens qui ne promettent que la mort. La mort revenant a tout moment sous des figures diferentes des ah encore plus repete l'occasion de votre maison. La notre est bien silent bien deserte...l'armible Caravanne est partie a> deux heure. Elles ne m'ont rien dit elles ont bien fait. J'avois le coeur fort gros & je voyois des visages tre>s change mes yeux se cache sous l'entourage & les ornemens. Ce 23e Sept. 1793 Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 28 septembre 1793 Ce 28 sept. 1793 Un paquet de vieux livres latins est arrive a Neuchatel chez Fauche. Pierrot me l'a ecrit me demandant si c'etait la> le paquet que vous attendiez. J'ai repondu directement a> Fauche que cela pouvait bien e*tre qu'il n'avoit qu'a> me l'envoyer, que je jugerois par l'e ce qu'on devoit vous envoyer & que l'arrive un certain point. Votre inquietude est bien naturelle cependant songez combien de gens suspects & me*me assez suspects pour qu'on les ait garde vue sont sortis sains & sauf de cette sorte de captivite<. Temoignez le moins que vous pouvez vos craintes. Une lettre de Lausanne soi disant receue a> Di jon & publie Paris nous apprend qu'il y a des tracassiers partout. Je n'ai pu lire de Mallet que la fin & les notes. C'est execrablement crit & bien nonchalamment pense<. Il n'y a ni suift ni ordre ni liaison dans manque a> l'autre, mais on peut le soupc+onner de mauvaise foi en ceci qu'il met la revolution trop peu sur le compte des circonstances & trop sur le compte des intentions. Le parlement dont il etoit membre, est tombe< selon lui dans un piege & cela est vrai mais ce piege il l'avoit lui me*me tendu. Je suis plus contente de la Meprise que fache donner a> un anonyme un nom qui fasse vendre l'ecrit ... C'est M. de Ch. qui m'a suggere< ce doute modeste, cette prudente distinction. En la copiant je me suis aperceue qu'il n'y avoit pas beaucoup de sens pas plus que modestie dans ce que j'ecrivois. Ces lettres fort en vogue n'avoient nul besoin du nom de Mirabeau. Voila pour le sens, & quant a> la modestie puis qu'elle n'etoit pas de oi il n'y en avoit point. Je reviens donc a> dire tranquilement que je suis fort contente de la prise. Raportez moi encor un exemplaire pour M. Du Peyrou qui etant ici a> la reception du paquet m'a fait souvenir que je lui avois ote< celui que je lui avois donne<. Votre ecriture est cette fois ci tre>s lisible mais ne vous donnez pas tant de peine une autre fois. Vos pensece que pas un acce n nee m'ait echappe<. M. d Kalkreuth se retablit de la dissenterie. J'ai ecrit a> Me Forster ce matin je lui ai dit mon admiration pour sa gayte< & son courage, ensuite j'ai rapelle< la petite injustice que je lui avois faite quand je la confondis avec d'autres dans mon chagrin sur une explosion de politique a> laquelle elle n'avoit point de part, puis je lui ai explique< la cause de ce tort que j'eus, avec toute la politesse & la franchise que j'ai pu eunir. Voici de bien longues frases. M de Stael en a d'encore plus obscures mais cela ne m'excuse pas. Nous sommes bien de me*me avis sur M de Stael. Son esprit n'est pas simple ni toujours juste & son sentiment n'est que de l'esprit avec tout cela vous l'admirerez si vous la voyez. Tre>s bien comprendre, tre>s bien repondre, s'exprimer avec grace rapidite< & elegance c'est assez rare pour qu'il faille l'admirer. Avec tout cela je ne me soucierois pas du tout de la societe< intime ni seulement frequente de Me de Stael. Nous avons des nouvelles de Me Achard & de ses filles. Un cheval mala un cocher qui s'est egare< ont rendu leur voyage long & assez penible. Me Achard se proposoit de continuer lundi, apre>s demain sa toute pour Geneve. ous me dites des choses tristes, justes, aimables, a >propos de Mlles Achard, mais cet a> propos est-il comme vous l'imaginez? Ninette aura t-elle la surprise que vous supposez? N'a t elle pas deja souffert Sa mere m'a dit qu'il n'y avoit pas de jour qu'elle ne pleurat plus d'une fois. Elle ne se porte pas tre>s bien. Je n'ai pas laisse< passer une seule ois sa toux unnoticeidcar elle me faisoit toujours efrmirr & moins pour elle que pour sa mere qui, je vous en repons, l'entendoit encore mi que moi. M. de Harren a commence< un poeme par ces mots Gelukkig perk van drie tot sevene jaaren] je crois en effet que le perk, l'espace, heureux n'est pas plus long que cela, encore est-on quelquefois fouette< & mis en penitence avant d'avoir atteint l'ag e de sept ans. Croyez moi tout age a ses souffrances, & le professeur Many mise en train de s'expliquer sur elle me*me nous raconta, quelques jours avant son depart, que c'etoit par reflexion & a> dessein que de tre>s aye & naive qu'elle e la flatteur & a> lui donner un certain courage dont elle ne laissoit pas d'avoir besoin pour e*tre heureuse. Aruiez vous devine< fout cela seigneur Benjamin? Votre paquet bien qu'il fut ecrit dessus par Berne n'est arrive< qu' aujourdhui par Iverdun. Il est date< du 25 et il n'est arrive< que le 28. Si ceci est encore retarde< de quels noms facheux ne m'apellerez vous pas? / M. de Charrie>re M. de Charriere recevra avec plaisir le Racine puisqu'il est complet. Il a precisement aussi demande< Cervantes gardez le donc si vous l'aviez fait venir pour vous & que vous le desiriez si non l'avoir a> double ne nous fera pas de peine. Mlle L'Hardy est revenue hier a> Auvernier & a dine< avec moi aujourdhui. Elle est tre>s aimable. Je relirai relirai relirai votre lettre & peut-e*tre trouverai-je qu'il faut encore vous repondre lundi par Berne. Adieu. Benjamin Constant a< Isabelle de Charrie>re - 25 Õseptembreå 1793 Lausanne, ce 25 des peu propre a< rendre ma lettre gaie ou agrere On lui a envoye< une lettre de Villars, le plus foueueux et le plus fou des aristocrates, et, depuis cette lettre, personne n'a rec+u de ses nouvelles. Le paquet dont je vous ai souvent parle< a ere m'a es mauvaise journes est a> vous. Je vous l'apporterai. Le Racine est complet, mais il n'est point arrive< encore. On n'a aucunes nouvelles directes de Juste. Mme de Villars a e la politique. J'ai lu hier Mallet du Pan qui event des remparts de feu, un instrument qui sert aux uns pour lever la cataracte, aux autres pour creme lettre. Deux fois j'ai esquive< le coup, mais il faudra bien tendre la gorge. Mme de Stae**l n'a pas senti plus que Muret en eses et des phrases cadence cracher dessus. Vous avez donc perdu Mme Achard que j'aime mieux que Mme de s....., et Ninette et Mary Je voudrois bien qu'elles fussent heureuses, ces deux petites filles, si frai*ches et si gaies, et si dispose e*tre heureuses. C'est la> de tels e*tres qu'on doit souhaiter le bonheur. Nous, de flere m'a arre*te<. Je n'en forme donc point, mais je suis convaincu que lorsqu'on voit une jeune personne, gaie et contente, et vive et saine, et pleine d'espere e la torture par les gens qui voulaient tirer de moi la sensibilite< comme on exprime le jus d'un citron, puis pre ma puise, encore est-ce au milieu des proce>s, deschicanes de tout genre et par la seule force de ma volonte< bien des pour 7,000 francs que je crois avoir e mes lettres de Brunswick. Je l'aurai dans quinze jours vraisemblablement. Je ne doute pas que je ne puisse passer l'hiver a> Colombier, du moins c'est mon plan si ma bibliothe>que peut arriver saine et sauve. Dites mille chose a< Mme Forster. J'espe>re que sa fermete< vous aura rendu un peu de bienveillance. Sont-ils pas pre*ts a> se marier? Je ne rec+ois plus rien du Grand Cachet. Cela m'afflige mes un si e de l'indiffes me des obstacles se sont es. Avant, tandis que je de chaque minute n'avoir gue de l'amitie<, on voulait a> toute force m'e venait cette fureur et d'ou> vient ce refroidissement? De la fureur me*me, cela est possible. Quoi qu'il en soit, un peu pique< peut-e*tre, je me re des offres de service pour l'Ecosse ou l'Allemagne, en cas d'expatriation. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 30 septembre 1793 Oui, surement, il y a encore quelque chose a> vous dire ou pluto*t a> vous demander d'apre>s votre derniere lettre. Vous aviez quelque surprise mele ce grand cachet qui ne venoit plus & vous aviez fait des conjectures & une maniere de sisteme sur cette ardeur si vite refroidie. Eh bien qu'est-ce que tout cela est devenu apre>s le retour du grand cachet? Car il etoit revenu & je vous l'ai envoye<. Vous aime-t-on encore & en etes vous bien aise ou fache? La lettre ne m'a pas paru aussi volumineuse que les precedentes. L'ardeur se seroit-elle seulement attiedie & non e elle en est & ou> vous en etes de vos impressions sur ce sujet. Je voudrois savoir si vous avez receu aujourdhui (il est neuf heure ) mon paquet de samedi. Sans ces bisarreries de la poste qui me laisse du doute sur le procede< de Me de Stael je serois bien en colere contr' elle; en attendant je le suis contre moi. Vous savez ses solicitations au sejet de M. de la Fayette. J'ecrivis a> M. de Luse Bethman a> Francfort & j'ai envoye< sa reponse a> Me de Stahl la priant de me la renvoyer ou de la bruler (c'etoit surtout a> cause d'un faute ou deux d'ortographe crimes capitaux je pense aupre>s de la gente academico-bel esprit. Elle ne repond ne me renvoye rien & ne me dit pas qu'elle ait brule<, mais elle dit telle chose qu'on vous mande est positivement fausse. La dessus je la prie positivement de me dire si elle a brule< ma lettre lui disant que d'autres qu'elle moins judicieux que je ne la suppose imputeroient a> M. de Luse, une erreur qui si elle existoit ne devroit e*tre impute un pareil ordre. Voila ce que j'ai e Me de Stael & point de reponse. A moins que ce ne soit la faute de la poste je trouve son procede< fort mauvais. Tout est dit entre nous si parcequ'elle fait des frases elle se croit dispensee de cette rectitude de procede Gorsas qui ecrivoit encore son journal. Il n'y avoit pas d'aparence qu'il imprimat ce que je lui envoyois mais enfin je le voulus tenter. A l'occasion de l'ecrit de Me de Staal j'ai cherche< le brouillon & l'ai trouve< & l'ai donne< a> Me Achard . Elle le relisoit en carosse entre ici & Iverdun; elle l'a lu haut; la de Pierro sa femme de chambre toute en larmes a demande< s'il etoit bien sur que la Reine eut ecrit cela. Je voudrois vous le faire lire. Je voudrois le pouvoir repandre mais cela ne se peut pas. Me de Stael est quelque chose d'entierement factice l'abbe< Raynal, M. Guibert, sa mere son pere l'ont Peut-e*tre si on l'eut laisse< e*tre n'eut-elle rien es ridicule frivole comme le bonheur & la beaute< & le menacez les de votre resignation. Cette femme n'a t-elle donc jamais lu le Misanthrope Le stile figure< dont on fait vanite<, Sort du bon caracture & de la verite<; Et je prise bien moins &c &c J'ai receu hier une fort obligeante reponse de la citoyenne. Mais qui donc peut e Isabelle de Charrie>re Õautour du ler octobre 1793å Je ne vous es l'avoir acheve<, je me suis mis a copier & ai copie< hier tout le jour & ce matin, ce qui m'a horriblement fatigue< les yeux & la te*te. Mais la chose est faite & mes Papiers en ordre ce qui me fait grand plai ir. Voudriez vous bien faire dire au Menuisier qu'en cas qu'il n'ait pas acheve< l'Armoire a livres & le Pupitre, il se depe*che, car j'en aurai besoin incessamment. J'emballe demain environ 250 volumes qui me sont arrivere voir bientot rere n'a point commande< chez Durand les Nouvelles de Cervantes mais seulement Don Quichette, ainsi a moins qu'il ne l'ait fait venir d'ailleurs vous ne l'aurez pas en double. Je le rendrai a Durand, si vous ne le voulez pas, car je le veux point d'inutiliteque. J'entens par inutilite< des livres que je n'aie jamais besoin de consulter. J'ai des nouvelles d mon Pe>re qui se porte bien, & une lettre du grand cachet qui avait mal aux yeux. Dis moi, mon Coeur, ou donc a fui l'amour? Je compte toujours es de vous pour tout l'ete<. Ce Plan est le plus doux que j'aie fait de ma vie. Adieu. Je ne comprends pas bien pourquoi vous qualifiez de tracassiers ceux qui ont ere / ne Isabelle de Charrie>re - Õ4 ou 5 octobre 1793å Lausanne C'est la troisie>me lettre que je vous eme tentative sera plus heureuse. Quant a> mes livres, au lieu de me plaindre, je vous conjure a> genoux de savoir enfin s'ils sont arrives pes aise l'abandon chez ce gredin d'imprimeur, et gu'il y a des papiers qui m'importent, et que si M. de Roussillon ne veut pas s'en informer, un messager le fera. Je (mot illisible) et je finis. Quant aux tracassiers je de ses amis et correspon- dants des fai avetement ce qui est, en supposant telle chose, on devrait achever la phrase et supposer aussi la possibilite< du contraire. / La chose La chose est raie et de toute ve re contenir, et les calomnies atroces et odieuses, sont des fleurs de rhe e*tre plus prudent, si elle avait engage< a> veiller sur les subalternas qui se permettent des infractions et a> les re elle avait peut-e*tre pres bons effets. Je suis bien impatient de me retrouver a> Colombier. Mon ses de vous, mais cent liaisons m'arre>tent et avant quinze jours je doute que je puisse vous revoir. Si vous recevez des lettres pour moi lundi, veuillez me les envoyer par Berne. Elles contiendront de quoi de prere a> Benjamin Constant - Õ5-7 octobre 1793å Pierrot a fait ma commission mais Fauche je ne sai pourquoi ne voulut ou ne put pas montrer les livres. M. Chaillet le grand est ici, il prendra ma lettre ou plutot cette enveloppe a> la lettre de M. de Villars que j'ai receu ouverte comme vous la recevez, & si le Pere Petau in folio est parmi les livres receus par Fauche il aura la bonti de la marquer au bas de la page. Si vous n'y voyez rien qu'il ait ecrit ce n'est pas cela, que Fauche a receu. Vous ne m'aviez jamais dit que je sache qu'il eut des papiers avec les livres & je croyois des livres tre>s bien chez un libraire. M. Chaillet les fera porter chez lui s'ils sont chez Fauche & je les enverrai chercher incessamment. Quant aux tracassiers j'avois aussi mon but en vous disant par la poste ce que j'en disois, & je n'etois pas tout a> fait aussi platte que vous me peignez ni, qu'une punaise quand je disois si c'est faux il faut le refuter, si c'est vrai il faut continuer les D..... Ne vous semble t-il pas aussi a> ropos de contenir les baillifs que les subalternes? On a publiie propos une lettre ecrite aux Valaisans. Ce samedi a 5 heure Le Pere Patau est dans le nombre des livres, il n'y a aucuns papiers. On les portera demain chez moi & a Collombier a> la premie>re occasion. A Monsieur / Monsieur Benjamin / de Constant / a Lausanne Benjamin Constant a< Isabelle de Charrie>re - 8 octobre 1793 Lausanne, ce 8 octobre 1793 Comme vous traitez se>chement les gens qui ont le malheur de prendre de l'humeur et de vous la te un malheur d'avoir de l'humeur, c'en est un second d'en avoir contre vous, quand vous e>tes ce qu'on aime le mieux au monde, enfin c'en est un troisie>me d'e*tre puni ce malheur par la sevete< de vos lettres. Ainsi, c'est une triple et non pas une double injustice dont je vous prie de vous repentir et que je vous prie de re pres bien, et tre>s franchement, et tre>s erroneres pages. J'avoue a> ma honte que j'avais parfaitement misunderstood votre motif de m'e propos de contenir les Baillifs que les Sabalbenis. C'es sage e vous. Je vois avec charme approcher l'e Colombier. Malgre< votre dernie>re se la lettre de M. de Villars, je vous aime beaucoup et je vous pardonne tous les torts que j'ai pu avoir. Comment avez-vous devine< que cette lettre fu*t de Villars? J'espe>re fort en recevoir demain d'Allemagne, qui de donc a fini l'amour? je parlais du mien, car on m'aime ou l'on dit m'aimer autant que jamais. Il faudra bien que ma ci-devant passion rep la lettre ci-incluse a> M. de Charrie>re. L'ambassadrice a-t-elle re Isabelle de Charrie>re - 11 octobre 1733 Lausanne, ce 11 octobre 1793. Je commence ma rere agre exe l'autre, d'autant plus que nous en avons actuellement de la plus mece, MM. d'Autichamp, de Damas, etc. Mais ne serait-il pas possible que Pierrot retourna*t loger dans mon appartement a> Colombier, et si l'on voulait lui chercher chicane, qu'il dit qu'il s'est engage< a> faire avec moi le voyage d'Allemagne? Cela lui donnerait au moins quelques semaines de temps; et il me parai*t impossible qu'on pu*t nous refuser a> tous deux, - a> moi surtout qui ne suis pas e notre de ma correspondance avec mon homme d'affaires. Sa rece d'incertitude et je dois la recevoir inces samment. Si j'allais a> Francfort, ce serait pour y prendre des arrangements de 68 lieues, qu'avec le duc qui parai*t n'avoir aucune envie que je quitte. Ma bibliothe>que aussi doit e*tre partie pour Francfort, et je voudrais l'expe pour Colombier, promptement et su*rement. Si Pierrot voulait venir a> Francfort, je lui offre une place dans mon cabriolet. Il se servirait de son passeport neufcha*telois et pourrait y passer deux ou trois mois tranquillement, et apprendre l'allemand, et attendre ce qui arrivera. Je le rame>nerai ici au printemps et me*me avant, car voici mon calculi trois semaines de route, six a> Francfort, peut-e*tre une course a> Brunswick, pour des signatures qui peuvant e*tre ne compter du 15 novembre, ce qui nous me>nerait jusqu'au premier mars 1794. Ce voyage n'aurait, j'en conviens, d'avantage pour Pierrot, que celui de passer un hiver. Mais dans la loi actuelle, gagner du temps est quelque chose, et sa qualite< de Neufchatelois jointe a> la mienne de courtisan / nous nous vaudrait quelques connaissances plus ou moins ennuyeuses. Quant a> la de la barre se livrer a> ceux qui devaient les conduire en prison ou a> la boucherie. Boyer Fonfre>de est du nombre. Que diable] si ces messieurs ont eu assez de courage pour attendre qu'on leur coupe le cou sans essayer de se sauver, comment en ont-ils manque< pour tenter quelque mouvement? Je suis donc vert] J'en suis bien aise, pourvu que vous n'ajoutiez pas et bon pour des goujats] J'ai rencontre< ce matin M. de la Roche qui m'a parle< de vous. Adieu. Je n'ai que le temps de fermer ma lettre. J'ai acheve< M. Ferrand. Je n'en suis plus si content. Je le trouve un e Isabelle de Charrie>re - Õll ou 12 octobre 1793å Lausanne, ...... 1793 Comme j'ai re votre question sur la possibilite< d'un sere a> ne pas vous derement de cette ide l'instant, ce gui m'a fait rentrer chez moi, de peur d'avoir, par ma re un vovage inutile (quelle diable de phrase] j'ai cru que je ne l'ache>verai de ma vie]), que LL. EE. de Berne ont e ere la plus sere, l'entre-dire celle de mou logement et du voyage cet hiver. Bonsoir. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 12 octobre 1793 Lausanne, ce 12 Octobre 1793. Je suis absolument de l'avis de M. le ministre Chaillet, sur les devoir de l'amour, mais envers l'amour vivant, et je pense que c'es une obligation aussi sacre ressusciter seulement pour re la dernie>re lettre dont on l'a gratifie<, mais jusqu'a> pre son de vous a> Brunswick; je me suis tu, les soupc+ons se sont accumules que les droits qu'ils a ront cre cette thenera. Il peut y avoir des es votre syste>me toute espe>ce de droits puisqu'il n'y en a point de naturels, / mais que mais que tous sont les re la formation de leur societe (j'es ces principes. Quant aux abstractions, je ta*cherai d'e*tre plus court. Il est bien certain qu'un te de plus utiles et plus vastes de des abstractions qu'ils rece. Les sans-culottes le leur rendent bien actuellement, s'il est possible que le re dire a> un cul-de-jatte que de lui reprocher ses bes de avoir. Je ne sais pas quel est le plan de Mallet. Peut- e*tre est-ce une faute. Je sais qu'en de l'Assemble juger sans preuves. Cependant tout cela ne servira, j'ai peur, de rien. Avez-vous jamais vu plus grande infamie que la manie>re dout on a traite< les membres qui ont voulu se justifier? Le seul duc d'Orle concevoir puni. Ne vous ai-je pas mande< l'aventure de ladv Agrim? Il y a quinze jours que je la sais par M. Hollard. J'en ai un peu ri. Son mari est si be*te que c'ere gue M. de Bosc n'est pas si sot, et qu'elle trouvera en lui quelque chose d'humain. Elle n'a gue>re d'esprit non plus. Lord Agrim un jour, a> la cour, que je regardais si ma voiture / e, me demanda, en me frappant sur l'e la (mot illisible): "Ne vois-tu rien, ma soeur Anne? - Non, mon fre>re a*ne, je ne vois rien". Pour les premiers quinze jours, je voudrais e*tre a> la place de Bosc. Ensuite, je renverrais milady avec une lettre d'envoi comme vous m'en prescrivez une. A propos, l'amour mort vient d'achever la lettre, puis s'est retourne< dans sa bie>re et est plus mort que jamais. Je ne rec+ois de nouveau rien de mon pe>re. Comme c'est la troisie>me interruption, je suis moins inquiet qu'a> la premie>re. Il a eu le temps de prendre toutes les prere qu'enfin vous m'enverrez des lettres d'Allemagne, la saison avance et il faut savoir ou> hiverner. Je ne sais pas seulement encore quand je vous reverrai. Je souhaite que ce soit la semaine prochaine, mais j'en doute. Je vous le saurai a> dire avant de fermer ma lettre. Si je continue a> ere a> Benjamin Constant - Õ12 octobre 1793å Samedi matin Il est arrive< hier deux lettres pour-vous. Je les ai trouve< si cheres malgre< leur grosseur malgre< la ceremonie qu'on a faite de marquer leur poids du cote du cachet que j'ai prie< Muson qui alloit a> la ville de s'imformer si o n ne vous voynit pas. ElleÕså contiennent sans doute vos hies a> moi me*me & m'etois condamnee en plein. Muson me comprend de travers, s'effarouche d'un, mot que l'impatience ou la gayte< me fait dire et qu'elle s'obstine a regarder comme l'expression d'un sentiment profond & a> jamais durable. Elle ne peut pas me connoitre; moi je devrois la connoitre pour ne pouvoir pas me connoitre & ne devrois pas l'exposer a> ces meprises qui lui font de la peine & me causent des remords. Ce pauvre Encelade ou Ancelade fait d'etranges bonds sous sa montagne. Un des plus plaisans c'est quand on l'embarasse par une objection contre l'opinion qu'on vient d'enoncer soi me>me. Il semble que ce soit une niche qu'on lui fasse de douter de ce dont on l'avoit persuade avoir dit quelque lieux communs contre la tyrannie je m'avisai d'exprimer mon respect pour l'autorite une indivises l'avoir conceu. Quel embarras que de meprises & de negligences la> ou celui qui imagine doit faire vouloir a> autre, & ou> celui ci a besoin du consentement de ceux lui doivent executer] La Pauvre Muson m'auroit volontiers battue de ce que je rehabilitois ainsi le pouvoir absolu. Sans moi la republique eut es ces petits evenemens la> je suis toute etonne qui ne peut m'entendre, plus je finis par trouver qu'il n'y a pas de mal a> cela; qu'il ne faut pas laisser enrouiller sa parole, & que tout en parlant on pense quelque chose qu'on n'auroit pas pense< si l'on n'eut rien dit. J'ai sur mon lit Me de Stael que je dois envoyer a> M. Chambrier. J'ai relu cette 35ieme page que j'avois admire Me Achard qui lisoit: comment avez vous ose dans la iete du dix aout graver sur une des pierre de la Bastille ils ont enleve< le fils a> sa mere] N'etoit-ce pas exprimer avec horreur votre propre barbarie, & eterniser la pitie< qu'inspiroit Antoinette & son fils?- Je pleurois et mon sentiment etoit confus cru bonnement que Mede Stael l'avoit tre>s bien dit, or elle a dit mais j'ai cru bonnemenf que i de Stael l'avoit tre>s bien dit, or elle a dit toute autre chose. j'ai receu une lettre de Me d'Athlone si plaisante] si plaisante] Je ne vous l'envoye pas parce que je veux vous voir suffoquer de rire. Il n'y a si grave personnage sur lequel elle ne fasse son effet. M. le M. Chaillet pleuroit a> force de rire. Mlle L'Hardy ne savoit ou* se mettre. M. de Ch. a> qui je l'avois donne son esprit je ne puis vous en rien dire (de l'enleveur de sa bru) on se partage. Il est bon cavalier. Il y a cinq pages grande ecriture a> la verite, tout cela / est ecrit est ecrit grandement, sans recherche, on n'a pas rafini sur le sens ou le stile, il y a cinq pages de cette force. On n'a pas le tems de respirer. Mais Motus c'est ma cousine non seulment mais mon amie la meilleure & la plus genereuse femme du monde. Connoitriez vous ce bon cavalier, ce compte de Bose? Me d'Athlone ecrit Bose< Mais elle ecrit aussi M. Vade< pour M. le Vade. Vous connoissez dit-elle M. Vade< j'ai cru d'abord que c'etoit Guillaume Vade<. Il se trouve que le decret contre les emigre Isabelle de Charrie>re - Õ14å-15 Õoctobre 1793å L...å vous, en causant avec vous, serait une assez douce mort Mais ici elle serait triste. je n'ai que la maison de Mme de Nassau, & il faut descendre la vilaine Rue du Bourg, ce qui est beaucoup pour ma faiblesse. Ce 15. Vos lettre m'ont fait grand plaisir. J'aurais voulu en recevoir 10 au lieu de 3. Je'ne suis pas en ere dere / ne Isabelle de Charrie>re - 16-18 Õoctobreå 1793 Ce 16. Vous sentez bien que quand reste chez soi il faut causer avec vous. Votre Ancelade, que vous devriez es facile a vivre, Pierrot, il mangeroit ses 20000 tranquillement, ferait de tems en tems des infides bien. Cela vaudroit mieux que cette vie d'emigre< qui j'ai peur deviendra tous les jours plus facheuse. Je sens bien ce ue Pierrot doit souffrir lui de ce que je souffre de m'entendre accuser d'approuver les horreurs de la Convention contre les Girondins & les Mode bon compte dere la trouver a> mon retour pre>s de vous, l'ere situation avec son mari. Au fond ce n'est pas ma faute si je ne puis obtenir mon divorce. Mais le mari] Que fera-t-il de cette femme qui de son scu* & de son gre< a passe< & a e une autre pendant pre>s de deux mois? Ma foi, c'est son affaire. Que ne choisissait-il un h sans liens pour se de - comment dire? de cet esprit qui n'a rien de piquant, ni de neuf ni de profond, mais dont pourtout on dit que c'est de l'esprit. Elle m'evres jusqu'au sang. Quel dommage qu'en chemin ces Pauvres soupirs se refroidissent] Ils arrivent gele euq la nno*tre. Il faudra bien en veni a souhaiter que le repos sous le despotisme succe>de a ces convulsions d'Anthropophages. Je crains pour ce Pays. L'Angleterre vient dit-on de violer la neutralite< de Ge>nes. Si l'Autriche allait enfreindre la notre? Il faut fermer les yeux sur l'avenir, & se boucher les oreilles contre le preue des Romans. J'y ai trouve< un extraait du Mari Seniemental & de Mrs Henley qui m'a fait grand plaisir. 0u est-il, tems ou l'on pouvait s'inte tout] ou l'on ne croioit pas toujours voir a Guillotine & entendre les chants Parisiens] oou l'on osait sans effroi rendre en main bue gaaz te] Le commandant d' Hn-inque, Vieusieux, Genevois, beau frPe>e de mon meres, & autres. Un homme de la municipalite<, plus honne*te que ses pareils, les avertit qu'on es tran sorterait a Paris. Ills s'en furent chacun de leur cote<. ieusieux est a V~inne. J'iignore ou Beauharnois & autres sont alles. M ais ne croyezivous pas qu''a la paix le re>gne de cette infame convention, de cette infame Municipalite<, de cette infame commune, de ces exes des atrocites, la Res la prise de la Bastille. Il faudra voir ce que les Aristocrates auroient du faire, & qu'auroient du faire les Reque quant a> l'usage, equivalu*t pour M. de Ch. a> l'inconvere dont on me sollicite a Bronsvic, la situation prere, le besoin de la fixation, me de accepter la proposition qu'on me fait de conserver mon emploi. Cela es de vous, ni y laisser ma bibliothe>que qui courroit risque d'etre endommageque beaucoup de livres que je lui ai entendu deque est a moi, si cet arrangement deres la peine d'e*tre un hes en cole>re, & que j'ai excessivement souffert, & que ma lettre es avoir gemi pendant deux jours sur les atrociteces de garrottemens mis en usage, & les modere. Je ne l'en blame pas, parce que j'en ferais & que j'en ferai autant. Mais je n'y crois point. Il a adroitement pris Mallet pour ere l'effet en est le me*me, & je suis toujours bien aise de voir un homme qui a e une abstraction. Vous exprimez par cette denomination celles des qualites lui que Dieu n'abstrait pas, vous me res que je pourrai sortir je m'en informerai. Vous avez parfaitement raison de vous moquer de mon abjuration du nom d'homme. Cependant si je me fesais bien complettement courtisan bronsv. que je ne lu*sse plus que des romans, que me levant a ll h. du matin parce que les matine moins que les douleurs ne reviennent, a finir mes affaires ici, apre>s quoi j'irai attendre aupre>s de vous' mes rere de Madame de Charrie>re contre Madame de Staehl. Je n'ai point vue l'ambassadrice ni vraisemblablement ne la verrai. Ainsi /faites replacer faites replacer le monstre immonde. On assure ue me*me son Pere ne viendra pas. je n'en ai rien appris encore. Il arrive a tous momens des emigres de cette ville, a l'air, sans amis, sans vivres, poursuivis & fusillere / nere - 28 octobre 1793 Lausanne, ce 28 octobre 1793. Vos reproches ne sont pas fondes mauvais effet, et je craignais que le meurtre de la Reine n'eu*t eu les me*mes suites. Si dans ma lettre j'ai tedes tre>s de son confre>re, quoiqu'il convienne de ses fautes, je pourrais bien, dis-je, partir incessamment pour Colombier et avoir recours soit a> M. Lichtenhase, soit a> mon oracle d'autrefois, M. Leschot. Pour cela il faut que l'avis de la majorite< du comite< / de Salut de Salut public ne soit pas suivi. Car si la guerre est a> Neufcha*tel, d'apre>s mes liens de cour, j ne pui m'y rendre. J'avoue que cette affaire m'inquie>te plus qu'elle ne semble vous inquie la Die>te. Donc les Franc+ais qui ont appris gu'on leur en a impose<, pourraient bien ne vous plus regarder que comme un domaine prussien, Je sais bien que cela ne vous vaudrait pas encore la guerre, car je suis convaincu que les Suisses vous laisseraient prendre, et ils n'auraient pas tort. Mais pour moi qui vous ai dans ce pays, ce serait une petite consolation que d'e*tre personnellement erement des voeux pour que messieurs les Sans-culottes penser a> vous. Car, apre>s tout, il faut que vous viviez, et puis, e*tre libre, si l'on peut, mais vous d'abord. Ceci est une nouvelle raison pour ne rien laisser sous mon nom a> Neufcha*tel. Dites a> M. de Charrie>re que je suis tre>s pique< qu'il juge ma bibliothe>que d'apre>s quelques vieux bouquins. / J'ai tous J'ai tous les ouvrages que je lui ai entendu de vous. L'Encyclopere pourra tre>s bien e*tre tente< d'un coup d'oeil. A propos de livres, je vous en apporte un bien e Paris, qui se nomme et qui est deme dans un temps ou> je suis tente< de croire qu'il n'existe plus en France ni religion, ni vertu.., J'ai lu dans l'histoire que c'egne de Negne de Louis XI eussent voulu e pre une nation qui souffre dans son sein un tel exce>s d'immoralite<, qui va jusqu'a> traiter la vertu de crime et l'humanite< de conspiration. L'histoire de tous les peuples de l'univers n'offre point d'exemple d'une pareille de l'exce>s du de feindre la joie au milieu des plus noirs attentats, toujours dere - 1er novembre 1793 Lausanne, ce 1er novembre 1793. Si vous m'avez es vos lettres a> Neufchatel pour les faire passer par Berne, car voila> la troisie>me fois que cela arrive, et j'ai rec+u par ce courrier des lettres d'Yverdon, preuve que le de. je crois que je suis mieux, mais je n'en suis pas su*r. On m'a tant purge<, j'ai tant sue<, j'ai tant fait toutes les opere a> Benjamin Constant - 3-4 novembre 1793 Ce Dimanche 3e Nov 1793 Il me tarde d'avoir des nouvelles de votre sante<, de la reception de mes lettres & de vos projets quant a> votre retour ici. S'il n'est pas prochain je voudrois avoir vos clefs pour Roussillon. Il est tre>s embarasse< le pauvre garc+on entre les divers conseils qu'on lui donne. L'un lui dit, & c'est un conseiller d'Etat, allez demeurer a> Colombier, l'on ne vous dira rien, en tout cas je fais mon affaire de justifier votre sejour dans ce pays & et de vous faire rester. L'autre lui dit, & c'est sur la liste de ceux qui etoient la> de>s le mois d'aout de l'anne il me detailloit ces differens conseils; il vouloit que je decidasse. J'aimerois mieux le premier, l'autre demande un peu trop de fraude, & si le Lt n'en veut point employer on n'est pas dans une aussi bonne position qu'avant cette infructueuse tentative. Mais les Susette chez qui il voudroit se loger le recevront-elles sans qu'il montre une permission expresse du gouvernement? C'est dans la supposition qu'il n'en demande point & que les Susette refusent de le loger que je voudrois qu'il put se nicher chez vous. Envoyez moi, a> moins que je ne change d'avis & ne me retracte avant de fermer ma lettre , envoyez moi s'il vous plait votre ou vos clefs pour samedi prochain..... Vous en pouvez charger un voiturier venant chercher les gens de la foire. Mais plutot venez vous me*me avec eux. De longtems le voyage en cabriolet ne put vous convenir & ceci ne vous coutera presque rien car ces gens la> aimeront mieux vous mener a> moitie< prix que de venir a> vuide & sans gagner rien. Je ne sai si Christian est fort industrieux pour trouver les gens mais le furet Rieux fera des merveilles si vous le chargez de cette commission. Il me tarde bien de vous voir. Je crois vous avoir parle< de lettres venant de droite & de gauche au sujet de Lady Agrim. On vient de me mander qu'elle sera ramene 5 heure & des patisseries entre 7 & huit, sans compter une chambre fort propre, force linon & mousseline dont on garnira des deshabille il n'y a point de femme hollandaise qui ne croye sa fille fort heureuse & ne regretteroit rien que ce puisse e*tre. Si l'on m'en avoit cru on aura laisse< ce grand homme & cette petite femme aller ensemble ou> ils auroient voulu & cela d'autant plus volontiers que j'ai fort mauvaise opinion de la Dame. Je la crois, ou pour Õmieåux dire la sai menteuse. La perdre Õseraitå beaucoup gagner. ÕJeå pense que le citoyen est parti avec la citoyenne pour Pontarlier. Ce sont des gens aux quels je ne vois toujours point clair. Je ne serai point fache un certain franc+ois qui n'avoit rien de particulierement interressant. Une longue histoire a> moi, puis une insinuation a> M. de Ch. puis dans une visite, une nouvelle tentative aupre>s de moi. J'ai e Isabelle de Charrie>re - Õ6å novembre 1793 Lausanne, ce... novembre 1793. Ce n'est pas seulement vos lettres et leds miennes qui sont ouvertes, retardes, des lettres de leurs correspondants de divers endroits, de Vienne, de Strasbourg, etc. Cette conformite< dans le de presque toute la ville que c'est un arrangement du nouveau re>gne qui, voulant se mettre au fait du caracte>re des correspondances et des relations de ses nouveaux sujets, met a> cette occupation plus d'exactitude que le pre il puisse coucher n'ayant ni fourneau, ni cheminere, Andre< Bardou, 4 volumes, et le Cabinet des fe Ba*le pour venir / ici. ici. Mes livres d'Allemagne sont aussi en chemin, de Francfort chez vous. J'ignore encore quand je vous verrai. Tous ces projets de voyage sont venus trop to*t ou trop tard. Si j'y avais pense< quand je me dedes et absence du froid, je veux me gue fait. Je ferai alors la route en cabriolet sans inconves jolies et tre>s bonnes. Dites a> Roussillon que le cheval si vieux et si laid m'a valu deux charmants chevaux. Je ferai le voyage avec ces deux messieurs, qui, j'espe>re, me me>neront et rame>neront tre>s bien. Ayez la bonte< de m'envoyer lundi prochain des lettres d'Allemagne que vous aurez rec+ues vendredi, et qui ache>veront de de brunswick et qu'on m'y recevait si. mal, que j'hes riche de sorte que pour lord Agrim, la perdre ne serait pas gagner dans un sens, et c'est, je crois, le seul sens de lord Agrim. J'espe>re qu'elle aura bien couche< avec son M. de Bosc dans l'intervalle, car j'aime / que la que la somme de plaisir dans notre petit globe s'augmente, et comme j'ai fait voeu, non seulement de cetes a> longue queue. On dit que Brissot et Cie ont ede et quelques autres. J'aimais bien Bisoteau qu'on a assassine< a> Bordeaux. Si M. Borel voulait sortir quelque meuble ou autre chose de mes chambres, sous prere n'a-t-il pas, outre les deux caisses, rec+u deux bureaux a> commodes pour moi? Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant Õ6 novembre 1793å Ce que vous m'ecriviez hier je le pensai aussi hier & me proposai de vous l'ecrire aujourdhui. Je suis persuade loisir et le lendemain vous sont remises comme si elles etoient venues par Berne. J'ignore si les votres sont ouvertes. Je n'ai cru qu'une fois que votre cachet avoit es de ses chemises, vos plus beaux livres. 2e Il recevra demain une armoire la seule qui soit faite, la seule aussi, a ce que je crois, qui ait e propos & la location sera mise sous son nom si vous l'aimez mieux en un mot il s'accomodera de tout ce qui vous arrangera, se pretera a> tout ce qui vous donnera tranquilite< & satisfaction. Tout a> l'heure quand nous nojus reverons je lui proposerai de faire dire au menuisier de garder l'armoire jusqu'a> samedi alors si nous recevons vos clefs nous pouvons si c'est ce que vous preferez la faire mettre chez vous ...... M. de Ch. que j'ai apele< a> tue te*te est venu de sa chambre je lui ai lu l'article armoire & livres d'un bout a> l'autre. Il confirme le commencement & adopte l'ide ce que je sai d'un volontaire rechappe< du carnage sont humains quand ils sont seuls mais quand ils sont avec les Autrichiens ils font comme eux. Ce n'est pas a> moi que ce volontaire a parle< mais c'est tout comme on m'a redit ses propres expressions. Je vous entretiendrois plus longuement sur ces choses la> si je ne croyois qu'on ouvre mes lettres. Tout a l'heure j'en ai receu une qui me donne de l'emotion. Elle m'apprend la mort d'une femme qui m'interessoit & vis a> vis de laquelle j'ai quelques reproches a> me faire. Ne pensez pas que j'ay contribue< a son mal ni a> sa mort mais j'ai es semblable. Cette nouvelle me tracasse l'imagination plus que je ne puis le dire. J'ai cru que M. de la Roche etoit le medecin qui n'avoit pas voulu vous traiter de peur de faire de la peine a> un autre. L'opinion publique est une vague & fanto*mique chose mais a> cause de cela me*me elle ne peut e*tre guillotine Me Elisabeth, on m'a dit aussi le contraire & qu'elle s'attendoit au me*me suplice que celui qui avoit fait mourir son frere & sa belle soeur, et enfin qu'elle etoit impatiente de mourir. J'ai dit enfin par toute sortes de raisons. J'etois lasse de ma trainerie & de tant de mots ou il en faloit si peu. Adieu. Je vois bien que vous resterez a> Lausanne tout ce mois. C'est bien long; je le trouve encore plus que vous. C'est tout uniment pour moi le mois de nov. & nous sommes a> la fin de son sixieme jour. Bientot viendra aussi la fin de l'an mille sept cent quatre vingt treize. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 9 Novembre 1793 Lausanne, ce 9 novembre 1793. Je retrouve en ce moment une lettre que je croyais vous avoir envoyere n'avoir biento*t plus besoin de courriers ni de lettres pour converser avec vous. Je ne vous parle point des assassinats de Paris. Ce n'est pas que je ne regrette tant de talents massacregne des jacobins me parai*t s'affermir, et je crois plus que jamais a> la faction d'Orle son crime. Je ne sais si on s'accoutume a> la mort quand on doit la souffrir, mais je sais qu'on s'y accoutume pour les autres, / et je et je crois que je mourrais plus fermement aujourd'hui qu'il y a six mois, et en compagnie comme Brissot, que seul. On n'oserait pas e*tre la*che devant ses amis. J'espe>re ne pas passer tout ce mois ici. Mon mere que vous m'avez envoye-vis de mon es de vous en avril 94. Je ne m'aviserai plus de courir ici sur des probabilite faire un mauvais dialogue entre Brissot et Louis XVI. Je ta*cherai de la rendre bon pour vous le montrer. Benjamin Constant a> Isabelle Charrie>re - 11 Õnovembreå 1793 Lausanne, ce ll..... 1793 . Je rends mille gra*ces a> M. de Charrie>re de ses bonte me*me de lui rendre quelque service qui me fi*t oublier mon indiscreque ici, je la rangerai avec le plus grand soin et il verra que je mets autant d'inte ses affaires, qu'il veut bien en mettre aux miennes. Je ne vois que ce moyen de m'acquitter envers lui, et s'il ne veut pas s'y pre*ter, il faut qu'il se contente de ma vive et stes singulier avec votre lettre de ce matin. Je l'ai rec+ue au lit, l'ai lue, l'ai mise sur mon oreiller, et elle a disparu si comple>tement que mon domestique et moi avons mis lit et chambre sens dessus dessous, sans pouvoir la retrouver. Or, comme j'e la chercher. Si mon menuisier n'arrange pas nes armoires de manie>re a> ce que je puisse mettre les in-folio en bas, je lui mettrai, a> lui, au lieu de le payer, la te*te en bas et les pieds en haut. / J'ai J'ai quelques livres pour M. de Charrie>re que je compte faire partir avec d'autres a> moi, cette semaine. Les principaux ouvrages ont e Dijon, puis rela*ches bien rec+us. Je commence a> me croire gue quinze jours que je ne souffre point, mais aussi que je ne sors pas. Je suis tellement accoutume< a> rester chez moi que quoique depuis quatre jours j'aie la permission me en faire un traite< a> part. Je but est trop vaste et j'ai beau chercher a> y mettre de l'ordre, le fil naturel des ide Louis que c'e leurs premiers crimes; que depuis la conduite insense tous les partisans aristocrates, l'emprisonnement de La Fayette, etc., avaient favorise< le peuple et faisaient tout le mal actuel, parce que les Franc+ais voyaient qu'on les punissait e leurs crimes passe gagner et rien a> perdre. C'echant l'ordre il se montrait au peuple comme ceux qu'il lui avait rendus suspects, que le seul homme qui ait bien connu la Redent si rapidement. je me surprends dans les journaux cherchant le nom des exere que non, pourtant. Avez-vous remarque< la res soit me*me commence<]]] Adieu. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 16 Õnovembre 1793å Je vous ecris par deux raisons, l'une c'est parce que j'ai fait voeu de vous ecrire le samedi ainsi que le mercredi, l'autre par ce que si je n'ecrivois pas vous pouriez me croire a> demi morte. Or je souffre mais ne meurs pas encore. Hier je fus bien tout le jour; mais je lus dans mon lit jusqu'a> trois heure apre>s minuit n'ayant ni mal ni sommeil mais de 3 heure jusqu'a 8 j'ai souffert l'impossible. Aujourdhui je suis passablement. M. Lichtenhan est venu & reviendra & fera avec zele ce qui dependra de lui mais ces sortes de maux moitie< nerveux moitie< tenant du rhumatisme sont dificiles a> guerir il faut pour ainsi dire qu'ils plient bagage d'eux me*mes. Je n'ai rien receu de vous. Il me semble qu'on se conduit a> Geneve comme si on faisoit partie de la republique franc+oise.; Adieu je m'ennuye bien de ne vous pas voir. ce 16. A Monsieur / Monsieur Benjamin de Constant / A Lausanne Isabelle de Charrie>re> a> Benjamin Constant - Õ20 novembre 1793å Ce Mercredi je voudrois bien ne fut-ce que pour vous complaire e votre pere. Je suis fort aise pour la Roche & ses malades. Que dit Tissot? Entre Ligtenhan & moi nous tirerons ma jambe d'affaire. je l'espere du moins. Il me saigna avant hier. Pierrot etoit avec nous & tint le bassin. Depechez votre affaire & venez. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 19 Õnovembre 1793å Ce 19 Je mets tant d'activite< a terminer mes tribulations d'ici pour e*tre a me*me de planter la> mes maudites affaires, & de les oublier pre>s de vous que je n'ai pas eu le tems de vous ere & l'arrivere, & lui ai e les plus grands malheurs. J'attens sa res celles qu'il m'a erement. Mon dialogue est au diable. Com%ent voulez Õvouså qu'on travaille dans le sang & au milieu de cadavres. J'ai pleure< sur Baily autant parce que vous l'aimiez que par interet pour lui. J'attens toujours de B. de quoi me dene. je veux absolument que vous soiez bien. On dit Fort Louis pris. On dit les Prussiens fesant retraite. On dit les Hongrois en marche. On dit enfin & ceci vaut mieux la neutralite<, tant des cantons que de Neufchatel, hors de tout danger. Adieu. Je me flatte que dans 10 jours je ne vous e Isabelle de Charrie>re - Õ22 novembre 1793å Il est d'autant plus necessaire que vous vous gueres pourquoi j'irais m'ennuyer a Francfort ou ailleurs au lieu de rester pre>s de vous. Tous mes projets dere. S'il ne sort pas, je reste assuriment. Plusieurs caisses de livres sont arrivere. Je viens de changer d'hom%e d'affaires parce que le mien etait toujours ivre & souvent fripon; cette mutation me tracasse; il faut expliquer ce que je comprens assez mal & m'occuper de ce que je dere. Envoiez moi les lettres de Francfort pour que je sache ce que ma bibliothe>que est devenue, & d'autres de mon avocat, car ce n'est que de M. de Fere des Jacobins ses mai*tres parce qu'elle avoit eu un relachement de fe Isabelle de Charrie>re - Õ26 novembre 1793å J'espe>re que cette lettre sera l'avant-dernie>re que je vous es termine< mes affaires, & j'en ai jusqu'au col d'ennui & de de apre>s demain & je quitterai Lausanne pour longtems. J'espere vous trouver remise. Ce n'est pas le tout de ne courir aucun danger de mourir, il faut encore vivre sans souffrance. Je vous confierai que malgre< l'esprit de Me de Nassau, j'ai plus qu'assez de sa socies, ce qui m'a donne< une telle aridite< & irritabilite<, suite de l'ennui, que je brule d'etre dans mon cabriolet pour tourner le dos a mes gens d'affaires & Procureurs. Mais il faut que je vous trouve a sec & bien portante. J'expere. On guillotinera vraisemblablement Me Elisabeth. A Madame / Madame de Charrie>re / ne Isabelle de Charrie>re - 29 novembre 1793 Enfin je pars, & j'espe>re etre lundi pre>s de vous. Ne m'ecrivez ni ne m'envoyez donc plus rien. Malade ou non vous savez bien que je n'aime rien tant que vous. Mais votre etat m'allarme & tant de reme>des affaiblissans m'es de vous, on peut se refuser le plaisir de vous ere nee< de / Tuyll / a> Colombier / par Yverdon. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant Õ27 novembre 1793å Je vous envoye tout ce que j'ai receu cher Benjamin & je vous suplie de me pardonner d'e*tre malade. En verite< ce n'est pas par choix que je souffre toute la nuit au lieu de dormir. Aujourdhui j'ai eun certain point. Cependant je sens bien I'impatience que je dois vous donner & si je connoissois quelqu'un de jeune & de robuste qui vous aimat autant que je vous aime, & ne fut pas plus be*te que moi j'aurois la generosite< de vous dire aller aupre>s de cette personne la>. Cela n'etant pas il faut prendre moi & mes maux en patience. Je me suis baigne si peu de fraix] Je remercie tant celle qui me donne du the< le matin a> 6 heure & met fin par la> a> ma desastreuse nuit] J'ai e M. de Ch. qui a bien voulu me lire un peu du Gorani pour m'endormir] Votre lettre est aussi un bienfait dont je suis tre>s reconnoissante. J'ai vu le sourire incomprehensiblement fin de la Rieu & entendu son hom confidentiel. Vous etes bien drole & bien aimable & personne au monde ne le sait comme moi. J'ai receu ce soir une lettre de M de Stael. Elle m'etonne presqu'a> chaque frase par un melange d'amabilite< & de quelque chose qui gate cette amabilite<. Bon soir. Je vous aime bien. Ce mercredi. A Monsieur / Monsieur Benjamin de / Constant / A Lausanne Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant Õ23-30 novembre 1793å Je suis dans l'eau jusqu'au col. M. Berthoud qui me tient un peu compagnie fermera le paquet. Je ne suis pas plus mal mais je souffre & ne dors presque pas. Votre petite lettre qui m'est venue trouver ce soir dans mon bain m'a fait grand plaisir. Adieu. Venez donc vite & restez longtems. Samedi. Isabelle de Charrie>re a Benjamin Constant - Õc. 5 des l'an passe< Le corps du divin Roberspierre. Je n'ai pas eu le malheur de faire cela cette nuit, car j'ai dormi assez passablement - mais ce matin je suis tre>s eveillie & si je ne me tiens a> quatr e je ferai de la politique ou du roman jusqu'a> ce que vous me veniez voir. Je vous prie de me preferer a> la pothterite< au moins jusqu'a> ce que ma sante< so it tout-a> fait remise. Elle sera (la posterite<) j'en suis persuade Charles Fontanes & Cie - 19 de Paris. J'ai rec+u, Cytoyens, votre lettre du 9 frimaire en rere suffise puisqu'il n'est que jouissant de mes rentes par un arrangement prive< entre nous et qu'elles sont sous mon nom dans les constitutions de vos pres votre lettre je ne vous envoie point de procuration. Mais je rere ma demande d'une dere. Je n'ai aucun titre entre les mains, sinon des comptes des citoyens Rillets vos pre mon Pe>re. Quelqu'e payer mon Pe>re le produit des dittes rentes. j'attens, sans faute, cet envoi, aussito*t que possible, et vous pre Paris Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - Õhiver 1793-4å Comment vous portez vous ce matin, Madame? Avez vous quelques commissions pour Neufchatel? Voulez vous que j'aille les prendre? Aimez vous mieux me les envoyer? Je partirai vers 10 h. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - Õhiver 1793-4å Il fait si beau que je suis bien tente< d'aller diner a> Neufchatel. Comment vous portez-vous, Madame? Je voudrais bien que vous demandassiez a Henriette ce que coute la de bougies pour que par cet exemple je puisse voir si mon fide>le Christian se laisse tromper. En cas que mon projet de pe Isabelle de Charrie>re Comment se porte aujourdhui mein Beelzubub? A-t-il la migraine? Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant Non. Belzebuth se porte bien & mange une soupe qu'il partageroit volontiers avec Lucifer car il est un bon diable. Benjamin Constant a> Charles Fontanes et Cie - 9 janvier Õ1794å Colombier pre>s de Neufchatel en Suisse le 20 Nivos 9 Janvr v.St. Cytoyens Votre lettre du 10, contenant la dele de procuration a> vous faire tenir, m'a es demain, croiant qu'il serait bon peut-e*tre qu'elle fut date l'arrangement pris avec mon Pe>re, il a ere l'arrangement pre mon Pe>re & que je voudrais lui faire passer. Recevez, Citoyens l'assurance de mon devouement. Je serai apre>s demain a Lausanne, ainsi veuillez y adresser vos lettres. Benj. Constant. Benjamin Constant a> Rosalie de Constant - 22 janvier 1794 Je prends, ma che>re cousine, occasion d'une petite comere, pour me rappeler a votre souvenir. Des rere que Victor sera heureux & dans son voisge & dans sa nouvelle carria>re. Mon Pere m'a ere cousine, ne m'oubliez pas entie>rement & croyez moi pour la vie le plus tendre des cousins. B.C. Colombier ce 22 Janvier 1794. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - Õc. 12 mars 1794å Sommaire des articles que notre tre>s cher & ame< Constantinus est charge< de traiter avec le digne citoyen Huber. Apre>s l'avoir prealablement remercie< de ma part de ses bonte sa fene*tre), reconnue, trouve< charmante, il vaudroit donc mieux dire: je n'ai point e redire a> certaine cave comme d'un stile au dessous du ton de M. d'Envers, je pense que je lui ferai dire: Menez moi tout simplement a> la cave. On verra qu'il pense de lui comme M. de Ch. & il sauvera le mot en montrant qu'il le sent. 2o Le nom de Me d'ange de sa fille & de ses fils qu'il ne faut pas manquer de retablir partout dans son integrite<. une auge etant l'e Berlin. Mais je ne vois pas trop bien pourquoi nous traiterions M. Fos autremen que d'autres ne le traitent & je voudrois que l'Inconsolable entrat dans le marche< que M. Huber a avec cet homme la>. Qu'il ne dedaigne pas cette trop petite galanterie & ne la repousse pas sur M. Fos que je ne connois point & que je ne me sens aucune vocation a> galantiser. Quant a> l'Emigre< comme il est public deja il faut le donner pour rien & c'est nes je vendrois de grand coeur. Il n'y a pas de fortune que je preferasse a> celle qu'on doit a> ses oeuvres. Si M. Huber jugeoit a> propos de joindre les lettres des emigre l'envoi c'est cela qu'il faudroit corriger a> fond, & j'ai encore deux ou trois lettres que je pourrois retrouver dans le cahos de mes poches & de mes tables. Plus je fais de comedies moins je traduis Linne & Werthausen ce travail me faisoit pourtant grand plaisir. Dites a> M. Huber que j'avois l'impertinence de le critiquer & chicanner a> la marge de ma traduction. Veut-il que je continue ou a-t-il besoin de son Heimlich gericht. Je voudrois qu'il put venir lui me*me le reprendre. Benjamin Constant a> Rosalie de Constant - Õ29 mars 1794å On m'ere cousine que mon oncle est malade d'une fie>vre de bile. Je vous prie beaucoup de me donner de ses nouvelles tout de suite. J'en attens par le courrier de mardi & serai tre>s inquiet si je ne recois rien. La mort de M. de Senarclens m'a tellement atterre<, tant pour moi qui lui e autre chose. Ainsi je me borne a vous prier de me tirer d'inquiere inte parti dans le courant de cette semaine sans des maux de gorge & des acce>s de fie>vre que j'ai encore, quoique me trouvant un peu mieux. Tous ces retards font que je ne serai gue>res de retour avant le mois de Juillet. Adieu ma che>re cousine, conservez moi votre amitie<, et don%ez moi des nouvelles de Victor. Charles m'a e Bronsvic sa lettre a e me rattraper. Il doit avoir ma rere / Lausanne Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 28 Õmars 1794å C'est de tre>s bonne foi que je vous conseillai & vous priai hier de prendre pour vous le drap achette<. II l'a es de fausses suppositions. 1e Vous croyiez depenser beaucoup moins que vous ne depensiez 2e Je partageois votre erreur. 3e Nous devions craindre que Leguale>s ne manquat absolument de ce que, nous ne lui donnerions pas au lieu qu'il dit a> son frere dans la lettre que nous avons lue apre>s lui avoir dit les chemises &c C'est autant d'epargne< pour la bourse de M. de Montbarey a qui je n'avois pas encore ose< avouer ma detresse. S'il a donc absolument besoin d'un habit M. de Montbarey le lui donnera. Joignez a> cela que vous n'avez point dit a> Leguale>s ni je pense a> personne qu'un habit etoit achete< pour lui. Je ne le perdrai pas de vue & si je lui vois un grand besoin de ceci ou de cela je lui donnerai trois louis ou leur valeur pour votre compte. Qui sait s'il recevroit volontiers sans savoir de qui? Pourquoi m'aviez vous tant dit que vous etiez avare? Mon desir mon ambition ardente, soucieuse, e Stutgard ou ailleurs, je presume humblement a> voix discrette & basse qu'il vous faudroit un habit propre. Il se peut qu'il n'en sait rien, et je n'insisterois pas par une seule phrase. C'est au cas que vous n'envoyez pas l'habit a> Cressier. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 3 avril 1794 Je ne veux pas quitter Neufchatel sans vous ece a M. Huber qui a ere qui vous portera ceci. Avez vous ere que ne l'aurait fait un conge< en forme. Si cela est j'en suis bien fache< & vous en demande pardon. Il ne valait assure lui dire, j'aurais parle< sans re me faire, son approbation ne me consolerait pas. Il n'a qu'a s'aller promener avec Brusquet, & a se me*ler de ses affaires. Je couche demain a> Soleure, apre>s demain a Liechatal,& le jour apre>s a Ba*le. Je vous e. Ecrivez moi le plutot possible. Remerciez encore Monsieur de Charrie>re de tout ce qu'il /m'a m'a dit d'obligeant aujourdhui a diner. J'aurais bien voulu resterz mais de>s qu'on pre mesure que l'ide mon retour. Sinon, je prie M. de Charrie>re de lui envoyer de ma Part ce qu'il & vous croiez convenable. Cela entrera dans notre compte quand nous le res les livraisons de Durand. Ci joint aussi un petit compte de 45 bz. que je me proposais d'envoier a M. Sandoz. Mais il s'est trouve< que ma chaise avait besoin de raccomodage & que mon domestique aes sot de m'e Isabelle de Charrie>re - Õ4å-7 avril 1794 Ba*le, ce 7 avril 1794. J'avais date< cette lettre pour Villars a> qui me proposais de re vous. Je n'en puis plus. Quelle faiblesse, quelle sottise, quelle extravagance a> moi que tout ce voyage] Je vais la> ou> on de je suis heureux, et tout cela pour que des indiffe peine devine tout. Je ne puis rien y gagner, je puis y perdre ce qui est mon seul motif pour ce voyage, et je suis su*r au moins d'y perdre mon temps et bien des plaisirs. Si je Õneå me de ces raisonnements, les seuls qui en ce moment me paraissent de quelque poids. Supposez-moi aussi bien rec+u que possible, je suis pre pres que je vois l'autre. J'irai donc, il le faut. Mais vous, conservez-vous pour moi, aimez-moi, ez de vous, je ne sens pas combien vous m'e*tes ne pretement. / oh; Oh] me je vais vous serez mon seul espoir. Si je n'avais pas cette possibilite< de repartir quand il me plaira, et de vous aller rejoindre, et d'oublier avec vous tous les fe grands frais et a> 200 lieues de vous, je n'y tiendrais pas. Quelle e se donner carrie>re, et vous retrouvant. Ah] comme je les planterai l'a s'ils m'ennuient] Comme je me ficherai d'eux s'ils me recoivent mal] Le joli moment que celui ou> je quitterai ce sot se ou> je vais. J'y aurai passe< trois mois, que je me croirai encore a< la premie>re heure. Ceci partira, j'espe>re, ce soir et vous parviendra lundi matin. C'est de bienne que je vous e Ba*le. Liestal, ce 5, a> six heures. Je n'ai effectivement pas pu finir ma lettre ni la / mettre mettre a> la poste a> Soleure. Je la fermerai demain matin a> Ba*le et elle vous parviendra vendredi. Jusqu'ici je ne puis reprocher a> mon voyage que de m'e j'aimerais a> e*tre, pour me faire arriver a> celui ou> je ne puis e*tre bien. Je rete que c'est heaucoup sacrifier a> une opinion pres cet acte he j'ai couche< avec Mme de Constant, il y a cinq ans. Je coucherai cette nuit dans ce me*me lit ou> biento*t, gra*ce au ciel, il n'y aura que moi. La fortune est toujours perfide: je n'ai plus de femme, et elle m'envoie une fumes insolents de leur mere que mes titres aristocratiques me tireront d'affaire. J'ai soupe< hier avec une demi-douzaine d'ece de pari a lieu entre le public et les dazetiers, il n'y / aura plus aura plus que des millionnaires qui puissent faire ce mere passer par Fribourg sans difficulte<. Je ne vous e je pars et d'aller ou> je vais. Mais puisqu'elle est commence Bres Do*le, dere a> Benjamin Constant - 8 avril Õ1794å Ce 8 avril apres les deux tasses de thi & pendant que la bas on joue Je me suis fait donner deux petites tables rondes & je veux un peu vous ecrire. Il n'y a jamais eu si loin d'un samedi a> un autre samedi. Le grand falbalas est fait et cousu a> la jupe; nous avons apris toutes sortes d'histoire s des filles Tulken. La plus grande est chasses une lettre receue hier du Val de Travers & venant a> l'appui de la conduite la plus scandaleuse & de quelques vols tre>s audacieux. La petite a, ou joue, des maux de nerfs effrayans, enfin c'est un desarroi complet, un trouble affreux, & les garc+ons du village attroupe qui tout lui rapelle l'acharnement qu'on a eu contr'elle palit a> tous momens, soupire, & souffre de ses grands maux de te*te. Voila les nouvelles de l'interieur. Quant aux gazettes elles vous auront deja dit a> Basle ce que nous n'avons appris ici qu'aujourdhui parcequ'on n'envoya pas hier a> la ville. Moniteurs & gazettes sont donc venus en me l'infini ainsi que les ecroire mais ...... J'ai lu hier au soir les deux petits volumes de Dumouriez ne sautant que quelques / de me faire soupc+onner qu'il ecrivoit chez lui. Pour trouver si belle cette reponse faite a> des Jacobins j'ai dans le coeur cent mille Sentimens re vous dire mais se peut-il que j'aye lu & pensi & fait tant de choses & qu'il ne soit encore que mardi & que votre depart duquel je datte cette ere nouvelle ne soit pas plus ancien que vendredi apre>s dine<; Oui ce fut vendredi apre>s dine< qu'on m'apporta cett e clef & cette lettre ouverte. je ne me fachai pas du tout je vous sus gre< au contraire de votre intention mais je restai muette de surprise & imobile a mes doigts pre>s, car Muson qui etoit avec moi & qui pendant assez long tems m'osa se mettre a> musailler m'a dit le soir que je travaillois comme le vent a> mes festons. Ensuite elle musailla un peu sur votre compte & le texte m'etoit si cher qu j'eus assez d'indulgence pour le plus qu'a> demi be*te commentaire. J'ai assez de plaisir a> voir qu'on ne sauroit me parler bien de vous. Ce ne sont pas les seules Muson qui e, tous ceux qui s'en melent ont un mauvais succe>s presque egal. Gallatin ne disoit-il pas je l'ai entend pu arler de vous comme il parle de cage qu'il aime. Je relus bien des fois votre lettre, & la tre>s inutile frase aimez moi fut pourtant remarquie avec plaisir & je comptai combien de fois elle revenoit; & tout fut aprecii de la me*me maniere. Vous vous etiez trompi sur mon compte en un seul point. La soires votre frase). La soirie du hier d'alors m'avoit fait si peu de mal, je la comptois si peu pour facheuse que j'aurois beaucoup donni pour en passer une semblable, ou / plusieur s plusieurs, & j'avois remarqui avec surprise que malgri un tre>s grand mal de te*te j'etois fort heureuse. je me souviendrai tout le reste de ma vie de cette soire je fus frappere qui se puisse acquerir sur ces me*mes objets sur lesquels il semble que vous ayez l'habitude Õdeå juger d'apre>s un peu de passion, de prevention. Je vous ai accuse< quelque fois de ne pas revoir pour les corriger des impressions anciennes & point du fout il se trouve que vous res des Brissotins, celui du Roi, la conduite de R. le 10 aout, la terreur, & l'esprit, & l'intention, de ses disoours tenus depuis cette e la convention & aux jacobins. Vous savez tout & ne faites ni grace ni faveur. J'ai trouvi votre morale aussi severe que votre raison est e mon gre< me faire du bien, mais votre intention etoit aimable & tout en vous regrettant beaucoup j'applaudis a> votre depart sans trouver a> redire a> aucune de ses circomstances. Le mal de te*te vint cependant a> peu pre>s comme la veille, & le lendemain je crois qu'il revint aussi, & Dimanche surement & hier; je n'ai pu me resoudre encore e>prendre mon ipecacuana. Je n'en ai pas eu le tems hier ni ce matin, & auparavant je n'en avois aucune envie. C'eut es triste, honne*te, bien ecrite, parfaitement discrette. / Elle Elle me toucha beaucoup. Samedi matin j'ecrivis a> M. Huber pour lui demander de vos nouvelles. L'apres dine< je receus a> la fois sa reponse & votre mille fois aimable lettre. Deux Mois. Vous vous proposez de revenir dans deux mois. Puisse la chose dependre de vous, en ce cas elle sera, car vous n'etes gueres plus a> votre place loin de moi que moi je ne suis bien sans vous. Je trouve bien qu'en speculation & aux yeux des autres les choses ne doivent pas e*tre egales & que...... Mais a> quoi bon les considerations encore plus tristes que modestes dans lesquelles j'allois vous engager] Revenez; personne ne vous aime tant ne vous entend si bien ne vous aprecie ou ne vous prise si haut ni si juste que moi, & si je meurs aussi longtems avant vous que cela doit naturellement e*tre alors vous prendrez d'autres habitudes & il est inutile de les prendre d'avance. J'entens clocher neuf heure. Tout a> l'heure on sonnera le souper. Bonsoir donc je reprendrai demain mon histoire des jours, des lettres. Je n'en ai point receu que je n'aye pense< a> vous l'envoyer. Une de Charles Chaillet si extraordinaire] Cela seroit joli et raisonnable d'ouvrir & de garder par iconomie toutes les votres & de vous envoyer toutes les miennes, tous les chiffons que je rec+ois] Samedi au soir je repondis quatre mots a> Leguale>s & j'ecrivis a> M. du Peyrou lui demandant si d'apre>s le princ ipe de Me Jager parlant a> sa soeur il ne vouloit rien faire pour Leguale>s dont je lui envoyai la lettre. Dimanche nous eumes M. George Chaillet & sa femme qui furent charmans et excellens. Vous auriez es content d'eux.... Voila qu'on vient m'apeller. J'oublois de vous dire qu'aujourdhui je n'avois point mal a> la tete du tout & me portois fort bien. Tous les soirs je vous dis bon soir bien au long. Quelquefois je dis me*me un petit mot a> Favori. Il m'est arrive coup a> lui comme a> un e*tre fort heureux auquel on pouvoit fort bien porter envie. Le citoyen & la Citoyenne vont apre>s demain a> Diez se marier. Adieu cette fois. Bonsoir Constantinus. / Mercerdi Matin Mercredi Matin Je viens d'envoyer a> M. Auber Du Mouriez dont il etoit fort curieux. M. de Ch. ne l'a pas encore lu & lui fait ce sacrifice de son impatience. j'ai envoye< a> Leguale>s un Emigre< pour M Madveiss. Si le sort le me>ne a> Stutgard il poura se presenter chez elle & y trouver ce dont ces pauvres Emigris ont tant de besoin un peu de bonte< & d'egards & d'interet a> leur deplorable & platte infortune. Dimanche a> onze heure du soir je receus une reponse de M. du Peyrou. Il accordoit 2 Louis a> M. de Leguale>s. Le lundi matin je deliberai avec M. de Ch. & il fut resolu que j'en enverois deux aussi, un pour on compte & un pour le votre. Comme lors du danger de Victor vous proposiez de dire moi aussi j'ai perdu.... vous pourez dire a> present tre>s re Neuchatel dans leur bienfaisance en faveur des pre*tres, & M. du Peyrou s'indignoit en m'ecrivant de ce que des gens qui perdoient dans leur partie de jeu jusqu'a> 10 louis avoient donne< un petit e 2 cent malheureux qui ne savent ou> poser leurs te*tes pour la plupart chenues. Je ne lui dirai pas qu'ils m'inspirent un mediocre interet. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - Õ9 avril 1794å Comme je faisois hier un travail sur Leguale>s lequel travail je vai reprendre, j'en veux faire un petit sur vous, sur un petit print de vous. Il faudra bien donner quelque chose a> nos domestiques. Les cuisinieres pensent j'ai roti, bouilli, fricasse< pour lui; les chambrieres j'ai balaye< la poussiere qu'il secouoit de ses peids je lui ai ouvert la porte ou plutot je l'ai ferme bas, ce n'est surement pas trop mais il me semble que c'est assez. Deux gros e Henriette ou bien un chale. + & doucement & prudement. Quant au cadeau d'Henriette il en fait charger Muson ou moi. En tout vous donnerez 3 louis & un quart ou 3.5 louis. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - Õ10-11 avril 1794å Leguale>s a donc receu quatre louis & une brosse pour nettoyer son habit & son chapeau dont je lui ai recommande< l'usage en l'exhortant a> e vous & au desir qu'il avoit que vous menageassiez extremement votre sante< j'ai receu de lui une longue lettre sur la comede la seconde lecture il en a e la premiere & il detaille avec aprobation beaucoup de traits du role de Victorine louant fort aussi Bertrand & tout l'esprit de la piece; puis il fait plusieurs critiques tre>s judicieuses & aux quelles je me soumettrai corrigeant de mon mieux tous les defauts qu'il remarque . Il se mettra a> l'oeuvre bientot pour traduire les deux pieces. Ne croyez pas qu'il se mette a> louvrage ni ne qu'il mette la main a> l'oeuvre .... Adieu il faut se lever. Vendredi entre 2 & trois heure. Je me suis iveillie ce matin a> 5 heures avec la migraine. Je me suis leves dine<. Notre nouvelle messagere ne part pas si matin & revient beaucoup plus tard que l'autre; a> l'heure qu'il est je suis encore dans l'attente & je la charme en vous ecrivant. Henriette a pris un vomitif, tout de bon de l'emetique, ce matin. M. de Ch. & Muson ont es d'elle, moi dans mon lit ou> je suis encore. Hier je receus de Leguale>s une lettre de remerciement pleine de grace & de sensibilite<. Muson a> ma priere a copie< pour lui la conclusion de Du Mourier sous la dictie de M. de Ch. Ce devroit e*tre le breviaire des emigre ne faire ni le democrat e ni l'aristocrate parce qu'avec des imprudences ou des momeries on finit par se perdre ou se deshonorer. Il m'a promis d'e*tre fort raisonnable. Il est convenu aussi que le raisonner faux non seulement ne menoit a> rien mais etoit un chemin , cul de sac, raboteux, fatigant, ennuyeux, au possible. Notre querelle nous a fait du bien en ce qu'elle m'a conduit a> lui parler plus clair. Il est sorti de son insensibilite< & a fremi pour Leguale>s quand je lui ai dit qu'il retourn - oit a> l'armes l'avoir saigne Colombier & y a persiste < toute la journes que son Ministre d'Orvin seroit-arrive< elle ne demandoi t pas mieux que de renouveller sa declaration en presence du Lieutenant & des justiciers de Colombier & de l'Alsacienne elle me*me. L'alsacienne soutenue par la canaille du village restoit malgre< l'ordre de partir & disoit quo la lettre du Chatelain du Val de Travers etoit supposie. Hier cependant elle est partie laissant pourtant ses hardes. M Louise a parie< qu'elle reviend- roit & son frere qu'elle ne reviendroit pas. Il a beaucoup de pitie< de la petite a demi victime a> demi complice de la tre>s coupable & audacieuse etrange re. Voila votre lettre. M. du Peyrou qui est venu pendant que je la lisois vient de me quitter. J'ai eu les larmes aux yeux en lisant toute votre premiere page & encore la moitie< de la seconde; puis j'ai ri tout haut au montant en chaise & trottant comme un jeune rat... Savez vous que bien des fois depuis votre depart j'ai souhaite< & un peu espere< me*me (un peu) que vous rebrousseriez chermin, mais jamais je n'ai pu e*tre tout a> fait fache votre imagination trompe Isabelle de Charrie>re - Õ18 avril 1794å Õ...å ere e tout prendre, elle est plus aimable & beaucoup moins ridicule que les 19 2Oes de ses semblables. J'irai la revoir encore avant de partir ainsi que son Pere. J'ai retrouve< ici un ami du mien, jadis officier au Rere, je m'en acquitte dans la lettre ci-jointe que je vous prie de faire partir. J'apprends que la Poste partencore ce soir. J'espe>re qu'elle rattrappera celle qui est partie bier, je me hate de fermer ma lettre. Je vous ere / ne Isabelle de Charrie>re - 20 avril 1794 Gottingue ce 20 Avril 1794 Mon homme d'affaires m'egle, & pour y mettre ce qui pourrait n'y pas e*tre, je vous prie de me l'envoyer. Quant a la lettre de l'homme me*me, il n'y a nul besoin de lui faire faire ce double chemin: seulement veuillez la garder, parce que je ne veux rien bruler de ce qui tient a cette affaire. Avec cette lettre il y en avait une autre, me marque-t-il, qui m'avait e B. a peu pre>s, &c. Ce conseil qui est tre>s bon a e aller voir les professeurs, qui sont plus interes, & la De encor quinze Francois de 16 a> 45 ans guillotine plusieurs qu'il brise au moment me*me qu'il s'en sert. Que dit M. de Ch. qui pensait comme moi que sa puissance une fois bien es les Turcs se joindront a> eux. Les Hongrois aussi te la solde de l'Angleterre pour l 500 000 L. St. Quel Surcroit de dettes, de taxes, de causes de rees de premie>re ne vos parents pourroit e*tre utile, ou pour mieux dire dangereux. Mais cette mesure partielle, prise seulement dans votre petit pays ne servira a rien. On m'a raconte< comme une chose sure une anecdote assez drole, & qui caracte-vis l'une de l'autr e. Les 3 cours, russe, impe ne jamais former aucune pre ne se pre*ter a> aucun partage de son territoire. Le lendemain prerent le traite< du partage actuel a> l'insue de l'Autriche. On m'a assure< de plus que c'est la Russie qui a donne< des millions au parti Brissotin pour faire dede par exemple. La Russie demande a l'Empereur le secours de 24 000 hommes promis en cas d'une guerre avec les Turcs. Avouez que toutes ces Puissances s'entendent bien entr'elles, & cherchent bien a conserver l'union si ne< essaire dans ce moment] Tre>ves de politique. J'en ai tant bavarde< avec mes professeurs que je ne sais plus dire autre chose. Voions pourtant. Je ne vous parlerai pas de moi, car je ne sai rien de moi, mais de vous. Lord Hatewit est-il fini? II m'inte les consere, & le courage de la patience. Comment vous portez vous? Cett troisie>me question est bien la plus inte la cour. Cependant j'en doute. Je serai certainement rarement invite< & je ne doute pas que le D. n'insinue a la D. de ne pas nous mettre en pres mon arrive cet homme que je dois de n'avoir pas e ce qu'il ne m'attira*t point de de tout Colombier % surtout a l'excellente Melle Louise. Je ne dis rien de particulier a M. de Charrie>re. Lui demander un service est mieux que lui faire un compliment. Je me recommande au souvenir de Muson, & je prie Henriette de me continuer sa protection. Adieu. A ÕMadameå / Madame de ChÕarrie>reå / nee< de Tuyll / a CoÕlombierå / Neufcha*te l / en ÕSuisseå. / par Dudestadt / & Nuremberg. Isabellede Charrie>re a> Benjamin Constant - 20-22 avril 1794 Ce Dimancbe de paques 20 avril, pendant que si tout est bien alle< vous etes a> Gottingue. Qu'il me vienne quelque chose de vous par le courier de ce soir ou qu'il ne me viennne rien il n'en partira pas moins une lettre de moi mardi, je puis donc me donner le plaisir de vous entretenir un peu ce matin. Il ne m'est venu jusqu'ici aucune lettre pour vous. J'ai paye< ce que vous deviez a> la Chancellerie. Je payerai Liechtenhan. Je recevrai de M. Berthoud 10 batz dont il me parle toujours. Comme on ne trouve plus a> Berne la cotonne que je voulois pour Henriette je lui ai donne< les 3 gros. egle mais honnore< pour votre liberalite<, Notre grosse Susanne etoit plus contente dimanche passe< de se voir grace a> vous en tablier de mousseline que si on lui eut donne< un royaume. Nous eumes hier Melle Tulleken qui sortoit pour la premier fois depuis plus de 15 jours de son logis devenu le the dire que la fille de Colmar l'avoit sollicite son repentir et touche la garder a> la conseille r a> la proteger, quant a> Mlle Tulleken elle en avoit peur. Il est sur qu'e*tre ivrogne & menteuse a> 18 ans & avoir deja pris l'habitude des grandes passions c'est beaucoup, mais M Du Paquier croyoit qu'elle pouvoit e*tre corrige avoir cette rapidite< j'en aurai pour longtems a> vous ecrire quoique je ne sois pas tre>s en fond de choses interressantes. Parlons un peu de Robespierre. J'ai es frappe Du Fourn y & le fit arreter au sortir de la se Danton, Camille, &c il faut des preuves. Cela met R. en fureur. Il me semble qu'il s'est plus demasque< (soit le voulant bien, soit entraine< par la passion) qu'il n'avoit fait encore. Hier au soir j'ai lu / les Nouvelles les Nouvelles politiques mais n'ai pas encore lu le Moniteur. Que Chaumette soit expedie< c'est tout simple , mais pourquoi ne pas epargner les veuves de Camille des Moulins & de Hebert? Ne se fut-on pas donne< un air de douceur & de moderation a> peu de frais? Ne pouvoit on les enfermer? Veut-on quand on recommence a> parler morale e publier toujours sur les accuse la vieille maniere. Avant hier M L'Hardy montra de la curiosite< de ce que dit la Monarchie Prussienne touchant les Illumine, je le priai de nous le lire. Savez vous que j'y trouvai de grands motifs de se consoler de la revolution. Qu'importe que l'on soit tirannise< par l'ambition & les intrigues des Ja.. ou des Je<...? Je suis fache l'eglise. Je voudrois y e*tre aussi pour savoir l'effet que cela feroit sur moi; si je serois un peu touche quelqu'e; ma te*te se refroidit a> mesure qu'il se joint quelque nouvelle lumiere aux anciennes. Ces Fr. M. de Monarchie Pr. m'ont fait une etrange impression. Je ne touche pas plus a> Brusquet que vous. Brusquet aussi ne me fait rien ni Gournie<, ni ceux pour qui on ecrit, ni le traducteur. Robes..,dans sa rage tutoyoit Du Fourny. Cela ne leur fait rien du tout qu'on se tutoye ou non, qu'on soit patroite ou non. Regner & tuer tout ce qui les empecheroit de regner voila tout ce qui les occupe, & qu'importe? Si ceux la ne tyrannisoient pas ouverte- ment d'autres tyranniseroient sourdement. Les Ja.., les Je<.., l'aqua tofana on la guillotine tout cela est bien egal. Je disois l'autre jour a>... gen si ceux qui guillotinent aujourdhui sont guillotinis demain, l'on dira que c'est encore Eort bien; ceux ci a> leur tour auront e fait cela mais on explique les ere & croit que tout tend vers un meilleur ordre de choses on regarde t uf ce qui se fait comme un acheminement au bien ou comme un bien. - oui, dis-je & moyennant cela on appelle coupable tout ce qui est puni. Moi je ne vois pas d'inocens parmi eux mais ce n'est pas tant s'en faut une esperance pareille a> la votre qui me mene a> cette maniere de les juger. J'eus l'honnetete< d'envoyer jeudi avec Zulma un quarre< de papier. "J'ai l'honneur d'avertir M.... qu'il ne doit pas s'attendre a> recevoir aujourdhui des nouvelles de Fr. Au reste il est possible que M. de.. lui ait ecrit de l'endroit ou> il a iti arrete< ainsi qu'a> moi". Point de reponse & c'est bon, tre>s bon; & pas un mot n'a es votre depart rien ne m'empech- eroit d'aimer cet homme? eh bien je ne ai comment il se fait que je ne puis plus du tout le souffrir. Si cela change je vous le dirai. Le male & la femelle me sont aujourdhui vrayment insupportables. Yorick devient assez joli a son grand plat front & son museau allonge< pre>s. Il fait beau tems aujourdhui je pense que vous vous serez fait bien joli garc+on & que suivi de Favori vous arpentez les rues de Gottingue salui a> droite & a gauche par les aspirans a> la science & caressi par ceux qui l'enseignent. Les jeunes Anacharsis vous rendent hommage & les vieux Platons sont e cet autre acte entoure< d'une autre dicoration que vous reccvrez ceci. Avez vous (cher Constantinus que je salue a> present) avez vous deja vu Charlotte, avez vous vu le courtisan du jabot avez vous vu la soeur de M. de Brabec? Que dites vous que faites vous? Je serois bien tentie d'envoyer ce soir tard a> Neuchatel pour avoir votre lettre s'il y en a une. ... gen envoya bien les Moniteurs avec les gazettes. Il etoit assez tard a> la veriti & il pouvoit les avoir lus, sans cela je le croirois en colere de ce que personne de nous ne se montre empresse< de les avoir a> Colobier Mlle Moula fit a> cet e faire envoya demander, chercher, Mlle Renaud Cela ne produisit rien, comme je vous l'ai deja dit, & depuis personne ne s'en est mele<. Vous donniez un certain relief aupre>s de moi a> cet objet de mon chagrin., il m'occupoit du moins. Independamment de ma froid- eur pour les traducteurs les traductions, les lecteurs franc+ois allemands &c. / je crois je crois qu'on ne pense deja plus en france a> la parfaite egalite< je doute qu'on la joue, & avant que l'autre piece fut connue la parfaite tyrannie ou la parfaite anarchie regneront en France. Il ne faut plus rien dire a> ces gens qui n'ont plus de theatre interessant que l'echaffaud. Ils y sont tantot auteurs tantot acfeurs, pouroit on les distraire ou faut-il essayer de leur enlever des spectateurs? Non laissons cela. Dans ce moment le monde politique est tout, le monde literaire n'est rien. Voltaire & Rousseau eux me*mes ne se feroient plus entendre au milieu du bruit qu'ils ont excite<. Lundi matin. Cette nuit j'ai pense< qu'a force de desoeuvrement il se pouroit bien que je reprisse Brusquet. Je viens d'ecrire par la messagere a> Muson qui est a> Neuchatel pour quelques jours, & l'ai charge la citoyenne & au citoyen le reproche de M. de Charriere & mon excuse sur la non felicitation & la non embrassade. (Continue< le soir.) Ils sauront le sentiment obligeant de M. de Charriere & cela compensera ma froideur que dailleurs je rejette sur le grand mal de te*te que j'avois ce jour la>. Vous Doyez qu'apre>s tout je suis une bien bonne femme car ce n'est pas tant pour les traductions ni les imprima- tions ce que j'en fais je me f... de tout cela quand vous e*tes loin d'ici. Mon moi literaire. C'est uniquement par bonhommie & encore plus pour n'e*tre pas fausse en sens contraire. Je leur veux assurement beaucoup de bien mais sans inclination quelqu'onque pour leurs personnes. J'estime le mari en sa qualite< d'amant-mari. Sa paternite< qui a pris les devans de fac+on qu'il a e M. de Ch. & lui a dit ce que vous lui mandiez a> cela il ajoute des credulite la maniere des emigre l'envi & a> l'envers les uns des autres. Le Lundi 21 avril a huit heure du soir Votre lettre attendue bien impatiemment est arrive Colombier] Si cela arrive croyez en le mien, mon moi, sur sa parole, il vous assurera lui qui ne s'oublie pas ainsi que nous etions tous deux fort bien quand nous etions ensemble & qu'il faut bien vite revenir. Vous le saviez encore a> Francfort le 13 avril; souvenez vous de cel a & s'il se peut ne perdez pas le fil de vos souvenirs sur cette partie de votre histoire. Quand vous lirez ceci vous saurez deja ce que j'ai receu en me*me tems que votre lettre. J'ai ouvert le paquet & san me donner la peine de dechiffrer tant bien que mal la lettre allemande & l'un des actes ecrit en allemand j'ai cru voir dans l'autre, copie sans doute c'est a> dire traduction franc+oise de celui que je n'ai pas lu, l'instrument d'un divorce. J'ai donne< le tout a> M. de Charriere pour l'enfermer dans son bureau & la> repose cet etrange ecrit avec la lettre explicatoire. Je ne puis gueres penser a> autre chose depuis cette lecture. Votre arrivegarde, c'est-a> dire parce que c'etoit la verite<, au premier qui vous aura parle< de votre femme que vous ne l'aviez pas somme tout le plan. S'il vous interressoit vous ce plan j'en serois faches indiferente cela me divertiro it / que sans que sans le vouloir vous eussiez detruit cette momerie & que tous les intrigans fussent loin de compte. Ils ont donne< & ne peuvent reprendre de grands eloges a> votre conduite. - Vous aviez de justes griefs... vos procedes cher e present que vous etes aupre>s d'eux & que les Junon & compagnie doivent faire un drole de mine se sentant oblige vous vous recevoir a> merveille] Vous me direz tout cela en de toute cette nouvelle manoeuvre. Si c'est pour se remarier convenablement comme je le pense car pourquoi renoncer a> sa pension ou a> un e>quivalent de sa pension si ce n'etoit pour se remarier & cela avec un homme aise tout au moins? Si c'est pour cela je ne doute pas que vous en vous pretiez a> tout ce qu'on desirera de non malhone*te ni malse la septieme puis l'on m'appella pour souper, puis je me suis couche Francfort, je vous suivois a B., je relisois votre lettre ecrite dans mon cerveau, & si je detournois ma pense Fribourg, & Camille ignore le depart de son frere. Il se croit oublie<, abandonne<, sa lettre est desolante. Je la receus hier en me*me tems que la votre. Je lui e fait abusie. Mais qu'importe Me de Staal? La situation de votre sprit telle que vous me la peignez trop bien est presque effrayante. Cela est fini a> present, je l'espere. La realite< n'a pas cent aspects diferens comme les choses imaginies, & vaguement prevues. A present arrive<, vous etant couche< hier, vous y etant reveille< il y a quelques instans , vous parlez a> Cristan, vous caressez Favori, vous songez a> votre dejeune<; les objets vont se presenter un a> un a> vos yeux avec leurs maussades petites phisionomies & ce n'est plus une phalange de fanto*mes tombant sur vous toute a> la fois qui tourmente votre imagination. Il y a deux choses dans votre lettre dont je suis bien contente. Votre sante< & votre coeur sont comme je les desire. Conservez les comme ils sont l'un et l'autre. je repons a> votre derniere frase par la me*me frase: il est impossible de vous aimer plus que je ne fais. Mardi matin. La messagere n'est pas la> encore... Voila qu'on l'annonce cependant il faut vite vous dire que la Reine de Naples & le principal Ministre ont failli d'e*tre assassinis. Cela est tre>s vrai; tre>s sur. M. du Peyrou nous l'a ecrit hier & je crois qu'il le tient du ministre de Prusse a> Turin. On dit qu'il y avoit dans le complot des personnes des plus considerables de Naples & de la cour. On dit aussi que cela fait garder a> Naples des troupes destine personne. Vous me dites de vous ecrire tre>s souvent. Oui sans doute je vous ecrirai tre>s souvent. Pourois-je faire autrement. Adieu. Je vous donne un baiser sur le front je vous serre la main, je vous aime. Ce 22 avril 1794. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 28 avril 1794 Brunswick, ce 28 avril 1794. J'avais commence< ma lettre avant-hier, mais elle e peine le temps de vous raconter en gros la re onze heures ce matin. Quant a> votre lettre elle m'est parvenue dans un moment ou> j'en avais grand besoin. Je vous en remercie mille et mille fois. Elle m'a rendu force et courage, et m'a surtout calme<, ce qui e je me trouvais et ou> m'avaient mis les craintes mal fondes disgracieux, etc. Ma te*te s'est un peu e faire des plans he la cour, mais qu'un mauvais accueil rame>nerait toutes les sce>nes entre Mme de Constant et moi, et tout l'e peine apaise<. Il a parle< d'autre chose, tre>s obligeamment de mon pe>re, et nous nous sommes quitteres. Je di*ne demain chez M. de Fes quoi tout mon but est rempli, et je m'arrangerai soit pour rester, soit pour repartir, si je repars tout de suite, c'est-a>-dire dans trois ou quatre semaines, ce dont on a grande envie, je pourrai bien aller a< Hambourg, y voir les amis de mon ami Mauvillon et voir en me*me temps la ville la plus commerc+ante et la plus libre d'opinion de toute l'Allemagne. De la<, ou> je passerais en ce cas un mois, vous devinez bien quelle route je prendrai, a> moins que mes accidents physiques, que le voyage a ramene moins m'effrayer, tant parce que je m'y accoutume, que parce qu'ils ne produisent / pas de pas de si fa*cheux effets, ne m'obligent a> prendre des eaux mines de vous de quatre semaines. Avant-hier, comme je me coiffais, entre une jeune personne, tre>s bien mise. C'e Charlotte, et je l'ai renvoyes de sa protectrice, par nobile. Quant a> Charlotte, hier je trouvais son mari seul au club. Il m'aborda, me parla de Colombier et de vous, deux choses qu'il ne connai*t que par mes lettres a> sa femme, et me demanda, et termes vagues, mes projets. Je lui dis que mes projets erent Charlotte. Je lui envoyai une carte hier, et j'y ai e cette biographie. J'attends quelque chose de M. Huber. Pre Berlin les lois contre la presse. Le grand J. a dit: " Il aut que le auteurs apprennent a> parler et a> penser autrement." Je crains pour son journal, pour tous ses e son fils la veille de sa mort, et corrige< ensuite son dernier ouvrage. Il est mort avec une naiete< et un courage rares. Il avait re sa femme et lui es bien. Elle fut instruite de son e croire qu'on l'avait alarme propos, lorsque le soir elle vit qu'il e la ceinture, de manie>re a> ne pouvoir remuer. Pour cette fois il faut finir. Je vais relire votre longue lettre qui m'a fait tant de bien et me mettre a> y res que celle-ci sera expere nomme< M. de Wetzel a> Strasbourg, parent des Falkenhaym, des Lefort, et par conse savoir s'il vit, ce qui est tout ce qu'elle de la campagne avec les Falkenhaym et les Lefort, pre>s de Strasbourg. J'ai pense< que vous pourriez, par Mme Achard, faire demander a> Mme Bontems des nouvelles de cet homme. Sa soeur ne veut point qu'on lui e Strasbourg, de peur de le compromettre. Mais par Gene>ve j'espe>re que nous pourrons la tirer d'inquie la poste, il se trouve que j'en ai de e Isabelle de Charrie>re - 28 avril 1794 Brunswick, ce 28 avril d'abord apre>s l'envoi de la premie>re lettre a> la poste. 1794. Je me remets a> vous es avoir relu votre lettre. Je vous ai de propos. J'ere, cet ange tute qui je dois tant, intercep- tait les soupirs pousse l'autre et je cherchai un moyen de soustraire a> sa vigilance au moins une de mes amoureuses e Charlotte sous le nom d'un libraire. Je lui disais lui avoir vendu des livres. Le titre de ces livres e vue. Je savais qu'a> la vue d'un compte de trente- deux louis, le digne pe>re renoncerait a> toute pre sa fille. Comme rien n'e e Colombier, et tout le monde m'y savait, et que les fautes de langue de un homme qui sait un peu l'anglais et qui avait devine< mes relations avec Charlotte. Il lui expliqua le tour et elle bru*la le fatal billet. A vouez que jamais on ne fut plus be*te. Ce n'est pas tout d'e*tre folle, il faut avoir l'esprit de sa folie. ba liaison de Charlotte avec ma petite ci-devant mai*tresse me parai*t toujours plus plaisante. Si ces deux femmes parlent de moi, elles pourront acqueres sur ma manie>re d'aimer au physique et au moral. Elles des de ou> ils sont actuellement. Tant que le pe>re vivra je conserverai tout; lui mort, on me raye. Aussi je ne compte gue>re faire de nouveau des voyages ici, lorsqu'une fois je serai reparti pour la Suisse. On ne m'en tient aucun compte, je ne perds rien; au contraire on prere que je ne les fasse pas et que je reste es un plus ou moins long ses de vous. Je n'en suis point fa*che<, je vous assure, et l'ide e*tre fait chambellan de la margrave. J'aimerais mieux garder cent moutons dans un pre<, sans chien et sans houlette, qu'une vieille princesse dont le c..... a parle< et parle encore depuis cinquante ans. Au diable le babillard, qu'il parle tout seul s'il veut. Je ne me me*lerai pas de la conversation. Ce n'est pas qu'on puisse dire de lui: Ce monsieur-la> n'aime pas le dialogue. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 29 Õavril 1794å Ce 29 Avril. que vous me dites que vous craignez qu'un arrangement pe notre manie>re d'e*tre, & que vous preres retourner a> Colombier, pour y vivre aux de vous, tant pour e ce sujet; de tout. Mes visites, diners, soupers, sont finis. J'ai commence< aujourdhui ma vie solitaire, j'ai de l'ouvrage. Mme Mauv. me donnera bientot l'abres me l'avoir lu, elle a voulu y ajouter plusieurs choses oublies que je l'aurai je rassemblerai tous les ouvrages de Mauv., et je commencerai le mien. Je doute qu'il se puisse imprimer a Berlin. Le Roi vient de faire deneront peut e*tre biento*t cette pa'x des midi les Bourgeois, les corps de me*tier, & les Rerent sur les troupes russes, en massacre>rent les deux tiers & mirent le reste en fuite. L'arsenal, la caisse militaire, l'artillerie, tout fut abandonne< aux insurgens. Le Ge force, & la rupture avec la Russie est ines ce tems la> Koscinsko mes prouve qu'il s'y est bien pris. Je vous prie de copier ou faire copier ceci pour le cit. car je ne lui es autant. Je relis ma phrase, je ne lui ecris pas, vous aimez mieux que je vous e ajouter qu'il ne s'agit que de nouvelles. Cependant je ne vous cacherai pas malgre toutes les douceurs que vous me dites, que touts les trois pages de votre lettre qui traitent des Huber, n'ont pas ajoute< la moindre chose au plaisir qu'elle m'a fait, & qu'elles ont laisse< chez moi pre n'avoir pas embrasse< Mme: il m'est impossible d'admirer votre silence, ni de m'amuser de, ou de m'inte, votre mauvaise humeur contre le sang froid du mari. Je trouve votre reche, & puis c'est tout. Je ne suis pas honteux pour elle de ce que vous n'avez rien up tirer d'autre de votre gozier, parce qu'assure comme d'autres jours, & que par conseres, d'apre>s le plaisir que vous trouvez a leur temoigner de l'indiffe une page qui vaut bien les trois sur le citoyen. Reste l'article Renaud, qui dans votre lettre prend aussi une page & auquel j'espe>re re vous, ni a> moi, ni au travail, ni a> la pension, ni a> leur aisance, ni a> eux. H. m'es je le vois, il ne dit que les gens en question ont abandonne< cette ideve, desquelles vous me dites a> cette occasion qu'elles e pres mauvaise res mal ma situation, depuis Colomb. II est clair que je des vite, que si je voulais faire ma cour, je n'aurais pas de meilleur moyen que de partir de>s demain, & que toutes les fois que je parle de mon ses promptement en Suisse, je perdrais tout le le fruit que j'attens de monvoiage, par l'opinion de mes parens & du Public Lausannois. Je pense donc comme de rester six semaines ou deux mois ici, a aller en passer un a Hambourg, puis a repartir pour Colombier, qui est la vraie place ou je doive e*tre, ou je sois heureux, ou je sois entendu & aime<, & ou j'aime & j'entende. Une fois de retour la> je doute que je revienne ici. Je suis sur de conserver ce que j'ai du D. tant qu'il vivra; je suis sur de ne pas conserver un sol sous le P.H. Il l'a publiquement de moins qu'une fois je ne veuille aller a Berlin & dans quelqu'autre partie de l'Allemagne & que le Duc vivant je ne passe par ici, je ne vois aucune vraisemblance a> jamais remettre les pieds dans cette partie du monde. Je n'ai rien appris de Charlotte depuis mon infructueuse tentative. J'en ferai une seconde dans quinze jours, & ainsi de quinzaine en quinzaine. C'est la> que se borneront mes amours. Pour cette fois ci bonsoir. J'ai e pourquoi je vous applique un froid Madame en commencant cette feuille. Je ne suis d'ailleurs pas encor console< de tout ce que vous m'ere. Dans la me*me lettre ou vous m'es en droit de vous res jolie corres- pondance. Mais comme ils n'en peuvent mais, je n'irai pas me venger sur eux e vous, & je les laisse pour ce qu'ils sont. Une chose seulement me chagrine, c'est que d'apre>s la gloire que vous mettez a hair ce Huber, vous ne lui communiquerez pas mes nouvelles: il faut que je les lui e mon retour jouir de vous & de Colombier sans se chagriner ni moi non plus. Vous avez a prere que le courier de demain m'apportera une reponse a la premie>re, & que cette re ses qualitece. Je concois a pre subsister, non seulement sans embarras, mais avec agrere, partageoit ses opinions; aussi m'a-t-il plus d'une fois rere vous revoir au plutard au mois de Juillet. Aimez moi toujours. Arrangez l'affaire de ma manie>re de diner chez vous comme vous le voudrez. Mais j'avoue que je trouverais tre>s sot de diner chez moi. Ma sante< parait se remettre & je suis sage, Oh] sage que c'est un charme. J'espe>re recevoir de vos nouvelles ce soir. Je vous embrasse, & vous demande un peu de pitie< pour votre traducteur. Vous imprime-t-on a Berlin? & Voulez vous encore un epagneul noir, & s'il erateurs ont ere j nee< de Tuyll / a Colombier / pre>s Neufchatel / en Suisse / par Duderstadt / & Nuremberg. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 2-4 Õmai 1794å B. 2 May. Je veux e*tre pendu si je comprens un mot au contenu de l'es verbal de cette brulerie, lequel il m'a envoye<. Mais il ne m'a parle< ni de copie, ni de traduction francaise: au contraire, tout ce que Mde C. avoit es la lui avoir payes Verbal allemand, je vous prie ou de me les expe dessus. /3 May 3 May. J'ai parle< a> mon homme d'affaires. Plus prudent que je ne pensais il n'a pas consenti a> l'annullation des arrangemens ante mon retour. Je vis ici tre>s toles divers propos vagues, m'a demande< assez subitement: si on vous proposait de vous reconcilier avec votre femme, seriez vous assez faible ou assez bon pour le faire? A cela j'ai re mon Avocat, en le chargeant de voir si elle contenait quelque chose de juridique, & si elle ne contenait rien de tel, avec ordre de la renvoyer imme moins /que que vous ne vouliez que je vous dise du mal des Chaillets et de Mad. Sandoz. On m'a propose< ou plutot indique< un moyen de divorce, que ne produirait nul ere, des fre>res, des oncles, des Tantes. Je ne veux pas ere qu'elle sera bientot consoles d'elle: il ne faut jurer de rien & ils ont bien de l'expes bien l'allemand, a beaucoup de connoissances economiques, & infiniment d'esprit & de caracte>re. Je croirois rendre un Õ...å Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant -3 mai 1794 Votre lettre du 20e de Gottingen m'arrivra hier. Je viens de regarder plus attentivement les papiers en question & j'admire ma be*tise premiere de n'avoir fait aucune attention aux dattes. Ce que je Croyais des aveux nouveaux, de nouvelles demarches sont d'avril & de may &c &c 1793. Dans quelle entrange erreur mon etourderie ne vous auroit-elle pas jette< si vous n'eussiez e la predestination a> la necessite< &c &c. Le mal pour ce defaut-ci c'est qu'on ne sauroit prevenir les recidives. Ce n'est point une erreur que l'experience & la reflexion puissent corriger, c'est une absence entiere de deliberation, une ignorance totale du besoin de reflexion. Telle feuille se presente a> remplir on ignore pour le moment qu'il en puisse exister une autre. Que terrible defaut ce seroit chez quelqu'un qui auroit des affaires importantes a> gerer] Il faudroit comme une fois deja je vous l'ai dit des gens qui regardassent pour ce quelqu'un a> droite & a> gauche & derriere puisqu'il seroit incapable lui de regarder autrement que tout droit devant soi. La honte me fait faire des reflexions bien oiseuses & qui doivent bien vous ennuyer; M. de Ch. vous enverra de>s mardi une cargaison de moniteurs. Je n'ai point vu que votre demande lui paroisse le moins du monde importune. C'est moi qui serai tourmentes qu'un moniteur aura passe< le seuil de ma porte (vers dedans) il me sera eternellement demande<; & me*me ne l'eussai-je jamais vu si o n ne le trouve pas on croira que je l'ai cache<, brule<, donne<, que sai-je? N'imp orte je prens mon parti de tout cela. Quand on a un Constinus c'est bien le moindre / prix qu'on prix qu'on en puisse payer, & sa passion pour les nouvelles doit e*tre gratifies de la posterite< que vous avez craint qui ne fussent f.... Je relirai deux ou trois fois au moins votre charmante lettre. 3 mai 1794 Vous demandez comment je me por e. Je me suis reveilles vous avoir ecrit j'eus une de mes fortes & longues migraines. Je m'etois trop fatigue l'heure je recopiois la page 44 a> la suite de la page 43, puis la page 45 a> la suite de la page 44; & voila que Brusquet sera fini. Si comme vous le disiez un jour votre bonne opinion de ce que je fais se regle sur mes vanteries prenez bien opinion a> present de Brusquet. Les details ont infiniment gagne celle qui la sait, en un mot je trouve a> present la piece charmante & je voudrois bien vous la dedier a> vous, au lieu du D'Orvigni & la faire imprimer tout de suit . Je ne le dirai pas au citoyen. Il vous dedieroit sa traduction... Au reste si cela vous faisoit plaisir;.. Nous verons si je lui dirai mon ide la bonne heure. Vos ne repond rien. S'il repond je vous le dirai aussi tot. Hatewit en est ou> il en etoit. Ce n'est pas une chose aises legerement. Ses soeurs sont d'un autre temperament il faut les bien e Me de Stael & en me*me tems je repondis a> sa jolie lettre dont je vous ai parle<. Je lui dis que Zulma etoit un bien mauvais ouvrage. Oui, voila ce que je lui ai dit en d'autres termes encore plus forts mais moins froids de sorte qu'il y a de la brusquerie & de l'amitie< dans ma maniere de le lui dire. Nous verons ce qu'elle me dira. Si elle prend ma lettre sincerement en bonne part cela lui fera honneur. Ai-je repondu a> tout? Je crois qu'oui. Vos papiers. (Je vous ai envoue< deja la lettre de Gosse venue avec vos papiers matrimoniaux. ) Les Moniteurs. Ma sante<. (Je fus malade avant hier de M. de Malesherbes). Lord Hatewit. Vos. Je relirai votre lettre & s'il y a encore quelque chose a> repondre ce sera par un autre courier. Il me faut pour ce moment ecrire mes deux pages de Brusquet pour l'envoyer au Citoyen & ensuite voir M Chaillet avant son depart. Elle arriva hier ici & aujourdhui Me de Luse la force a> diner chez elle aux Pre>s de Reuse, de la> retourne a> Neufchatel, & de la> va au Val de Travers ou> Me Bois de la Tour sortie enfin de Lyon vient faire des couches. Je suis pourtant bien aise de ce que vous me dites de la Hollande. Ce n'est pas leur faute si leur pays n'est pas plus grand. Il y a dans les Grisons une revolte allarmante pour toute a Suisse. Si j'en apprens quelque chose de bien positif & de bien interressant je vous le manderai ou prierai M. de Ch. de vous l'ecrire. J'ai receu hier une lettre du pauvre Leguale>s. Cet homme a son cote< interressant, distingue< me*me. Sa lettre est d'une naivete< a> la foi & d'une dignite< rares. Je crois l'avoir tout a> coup beaucoup forme< je voudrois bien a> present placer son merite & faire finir une infortune qui touche extremement. Quand je regarde le beau tems ou mes deux jolis tilleuls ou mes sapins qui jettent leurs petits bonnets bruns & sortent leurs petites te*tes chevelues d'un verd naissant je vousdrois bien que vous fussiez ici & vissiez tout cela. Mlle L'Hardy m'a brode< une garniture de peignoir & de jupon; c'est tre>s joli mais j'aurai quelque regret a> le porter sans que vous le voyez quoique vous ne le regardassiez que pour vous moquer de moi. Mlle Louise est tre>s sensible a> vos douceurs & vous aime beaucoup. C'est tre>s bien & ce seroit flatteur vu son bon sens si elle n'aimoit pas beaucoup une quarantaine de pecores a> deux pied de tout age, sexe, & condition. Muson ne vous dit rien, dit-elle, parceque vous vous f.. d'elle. Il y a plusieurs jours qu'elle me chargea de vous le dire. Hier je lui dis votre souvenir. Je vous felicite de votre ardeur pour l'es bon pour vous & ne l'est guere pour moi. Si vous vous trouvez passablement a> Br. si la vie de M. se prete a ce que vous desirez en faire, vous ne reviendrez ici de bien longtems. N'importe il faut se rejouir de ce qui vous convient. Les vieux amis doivent cela a> leurs jeunes amis, tandis qu'il est tre>s permis a ceux-ci d'user les autres a> leur service & de ne les aimer que pour soi car c'est encore bien de l'honneur qu'on leur fait. Je parle tre>s serieusement. Rapellez vous mon conseil. Point de faiblesse, de pusillanimite< de dissimulation; mais point de boutade ni d'humeur ni d'exageration non plus. La pusillanimite< peut amener l'imprudence chez quelqu'un qui n'etant pas naturellement & toujours craintif se fache contre ses craintes quand il en a eues & contre ceux qui les lui ont inspire dire. Gardez vous de tout cela ce qui vous est fort aise< car vous n'avez qu'a> dire toujours ce que vous pensez. Ne vous piquez pas par plaisanterie, ni complaisance, ni bravade de telle ou telle maniere de penser, e Rosalie de Constant - 5 mai 1794 Bronsvic ce 5 Mai 1794. Mon Pe>re me mande, ma che>re cousine, que mon oncle est tre>s malade. Vous sentez combien cela m'inquie>te & je viens vous demander de ses nouvelles. Je vous en demande aussi de Charles de qui j'espes que la sienne m'est parvenue. Beaucoup d'affaires & un peu d'indiffes grandes espe de vous; Vous devriez bien enfin jouir de quelques momens de joie apre>s de si nombreux & de si longs chagrins. Je me flatte toujours de le rouver a> la Chablie>re, a mon retour en Suisse, cett automne. Ce me sera un bien grand plaisir & j'en ai besoin, car malgre< la tre>s bonne reception que me fait ici toute la cour, trop de souvenirs facheux m'assie>gent & m obse>dent, pour que ma vie puisse e*tre agreable. J'eprouve que l'opinion du public & le temoignage de son propre ceur ne suffisent pas pour consoler de tous les chagrins. Je ne vous parlerai pas de celle qui les cause. Je ne l'ai vue qu'une fois & cela pendant un quart d'heure. Eloignes mon arrive ce qu'il m'a semble un effet bien avantageux pour elle. Cependant je ne puis me dere y parvenir sans violence & sans ere ainsi redevenir libre sans avoir a me dire que j'ai rendu malheureux ou deshonore< personne. Je ne recois point de nouvelles de Villars. On dit que les Suisses ont encore souffert: j'ai vu une liste de morts dans laquelle son nom ne se trouvait pas. Mais ces preuves ne mon amitie<, & si je savais ou le prendre, je lui es de Guise, & n'attendent que la prise de 5 ou 6 places fortes pour marcher sur Paris sans s'arre>ter. J'ai recu d'Angleterre une lettre ou l'on me dit qu'on a charge< un officier anglais d'une lettre pour mon Pe>re, laquelle il lui remettra, apre>s l'arrive Paris. J'ai eu quelque envie d'adresser ma re assez de bavardages politiqueÕså. Adieu ma che>re cousine. Donnez moi vite des nouvelles de mon oncle a qui je pre Mademoiselle / Mademoiselle R. Constant / a la Chablie>re / Lausanne / en Suisse / fco Francfort. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 12 Õmai 1794å B. ce 12. Je n'ai recu votre lettre du 29 qu'une heure apre>s le de parce que vous ne m'aviez pas es avoir lu votre lettre j'ai e & n'avais plus entendu parler d'elle. Il y a 8 jours qu'en causant avec mon avocat sur l'affaire du capital que Mme de C. demande au lieu d'une rente, il me proposa un moyen simple, court, & peu bruyant de divorce, auquel rien ne s'opposoit, so elle y donnait les mains . Je lui dis d'en parler a un homme que cette femme a charge< de ses interets, comme d'une ide. Voila> que je vais hier chez M. de Fes ridicule de a part des autres, mais qui approuva ma proposition de divorce complet. Il promit d'en faire part au D. Heureusement, me dit-il, on ne pourra plus dire cette fois que vous voulez vous faire seve en pensant au bonheur que c'egne me re notre entrevue, elle m'avoit, ce qui est assez vraisemblable, propose< de l'enlever, & qu'a> mon refus elle eut eu un acces que l'affaire est entame la cour, que je Õneå sors que pour me promener, & pour voir Mme Mauvillon, qu'on ne m'invite jamais, qu'on ne me fait pas /me*me me*me faire mon service, enfin que je suis ici comme si je n'y e tout cela, je suis tre>s content ici. Je travaille passablement, je ne suis ennuie< par personne, je fais absolument ce que je veux, je vais tous les jours chez M e M. que tous les jours je trouve plus spirituelle, je n'entends plus des de vous, je ne vois gue>res d'etat plus heureux: aussi ai-je presque renonce< a tout voiage: les livres que j'ai & que je puis me procurer ici m'y attachent, & a> moins que mon absence ne soit ne partir d'ici avant le moment de mon de la cour ose me louer sans croire contrarier les intentions de notre illustre Mai*tresse. On a dit il y a quelques jours a Mme Mauvillon que j'avois beaucoup change<, que je vivois de la manie>re la plus rere &c. Il est vrai que jamais saint n'a veres volonte faire avec son bureau ni avec son Testament. Avouez que je suis entoure< d'un troupeau de folles de toutes les classes comme on en voit peu. M de M. a mis sur pied une contribution pour cette pe ite personne: hier j'e contribuer. Je contribuai aussi comme si de rien n'e 80 canons. Apre>s trois mois de Pre assure la paix: il est tre>s sur qu'il y a une mediation en train. La Sue>de & le Danemarc sont a> la te*te; on a voulu y faire entrer les cantons qui ont refuse<, mais une chose assez singulie>re & qu'on attribue aux troubles de Pologne, la Russie, malgre< sa pres, ont battu un corps de 25000 Russes, & pris des canons. Adieu. J'espe>re n'avoir rien de bien saillant a> vous marquer dans ma premie>re lettre, par rapport aux trois femelles qui m'obse>dent: cependant je crois que Charlotte me fera encore enrager. Pour Wilhelmine, & pour Caroline, & pour toutes les ins & ines du monde je m'en --. Je vous embrasse, & vous aime excessivement. Mille choses a M. et Mlle L. de Charrie>re. Apre>s cela il faut bien nom%er mon Donquichotte Muson, & M Henriette. N'oubliez pas ma commission touchant Mme Mauvillon, je vous en prie. Adieu. Je vous embrasse. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 16-17 mai 1794 Ce 16e may 1794 En attendant ce papier qu'Henriette m'apporte j'avois ecrit une lettre pour Me de Mauvillon & apostille< celle que je receus hier de sa compatriote. M. de Ch. s'est charge< de ma reponse non verbale mais ecrite tre>s hone*tement. Je me flatte que vous avez receu ce que vous vouliez & ce que vous ne vouliez pas que je vous envoyasse. Je n'ai pu deviner la distinction qu'il y faloit faire & me suis hatie d'obiire> ce que je croyois e*tre vos ordres. Il n'y a point de harm, a> ce que j'espere, toutes nos lettres sont fort bien arrive la poste.+ Votre lettre celle que j'ai receue ce matin & par consequent cinq ou six heures plutot que je n'etois en droit de l'attendre grace a> je ne sai quelles obligeantes gens a bien sur l'adresse par Duderstadt & Nuremburg ecrit de votre main, mais plus bas Franco Francfort, d'une main allemande. L'adresse est deja mise a votre incluse pour D. Charlotte est par trop sotte. Y auroit-il de l'amour dans cette sottise? Si je le pensois j'en parlerois avec plus d'e cause de cela est elle arrivie avec celle que vous avez envoye. Le sot amour est le vrai, mais ici je crois qu'il n'y a qu'une sotte & point d'amour. Cette demi proposition qu'on vous a jette mourir & dans lequel chacun vous condamneroit a> vous trouver tre>s suffisamment heureuse. A l'heure qu'il est vous passez quelque- fois tout un jour a> planter des pommes de terre ou a> repasser du linge mais ensuite vous passez un autre a> broder & a> lire ou bien vous venez diner avec moi & me dites tout ce que vous voulez sans avoir la> mari qui vous retienne ou vous controle. Si tous les jours il vous faloit faire tre>s regulierement de tre>s minutieuse petites choses cela seroit cent fois plus ennuyeux que d'en faire par fois de tre>s fatigantes". Vous e pour elle, Quant a> vous si je pouvois vivre toujours je ne vous trouverois pas trop seul mais moi a patres qui aurez vous? des domestiques? Cela est fort triste. Une femme aimable & parfaitement desinter- esse que fortune seroit une bien bonne chose. Dans ce moment je ne connois rien de mieux que Mlle L'Hardy. Mais la relation de mari & femme vous convient mediocrement tant d'ame que de corps. Il faut attendre. Je tacherai de vivre & d'empecher que Mlle L'Hardy ne change ou ne fasse un plat mariage. S'il s en presentoit un tre>s bon quant il ne seroit ni biscornu ni cornu je la laisserois faire mais si peu d'hommes mettent assez de difference entre une femme & une femme pour qu'il y ait presse autour de L'Hardy] Il arrive un de ces jours chez M. Berthoud un anglois son fils & sa fille laquelle fille doit epouser le frere de M Berthoud lequel frere arrive donc aussi & aussi la mere & aussi un autre frere, & peut etre aussi un pere & un troisieme frere. La pauvre Me Berthoud nourice de ses deux jumaux garde d'enfant de deux autres enfans succombe d'avance sous le poids de ces deux familles; son mari dit tour a> tour que c'est trop & que n'est pas trop de monde , que les parens de sa femme ont grand tort de tomber comme cela chez lui & qu'ils ont grande raison. Il dit en sautant par la chambre qu'il leur donnera la benediction nuptiale & 6 bouteilles de vin rouge. Il est a> mourir de rire & excepte< les ges dont il n'y en a que deux ou trois chaque siecle je ne connois rien de plus agreable que lui. C'est l'homme le plus original de la Comte< de Neuchatel. A Neuchatel quelqu'un a> qui Muson disoit: il est fort heureux que personne n'ait peri dans l'incendie de la Chaux de Fond, lui repondit: Ah Mlle il y a pourtant un mort] Eh non] pas un. J'en suis sure - un mort Mademoiselle. Il y avoit deux morts, on en a sauve< un, mais l'autre... enfin il se trouve que de deux corps morts deja dans la bierre l'un a es pesant laissoient bruler, qu'il a dis-je ete< porte< de plac e en place de maison en maison si bien qu'il a pu e*tre mis entier en terre le lendemain, mais que l'autre non moins soigni mais moins heureux a es bien fait de quiter vos remedes. Ils perdent de leur efficacite< a> la longue & il faut les suspendre pour qu'ils reprennent ce qu'ils ont perdu. Cela ressemble a l'ascendant que perdent certaines gens par l'accoutumance. Vous n'etes pas de ces gens qui perdent. Vous n'ete pas comme votre quina; plus on est accoutume< a> vous plus on a besoin de vous. - M. de Ch. est revenu de Neuchatel & a ramene< avec lui l'homme dont je ne parlerai plus en bien ni en mal. Il me semble au reste que je ne vous en disois pas du mal je vous disois mes ondoyantes impressions & je souffrois bien plus que je ne jouissois de ce qu'elles avoient de peu favorableÕså. Quant a> lui je crois qu'a peine il s'en appercevoit mais il suffit qu'il ne vous plaise pas en e*tre ennuye<. Je vai diner & je ferai en sorte qu'il n'ait pas a> se plaindre de moi. Nous avons dine< & n'avons point dispute< du tout. Voss n'imprime plus en franc+ois c'est ce qu'on vous mandera par ce me*me courier. Voss indique Gross j'ai dit que vous le conoissiez. J'ai dit le desir que j'avois que vous fissiez traduire & imprimer a> Hambourg. Si vous adoptiez cette ide Berlin: & le fissiez mettre dans le journal que l'on publie; j'ai repondu que j'en serois bien fachie. - Pourquoi? - 1e Parce que j'aime mieux que l'auteur se montre seul & n'appartenant qu'a> lui me*me. 2e parce qu'un ouvrage tronqui & paraissant par lambeaux n'a pas le me*me intere t & n'est pas si bien juge< & ne donne pas de l'auteur de ses principes de ses intentions de la suite & de l'enchainement de ses idies de l'ensemble de ses conceptions une idee aussi juste aussi nette aussi avantageuse. 3e Parce qu'a Hambourg il surveilleroit lui me*me la traduction & l'impression. On est convenu de l'inconvenient du tronque< & morcele< mais on ne pensoit pas que cela fut volumineux & en deux journeaux le tout pouroit paraitre - Mais a> quelle distance paroissent vos journaux? Tous les mois. N.B. Lire en deux fois un ouvrage de cette nature a> un mois d'intervalle fut-ce une semaine d'intervalle est aussi defavorable que ce seroit 4 ou 5 fois. Ce 77 may. Voyez (a present je m'adresse a> vous) Voyez combien cela seroit long & l'ide ce que je crois que vous envoyassiez ici l'ouvrage car c'etoit lui qui devoit le faire traduire, Je le ferois traduire. Au reste cela pouroit signifier seulement je lui indiquerois un traducteur. Il a ete< un moment question du secret de l'incogito que vous lui aviez paru disposi a> garder. J'ai dit que vous ne me paroissiez pas decide< a> cet egard & que je souhaitois quant a> moi que vous ne fissiez rien pour e*tre connu ni inconnu & que seulement si vous suiviez mon conseil de Hambourg cette publication allemande precedant la franc+oise seroit un voile dont vous resterie z couvert pour un tems. Qu'ensuite on devineroit on sauroit. Mais que vous ne desavoueriez certainement pas. Me Huber n'avoit point eu le projet de continuer les lettres comme si elles eussent iti du meme auteur, j'ai dit que des lettres avoient leurs auteurs fictifs qui etoient dans cette occasion Alphonse, Germain &c, & qu'il me paroissoit fort naturel de n'en pas nommer un autre mais qu'elle feroit a> cet egard ce qu'il lui plairoit. je vois que cela deviendra un roman tragique Laurent poura bien e*tre Guillotine<]; A la bonne heure. Pauiine peut- e*tre se noyera, soit. Songez quand vous balancerez l'incognito & le non incognito a> l'impossibiliti qu'on ne devine pas a> l'instant que celur. qui voi t tous les jours la veuve est l'homme qui ecrit la vie du mari; que c'etoit pour se procurer les lumieres necessaires qu'il la voyoit si assiduement; qu'il a ecrit d'apre>s les lumieres receues &c &c. L'allemand me*me ne vous cachera au public que pour quelques instans. Si l'epagneul noir etoit tre>s, tre>s joli il me semble qu'il me feroit plaisir mais je m'en passerai fort bien. Je vous suis tre>s oblige Mlle Louise vous pouriez si vous l'aimiez mieux ne point nommer un louis ni deux ni deux et demi ni trois & a prier de calculer elle me*me lui disant que vous voudriez bien que nous gagnassions un peu sur vous mais que n'esperant uerres qu'elle vous traift si bien que cela vous a priez de fixer un primx qui empeche que vous nous coutiez plus qu'un peu. Cela ne peut, direz vous, se compter bien au juste mais vous voudriez payer a peu pres votre ecot... Ce 17e may. C'est devtre>s bonne foi que j'ai dit croire qu'on vouloit que vous envoyassiez ici l'ouvrage. Je me souviens que pouvant prendre la frase comme cela et autrement je lui donnai l'autre sens pour pouvoir preferer la traduc- tion que vous feriez faire vous me*me. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 23 mai Õ1794å Ce 23 M Je vous ai e votre manie>re de cacheter ni la Physionomie du petit Perse< e J'ai recu en me*me tems une lettre de Huber intacte. Ces retards, ces soupcons ces vraisemblances, toutes ces menes inquie quoi bon? ais je n'ai vu un fi... galimathias comme celui de B. a ce sujet, & je me sens aujourdhui ere d'etre. Elle est toujours pres aise. Je travaille fort a mon grand ouvrage, & il avance. Il y en a trente sept chapitres de faits, desquels je ne suis point mes. Vous savez l'explosion de Lithuanie, qui vient a> l'appui de celle de la Pologne. Tout cela & l'irruption en Flandres embrouille bien les affaires. J'ai recu une lettre de Villars qui re vous. 28 Avril, 2 May, 5, 12, 16, en tout cinq. Les Moniteurs de M. de Ch. ne sont point encore arrives aient eme. Il me semble que pour un mois, c'est tre>s bien. Du reste je ne varie pas sur son compte, je l'aime, & l'estime, & je me fes un bon sermon, c'est moi qui ai sonne<. Adieu. Comme le courier arrivera j'espe>re avant que je sois oblige< d'envoyer cette lettre a> la poste, je veux me reres, s'il a ete, je recois votre lettre, & je vois que vous avez la mienne. Vos le tres sont certainement ouvertes. Voiez le second cachet, N 2. Mais pourvu qu'elles arrivent n'importe. Encore une fois je vous embrasse. Je ne puis ni lire ni rere / nee< de Tuyll / a Colombier / Neufchatel / Suisse / par Duderstadt. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 26 Õmai 1794å Ce 26. Apre>s avoir experes productions. J'ai commence< par deux fois, & chaque fois je me suis laisse< entrainer a des digressions aussi deme ou quatrie>me ligne, a propos des Parens de Mauv., re prerement achete bien de la faiblesse, si vous voulez,mais c'est quelque chose peut e*tre que de se connoi*tre. Je vis a peu pre>s comme vous le de l'exception du diner. Outre que je ne vois pas avec qui je pourrais diner en compagnie, je vois force gens avec qui je ne le voudrais pas. Je me le cinq, je vais alors de tems en tems chez M. de F. je rentre chez moi a cinq ou a> six, je travaille jusqu'a huit, je vais a> une socie ma tre>s uniforme et passablement douce vie. A propos, dans cette socie ce public inconnu que j'eleve un autel comme les anciens aux Di*s Ignotis. Quant aux Dieux connus, ce sont de vilains Diables, ou de sots marmousets qui ne seront jamais l'objet de mon culte. Mon indiffe la Dame & a moi commencent se s'occuper d'un divorce. Je n'irai pas a Hambourg, car Charlotte y va. J'ai vu hier son mari qui me regardoit douloureusement, comme me disant, & toi Brutus aussi, tu ne veux pas de ma femme. Je n'ai plus rien recu d'elle. Adieu. On pend a Warsovie & le peuple applaudit. Polonois & Francois, vous e*tes tous des hommes. je vous embrasse. A Madame / Madame de Charrie>re / ne Colombier / pre>s de Neufchatel / en Suisse / par Duderstadt Benjamin Constant a> Rosalie de Constant - 5 juin 1794 Brunswick, ce 5 juin 1794 Je suis bien touche<, ma che>re cousine, de toutes les choses tendres que vous me dites dans votre lettre du 23. Ce n'e avoir encore bonne opinion, qui m'a fait garger un silence si profond sur tout ce qui regardait cette affaire. Je suis bien puni de mes me cette femme pendant que je cachois les armes que j'avais en main, elle s'en faisait d'une espe>ce bien plus redoutable. Je ne vous dirai pas tout ce qu'elle a re*pandu, tout ce que j'apprens tous les jours; je ne vous citerai qu'un trait, & vous laisse a juger du reste. Pendant mon sejour a> La Haye, je lui ecrivois sur le proce>s de mon Pe>re, & vous savez de qui dans ce tems la> nous avions tant a nous plainare. Je ne pensais pas devoir menager mes expressions dans des lettres a> ma femme, & je parlais quelquefois de ce P. d'O., comme il le merite. Eh bien, ces lettres d'un mari a une femme tendrement aime*e, ces lettres d'un fils sur le malheur de son pe>re, elle en a fait /le plus le plus perfide usage. Elle s'est montrere; mais les impressions n'en existent pas moins, bien que cache me plaindre encore le moins du monde: mais de ceux qui tenaient a> ma femme par leur parente< ou leurs liaisons, de ceux qui se sont attache elle en la protegeant, de ceux qui m'envient un emploi qu'ils voudroient donner a quelqu'un de leur famille & du parti 0. qui n'est pas peu nombreux, se compose une formidable phalange, & l'homme meres, ne me de la longue je puisse me soutenir ici. Ce que je viens de vous marquer, ma che>re cousine, re votre question. Je ne suis point e ce que mes affaires matrimoniales soientf termine pre me bien traiter. On pourrait me*me me prevenir, ce qui serait dere trop bas, il m'a me*me fait dire par Barrat que si les affaires de France se remettoient, il /le hausserait le hausserait. Je n'ai jamais pense< a le hausser et je suis trop content de vous y avoir, je m'en trouve trop bien sous tous les rapports pour y songer d'aucune manie>re. Mais, au lieu de faire aucun changement a notre bail, lorsqu'il sera expire<, car jusqu'alors vous sentez bien qu'il doit rester tel qu'il est, et que je n'ai pas me*me le droit, loin d'avoir le de charge pour le reste de ma subsistance. Cela eque dont une partie est des nombreuse, & demanderait assez de place. Je n'ai pas le local de la Chablie>re assez pre tous) & assez grande pour contenir 3 a> 4 mille volumes. Il me semble qu'a cote< de celle de ma Tante en est une avec un cabinet. Sinon je /pense pense qu'en bas je pourrais arranger un logement pour moi et mon domestique du cote de la vigne, sous la chambre qu'occupoit Victor. Cet emplacement, si je ne me trompe est absolument libre. Tout cela se trouvera quand j'y serai. En attendant ne voyez dans mes projets que le des de vous. Je voudrais bien que ce deche, dure, je voiois se de de pages & demie qui ne regardent que moi seul. Parlons a pre peu pre>s 80 canons. Ils ont une arme la Pologne par les deux partages de 1771 et 1793 sont pour eux. Cependant les Russes et les Prussiens sont des ennemis bien redoutables dans un pays ou> il n'y a ni forteresses, ni de sont toujours ivres, & ils battent toujours les sobres coalise la fin ils s'en repentiront, & je n'en doute pas. Adieu ma che>re cousine. J'embrasse tendrement tous les habitans de la Chablie>re & me flatte de les revoir cet e Isabelle de Charrie>re - 6 juin 1794 B. ce 6 juin 1794 J'ai recu a la fois vos deux lettres du 17 & du 23 avec une foule d'autres lettres retarde la fois ne me rassure pas contre la violation du secret de la poste; mais elle me prouve au moins qu'apre>s les avoir lues on les laisse parvenir a leur adresse & cela me suffert . Je re votre nouvelle de Berlin: il y a deja quelques jours que je suis pre des sce>nes de cette espe>ce: Õneå vous souvient-il pas d'une lettre perdue, ou remise par la ci devant message>re a je ne sais qui. Eh bien] On m'en a rapporte< des phrases entie>res, & je suis a> peu pre>s sur que cette lettre a voiage<. C'est a> M. de F. que je dois cette information; du reste, toute cette infamie n'a point de conse me Neufchatel de gens capables de ces mene savoir. Mon affaire matrimoniale se commence la semaine prochaine, & sera finie d'ici deux ou trois mois: mais je n'aurai gue>res besoin d'en attendre la fin, & je pourrai, j'espe>re me retrouver pre>s de vous dans le courant d'Aout. /J,ai un J'ai un peu peur que nos idere dont il sera publie<. J'en suis tre>s flatte<, quoiqu'un peu honteux. je sens que vous m'avez fait trop d'honneur, chacun dans votre sens. Je n'ai aucune re ne pas parai*tre seul, a> enlist sous les bannie>res d'Huber, en tant que deres besoin d'eche devant moi. Mais vous /m'en avez m'en avez dit du bien, & je ne puis pas ne pas aimer ceux que vous aimez. Comment avez vous pu m'ere ne faire ni l'un ni l'autre, mais s'il fallait choisir mon choix n'est pas douteux. Charlotte est folle, Md de C. est un monstre, le monstre le plus perfide & le plus vil. Je ne vous citerai pas tout ce qu'elle a fait. Qu'un seul trait vous suffise. Dans le tems du proce>s de mon Pe>re je lui avais e. Je vous embrasse tendrement & vous aime bien. Pouvez vous lire mon griffonage? Adieu, a Lundi. Je recois a> l'instant votre lettre du 26 avec 7 ou 8 autres encore, toutes retardes qu'on a recommence< le 23. Je profit de cette pour vous remercier de vos trois lettres, & pour vous embrasser tendrement. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 7 juin Õ1794å Ce 7 juin Je n'ai pu vous e mon Pe>re, & a mon homme d'affaires en Suisse. Je commence par vous remercier de tout ce que vous tentez pour Mad. Mauvillon. L'ide faire qu'a protes mauvais que Mme Mauvillon qui a ici une maison & dont les fils sont placeme> M. Selon conviendroit mieux de toutes manie>res. L'article du Francois est l'unique difficulte<. Vous ai je marque< qu'elle le savait passablement? En ce cas j'ai exage tout ce que j'y gagne. Charlotte est partie. Elle m'a es bien faite. Elle m'y annonce qu'elle renonce a> moi pour toujours, mais finit par indiquer bien des moyens de renouement. J'ai rete que j'aimerais dix millions de fois mieux Charlotte qui est une extravagante que Mad. de C. qui est un monstre, mais j'aime cent millions de fois mieux n'avoir aucune des deux. Quant a> Mlle l'Hardy, je la connais trop peu. Elle m'est agrere est celui de l'insertion au journal. Je vous ai des souvent ne vous, car si je ne vous avois pas, je n'aurois pas mis cette restriction. Nous sommes dans un tems d'orage, & quand le vent est si fort le role de rosea n'est point agrene. Je ne veux donc point e*tre moi, mais e*tre ce que sont ceux qui pensent le plus comme moi, & qui moment actuel, ils valent moins que jamais. Voila> ma profession de foi que j'abre>ge parce que je suis sur que vous ne serez jamais de mon avis, dont je ne suis gue>res. Re l'incognito c'est tre>s fort mon ides senses fines; j'y reve de rompre la coalition. Le de vos frayeurs calmes longtems. Mes affaires divorciales commencent demain. Elles pourrant durer trois mois, ce dont je doute, mais une fois entame peu pre>s dere a> Colombier, d'autant plus que je crois que mon oncle veut la quitter; on me le mande au moins. /cependant j'ai Cependant j'ai recu une lettre de Rosalie qui ne m'en dit pas un mot. Vous e*tes plaisante avec votre preuve de mon amour propre. Vous avez pardonne< a ma cousine d'avoir applati tous les Henley] Pardi je le crois c'e M. Donzel je le nie. Vous avez ele, de la pluie, du tonnerre; des eclairs. Pour moi je me cache quand il fait si mauvais tems. Adieu donc, bonnes petites gens, vous allez devenir ds hetes, Tragiques, comiques, lyriques, parce que je n'aime la poere classe. Il y a cent mille etres de cette espe>ce res fatigue<, & je veux encore ere. Je vous amie & vous embrasse & vous reverrai bientot. Depuis ma lettre du 16 la derniere que vous aiez recue je vous ai ere. Ce sera pour vendredi. Lauriger Boratius, Quam dixisti verum: "fugit vero citius "Tempus Edax rerum]" Ubi sunt, o pocula] Dulciora melle] Rixa, pax & oscula Rubentis puellae? Crescit uva molliter, & puellacrescit Sed Poeta turpiter Sitieris carescit. Quid juvat Eternitas Nominis? Amare Nisi terrae filias Licet & potare. A Madame / Madame de Charrie>re ne Colombier / pre>s Neufchatel / en suisse / fro Francfort / par Duderstadt. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - Õ15-30 juin 1794å Je me suis extermine< a ere que vous e*tes remise de vos frayeurs & de votre migraine. Les Prison%iers que font les francois sont tre>s bien traitere est ni Hanovrien ni Anglais, je ne pense pas qu'il ait rien a craindre. Donnez moi vite de vos nouvelles: au reste j'en aurai recu avant que ma lettre vous parvienne. Si vous ere contient quelques nouvelles qui vous prouveront que tout le monde n'est pas de votre avis. Il me semble vous voir passer d'une indignation a uneautre indignation. Mes affaires conjugales sont entamere que d'ere. Il est sur que ce rapport ressemble comme deux gouttes d'eau a ces des auxquels je m'accoutume. Ma vie est toujours la me*me & mon isolement commence a m'ennuyer. je n'irai point a Hambourg. Charlotte y est, travaillant comme moi a son divorce, & prere. Cette conformite< dans la marche & dans le moment fait un assez mauvais effet pour mes affaires. Tout le monde jusqu'a mon avocat est convaincu que je veux l'e faire ici & beaucoup aupre>s de vous. Adieu. Je vous embrasse. A Madame / Madame de Charrie>re nes de Neufchate l / en suisse. / fco Francfort / par Duderstadt. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 4 juillet 1794 Ce 4 Juillet. Votre lettre du 19 m'a ramene< aux beaux tems de notre correspondance. Depuis quelque tems, elle avait change< de nature: il y respirait un ton de meres, une sorte de deres que vous re a> mon aise: je vous retrouve, & pourvu que vous me permettiez de penser & de ne pas vous ere que ce commerce qui m'ece de de un petit Philosophe qui demeure a deux lieues d'ici, & qui a beaucoup d'esprit, de lumie>res, et de courage. Je vous ai marque< dans ma dernie>re lettre ou en es la marche qu'elle prend, je prere lettre prouvait qu'on n'avoit pas renonce< d'intriguer. Quelle manie] & quel dommage avec tant de bonnes Qualites litte produire & a acces l'examen de mes griefs contre moi me*me. Adieu. Je vous embrasse tendrement. A Madame / Madame de Charrie>re / nere a> Benjamin Constant - 8 juillet 1794 Hier, quand la lettre sur la quelle je comptois, comme si je l'eusse vue, n'arriva pas, je vous trouvai cruel. Le soir on me dit qu'il n'etoit point venu de lettres d'Allemagne. Vous devez avoir receu actuellement toutes les miennes excepte< la derniere qui repondoit a> votre chagrin. Plus je m'occupe de ce qui l'a cause< plus je suis surprise. Dabord il n'y a qu'une seule lettre que je me rapelle avoir e qui vous a blesse< je n'y comprens plus rien & si c'es t celle la> je n'y comprens toujours pas grand chose. C'est un mal entendu & qui est moins sujet que vous a> malentendre? Je comparois ce que vous pouviez faire en Allemagne a> une partie de trisette ou d'echecs qu'on veut louchement gagner joua t-on pour des e une image de votre projet vrai ou supose, de celui que j'avois pour vous, qui le presentoit depouille< detoute importance ree ce que je desirois, disois-je; vous ne vous en etes pas soucie< ou n'avez pas cru la victoire possible. Il faut que j'y renonce.... Voici en deux mots l'histoire de votre cousin. Une famille angloise, une jolie jeune fille un peu coquette & point riche aparemment. Des soins empresse Colombier a> Neuchatel a> l'Ile de la Mott e, & sa mere & sa soeur viennent au devant de son retour jusqu'a> Iverdun. La demoiselle a commence< par pleurer & s'evanouir se renfermer ensuite elle est rentre Lausanne non plus qu'ailleurs il ne reveroit sa fille & que sa porte lui etoit fermie pour jamais. Celle de qui l'on tient ces details a grand peur d'e*tre nommie ou soupc+onnemement admire> votre reponse a> M. Huber. Pas un mot manquant ni de trop. Je suis tre>s aise que vous ayez attaque< le sentiment distingue< du raisonnement. C'est la> du vieux galimathias. Je me suis demande quoi revenoit cette denomination si impropre & si usite l'attention de celui qui raisonne & si propre a> conduire a> certaines e sa place dans une discussion de la nature de celle dont il s'agit & votre attaque ne m'en paroit ni moins juste ni moins victorieuse. Il y auroit une seule chose a> repliquer en faveur du decret & du maintaining it, c'est qu'on ne peut pas faire autrement pour avoir la paix & l'ordre dans une societe<. Cela justifie toutes les intolerances eh bien let them be justifies joli, & tre>s juste, & tre>s neuf, d u moins pour la maniere. Je celebrerai de grand coeur la fe*te de cette corrective Divinite<. M. Huber fait a> merveille mon ouvrage. Il sera vrayment allemand. Le reconnoitriez vous? Peut-e*tre. Vous y avez plus de part que le sonneur de cloches au sermon qu'on admiroit & cela vous aidera a> le reconnoitre. Mais je pense & j'espere que personne que vous ne me devinera. M. Huber m'ecrivoit hier en m'envoyant une partie de l'ouvrage ecrit en caracteres franc+ois que de longtems il n'avoit rien fait avec tant de plaisir. Adieu. Je vous embrasse de tout mon coeur comme, bien inocente du tort reproche< & n'ayant point de rancune cependant des reproches. Ce 8 Juillet 1794. Me de Stael m'a e Rosalie de Constant - 14 juillet 1794 Bronsvic ce 14 Juillet 1794 Je suis bien sensible ma che>re cousine a> votre aimable & obligeante lettre du 1er. J'ai toujours trouve< que le loyer de la Chablie>re e son prix, il ne m'est jamais venu en te*te de regretter qu'il ne fut pas plus haut, & ce que je vous ai marque< n'e ce que mon oncle m'avait fait dire plus d'une fois par Barrat. Mes affaires ici ont change< de tournure: je resterai attache< au Duc, & il a me*me bien voulu prendre des arrangemens pour m'assurer de quoi vivre si j'avais le malheur de la perdre. Mon divorce aussi sera, j'espe>re, bientot prononce<. Ceci, qui surpasse de beaucoup les esperement les craintes dont je vous avais fait part, apporte aussi des modifications a> mon projet d'ere a> pouvoir m'en absenter ensuite au moins pour deux ans. Cela es de Charles termine & vos inquiede toutes mes pre les battre. Kosciusko de de gauche, prend de tems en tems quelque dicoque prussienne, mais cela n'empe*chera ni ne retardera saruine. L'Autriche fait marcher 40000 hommes contre les insurgents. Elle veut se de peu pre>s ere cousine. Mille choses a mon oncl et a> tous les habitans de la Chablie>re. P.S. Je viens de parler a mon hom%e d'affaires touchant mon divorce. Il ne pourra pas e*tre prononce< avant mon de y faire une course d'ici a> 6 semaines pour e*tre de retour ici vers le commencement de l'hyver. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 21 juillet Õ1794å Brunswick, ce 21 juillet 1793, pendant un orage e se plaindre qu'a> se repentir. Ne parlons donc plus de cette lettre du 6 juin ni de ce qu'elle a produit. Il n'y a 6 juin qui vienne, et quand il revie drait toutes les semaines, je ne vous en aimerais pas moins. Jarlons d'autre chose, d'une chose qui me fait un grand plaisir, quoique ce qui l'ame>ne me des que vous aurez rec+u cette lettre, je serai aupre>s de vous: je dis trois semaines, mais c'est au plus tard, et probablement d'aujourd'hui a> un mois je serai dans votre beau cabinet si bien retape<(sic). Mes banquiers me demandent dix mille choses que je ne puis leur envoyer que de Suisse: il faut donc y aller. Apre>s-demain je parais avec Mme de Constant devant un consistoire qui veut se donner l'amusement de faire pour nous rere, invalide. Je n'ai donc de ressources qu'en sa haine, mais si j'en juge d'apre>s mon coeur, et d'apre>s la conviction qu'elle a de la mienne, cette ressource suffira. Me re cette lettre: je serai parti avant que votre re Sete de jeune homme. Il a 28 ans passe cet a*ge on doit savoir ce qu'on fait, et la be*tise me>me n'est pas une excuse valable. Ce qui lui conciliera le public c'est qu'il est riche, ce qui vaut encor mieux que d'e*tre be*te. N'ayez pas peur pour la personne qui vous a dit ces de M. Huber me fait grand plaisir. quant a> votre apologie du de 700 pages, et ce n'est que la premie>re partie. Je compte l'achever d'ici a> un an, et le publier pour pressentir le gou*t de mon public, qui consiste en quelques philosophes ere a> Benjamin Constant - 29 juillet 1794 A 6 heure du matin ce 29 Juillet 1794 M. Ruber a obtenu de demeurer a> Bole. L'affaire fut conclue hier. Nous avions vu la veille son incertitude qui vraiment etoit penible & qui me touchoit presqu'autant qu'elle vous auroit touches avoir es avoir eprouve< tant de defavorable prevention sembloit lui e*tre infiniment doux. Il avoit ecrit de notre maison a> sa femme que l'affaire etoit heureusement termine qui est singulierement bon. Il vint ici vers les quatre heure nous dire sa bonne fortune a> laquelle nous primes part de bien bon coeur, & comme je me sentois mieux dispose< pour lui que je n'avois e la cour pre>s de la Fontaine ou Mlle Louise trouve qu'il fait plus frais qu'ailleurs. Elle es avoir demande< a> M. Huber le succe>s de so n affaire & l'avoir felicite< du haut de la petite galerie. Sa joye m'avoit paru devoir e*tre bonne a voir de pre>s & je la trouvai delicieuse. M. de Ch. fort content aussi bruloit pourtant d'impat ence que M. de Salgas sortit de sa chambre ou> il s'e ses soeurs ou a quelqu'autre personne.) il ne faut pas vous laisser ignorer ce qui se passe pour ainsi dire chez vous & comment n'y prendrie z vous pas le plus vif interet] M. Huber changea plusiers fois de visage & apre>s la lecture fiuie il joi ~t si vivement si feelingly son impression a> la notre a> la mienne, il rassembla avec tant d'interet avec des souhaits si pressans toutes les raisons d'esperer qu'il pouroient nous rester & cela non seulement pour l'amour de nous & de cette famille de Rochement dont nous deplorions le malheur & les craintes mais pour l'amour de Geneve de la socie mes yeux un autre homme. Jamais il ne parla plus mal mais jamais il n'exprima mieux ce que je voulois qu'il eut dans l'ame pour pouvoir prendre a> lui un interet de simpathie. Il lui restoit de logique, d'argumentement ce qu'il en faloit & son emotion lui etoit ce qu'il en avoit eu de trop a> mes yeux enfin je fus contente de lui & j'espere que vous serez content de moi. Je ne demande pas mieux que d'estimer intimement un homme qui vous plait & vous interesse. Voici une lettre de M. votre pere. Croiriez vous que j'etois jalouse au commencement de votre absence de ce que vous les lui faisiez addresser a> M. Huber plutot qu'a> moi] Pendant nos querelles de ces dermiers tems c'etoit presque tout ce qui me plaisoit encore de notre correspondance que ces lettres / que je que je vous envoyois de Dole & celles que j'envoyois a> Dole. Hier je lus avec M. de Salgas l'elegie de Gray. Je fis dire ca que c'etoit que dirges. Je me retrouvai dans mon ivy mantled tower bien contente cette fois car le manteau de lierre etoit de ma connoissance & de mon gout. Le clocher de Colombier si je ne me trompe est ivy mantled, C'est le> peut e*tre que je sui s. J'ai bien eu la passion de voir parfout du buis car je voulois que le yew en fut & point du tout. En lisant les strophes qui suivent. Some village Hamdden je pensai a> ce que je disois l'autre jour des tyrans que contient la foule populaire. ...... nor circumscrib'd alone Their growing virtues, but their crimes confin'd Their lot ni forbids ni confines plus. Je connois Busquet pour l'avoir envoye< a> mon frere pour ses enfans un turbulent bon enfant lui me*me alors, un indifferent scholar, assez gay & facile. Il y a quinze ans de cela. On l'aima et le caressa chez mon frere & il ne revint a> Geneve que pour une prise d'armes . a present il y est revenu de Paris pour ce que vous voyez. Nous lumes l'ode a> l'adversity. La dread goddess parcourt le monde & l'on ne peut pas dire: Not in her Gorgon ferrors clad / nor circled with the vengeful band. / J'ai receu une lettre de mon frere de Ponte de St Maxence. Il a es malade. Ses blessures sont bien. Adieu. Je vous embrasse de bon coeur. Je vous ecrirai samedi la-suite. La voisine est Mlle Õ å . M. de Salgas m'a fait effacer le nom. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - apre>s le 20 aout 1794 Lausanne ce 20 & quel que Aout 1794 Je vais chercher un logement, je n'ai qu'un petit trou au Lion d'Or dans lequel je puis a peine voir clair, je dois aller chez des Avocats, diner en ville, courir a la Chablie>re pour y voir Charles, qui est borgne, ce qui me chagrine, enfin j'ai beaucoup de sottes choses a> faire & je ne suis nullement dispose< a ere de manquer a ce que j'ai rere que dans l'endroit que je viens de quitter. La> c'est l'inconsele, & de la sorte nous ne nous montrons que de sots poltrons & d'incons- e bien le plus sot jeu de mots qu'ait jamais es. C'est bien long, mais il le faut. Pourriez Õ-vouså me procurer 20 bouteilles d'eau de Pyrmont. Vous m'avez dit qu'on en trouvoit a Neufchatel. On n'en a point ici. Si sans peine, & tout de suite car si je ne puis les avoir immele sante<, qui comme vous savez s'est de votre service. J'ai fait une bonne action qui m'a fait plaisir, non comme bonne action, je suis trop accoutume< a en faire, mais com%e attrapant quelques avares honteux. Un Parent maternel, erent pas reculer. Ne recontez pas ceci, de grace. Adieu. Je vous aime tendrement. A Madame / Madame de Charrie>re / nee< de Tuyll / a Colombier / par Yverdon Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 29 aou*t 1794 Pourquoi ne pas m'ecrire? J'ai receu hier la triste nouvelle de la mort de mon frere. C'est le Chirurgien en chef qui ecrit avec sensibilite< & regret & de maniere a> ne pas laisser de doute sur les soins donnis a> son malade. Voila qui adoucit un peu la playe qu'une pareille mort fait a> l'imagination mais la perte, le regret, pour les enfans, pour la veuve, pour mon frere aine< qui avoit trois freres & n'en a plus, tous ces effets aussi longs que douloureux me fourmentent, je les prevois & les sens les uns apre>s les autres avec amertume. J'ai receu une lettre de Mlle L'Hardy commencie pre>s d'Arau finie a> Schaffouse. C'est ainsi que vous m'ecrivez quand vous vous eloignez de moi, mais a> peine revenu vous partez. J'espere que cela vous a e Isabelle de Charrie>re - 5 septembre 1794 Ce Ve, VII 1794. Vous m'ordonnez de vous e l'injustice que je supporte la vo*tre et donc "e vous e lire. Le paquet que vous m'avez envoye< e Brunswick. Il me demande le secret parce que ceux qui s'enfuient les premiers trouvent mauvais que d'autres les imitent. M. de Fe elle se montre ere cadet a des appointements au service de Hollande et la permission de rester chez sa me>re jusqu'a> ce qu'il ait atteint l'a*ge de 15 ans. l'ai*ne vient d'ere, qu'on lui avait accorde< sa demande, et qu'il priait en consere de s'adresser a> lui dans la suite pour cet objet. Je suis un peu inquiet de mes batz, mes banquiers ne re Neufcha*tel quelque chose pour moi, veuillez me l'envoyer tout de suite. Je ne crois pas pouvoir faire e que M. de Charrie>re me demande aupre>s de Durand. Il dere demande, et il est vrai que l'exemplaire de l'Histoire universelle qui est a> la bibliothe>que de Lausanne n'a que les titres qui de M. de Charrie>re. La question est donc de savoir s'il veut garder l'ouvrage tel qu'il est, dans lequel cas mon exemplaire qui est parfaitement semblable pourra servir de mode>le au relieur, ou s'il veut le recouvrir. Obliger Durand a> fournir des titres qu'il n'a pas est au-dessus de mon pouvoir. J'ai di*ne< hier avec Mlle Hoyer: une physionomie a> la Henri VIII (cela a du* faire plaisir a> mon cousin, comme un certificat d'anglaiserie) un sourire assez doux, un peu me 30 ans, une jolie taille, de / tre>s beau tre>s beau bras, pas de sens commun, rien de vif ni de piquant, ni de doux, ni de sense<, ni d'aimable; la voila> Mme de Mauvillon m'e Isabelle de Charrie>re - 9 septembre 1794 Ce 9 Sept. ou 23 fructidor 1794. l'an II. Enfin j'ai recu une lettre raisonnable: j'en suis tre>s aise, car vos deux laconiques epitres ne m'avoient gue>res satisfait. J'avois besoin de ce que vous me dites sur mes vacillations, mes raisonnemens, &c. car avant hier j'ai vu que j'etais si mal compris, me*me par les gens qui me voient le plus qu'il m'en etoit reste< un capotisme que votre lettre est fort a> propos venue dissiper. Chez ma Tante, entr'elle, sa Rieu, & Mlle de sullan, d'esprit guinde<, & de liliputienne figure, je me suis entendu dire pendant deux heures, que j'avais incroyablement de pretentions, que je ne parlais sur l'homme, sur moi, &c. que pour briller, que je n'avais que cet esprit de I'e ma toles mauvais chemin, fatigue< d'entendre ses compagnons de voiage se re ma place, de>s que la conversation a fini. J'ai ri de la manie>re doucette & de la paix que mon expes une paix glorieuse & assures l'ane les royalistes , les ex-nobles, les agioteurs, & les Pre*tres, la France se contreres une expere / nee< de Tuyll / a> Colombier / par Yverdon. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 10 septembre Õ1794å Ce lOe Septembre au soir. Vos Dames ne s'y entendent gueres, mais ne vous enterrez pas pour cela ni ne vous bornez au lac pour toute societe< s'il convient a> votre sante< de ne travailler pas sans cesse. Allez voir par exemple l'auteur de Zulma. C'est une curiosite< qu'il ne faut pas negliger. Vous me repondez fort bien quoiqu'a> mon sens vous ne pensiez pas bien. Il est tre>s vrai que l'experience ne seroit pas finie comme vous l'entendiez, qu'elle seroit au contraire interrompue si la contrevolution se faisoit en France actuellement. Il y auroit seulement ceci de prouve< c'est qu'a> l'heure qu'il est Pitt, les coalise ce que l'experience se finit en France & pour la France. Le mecontentement des allemands, les tentatives des Russes, la dissenterie, l'ineptie des Princes - generaux paroissoient favoriser l'achevement tel que vous le desiriez d'autres circomstances le contrarient. Je dirai moi que la nature des choses s'opposera toujours a> un pareil achevement, & que s'il pouvoit avoir lieu, si en cela je m'e qui contre mon attente elle auroit permis de s'etablir. Peut- e*tre ai-je tort peut-e*tre c'est vous. Je suis fache se pouvoir terminer. Vous direz toujours que la paix avec les ennemis exterieurs n'est pas assez glorieuse & bien assure dire c'est dommage pour un bon esprit de prendre pour la tour du village ou> l'on veut aller une perche eclaire l'entrge du pay**s de Neuchatel le lieu de la sortie & qu'on en prenne un certificat. Bonsoir cher Constantinus. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 11 septembre 1794 Ce lle Sept. 1794 Je suis d'avis qu'un homme d'esprif doit profiter de tout; des louanges exagere beaucoup de sots, puis parceque cela deroute les meilleurs raisonneurs. C'est mauvais parceque cela vous fait micomprendre & me le croire. Il en est de cela comme du pathos; qui en a le knack l'employe. Et pourquoi non? Le raisonnement rigoureux ne mene pas a great way. Peu de choses sont demontrables, & il faudroit presque s'en tenir a> prouver que deux & deux font quatre si l'on ne vouloit aider un peu a> la verite< comme certains joueurs aident a> la fortune. Adieu. Il ne tiendroit qu'a> moi de me rejouir de ce que si peu de gens vous entendent, mais j'ai cesse< d'e*tre vaine et je partage de bon coeur ma gloire avec Me Mauvillon. Pour Huberchen il est allemand & ne comprend pas toujours votre franc+ois. Quelque fois vous lui en dites tant qu'il n'y est plus du tout. A Monsieur / Monsieur Benjamin Constant / A Lausanne / par Berne / partie le lle Sept. / 1794 Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 12 septembre Õl794å Ce 26 fructidor (sans date de lieu ni d'annere lettre, jete< a> corps perdu dans le grand monde. Je vole de di*ners en soupers et de soire ce genre de vie, il a repris pour moi un peu d'agres avoir vu des be*tises plus sales, plus avides, moins brillantes de richesses, par consere de ces british fools m'amuse assez. Ils n'ont pas cette vilenie de nos Lausannois, on ne les entend pas sans cesse parler de trente batz perdus au loto, d'un oreiller emporte< ou entr'ouvert et de n'e*tre jamais finie? Quel bes'in y a-t-il que nous soyons du me*me avis? pourvu que nous nous convenions, / j'espe>re j'espe>re que ni l'un ni l'autre de nous n'est assez fol pour pregle universelle, et je vous de ce que vous me dites de la nature des choses, he ou un autre? Le plus grand sera toujours de ne pas e*tre de votre avis. Votre avant-dernie>re lettre m'a donne< de grands serupules relativement a> Charlotte. Je trouve que je suis avec cette femme sur un pied qui jette sur ma conduite, a> mes propres yeux, un air de faussete<. Pendant que je me moque d'elle avec vous, je lui e elle avec mes lettres sur elle, on me regarderait avec raison comme un fou me prendre. Je vous prie donc et je crois que j'ai presque un droit de le demander, de bru*ler ce que je vous ai e mon bavardage sur moi-meme? tellement deres, eres, cela donnerait le coup de gra*ce a> ma mourante re e Charlotte, voulant me*me la revoir, et assure une longue re vos deux lignes; il ne faut e faire? Adieu, ma laconique, conseillante et aristocratique amie. Salut et fraternite<. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - Õ13 septembre 1794å Quand vous serez ici nous trierons, relirons, brulerons tant que vous voudrez, auparavant je ne ferai rien de tout cela si non relire ce qui se presente, relire toute une lettre dont un coin sort de dessous d'autres papiers. Il nes'egare rien de ce qui est dans mes chambres. Henriette seule y touche, & jamais elle ne lit. je vous envoye une grosse lettre de Charlotte. Ne soyez pas surpris que mes lettres ne soyent plus si grosses. Vous me persifflez souvent cela desseche. Vous ne manquez dans aucune de vos lettres de dire quelque mot dedaigneux & denigrant. Aujourdhui c'est helas je ne sai pas trop ce que c'est que la nature des choses. Vous ne doutez pourtant pas je pense que chaque chose n'ait une nature & si je dis qu'il est de votre nature de persifler vous ne le nierez pas. Je ne sai donc pas sur quoi tombe le helas ni le dedain. Repondrai-je a cela, plus au long? Ce seroit m'attirer quelque autre dedaigneuse frase. Cela me tente peu. Je ne repondrai donc pas & vous me reprocherez mon laconisme. Ma conseillante, ma laconique amie dites vous. Mais si je suis conseillante de maniere a> vous importuner je ne suis pas encore asse z laconique. J'en ai trop dit quand j'ai dit il ne faut epouser ni une Miss Floyer ni une Charlotte, & voici le chapitre des conseils & celui de Charlotte interdit s l'un comme l'autre. A la bonne heure mais ne pensez pas que j'ecrive, quand il n'y aura plus rien sur quoi je puisse icrire en liberte<. Il faut e*tre pour cel a votre amie d'Ecosse and to be sure I dare venture to say que de ma vie je ne lui resemblerai. J'ajoute que si vous vous donnez pour un tiers je suppose, a> Hubertchen & a> sa croyance, pour un autre tiers a> Charlotte & a> sa folie v ous pouvez disposer quant a> moi comme il vous plaira du troisieme tiers. je n'y pretens plus. Je suis bien le maitre dites vous de vouloir ce que je veux. Ah mon dieu qui en doute? Veuillez tout ce qu'il vous plaira. Vous etes surpris que l'interminabilite< de notre querelle me fasse quelque peine & me dites que nous ne devons pas pretendre ni vous ni moi que notre opinion soit universelle. Nous ne le devons pas mais chacun de nous a cette pretention & cela sans y e*tre interesse ou> l'autre ne voit que sujet de douter? Il faut bien prendre mon parti de ce que mon opinion n'est pas universelle mais je ne saurois le prendre de ce que vous & nous n'avons pas la me*me opinion . Ce que vous m'ecrivez est dur, ce que je vous repons est tendre. Si vous m'ecriviez encore quelques lettres comme celle que j'ai receue ce soir je ne serois plus la laconique amie mais l'amie ne disant plus mot. Vous ne seriez plus tourmente< par aucun conseil opinia>trete< d'esprit, Charlotte, politique tout seroit sacre< pour moi, tous les objets resteroient desormais untouched uncontrouled, & vous relisheriez en plein le plaisir de vouloir ce que vous voulez. Je vous bien que vous n'avez pas eu le dessein de m'imposer silence & cependant je ne sai comment vous pouviez mieux vous y prendre si vous l'aviez voulu. Voue demandez ce que je fais tant. Je brode, je joue a> la come>te, je re>ve a> vous, je pense a> ma famille pour laquelle la mort de mon pauvre frere est dns ce moment toute recente, je rec+ois des nouvelles de Me Achard (nous mettons unpetit Bontems chez M. Berthoud) de Mlle L'Hardy, de la Ctesse Do**nhoffe de dmille. M. d'Autichamp lui offre une place dans sa legion. Je ne sai ce qu'il fera. M. & Me Chaillet nous quitent tout de bon demain. Je vous plains du lotto des Lausannois, & de la cuisine des anglois. L'un vaut l'autre a> ce qu'il me semble. Ne pouriez vous pas dire aux gens: je ne suis pas un homme a> qui l'on dise de pareilles betises. C'est me manquer. Cherchez dans vos stupides te*tes si vous n'auriez pas moins quelqu'anecdote quelque conte a> me dire. Vous autres anglois surtout rapellez vous tous vos amis & parens contemporains & des tems passis n'y a t-il pas eu quelqu'homme d'esprit dont vous puissiez me raporter quelque chose? Adieu... Heureusement ce que je viens de dire est une extravagance. Sans plaisanter je vous jure que j'ai presque fremi, un instant, apre>s avoir ecrit adieu, pensant que ce qui precedoi t cet adieu etoit un conseil. Mais heureusement je le repete ce n'est qu'une extravagence. Ce Samedi au soir. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 18 septembre Õ1794å Chez un Lion, Prince de grand courage galant aimable & dans la fleur de l'age Certain vieu Singe fut admis. Le roi, le courtisan paroissoient bons amis. L'un racontoit d'agreable maniere Soit les exploits de sa valeur guerriere Et les lauriers qu'il cueilloit tout les jours, Soit ses plaisirs & ses amours. Le Singe avidement l'e propose. Finie etoit sa propre histoire. De feu son amour propre il s'occupoit fort peu, Et c'etoit du Lion qu'il desiroit la gloire. Pour lui me*me de glace & pour autrui de feu. Ce zele quelque tems ne parut point coupable. Regner au coeur d'un autre est toujours agres long~ems ne sent plus ce besoin, Il est trop satisfait, & cet extreme soin De lui dire toujours ce que de lui l'on pense Lui paroit a> la fin tenir de l'insolence. Il s'en lasse. Prenant un beau jour son parti Je vous aimois, dit-il au singe son ami, Et puis de vous aimer vous faire encor la grace Qui separe a> jamais les Singes ds Lions Vous savez mettre un frein a> vos pretentions. Je consens que parfois un Singe me delasse Par des jeux enfantins & tours de passe passe. Flattez moi, je le veux, avec moi badinez, Mais ne conseillez plus, jamais ne raisonnez. D'un Lion tel que moi la sublime pense quoi bon? Parler est defendu; Car ce n'est pas parler que dire des paroles Q'on sait qui paroitront futiles & frivoles Et quelqu'exempt qu'on soi de sotte vanite< Il faut e*tre en parlant ou se croire e parler a> moi mais puis-je vous entendre? Et porter ma pense vos pieds que j'adore Je viens n'en doutez pas aussitot la porter. Ici l'on me verra jouer, ramper, sauter. Et sans qu'il vous en coute un ordre une parole Sur votre auguste front je verrai ma boussole Le Singe ayant parle< salua, fit un saut, S'esquiva. Revint-il? Il ne fut pas si sot. Ce 18e sept. A Monsieur / Monsieur Benjamin / de Constant / par Berne / A Lausanne / Ce 18 sept. / 1794 Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 19 septembre 1794 N'est-il pas vrai que Me de Stael parle e quelques mots d'une chanson italienne que j'avois e l'heure m'a donne< beaucoup plus d'emotion. Vous voulez conserver l'independance de vos pense refuser a> donner, a> promettre? Si je vous disois que les hommes democrates, quand ils ont e me repondre? Rien je pense. Je ne demande pas moi la liberte< de mes pense conseils. Si excepte< ce mot vous applaudissez a> quoique ce soit dans cette periode vous aurez tot. Vous ne me donnez pas de conseils] Ma foi je le crois bien. Qu'est-ce que je suis? qu'est-ce que je fais? Vous pouriez tout au plus me dire de m'assoir sur une chaise ou sur une autre, de manger des e Isabelle de Charrie>re - 20 septembre 1794 Lausanne ce 20 7bre 1794 Si vous e*tes gere expes dine vous sans menace, sans restriction, m'humilier, vous aimer, & demander gra*ce. Je n'exage>re pas en vous disant que depuis le dere / nee< de Tuyll / a Colombier / Neufchatel / par Berne. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 21 septembre 1794 Ce 21 sept. 1794 A present je suis plus tranquile & puis vous rendre compte de mes impressions. Votre lettre du mardi etoit un desobligeant delire. Vous deviez naturellement en revenir. Si vous n'en etiez aas revenu je pouvois bien vous regretter a> un certain point mais les consolations etoient dans le procede< me*me qui causoit les regrets. Vous me gatez le soyons amis Cinna disoit le grand Conde< a> l'acteur qui jouoit le role d'Auguste, quand il debitoit certain e tirade de mipris pour le me*me Cinna. Vous m'adoucissez (aurois-je pu vous dire) le ne nous soyons plus rien qui est votre voeu. J'ecrivis serva umilissima &c, sur l'enveloppe de la lettre allemande seulement pour que vous vissiez que la votre etoit arrives le depart du paquet je me suis recites permis de me faire la loi que vous voulez que j'observe mais c'est tuer toute liaison entre nous. Samedi votre autre lettre arrive. Elle contenoit plus de repentir qu'il n'en faloit pour effacer des torts plus grands mais vous faisiez toujours les me*mes conditions, ces conditio ns / qu'il qu'il m'est si aisi d'observer a> condition aussi que nous ne sachions plus que nous dire & ne trouvions dans la societe< l'un de l'autre ni interet ni amusemen t. Vous aviez &u le tems d'y penser, vous n'etiez plus en delire. Quoi e*tre si aveugle ou si indiferent sur les suites inivitables de la gene que vous m'imposez] Vous etes surpris d'avoir ecrit des frases de mauvais gout dans la premiere des deux lettres, mais n'etes vous encore plus surpris des choses de mauvais sens qui sont dans la seconde? Tout cela s'expliquera & s'apreciera quelque jour. Adieu. Je vous embrasse encore dans l'espoir que l'explication sera bonne & que l'apreciation faite, nous verons que nous avons encore tout notre prix. A Monsieur / Monsieur Benjamin / Constant / A Lausanne / par Berne / Ce 2l Sept. / 1794 Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - Õ21 septembre 1794å Ce lundi au soir 21 Faut-il que je ne relise jamais ce que je vous ecris que dans ma te*te une heure apre>s que c'est envoye< a> la poste ou 3 ou 4 apre>s] Aujourdhui j'ai bien autant attendu que cela & actuellement je lis, je vous aurois regrette< a> un certain point: a> un certain point] C'est bien exprimer ce que j'eprouverois si j'avois a> vous regretter] Tenez, laissons la> nos paroles & rapellons nous un peu notre conduite, je crois que ce sera le plus sur pour juger de ce que nous sommes l'un pour l'autre. Je me rapellerai pour commencer 4 mois d'hiver passe la voirie. Je viens de recevoir une lettre de la Ctesse. Mlle L'Hardy venoit d'arriver. Mlle Perez a ete< ici, je l'ai renvoyere a> Benjamin Constant - 24 septembre Õ1794å Je viens de recevoir a> la fois vos deux lettres. Je les ai devore Bertrand, & l'aimable caractere de Victorine soyent la> dedans. Qu'y faire. Je voudrois que la traduction allemande valut quelque chose a> Huber, & ne serois pas fache propos d'Alede de Senanges: Ce n'est pas grand chose pour le fond 'est un peu comme les Lettres de Lausanne. J'ai souri & applaudi a cette derniere petite griffade. Quant au talent & la> l'esprit j'ai dit que je n'entendois pas trop ces sortes de distinctions. C'est une femme agreable a> entendre, mais ce seroit folie que de vouloir avoir plus de liaison avec elle qu'avec Mole< jouant a> merveille le plus joli role possible. Il n'y a pas la> de realite<. Nous nous amuserons encore bien des fois a> nous la rapeller ensemble. Il me tardoit que vous l'eussiez vue. J'ai appris que M> de Salgas etoit alle< prendre a> Geneve ses livres & ses meubles. C'est tout ce que je sai. Je pense que le reste est un conte. Me Achard m'a ecrit une lettre que j'ai receue ce soir, (j'ecris en haut elle est en bas & je ne sai pas la date). Elle ne me parle pas de M. de Salgas. J'ai lu la premiere derniere quinzaine & j'ai souhaite< d'avoir la continuation. Je ne sais si M. de Ch. a souscrit. Moi aussi j'aime la liberte< de la presse, ou plutot je l'aimerois si les hommes etoient un peu moins sujets a> abuser de toute liberte<. Quand j'etois petite fille je disois: on fait fort bien de se battre pour un souflet receu, mais des paroles? Elles ne font que frapper l'air; l'air est a> tout le monde, chacun est libre d'y faire courir des sons des articulations &c &c. On me prouva assez bien que certains sons voyageant dans l'air etoient aussi nuisibles qu'une souflet s'apliquant sur une joue. Adieu. Il faut rejoindre Muson. M Cordier est morte. Muson a eu des soins d'elle, admirables, des soins si degoutans, si fatigans, si douloureux] Tout Mon attention dans ce moment est pour elle. Je veux la recompenser, larengraisser, l'egayer. Pour la premiere fois je l'ai receue avec attendrissement & un vrai plaisir. Ce fut dimanche, le lendemain de l'enterrement. Tout le monde croyoit qu'elle seroit heritiere; point du tout ce sont deux parentes eloigne M. de Ch. votre lettre pour lui quand il reviendra de chez sa pupille. Si la reponse est presses souper. Je vous embrasse tendrement. Je vous donne un baiser specialement au front. Ce n'est pas a> present l'heure ou> j'aime a> ecrire de longues lettres, mais je vous vouerai quelque grande matine Benjamin Constant - 24 septembre Õ1794å le 3 vendemiaire 24. 7 bre Quoique je fusse certain que Fevot n'abandoneroit pas un proce>s que quelque soit l'evenement est un moyen de subsister, je suis tres affiige< de cette re>adsignation mon cher ami, et je ne serai tranquille que lorsque vous jouire>s de votre bien; si je fais attention a vos moyens je devrois etre sur que vous triompheres partout, me*me en dermiere instance, car que demande>s vous, rien, que le bien de votre mere, et vos titres sont, 1e mon contract de mariage; 2o le Testamt, de votre oncle de Villars, et 3o les Testamts de vos grands Peres et grands me*mes; ce sont des actes publics Homologue en vertu de ces Titres, je vous ai paye< quand tous mes biens etoient Libres, et que j'ai vendu et achette< d'autre s; je vous ai paye>s lors de votre mariage et c'est la seule constitution que je vous ai fait je n'y ai pas joint un sol de mon bien; vos Titres seuls suffiroient quand me*me vous ne fairiez aucun usage de la reconnoissance de Nbre 1786 ante>rieure de plus de deux ans aux affaires qui vous ont ruine<; fout cela devroit dissiper mes inquietudes, mais Fevot a pour lui May et sa sce>leralesse et je connois le poid de ces moyens. Soyez certain mon cher ami que je fairai tout ce qui sera possible pour avoir un Pasport; le Representant Besson qui peut seul le donner est alle< visiter les mines et les forets du Montblanc, il sera de retour dans douze jours, ma petition est prette et ce sera la premiere qui lui sera remise, j'espere donc vous voir et ne pas retarder votre retour chez vous, je vous y crois tres necessaire, votre affaire ne se terminera jamais dans votre eloignemt je m'y attendois, vous fairez tres bien de ne pas perdre un moment. Je repond aujourdhuy a vos Lettres du 24 et 30 Fructidor arriveetour de Paris; je n'ai pas rec+u encor l'envoy de Francillon et je ne le pouvois pas, vous avez pris la voye la plus sure et il faut n'en pas prendre d'autre; vous avez nes et j'en suis tres content; n'oubliez pas cette debte d'Ivernens elle est sacres a Wufflens. Je suis tres fache< des obstacles que rencontrent l'envoy que je vous ai prie< de me faire, je me consolerai si le The< et le Caffe< peuvent passer, c'est ce dont j'ai le plus besoin, je ne bois point de vin et le caffe< m en tient lieu; les souliers m'etoient bien ne>ces il n'y a person%e qui vous convint mieux, car je vous le repe>tte, il ne faut pas rester isole<, surtout brouille< avec le che>f de votre socies y mon cher ami avant que vous ayez un bandeau sur les yeux. J'e suis fort inquiet pour mon ancien ami et avec d'autant plus de raison que je ne lui crois point ce qui est indispensable dan ces circonstances, et il a peu d'indulgence a attendre; l'eau est absolumt necessaire a son regime; mandez lui mille tendresse pour moi. Je ne suis point tranquille sur vos deux cousins, ils sont dans une mauvaise voiture mal attelee<, mal conduite et ils trouveront des chemins incroyables, il y a des ornieres qu'on ne peut passer, je les connois et j'ai cru y rester. Je vous sai bien bon gre> de penser a l'ouvrage de il y a deux ans, mais mon cher ami laissons passer le jugemt du proce>s apres quoi nous y reviendrons, peut-etre avec plus de succe>s, je veux, si les affaires vont toujours aussi bien, le reprendre sur les lieux me*me, Pantalon n'y sera plus et les machines qu'il faisoit agir l'auront suivi; peut-etre serois je ecoute<; la Reque*te restelicite Charles de prendre aussi gai**ment son parti, et de trouver que les caresses de quelques femmes sont un equivalent de ce qu'il perd; Lausane a une vertu inepuisable d'endormir toutes les sensations] Un bon goute< supplie a tout. Je suis absolum force< d'abandoner ma chaumiere, je ne sai encor si je resterai dans ce Departent; la Paix faite je veux me rapprocher de Paris; Louis me quittera a la fin d'8bre. Adieu mon cher ami, j'ai oublie< de compter les 5 sans culotides ainsi vertreÕ å du 30 est reste Isabelle de Charrie>re - 26 septembre Õ1794å Laus. ce 26 Sept. Ma course a ere lettre a mon timide & faible ci devant protecteur de retourner de Bronsvic, si je n'obtenais pas mon divorce incessam%ent. Peut e*tre cette menace produira-t-elle quelqu'effet, car on n'a surement gue>res envie de me voir a cette cour. Si elle n'en produit, je la res de vous. Sinon, je ne puis lui laisser le tems de faire quelque nouvelle sottise, de devenir grosse peut e*tre, & de me rejoindre avec ce fruit de son 30 amour & de sa 30 annere ne m'annonce pas la re tuer chez moi, est revenu & embellit l'avenir. Je vous avois ere / nee< de Tuyll / a Colombier j par Yverdon. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 27 septembre 1794 Ce 27 Sept. 1794 Voila qyi est aussi desagreable. Je vous ai ecrit deux fois lundi dernier. La premiere fois une lettre la seconde un chiffon, & vous aurez receu tout cela a> ce que j'espere quoique vous n'en disiez rien. Ce que vous n'avez pas receu c'est une lettre ecrite mercredi au soir dans la ple qui cela n'est n'etoit nullement destine<. Votre lettre est mieux venue. J'ai bien ri de l'addresse que vous auriez mise a> Madame de X, mais peut-e*tre n'est-ce qu'un moyen de vous decider dont elle essaye encore, & ce vertueux & patriote monsieur pouroit bien n'exister pas. C'est ainsi que disent certaines gens qui ont terre ou maison a louer ou a> vendre. Je suis faches d'en e*tre persuade M. de Ch. & au chirurgien de l'hopital nous ont fait fondre en larmes & je n'y pense pas sans pleurer. C'est de la vraye douleur sans e M de Stael si vous la voyez que si je refusai opiniatrement l'autre jour- de me rendre le garant du coeur de la comtesse & de son veritable amour pour sa Majeste< de Pruisse je suis plus hardie aujourdhui. Les deux lettres dont je viens de parler m'ont persuade son ami a e Me de Stael l'information ci-jointe qu'elle m'a demandene impatiemment en attendant la come>te. J'ai e 8 heure. Isabelle de Charrie>re > Benjamin Constant -29 septembre 1794 Vous avez encore un peu de fiel contre moi puisque vous m'accusez d'avoir a> toute force voulu tuer chez vous ce desir de gloire literaire qui embellit votre avenir, & donne a> votre gout pour le travail plus de force, de vie, d'intention. Mon Dieu, je ne veux rien tuer de ce qui vous fait plaisir] Quand j'ai cru que vous travailliez trop pour votre sante<, quand j'ai cru qu'il vous convenoit pour un tems de voyager & de mener une vie plutot dissipem on sens pouvoit vous tuer. Et je n'employois pas pour cela des armes perfides, de la ruse ni du mensonge. Je disois que les lecteurs s'e un bon e peut exciter notre intevet l'on peut ambitionner son suffrage comme une posterite< plus prochaine. Peut- e*tre desirois-je par amour propre pour vous vous voir vous elever encore au dessus de ce desir de gloire, vous voir la meriter plus que la rechercher. Cela ne vous auroit pas empeche< de l'obtenir. Ne la desirois-je pas pour vous autant que vous quand je souhaitois que la vie de Mauvillon avec tout ce qu'elle fournissoit de vues politiques & philosophiques a> exposer, vous annonceat au public vous & votre grand ouvrage comme les Lettres persannes avoient annonce dire la> dessus mais elles sont assez inutiles dans ce moment. Vous etes satisfait; vous travaillez sans que cela vous fasse de mal, vous desirez & esperez la gloire literaire, je suis donc contente aussi, je desire et espere aussi. C'est en Allemagne que vous voulez ecrire & publier; vous y voulez du moins (a> ce que je crois) achever d'ecrire une partie de l'ouvrage & publier cette partie la> quand elle sera acheve dire sur tout cela; mon interet ne me fera rien dire, a> peine me fait-il rien souhaiter ni penser. Le votre, c'est -a>-dire celui de cette gloire que vous ambitionnez ne me laisse pas sans quelque crainte sur le stile que l'on prend en Allemagne. Quand vous en revenez il me semble que vos frases sont plus longues, moins nettes. Je fus frappe la fin ... cette pesante attaque un je grele de sarcasmes se trouvoient comme je viens de les ecrire a> la suite l'une de l'autre, & c'etoit dans la gre>le me*me que consistoit la pesante attaque. Le ciel ne vous fit pas pour e vous venir & ne pas vous choquer assez pour e*tre aussi tot repousse moi, mais l'influence de l'Allemagne ne se bornera pas la>; elle agira jusques sur l'esprit, et la pense vous simple, claire, lumineuse. Voila du moins ce que je craindrois. Si j'ai tort ou si cela vous est e la bonne heure, & cela me deviendra egal aussi. Je ne serai pas moi avec la posterite<, je n'entendrai pas ce qu'elle dira, je suis plutot avec vos ance*tres. J'ai lu attentivement la derniere quinzaine en question. J'y ai vu les esperances infiniment ridicules d'un parti profondement mal. Je crois que l'auteur a raison. Robespierre maintenoit la revolution, mais comment auroit pu se maintenir Robespierre? Si le ciel a decrete< la republique je crois qu'il faudra cette succession pour y arriver. Jabins Convention guerre Civile Roi, dictateur republique Qui y a t-iI a> present qui puisse l'etablir ou l'affermir? Les armes que le bras qui les a pouse mon avis il n'y a que cela qui doive diminuer les regrets des amis de la republique. S'il est encore a> present un ressort qui l'anime a> la fois & la dirige ce ressort est invisible pour moi. Vous voyez a quel point j'ai envie d'e*tre de vos avis & combien je me suis tourmente causer. Je trouve l'arrangement Marnetz assez patriarchal. La mere du fils aine< sera dans la maison de son mari & prendra soin de son fils. Une autre femme fera d'autres enfans. Quand Me Huber vouloit analiser ses deux epoux c'etoit un projet bien plus etrange. La Rachel & leurs servantes vivoient ensemble chez Jacob. Ce Lundi matin 29 Sept. 1794 A Monsieur / Monsieur Benjamin de / Constant / A Laussnne / par Berne / Ce 29e Sept. 1794 Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 30 septembre 1794 Ce 30 7bre 1794. J'ai recu vos deux lettres du 24 & du 27 qui m'ont tranquillise<& m'ont fait grand plaisir. Je vous avoue que votre silence me sembloit inexplicab le. Je pars a l'instant pour une nouvelle commission dont je suis charge<; je serai de retour ici demain soir: j'ignore combien de tems j'y resterai. Mon Pere n'avait pas encore recu les assignats lors de sa dernie>re lettre & je ne puis partir d'ici que quand il les aura. Mon voiage de Copet a assez bien rerement. Je la crois tre>s active, tre>s imprudente, tre>s parlante, mai s bonne, confiante, & se livrant de bonne foi. Une preuve qu'elle n'est pas uniquement une machine parlante, c'est le vif interet qu'elle prend a ceux qu'elle a connus, & qui souffrent. Elle vient de res trois tentatives couteuses & inutiles, a> sauver des prisons & a faire sortir de France une femme, son ennemie, pendant qu'elle e Paris, & qui avoit pris a tache de faire e plus que du parlage. Je crois que son activite< est un besoin autant & plus qu'un me la source de ce que vous lui reprochez; si tant est que le reproche soit fonde<. Elle loue trop les gens parce qu'elle veut leur plaire pour se livrer a> eux sans re Rolle, chez un M. Rollaz, avec des Genevois, entre lesquelseve, sans avoir pu encore en ressortir. J'ai soupe< a Nyon avec M. de Viney. Vous voiez que j'ai eu bien des bonbeurs. La Quinzaine est dese. Je m'ennuie fort de courir Les grands chemins sans aller a Colombier. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - Votre lettre est arrive Berne. Si on le peut on portera ce soir votre billet a> Madame. M. de Charriere est occupe< a> copier l'article de votre lettre qui exprime combien vous mettiez d'empressement & m'enjoigniez de diligence dans cette affaire. Elle ouvrira votre billet si elle veut & envera une reponse a> la poste si elle le veut & peut. Suppose< que vous ne receviez pas de reponse vendredi vous l'aurez samedi par le courier de Berne. Je suis fort aise d'avoir si bien devine< une assemble votre cousine. Vous avez peut-e*tre raison & dans le fond tout cela m'est fort e, le moment d'apris ce n'est rien. Votre lettre est bien courte, mais je ne le trouve pas mauvais du tout. Au contraire. Occupe< comme vous etes c'est beaucoup de m'avoir ecrit & de promettre de m'ecrire vendredi. J'ai receu encore une lettre d'Angermunde. Elle m'a fait presque pleurer & tout a> fait rire. Voici enfin des nouvelles d'Allemagne. Dites leur que je ne m'appelle pas Chandieu ... au reste a> Colombier on ne peut gueres apporter une pareille lettre qu'a> moi de sorte que la meprise est assez indiferente. Bonsoir cher Constantinus. Je vai ajouter quelques mots a> une lettre que j'ai ecrite ce matin a> Me Rchard. Pauvre femme je la crois bien lasse de Geneve] M. Jacob Tronchin a abandone Rolles, & leurs effets dans une barque qui n'attendoit qu'un bon vent pour venir a> Rolles. Je viens de voir M. Baron ere a> Benjamin Constant - 4Õoctobreå 1794 Ce samedi 4e sept. 1794 Je viens de faire un petit billet a> belle tournure pour votre cousine Rosalie. Donnez le lui je vous en prie. Je puis supporter beaucoup de ridicules mais celui d'e*tre jalouse d'elle Me de Stael, Comme le vieux Corneille l'etoit du jeune Racine me seroit plus facheux qu'un autre. n'y a pas beaucoup du Corneille ni du Racine dans notre fait mais c'est egal. Le sentiment en question est d'autant plus vilain chez la personne a> qui l'on enleveroit moins de gloire. Il n'y a que de bien vilains pauvres qui se battent pour une obole. Qu'on me croye jalouse de Me Stael a> cause de vous & rien a> cause de notre petite re tout que nous avons dit. Vous puisez beaucoup d'indulgence pour les autres dans la connoissance & le souvenir de vos propres travers. J'ai pris moi de la rigueur pour moi me*me dans la connoissance & / le vif le vif sentiment des travers des autres.+ Nous avons beaucoup parli tournures, phrases formes; Me de Narbonne vous; le besoin qu'on a de formes & tournures. C'est fort bien pour obterir, parvenir, re dire pour les desinteressee vos yeux avec une confusion extreme. Me de Stael avoit lu l'Inconsolable. Gardez Brusquet comme votre propriete< e suis fachie< qu'il ne v lle pas mieux qu'il ne vaut. Demandez aussi quelque jour a> M. de Salgas l'Inconsolable & gardez le. Ce seroit quelque jour de petites reliques qui nous amusent un peu. Schakespear avoit mis une partie de l'histoire d'Angleterre en tragedies, moi j'ai mis en maniere de comedies moi me*me, presque toutes mes idies sur les rangs de la societe< les on pouroit dire que nous ne faisons chacun que la moitie< de ce que nous devrions faire. / besoins besoins des hommes & sur la pitie< les e soi. Quiconque liroit l'Emigre< l'Inconsolable Brusquet & Elise, me liroit moi a> peu de chose pre>s sur tous ces points. Je ne dis pas que cette lecture fut pour cela fort interressante. Les pensies par elles me*mes n'ont rien de bien lumineux & la personne a> qui elles apartiennent ne leur donne pas grande importance, ma quel che posse dar tutto lo dono. Voila un vers estropie< de l'Arioste. Je ne vous ai pas damandi ce que vous aviez a> faire a> Iverdun. et c'efoi t moins par discretion que par distraction & parceque j'ai cru a> vue de pay**s que vous aviez la comme a> Rolles & Nion des commissions pour x ..... Si ce n'est pas cela & que vous puissiez en m'ecrivant me faire entendre ce que vous ne m'avez pas dit comptez sur mon interet bien vrai bien vif ... Adieu l'on sonne le diner. Je meurs de froid & de faim & je vai vite descendre. Le soir, ce soir. Je n'ai rien receu de vous c'est tre>s naturel. Je suis cependant tre>s impatiente d'aprendre votre arrive Isabelle de Charrie>re - 7 octobre 1794 Lausanne ce 7 8bre 94 Il me enes qui rappellent celles de vos comene ou sept ou 8 emigrece, & jamais on ne fit de vos talens descriptifs un plus complet eve s'adoucissent. On a propose< samedi le rappel des bannis & la restitution des biens confisquere. Voici un billet pr M. Huber que je vous prie de lui faire tenir tout de suite. Il est important pour ses arrangemens d'Allemagne. Il faut qu'il l'ait encor ce soir sans quoi un arrangement avantageux que je puis faire pr lui manquerait. Je vous le recommande. Je vous embrasse. Adieu. A Madame / Madame de Charrie>re / nee< de Tuyll / a Colombier / par Yverdon Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - Õ7 octobre 1794å Ce Mardi Je vous avertis cher Constantinus que je n'ai rien receu de vous ni samedi par Iverdun ni lundi (hier) par Berne. Je vous ai e Mrs des postes les priant de vouloir bien expedier & faire remettre la lettre a> son adresse le plus promtement possible. S'ils continuent sur le me'me pied qu'a present je suis d'avis qu'on ne paye plus de port & qu'on regarde ce qu'ils font comme un acte de pure complaisance auquel ils ne mettant pas toujours toute la diligence possible. (J'ai e j'admire beaucoup de choses & blame quelques exagerations. Pourquoi parler de sang quand il n'y en a pas eu precisement de repandu? C'etoit bien assez, pour interresser, indigner, pour produire tous les effets intended, de ce qui s'etoit passi reellement. L'auteur n'a pas mieux su la constitution d'Hollande que l'histoire de Charles 12. Dix sept villes formant par leurs depute autant de fautes que de mots. Ces sortes de hardies erreurs rendent un peu suspectes toutes les allegations qui ne sont pas accompagnies des preuves les plus authentiques. Les details de toute l'affaire dont il traite sont odieux, mais quant au fond de l'irregulier procedi ne pouroit-on pas dire que certains actes assez indiferents en eux me*mes annoncent & commencent un etat de guerre qui oblige & par la> autorise le menaci a certaines hostilite moins de grandes violences qui me*me viendront trop tard peut-e*tre pour e*tre successfull il finira par e*tre vaincu . Les premiers mouvemens en France ont e out prix la defaite il faut traiter. Je voudrois savoir ce que l'auteurest devenu & ce qu'il a pensi de l'aristocratie de Robespierre. Je voudrois bien savoir si quelque chose est possible hors de la tirannie d'un seul, de la tirannie de plusieurs, du desordre & de la confusion de tous. A Monsieur / Monsieur Benjamin de / Constant / par Berne / A Lausanne Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 11 octobre 1794 Ce 11e octobre 1794 S'il vous reste des courses a> faire prenez une bonne voiture fermes cela vous viendrez ici & que le grand plaisir que j'aurai a> vous voir vous fera trouver que ue plaisir a> vivre. Vous me dites avec bien de l'esprit & bien des anthite>ses que vous n'existez presque plus. Fort heureusement je n'en crois rien. Aujourdhui vous avez dine< chez Me de Stael & suppose< que vous ayez eu encore ce matin votre melancolique humeur de hier, elle est surement passe neuf (pas tant a> neuf; vous vous serez refait ce que vous etiez il y a quelques jours.) vous vous trouvez a> l'heure qu'il est il un tre>s aimable Constantinus. Il ne s'agit pas de vege vous & peut-e*tre a> d'autres par interet, pitie<, estime & j'aurai produit l'effet que produit la haine. M. Schol est en colere & sa colere ne s'exprime a> ce que j'ai lieu de croire ni noblement ni poliment, ni e mes lettres retarde la pense la vie d'autrui. On a accuse< a> Lausanne M. de la Roche d'avidite<, a Paris on rendoit justice a> son desinterressement. Vous l'avez vu tous les jours chez moi me donnant des soins jamais il n'a voulu consentir a> ce que je le payasse. Un vieux petit bouloir de cuivre que je ne pouvois emporter & quelques bouteilles de vin de Bordeaux furent les seules marques de souvenir & de reconnoissance que j'aye pu lui faire accepter. Oh Dieu] quel odieux monde que celui-ci] Que de haines de perse cet honne*te homme. Nous eumes hier un bal de pressureurs & vendangeuses ou> j'assistai de huit a> neuf, & de 10 a> minuit. J'eus le bonheur de plaire beaucoup a> toute la compagnie & il n'est bruit aujourdhui que du plaisir qu'on a eu a> me voir. J'ai cause<, j'ai ri. On arre*te Henriette pour lui dire des douceurs sur son gros baron. Il y a une heure que M. Sandoz le fameux Sandoz des duels et des femmes s'est avise< de nous faire une visite. J'etois la> bas avec Muson & M. de Ch. Votre lettre venoit d'arriver. Muson dit que quand j'ai du plaisir a> voir entrer les gens mes joues se colerent & qu'elles palissent quand c'est le contraire, aussi m'a-t-elle vu palir. Ce matin revenant de la ville la me*me Muson m'a rapporte< une nouvelle tre>s rejouissante. M. Godefroy Tribolet, Chancelier en survivance de cet etat, tre>s honne*te homme, tre>s peu riche, lisoit l'autre jour a haute voix aux parens assembles bien fait de n'adorer aucune des reliques de Copet. Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 14 octobre 1794 Lausanne ce 14 8bre 1794 Mon Pere m'e Lausanne. Cependant le Rep. du Peuple de qui dere devait e*tre a D. dans le courant de la semaine & si on lui accorde sa demande, nous nous verrons tout de suite. Avant la fin du mois je pourrai donc vous embrasser. J'ai vu Madame & Mademoiselles Achard. J'avais promis de leur faire une visite. Une foule de choses m'ont arre*te< ailleurs, & je les crois parties. Je tenterai nere e fait Tallieniste, & c'est avec plaisir que je vois le parti mode la hauteur des Principes. J'ai achete< pour les Huber une charmante voiture & presque pour rien. Je suis sur qu'a Hambourg ils la revendront le double. Si la paix se fait comme je le parie & que la Re & si je n'irai pas voir, au lieu des stupides Bronsvicois & des pesans Hambougeois, les nouveaux Res l'avoi r inutilement cherche< chez lui de ce que vous m'aviez dit des perses vos directions. Voici une lettre qu'il seroit bien bon que Huber eut de manie>re a pouvoir rere que je ne vous donnerai plus la peine de ces envois. Mais comme il m'avait charge< de conclure pour lui un marches solide, & point laid pour 20 louis. Il en a coute< plus de 100. Si c'avoit ebre, qui jusqu'a pres sot mari, qui lorsqu'on vient voir sa femme, passe dans la cuisine, (ils n'ont, comme vous jugez bien, qu'une chambre & une cuisine,) & se met a la fene*tre. C'est peut e*tre cette rere & de maquerelage qui m'a dequement mauvaise. Je ne me rebute cependant pas, je prens des remedes comme un forcene<, & je passe ma vie dans l'eau. Si je meurs je n'aurai rien a me reprocher. Avant de faire cette opere pourtant vous revoir & dans cet espoir je vous embrasse. A Madame / Madame de Charrie>re / nee< de Tuyll / a Colombier / par Yverdon Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 14-16 octobre 1794 Voila une lettre de Me de Stael du 8e oct. que je receus hier 13e. Faut'il l'ennuyer d'une reponse? je ne pense point. Ayez la bonte< de lui dire de ma part que je ne sai rien de la Hollande que par les gazettes. Vous me disiez l'autre jour que vous n'echapperiez pas a> de facheux after thoughts filiaux. Ce seroit un m lheur bien peu meriti. Je troquerois volontiers ma conscience filiale contre la votre. Vous etiez autrefois un enfant qui avoit a> se louer & a> se plaindre, & qui ne se plaignoit pas mais qui safisfaisoit ses gouts bien plus a> son propre detriment qu'a celui de qui que ce soit d'autre. De>s que vous avez es bonne pour vous la donner vous connoissant fort bien & ne vous ayant jamais flatie sur rien au monde. Nous avons aujourdhui Mrs du Paquier Vernon & de Branle. Ils s'annonce- rent hier. Henriette m'apprend que les Fanchon & Lisette sont occupies la> bas comme pour la noce de Gamache. J'en ai une honte aristocratique. Il me semble qu'autrefois tout n'etoit pas chez moi sens dessus desous pour frois ou quatre convives. Ai-je donc banni de cians toute bonne grace, & noble habitude? Qu'importe en tout cas] Revenez seulement vous, pour que l'on ne se tremousse pas de la sorte. Vous occupez cependant car Mlle Louise a seche< une infinite< de petites poires a> votre occasion. Et cela est juste qui est plus digne que vous d'occuper? Adieu M. de Ch. va samedi au pay**s de Vaud. (Tournez) J'ecrivis cette premiere page avant hier matin et dans le me*me tems je m'enrhumai de maniere que mon cerveau fut tout le jour & encore hier dans un etat e vous m'aviez averti que vous ne pouriez m'ecrire & je jugeai qu'il ne faloit pas non plus vous e ce qu'on m'a dit. Votre lettre du dernier courier etoit si triste & respiroit un tel abattement qu'il craignoit que vous ne fussiez serieusement malade. J'avois eu le bonheur, moi, de n'y voir qu'une disposition passagere telle qu'un peu de Stael la dissiperoit aisement. M. de Ch. part aujourdhui. M Achard est au pay**s de Vaud. Ne vous remonterez vous point? Elle est ambulante & vous aussi. Adieu. je vous embrasse de tout mon coeur. Je reprendrois mon violent mal de te*te si j'ecrivois plus longtems. Il me tarde bien que vous veniez ici. Ce 16e oct. 1794 Mandez moi ce que vous dit M. de Feronce. Les deux lettres ci jointes avoient e present de tous ses cote Isabelle de Charrie>re - 17 octobre 1794 Lausanne 17 8bre 1794 Une lettre de M. de Charrie>re, point de lettre de vous, & deux pages de M. Huber qui ne reve & qu'on se bat a> force. Bonn & Cologne sont pris. Bois le duc & Maestricht ont eu ou vont avoir le meme sort. La main du Toutpuissant, quelqu'il soit, se des content de l'inteves republicains se res avoir prouve< qu'elles sont hors d'ere / nee< de Tuyll / a Colombier / par Yverdon Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 18 octobre 1794 Je n'ai receu que ce soir fort tard votre lettre du 14 avec le petit billet pour Auberchen. Nos domestiques hommes etoient sortis. Henriette a couru au village. Elle n'a trouvi personne qui voulut aller par la boue & les tenebres jusqu'a> Bole. Nous renoncions a> regret a> faire ce que vous souhaitez de nous quand Guillaume est revenu. Il court a> Bole & la cloche du souper l'apelle en vain ns ce moment. J'espere qu'il reviendra avec une reponse que je vous enverai. Vous savez deja a> l'heure qu'il est (si toute fois la poste de Berne va mieux que l'autre) vous savez dis-je que nous n'avions pas mercredi la lettre ni le billet de mardi. Je ne receus rien & ne vous accusai pas. Voyez bien vite M. votre pere puis venez. Il m'est impossible de vous rien dire sur la politique. Hier dans mon lit je lus la prise de Bois le Duc & leÕså 408 emigre Strasbourg ou> elle a arrete< le jeunne homme en question pendant un mois. Il espere achever sa guerison a> Neuchatel en prenant des alimens sains qui lui ont manqui en France. Il se peut que cette situation des choses serve a> la chute des Jacobins. Ils ne / pouront pouront (peut-e*tre) allumer un patriotisme brulant & massacrant dans des ames que l'inanition doit avoir abattus. Au reste on mange peut-e*tre a> Paris mieux qu'en Alsace & en Franche Comte<. Je suis aussi contente que vous des Merlin & de Bourdon de Loise, mais Maure mais Audoin parleroient-ils comme ils font s'ils n'avoient l'espoir de se soutenir? Clemence & Marchand sont sortis de prison. Je ne sai du tout ce qu'il faut croire. Je ne vous animerai plus par la contradiction. M. Berthoud qui est la> bien depuis quelques instans ne pense pas que la prise d'armes de Geneve soit bien meurtriere. Il ne s'agit dit-il que de faire rendre gorge a> des gens qui ont vote< l'argenterie extorquie comme pour la nation. Excepte< quelques individus ce peuple Genevois s'il s'entre detruit n'est pas regrettable. Pauvre Me Achard. Je serai fort touche Epenay & vous cherchera a> Lausanne. Si Montgaillard est interressant vous me l'apporterez. Il n'est guere possible de repondre a> une lettre comme celle de M de Stael, & lui jetter a> mon four quelques e M. de Ch. & quand la reponse de M. Huber sera venue je fermerai ceci. M. Chambrier a force de donner sa femme la garde. Ce 18 oct. 1794 Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 20 octobre 1794 Ce mercredi au soir 20e oct. 1794 Restez ou> vous etes cher Constantinus. Il ne fait point beau a> Colombier tandis qu'il fait tre>s beau a> Lausanne & a> Meseri. D'ailleurs vous ne seriez ici dites vous que pour peu de fems, & puisque vous devez e*tre absent de la Suisse au moins 2 ans, autant vaut-il s'accoutumer plutot que plus tard a> vivre sans vous. Cela me sera tre>s possible mais ni plus ni moins il le faut. Dans la belle saison je vous dirois venez passer ne fut-ce que 3 ou quatre jours avec moi, mais tantot la bise tantot le brouillard ou la pluye rendent les voyages de cette saison mal sains & de la bonne heure, .... Si je savois quelques autres expressions d'assentiment plus formelles je les employerois & vous auriez une certitude entiere de n'e vous que je propose d'en jetter ni pour qui je trouve dificile d'en repandre de tre>s agreables detre>s merite d'aucuns, a> moiil vous est si facile de rassembler tous les traits du plus charmant eloge que pre>s d'elle vous devez la louer toujours, tantot par votre maniere de l'icouter fantot par celle de lui repondre. Je crois tout ce que vous en dites. Je la crois tre>s spirituelle & non moins bonne que spirituelle, et avec cela officieuse & obligeante ce qui d'autres / (moi (moi par exemple) ne sont pas & ce qui met la bonte< a> l'usage de tous les jours & de tout le monde. Je vous ai prii de repondre a> sa lettre de ma part pensant que cela vous seroit agreable a> tous deux & a> moi comode. je ne sai pas repondre a> des lettres comme les siennes, ni lui jetter de fems en tems des louanges comme elle a la bonte< de m'en jetter. Voila tout. Ne vous fachez pas. Si je suis une assez platte criature, si d'ailleurs vous connoissez si bien tous mes foibles morceaux politiques &c qu'au premier mot que je dis sur un sujet quelquonque vous croyez voir une mine de sottise dont vous devez prevenir l'exploitation, ce n'est pas ma faute. Vous avez bien de la peine. Il vous faut refermer l'ouverture de la mine, & rouler dessus de grosses pierres pour rafermir le terrain; cela vous ennuye; compatisco, mais je ne saurois qu'y faire. Je suis fort aise que la prosperiti emigrie de Geneve s'etablisse chez vous. Je vous embrasse tendrement, quoiqu'un peu pique Isabelle de Charrie>re - 21 octobre 1794 Lausanne ce 21 8bre 1794 Votre lettre du 16 m'est parvenue samedi, celle du 18, hier. J'ai vu M. de Charrie>re, & ai dine< hier avec lui chez Mad. de Saussure. J'espe>re de avoir un passeport, de manie>re que je suis toujours incertain & toujours cloue<. Cependant je vous verrai des. Sera-ce pour longtems? Je crains que non. Mes affaires ici se multiplient, & dans mon plan de m'es vagues sur les affaires publiques, choses d'autant plus tristes que dans ses lamenations il ne savait pas la moitie< des malheurs qui avaient eu lieu. Je concois votre horreur, & votre dere. Mme de Stael a infiniment plus d'esprit dans la conversation intime que dans le monde: elle sait parfaitement ere / nee< de Tuyll / a Colombier / par Yverdon. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - Õ21 octobre 1794å J'allois fermer ma lettre a> vous, & aussi celle que j'ai ecrite a> M. de Ch. quand il m'est venu des doutes sur l'adresse a> mettre a> cette derniere. Vous devez diner demain avec M. de Charriere, & vous saurez sans doute si Vendredi il sera encore a Epenet a> l'heure des lettres ou bien a> Rolles. Si a> Epenet ayez la bonte< d'envoyer l'incluse chez M. de Saussure de Morges ou a> l'endroit ou l'on rec+oit ce qui est pour lui, si a> Rolles faites la mettre a> la poste. Isabelle de Charie>re a> Benjamin Constant - 25-26 octobre 1794 Ce 2 Õoåct. 1794 0 Muses pretez moi votre aimable langage] Il ne sagit d'aucun hommage Qu'aux pieds de quelque grand il me faille porfer C'est un ami que je crains d'iriter. Muses il sufira d'oter A mes accens ce qu'ils ont de sauvage. Il m'etoit aussi cher qu'a> vous qu'a> la nature Ce Benjamin que sans mesure Vous combla*tes de dons pour lui seul re>unis. Bien plus qu'aux Rois aud Dieux il est permis D'enrichir d'heureux favoris, Et des jaloux ils bravent le murmure. Ce 26 J'aurois essaye< de continuer s'il n'eut falu recevoir des visites. Je reprendrai peut-e*tre quelque jour mon ode. Elle est faite pour la pense vous laisser en repos si je n'avois a> coeur de vous assurer que mon attachement pour vous est & sera toujours le me*me & que c'est veritablement par delicatesse, par scrupule , pour votre sante< & pour votre plaisir que je m'oppose a> la courte visite que vous vouliez me faire. J'ai relu avec reconnoissance dans votre lettre je suis impatient de vous revoir & cela compense en quelque sorte le sang froid avec lequel vous m'annoncez 2 ans au moins d'absence, mais vrayment vous vous amusez trop ou> vous etes & il fait trop mauvais tems pour que je ne doive pas vous empecher de venir. Si le tems change, si vous avez a> parler a> M. Huber, si enfin par un motif ou un autre vous venez malgre< ce que j'ai pu vous dire vous serez receude moi avec la me*me joye que toujours. A Monsieur / Monsieur Benjamin de / Constant / A Lausanne / par Berne Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 1er novembre Õ1794å Mercredi au soir je fus malade. Je ne dormis point du tout la nuit, & je ne repris pas mon ode mais fis un sonnet que j'ecrivis le matin. Il repondoit a> votre lettre. Depuis je me suis tre>s bien portele de Senanges court le monde dans l'intention de venir ici & je puis attendre. Que M de Staal ne se gene donc pas pour m'envoyer son Ade>le. Je n'en sai gueres plus que vous sur mes dispositions. Il se peut que vous me trouviez comme j'etois il se peut que vous me trouviez toute autre. Je supose que vous avez a> parler a> M. Huber. La plaisante & bonne chose de tenir a> l'Allemagne a> Lausanne a> Colombier c'est le moyen de ne tenir a> rien. M. Huber sera peut-e*tre encore a> St Aubin quand vous y passerez si tout de bon vous passez & venez. M. de Ch. est arrive< a> 2 heures nous caressons beaucoup son nouveau chien amene< de Mex. Camille etoit ici depuis ce matin. Ce samedi au soir. Vous avez un peu manque< de penetration, la lettre etoit ecrite avec un sentiment tre>s sec la devise avec un coeur un peu tendre. A Monsieur / Monsieur Benjamin de / Constant / A Lausanne / par Iverdon / 1e novembre Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 8-11 novembre 1794 Ce 8e Nov Je vous ai ecrit tantot fort a> la ha*te & n'ai pu vous dire le quart de ce que j'avois pense< cette nuit de vous & a> propos de votre lettre. Votre raison, dites vous, tue pour vous une espece d'avenir & votre foible sante< en detruit un autre. Vos avenirs se preparant, se font ne fait l'un, ne lui otera jamais, veux je dire, toute existence dans votre pense fait & nous ne convenons plus du bien qu'il y a veritablement a> en dire ? A force de mal ar menter pour l'autre vie, & de nous faire absurdement un devoir une necessite< d'y croire, on nous determine a> la rejetter. Mais ceux qui l'ont conjecture aucun homme, si non a> des fous que tout le monde a reconnus pour tels, une ide des avertissemens n'est pas absurde parce qu'on a pu se servir de certains songes comme d'avertissemens, se tenir pour averti par example de mettre une balustrade a> une fene*tre par laquelle on a vu en son ge un enfant se precipiter. Etc. &c. Quand je vois un homme mourir & que pas une des particules de son corps ne se detruit quand rien ne fait que changer de place de couleur &c,c'est a> dire quand seulement ces particules affectent diferemment mes sens qu'elles ne faisoient je suis tre>s porte croire que c e je ne sai quoi qui les animoit ne se detruit pas non plus, & j'ai beau ne rien comprendre a> une identite< sans memoire, a> une memoire sans organes la pense venir plus proche plus distinctement prevoyable il en est un peu de ceux qui croyent n'y pas penser comme du philosophe pyrhonnien de Moliere. Il ne doute plus quand on le bat; l'imprevoyant philosophe croiroit a> un lendemain si on s'avisoit de lui oter sa maison, ses chemises, sa bourse. Au reste il n'y a personne qui vous entende mieux que moi sur ce poin t. je me serois laissie prendre dans certains momens toutes ces choses la> & me suis quelque fois laisse< prendre. Je suis de votre avis complettement sur le bonheur. J'ai me*me cru qu'il etoit d'invention moderne. Cette abstraction... mais comment m'expliquer? Je trouve que l'ide mon avis de ce siecle & le Bonheur (Luck se connoissoit longtems avant happiness.) de Fontenelle n'avoit point e l'ancien tems & nous nous contenterons comme vous l'avez dit de quelques plaisirs & de beaucoup d'amitie<. J'en ai pour vous autant qu'on en puisse avoir. Jamais on ne vous reparle plus de buts, ni de plans. Vous en aurez des premiers qui pour e*tre little ones ne vous en feront pas moins faire ce qu'il faudra, & des derniers vous en aurez many ones qui dessine present une fois pour toutes que vous ne voulez e*tre ni un Epaminondas ni un M. de Feronce, & c'est fort bien, je ne me soucie dans le fond de toutes ces choses la> pas plus que rien & suis seulement fort impatiente de vous voir. Je lirai quand vous voudrez ce que vous avez ecrit deja & j'en dirai ma pense propos. Quant a> ce que je pourois e mes lettres le soir a> la come>te. Je n'ai pu achever ni Ferrand ni d'Etraigues. Ce Mardi matin. Il y a des heureux auxquels on ne pense pas & qui n'y songent pas eux me*mes; ce sont les Jaman, les Zizi, une certaine Susanne qui est dans cette maison-ci depuis 30 ans. Ces e*tres ne se souviennent presque pas du passe<, ne se definissent pas le present & ne prevoyent pas l'avenir mais comme ils ont e & a> peine trouve-t on qu'ils vaillent a> peine d'e*tre observe croire que Bailly e ce qu'il me paroit & plus fou que sage. He intended too much, celui la>. Peut-e*tre que si son heros actuel etoit a> mes yeux un vrai heros j'en jugerois autrement & trouverois la tentative fort belle, mais cet homme qui ayant trop entrepris pour ses talens & qui bruloit de re-entreprendre n'etant point eclaire< sur son propre compte par l'experience & prenant toujours son courage personel pour la reunion de tout ce qui fait un grand homme, cet homme la> m'interresse assez peu & je ne ferois pas la moindre chose pour le rejetter sur la France a> la te*te de tous les constitutionels. Vous souvient-il de ce propos qui vous a fait rire & que nous avons excusis ensemble tout en le trouvant ridicule. Ces gens la> sont immoraux & juge qui il apartienne de dire c'est moi a> cause de l'immensite< de la tache & de l'impossibilite< de prevoir les obstacles les accidens &c &c, soit qu'un tel homme l'homme a> qui il aparti- endroit de le dire doive necessairement avoir cette seule imperfection & foiblesse de ne savoir ou n'oser pas s'apricier, toujours est-il que ceux qui pouroient a peu-pre>s le dire ne le disent jamais que ceux a> qui on eut voulu confier les plus grands destins n'ont pas voulu s'en charger. Germanicus ne voulut pas se mettre a> la place de Tibere. J'ai vu en bien des occasions les plus capables se juger incapables, quoique je n'aye vu refuser ni un empire ni le commandement d'une armie. Le la Fr... l'homme de c'est moi sont necessaire- ment des franc+ois sortez de France, passez le Rhin le Jura ou les Pyrene Lausanne mais n'importe mes bonheurs vont partir & vous arriveront quand ils pouront. J'ai vaguement dans la penses de vos livres. J'aimois qu'ils fussent ici en maniere d'aimant fixe< ... cela n'a pas du e*tre a> la bonne heure. La correpondance n'en ira pas mieux pour cela au contraire mais c'est de quoi il faut aussi se consoler. Ce qui restera de bon ne doit pas e*tre overlooked ni neglige< ni enjoyed sans reconnoissance. Ce 9e Nov. 1794 Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 17 novembre 1794 J'ai perdu un ami; M. du Peyrou est mort. Je l'avois vu ici mercredi apre>s diner, jeudi il mourut. Vous pouvez imaginer ma douloureuse surprise. Je ne sai si c'est la tristesse qui me dispose a> l'inquietude mais quoiqu'il en soit je voudrois que vous eussiez la bonte< de me dire comment vous vous portez. Quelques mots sufiront pour me satisfaire si vous etes bien car je ne suis en peine que de cela & n'ai de curiosite sur rien. Camille est ici. M. de Ch. va tout a> l'heure a> Neuchatel pour l'enterrement. Quelle triste ceremonie] Adieu. Ce lundi matin 17e Nov. 1794 Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - Õ26 novembre 1794å C'est bien. Ayez la bonte< de m'ecrire. je ris en voyant que dans votre pyrrhonisme de theorie & de pratique votre seule opinion constante & nette c'est que je ferois une sottise en me detachant, en vous repoussant. Elle est juste du moins, elle est seule gardez la; je suivrai le conseil qu'elle renferme. Vous ne savez pas si vous feriez une sottise vous en faisant ce qui seroit une sottise en moi, a> la bonne heure c'est que vous ne savez rien de vous. Vous vous etudiez beaucoup puis vous dites comme Socrate: je sai que je ne sai rien. Je trouvois ce matin en me reveillant & en pensant que nous n'etions plus brouillis que c'etoit comme si on m'avoit rendu l'usage d'un bras & d'une jambe. Je tacherai de ne me plus ere a> Benjamin Constant - 27 novembre 1794 Je suis encore toute rejouie toute gaye. Il semble qu'apre>s un bon repas vous m'ayez lasse<... des reliefs d'ortolans. Hier au soir je fis toutes sortes d'histoires a> Camille je voulus un peu jouer a> la come>te croyant qu'il etoit huit heure; c'etoit neuf qu'il avoit frappe<. J'ai joliment soupe< & superieurement dormi. Mais cette mobilite< & sensibilite< & dependance qui vous sieyent bien me paroissent chez moi si ridicules que je m'en battrois volontiers. Me*me si j'etois quelque fois encore un peu aimable cela me paroitroit ridicule. Dans tous les romans et histoires j'ai toujours vu qu'il faloit devenir une digne & paisible femme... enfin on est comme on peut. Et cette exigence renferme moins que vous ne me veuillez discarder Cout-a> fait ne vous ecartez pas de moi par choix ne courez pas le ciel sans moi. Que je sois un point noir, vous une scintillante clarte< a> la bonne heure. Je crois avoir pense< que vous auriez assez le tems de vous montrer quand je ne serois plus, le Montesquieu de l'Esprit des Loix & qu'en attendant il vous falloit e*tre le Montesquieu des Lettres persannes. Serieusement je regardois cette vie de M. comme devant e*tre vos lettres ersannes. J'y prevoyois le plaisir de vous voir effectuer finir quelque chose. Ici je pouvois vous comprendre & vous suivre. Quand votre tache ne seroit pas immense je serois capable peut-e*tre de vous aider a> la remplir & si vous daignez entreprendre un petit ouvrage de quelque genre qu'il puisse e*tre je lirai, critiquerai, je ferai tout ce qu'il vous plaira comme si vous voulez que pour votre amusement j'ecrive quelque chose vous n'avez qu'a> dire, & je rendrai ce quelque chose le plus agreable pour vous qu'il me sera possible. J'habillerai de mon mieux mes pense Epaminondas et je vois bien les choses comme vous les voyez mais je n'aime pas que vous stickiez aux consequences apre>s avoir vu en grand il faut agir en petit comme ceux qui n'ont vu que petitement. Je trouve que l'utilite< intended du moins si non produite embelit a> mes yeux la vie d'un homme comme toute, autre chose, comme un vase de porcelaine, de bois, ou d'or. Je fais moins de cas que vous de la reponse sur la vie du songeur Bathelazin parcequ'elle n'apprend rien dont on puisse faire usage. J'aime mieux Epaminondas soignant les rues de Thebes que s'il eut raconte< ses victoires ou comente< la republique de Platon. On veut ravaler les projets & les agitations des hommes en comparant leur societe< a> une fourmilliere mais cela ne reussit pas avec moi; les hommes font bien & les fourmis font bien, car tout cela ne sauroit mieux faire & les motifs d'action sont partout proportionne la bonne heure mais je lui conseillerois de finir par faire comme les autres apre>s avoir proteste< si bon lui semble de son dedain pour tout ce qu'elle fera. Ne pouriez vous demander a> la poste des nouvelles de Prote ce petit Prote dire ne pouriez vous pas demander qu'on cherche s'il n'y a point quelque vieille lettre a> votre addresse reste la poste par me midi. 27 Nov. A Monsieur / Monsieur Benjamin / Constant / A Lausanne / par Berne / Ce 27 Nov. / 1794 Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - 3 de pre mon arrives juste et tre>s sensible. Mais je n'ai jamais eu d'attrait un peu soutenu que pour celui auquel vous n'avez jamais pu prendre inteve pas celui-la<, je crois bien que je n'en ferai point d'autre. Je vais m'y remettre avec ardeur, et le motif de l'achever pour vous le soumettre sera l'un des plus attachants. Si j'y travaille comme je l'espe>re, je compte que dans deux ans il sera acheve<, et alors vous serez mon premier public. J'acepete avec bien du plaisir votre offre de vous remettre a> erement que vous es avoir vu qu'il n'y en avait aucun, ne pas m'attacher aux conse etre inconse venir passer quinze jours ou plus avec moi. J'espe>re qu'il viendra biento*t. Nous retournerons alors ensemble a> Colombier, et je remplacerai de mon mieux, quoique imparfaitement sans doute, le sieneur Camille qui sera vraisemblablement parti pour Trieste. Je l'ai trouve< bien aimable, bien plus aimable qu'autrefois, plus doux, plus mesure<, plus fin, contant moins et parlant mieux; je n'ai plus remarque< ancune de ces choses qui choquaient quelquefois dans sa manie>re. Enfin j'ai ece de carrie>re et que je suis sorti de tout chemin fraye<, pour errer sans but et le plus souvent sans plaisir, j'aime a> voir que les autres emploient mieux leurs moyens, aient encore des plans, des de l'e*tre; de doux moments, de pareilles heures, des jours ennuyeux, voila< tout ce que j'exige, ou pour parler avec le respect convenable, ce que je demande du sort. Ma raison a tue< pour moi tout avenir d'une autre vie; ma faible sante< m'enle>ve l'avenir dans celle-ci. Je pres de n'e*tre rien, il est tellement de Isabelle de Charrie>re - 6 de M. de Charrie>re a> l'instant pour lui dire ce que je sais ou pluto*t ce que je n'ai pu apprendre sur Mme de Lessert. J'attends le nai**f et bon Huberchen incessamment. J'espe>re l'amuser et lui rendre un se Lausanne agres libres et il sera bien loge<. Je lui ferai faire quelques connaissances et puis je le laisserai aller, venir, travailler et se divertir comme il voudra. J'ai rec+u une lettre des plus tendres et des plus touchantes de mon excellent pe>re. Notre courte entrevue a dissipe<, tout ce qui s'e-dire faits pour nous aimer et incapables l'un et l'autre d'exigences et de proces qu'on a le malheur de se brouiller, il faut se revoir. J'en ai / fait avec fait avec vous, plus d'une fois, l'heureuse expe e*tre bonnes. Les ege, rentrent et son re faire pour achever ceux-ci que pour entamer ceux-la>, et l'ordre et la pair se re moitie< marie<. Je m'en mets assez peu en peine et je ne me donne plus du tout celle d'e ce sujet. Que fait Camille? A-t-il rec+u des lettres de Trieste? Je ne puis vous dire a> quel point je m'inte lui. Adieu, jusqu'a> mardi, jour ou> je me flatte d'avoir rec+u de vos nouvelles, d'y re Charles-Emmanuel de Charrie>re - 6 dere, que lorsqu'elle, Mad. de Laval ere / a Colombier / pre>s de Neufchatel / par Berne. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - 8 de son ami de se laisser employ la> eddans cette diminution de me pitie< me fut une grande joye, donc j'avo une veritable, intense pitie<, donc j'aime Huberchen. Il ne sait au reste cette malheureuse histoire que par une gazette allemande mais les details sont tels qu'il n'a point de doutes. Je voudrois biren qu'apre>s e*tre parvenu a> adoucir le sort d prisonnier on s'en fut tenu la>. Ce qu'on avoit par cela n'etoit que pour ce procurer un moyen, mais je voudrois qu'on eut donne< a> ce moyen obtenu rang de but. Voila que ce prisonnier & d'autres seront plus resserre peu pre>s comme le singe pensif des quatre Facardens & les pies qui jouent au quadrille. Camille m'a quitte< jeudi. Peut-e*tre revient-il aujourdhui peut-e*tre non. Vous me faites plaisir de me dire que vous avez e le vrai & le faux se trouvent tellement melis qu'on ne peut dire ni oui ni non a> rien. Adieu je vous embrasse bien tendrement & je vous dirois mille choses si la messagere ne me pressoit pas. A Monsieur / Monsieur Benjamin / Constant / A Lausanne / par Berne Benjamin Constant a> Isabelle de Charrie>re - Õ23å de mener Huberchen de maison en maison et de diner en di*ner, que je n'ai pu trouver, malgre< l'envie que m'en inspirait le grand nombre de charmantes lettres que j'ai rec+ues de vous, un moment pour vous es Kant entre le devoir absolu et inde me*me simple, et le devoir compose<, et par la> me*me de e*tre mise en usage et en circulation parmi les hommese Ceci ne fait rien contre l'ideres et leur persuader de ne se conduire que par sa lumie>re? Voila> des ide la profonde ignorance, la mobilite< constante et la fluctuation de tout ce qui tient a> ce que l'on appelle le principe, je suis tente< de croire qu'il n'y a au fond - c'est-a>-dire relativement aux hommes - pas plus de devoir que de soleil relativement aux aveueles. Le soleil existe et les aveugles existent, mais nn cherche en vain d'ele, et remportere un roman anglais pour le traduire aussi. Ainsi il ne perd pas son temps. Je perds le mien et le perds loin de vous, ce qui fait un double mal. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - Õ29 de gorge & a> la poitrine. Le soir je souffris assez. Aujourdhui cela va mieux mais j'ai une extinction de voix totale. Si apre>s demain, je suis a> peu pre>s guerie je vous le mandera i. Je dois vous avoir dit hier que si vous disiez telle & telle chose cela ne me feroit aucune peine. Rien n'est plus vrai quant a> ma vanite<, mais je serois tre>s faches reellement (dans mon opinion) tre>s inocens quant a> l'intention. Ce lundi Hurberchen vous a demande< quelque chose de ma part samedi, si je ne me trompe. Je pestois l'ete< dernier de cette comunaute< de correspondance a> present je m'en avail. Autres tems autres sottises. A Monsieur / Monsieur Benjamin de / Constant / A Lausanne / Par Berne. / Lundi. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - Õ1794å Si vous n'etes pas fou vous reviendrez tout de suite. Je m'attendois que vous monteriez dans a chambre presqu'en me*me tems que moi. Songez que si c'est vous qui avez eu tort ce n'est pas moi qu'il faut punir & c'est ce que vous ferez par la conduite que vous m'anoncez, avec tant de sang froid, je me flatte au reste qu'il n'est qu'aparent. Je suis redecendue & l'on m'a parle< & j'ai repondu en riant de notre querelle. A Monsieur / Benjamin. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - Õ1794å Ce matin dans ma chambre que les rayons de l'aurore semblent mettre en feu. comment vous portez vous? Levez vous je vous en prie. J'ai deja ecrit a> M. Liegten. Il fait si beau tems que vous pouriez bien aller de>s ce matin a> Neuchatel a cheval quite a> y retourner en cabriolet cette apre>s dini si L'Esculape etoit ce matin a> St Blaise. Peut-e*tre le recontreriez vous, alors vous tourneriez bride. La promenade ne pouroit que vous faire du bien. Ne seriez vous point tente< de faire une visite au grand Chaillet? J'ai passable- ment dormi & j'ai bien chaud grace a> cet actif coquin de Gayae qui pouroit bien me donner des hemoroides si je ne rompois toute societe< avec lui. Adieu. A Monsieur de Constant. / Au Chateau de / Colombier Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - Õ1794å Comment vous portez "ous aujourdhui? M. de Charriere alloit a> Neuchatel aujourdhui moins pour lui que pour vous, pensant que vous ne seriez pas fache< de vous y fonder quelques maisons hospitalieres ou> un voyageur demande du the< ou de la soupe selon l'heure & ses besoins, sur ce pied la> il est toujours d'avis d'aller mais si vous comptez revenir diner ici il penche pour n'aller pas. Repondez bien franchement. Lundi Matin. Pour Monsieur / de Constant Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - Õ1794å Je me porte bien. Henriette est heureusement arrive sa maniere que des Excellences l'a laisses son arrives aise du document. Il faudra envoyer chercher des Laudamens chez M. Mathieu n'en voici que pour deux ou trois fois. Adieu. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin de Constant - Õ1794å Ecoute Constantinus. Si l'on donne a> Me Bl. 10 louis pour une mauvaise traduction d'un plat roman, on nous en donnera bien vingt ou 30 d'un roman original & plaisant. Fais le & reSois l'argent je me demande quelques pauvres louis pour m'indemniser de mes autres fameux ouvrages. Ici j'y serai pour le plan & quelques pagnoteries. Un jeune homme rechappi au mariage, il n'aura pas e rompre. Il fait toutcs sortes de plans le mariage lui paroit bien long & bien lourd. Il parcourt dans son esprit & aussi en realite< foutes sortes d'especes, & de classes de filles. Une allemande fille d'un homme de lettres, & ici les gens de lettres allemands. Une Ecossoise, quelque bonne Peggy. Une Angloise &c &c je vous fournirai une Hollandoise si vous vous voulez. Enfin il s'amourach e & alors vous le ferez marier ou rompre comme le coeur vous en dira. Ce seront des lettres ou un recit comme vous voudrez. Vous aurez d'autant moins de peine & cela aura d'autant plus de naturel & de fraicheur que vous vous peindrez a> peu pre>s vous me*me & direz ce que vous avez vu & eprouve*. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - Õ1794å Je n'ai point mal a> la te*te mais la m'essagere pretend n'avoir rien rece u Samedi. Christian ni Henriette m'ont pu la faire convenir ni souvenir de rien. (C'est Christian comme vous le pensez bien qui a travaille< sur sa memoire.) Ce billet remis disoit-elle en wain propre c'est vendredi qu'elle l'a remis Je lui fait promettre six piecettes si elle retrouve & raporte celui de samedi Isabelle de Charrie>re a Benjamin Constant Õ å pas excessivement mais plus que Õ å Je vai vous envoyer quelqu'un soit Õ å soit la Cazette avec qui vous puissiez vous expliquer comme avec Christian & qui puisse mieux s'expliquer avec d'autres. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - Õ1794å Bien. Oui. que vous les veniez prendre. Vous ne me reprocherez pas les phrases cette fois. J'ai un peu peur pour vous de la fatigue de cette course, & qu'elle ne vous redonne ce que hier vous n'aviez plus. Voyez si vous pouriez attendre un jour ou deux. Si vos affaires a> Neuchatel sont pressere a> Benjamin Constant - Õ1794å Me de Stael me demandoit l'inconsolable. Isabelle de Charrie>re a> Benjamin Constant - Õ1794å Voici que je viens d'ecrire non que je le pense mais pour m'amuser Tout ou rien c'est la ma devise. Elle est hardie on le sait bien Mais quoiqu'on fasse & quoiqu'on dise A quelque sort qu'on me reduise Toujours je dirai tout ou rien. . Lecteur, ami, point de mere a> Benjamin Constant - Õ1794å J'ai ere a> Benjamin Constant - Õ1794å Õ å pas excessivement mais plus que Õ å je vrai vous envoyer quelqu'un soit Õ å soit la Curette avec qui vous puissiez vous expliquer comme avec Christian & qui puisse mieux s'expliquer avec d'autres.